Environnement pathogène
Un environnement pathogène est un environnement propice à l’émergence ou à la propagation des maladies.
Les facteurs environnementaux, au sens large, sont des déterminants importants de l'état de santé des populations. Ainsi, l'accès à l'eau potable, l'assainissement des eaux usées et l'élimination des matières fécales sont essentiels pour éviter des maladies souvent mortelles comme les diarrhées des nourrissons, le choléra, etc. Des eaux stagnantes peuvent être aussi favorables à la multiplication de vecteurs (moustiques, parasites) transmettant des maladies telles que le paludisme mais aussi la bilharziose, l'onchocercose, etc. Des contaminants dans l'air, dans l'eau, dans les sols (particules fines, métaux lourds, PCB, amiante, pesticides et fongicides par exemple) sont responsables de surmorbidité et de surmortalité par cancers, maladies respiratoires ou cardio-vasculaires notamment. L'OMS considère que, en incluant les conditions de vie (alimentation, addictions, etc.), environ le tiers de la charge mondiale de morbidité serait provoquée par des facteurs environnementaux. Dans le cas de l’épidémie mondiale d’obésité, les géographes parlent ainsi d’environnements obésogènes (Pech, 2021).
Une écologie simplifiée (Besombes, 2023, p. 125), c’est-à-dire dans laquelle les chaînes trophiques sont simplifiées, et la biodiversité réduite, « favorise la prolifération d’espèces opportunistes » (ibid.) et commensales des humains (moustiques, rats…). L’environnement devient alors un réservoir d’agents pathogènes. L’extension de l’écoumène et le changement d’usage des sols (défrichements pour l’élevage et l’agriculture) favorisent une proximité plus grande des humains avec les autres animaux. L'épidémie d'Ebola est ainsi liée à la consommation de viande de brousse. Concernant la pandémie de covid-19, on ignore encore si elle est à relier à la présence d'animaux sauvages capturés et vendus sur un marché proche d'une importante gare de voyageurs à Wuhan (Hubei), ou à un accident de laboratoire. Elle n’en a pas moins mis en évidence, pour les huit milliards d'humains, l'importance des liens entre préservation de l'environnement et santé, ou au contraire entre destruction des habitats sauvages et maladies.
(ST), 2012. Dernières modifications (JBB) 2020, février 2024.
Références citées
- Besombes Camille (2023). « Les jours d'après seront crises "sanitaires" », in Philippe Boursier et Clémence Guimont (dir.), Écologies. Le vivant et le social. Paris, La Découverte, « Hors collection Sciences Humaines », 2023, p. 123–131.
- Pech Alexandra (2021), « Quand notre environnement nous rend obèses : comment l’environnement influence-t-il nos pratiques alimentaires ? », Géoconfluences, mai 2021.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Collectif, « La pandémie de Covid-19, regards croisés de géographes », Géoconfluences, 2020.
- Sébastien Bourdin, « Tous cartographes ou l'"épidémie cartographique" suscitée par la flambée de maladie à virus Ebola », Géoconfluences, 2016, mis en ligne le 16 mai 2016
- Emmanuel Eliot, Eric Daude, Emmanuel Bonnet, Interpréter les épidémies du passé : l'exemple de l'épidémie du choléra-morbus en Normandie en 1832
- Sylviane Tabarly, Choléra : géographie d'une pandémie. Étude de cas : Haïti, 2010 - 2012
- Clara Loïzzo et Sylviane Tabarly, Espaces et territoires du paludisme