Santé et environnement, santé et développement
La santé est de plus en plus envisagée au prisme de l’environnement et de ses dégradations.
La Charte européenne de l'environnement et de la santé, publiée en 1989 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), énonçait déjà le principe selon lequel « bonne santé et bien-être exigent un environnement propre et harmonieux ». Lors de la conférence d’Helsinki en 1994, l’OMS définit alors la santé environnementale comme comprenant « les aspects de la santé humaine, y compris la qualité de la vie, qui sont déterminés par les facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux, psychosociaux et esthétiques de notre environnement. Elle concerne également la politique et les pratiques de gestion, de résorption, de contrôle et de prévention des facteurs environnementaux susceptibles d’affecter la santé des générations actuelles et futures. »
Dans les pays développés comme la France, alors que la qualité de l'air, de l'eau, l'organisation de l'espace urbain, se sont considérablement améliorées depuis le début du XXe siècle, on observe une inquiétude croissante du public à l'égard des risques environnementaux.
Par ailleurs, alors que la situation sanitaire de certaines populations des pays du Sud est toujours alarmante, ; les dégradations environnementales (pollution des cours d’eau, pollution atmosphérique, etc.) et leurs impacts sur la santé s’ajoutent aux difficultés structurelles existantes.
Dans les pays du Nord, de nombreuses études montrent que les pathologies causées par les dégradations environnementales tendent à augmenter. D’après une étude de l’agence Santé Publique France de 2019, 48 000 décès prématurés par an peuvent être attribués aux effets à long terme de la pollution atmosphérique (aérosols, particules atmosphériques, ozone atmosphérique). L'OMS constate également « l'augmentation sensible de l'incidence de certains types de cancers, indépendamment du vieillissement de la population et des conséquences du tabagisme ». Si le rôle des facteurs environnementaux dans cette augmentation a longtemps fait l'objet de débats parmi les experts, leur impact est aujourd’hui reconnu : d’après l’OMS, 10 millions de personnes décèdent chaque année dans le monde d’un cancer lié à des facteurs environnementaux ; et d’après l’Agence nationale de santé publique, en France, 5 à 10 % des cancers seraient liés à des facteurs environnementaux. On compte notamment parmi eux l’usage de pesticides, la France en ayant vendu plus de 85 000 tonnes sur son territoire en 2018, essentiellement utilisés pour l’agriculture.
La prise en compte de l’impact des facteurs environnementaux sur la santé se traduit par des politiques publiques telles que le Plan national santé environnement (PNSE), élaboré pour la première fois en 2004 et renouvelé tous les 5 ans. Le PNSE 4, pour la période 2020-2024, entend notamment renforcer l’information et la formation autour de la santé environnement.
La définition médicale de la « cause environnementale » englobe toutes les causes de maladie qui ne sont pas d'origine génétique. Plus précisément, peuvent être considérées comme « environnementales » les causes de maladies liées : à l'alimentation non nutritionnelle (agents infectieux, résidus de pesticides, additifs alimentaires, etc.) ; au tabagisme passif ; pour partie à la malnutrition consécutive à la dégradation des sols, aux inondations, à la désertification, aux évolutions climatiques péjoratives ; pour partie aux conséquences des guerres et situations de violence ; à certains modes de vie et pratiques culturelles. Ces nouveaux facteurs de maladie sont à l’origine de l’essor de la médecine environnementale, qui prend en charge le diagnostique et la thérapie des malades atteints de maladies dont l’origine environnementale a été prouvée.
Santé et développement peuvent former un cercle vertueux dans lequel l'amélioration de l'un entraîne celle de l'autre mais, inversement, il peut être vicieux, hypothéquant ainsi les chances, pour certaines sociétés, d'accéder au progrès durablement.
(ST), novembre 2008. Dernière modification (LF) en avril 2021.
Pour compléter
- Alexandra Pech, « Quand notre environnement nous rend obèses : comment l’environnement influence-t-il nos pratiques alimentaires ? », Géoconfluences, mai 2021.
- Fabrizio Maccaglia et Sylviane Tabarly, « Gouvernance territoriale et gestion des déchets : l’exemple de la Campanie (Italie) », Géoconfluences, 2008.
- Sylviane Tabarly, « Entre déchets et recyclages, des flux à risque social et environnemental », Géoconfluences, 2007.
Liens externes
- Renaud Bécot, Stéphane Frioux et Anne Marchand, « Santé et environnement : les traces d’une relation à haut risque », Écologie & politique, n° 58, 2019, p. 9-20.
- Sur le site de l’OMS : le dossier Santé public, environnement et déterminants sociaux de la santé
- Le site du Centre international de recherche sur le cancer (International Agency for Research on Cancer - IARC) basé à Lyon : www.iarc.fr