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Terre

Publié le 30/10/2025
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Avec une minuscule initiale, la terre désigne à la fois le sol, une contrée, l’ensemble des terres émergées, la surface terrestre dans sa totalité ; avec une majuscule, la Terre est la planète elle-même. Nom propre, voire toponyme relevant de la métagéographie, le mot est souvent absent des dictionnaires de géographie. La géographie partage avec la géologie (et les géosciences en général) le préfixe gê-, qui signifie la Terre en grec.

D’un point de vue géographique, cependant, on peut considérer la Terre selon trois angles :

  • Comme un espace, qui est à la fois global (sphérique), fini, parce que limité, et infini, sans bords ni centre, et qui est devenu, au cours des derniers siècles, le lieu de l’humanité. Au début des années 1990, Olivier Dollfus distinguait d’un côté, le « système-Monde » – métasystème de tous les systèmes géographiques (Dollfus, 1992) –, et de l’autre, le « système-Terre » : « La Nature peut aussi être considérée comme un système complémentaire du système Monde, en interaction. » (ibid.), sans aller jusqu’à embrasser l’hypothèse Gaïa formulée par James Lovelock (1979).
  • Comme un milieu, qui est identifiable à la zone critique de la planète et dont la vertu première, par-delà la diversité de tous les milieux, terrestres et maritimes, est de rendre la vie possible, mais qui se révèle aussi fragile et de plus en plus bouleversé par les activités humaines au point d’être entré dans ce qui est parfois perçu comme une nouvelle ère géologique, l’Anthropocène.
  • Et comme un territoire, celui de l’humanité, composée de l’ensemble des sociétés humaines et réunifiée dans un processus de mondialisation, de mise en Monde, d’où émerge, non sans tensions, une « nouvelle société planétaire » (Augé, 2017). 

Les Terriens et les Terriennes en sont les habitants, ou plus exactement les cohabitants, humains et non-humains. Nous en prenons progressivement conscience selon un triple processus de globalisation, de planétarisation et de mondialisation qui, par-delà l’illusion d’une fausse nouveauté, s’étire en réalité depuis au moins deux siècles.

« Qu’est-ce donc que la terre dans cet abîme sans fond des étoiles ? Isolée, elle peut nous paraître immense : trop vaste pour notre petitesse, elle ne nous a même pas laissé découvrir toute sa surface ; mais relativement au monde sidéral, elle est moindre que le grain de sable comparé à la masse des montagnes, moindre qu’une molécule atmosphérique comparée à l’étendue des airs. »

Élisée Reclus, La Terre. Description des phénomènes de la vie du globe, Paris, Hachette, 1868, tome 1, « Les continents », p. 2.

Face à la Terre, Élisée Reclus, qui faisait de la géographie en poète, avait des accents pascaliens et nous invitait à une approche multiscalaire.

Vincent Capdepuy, octobre 2025.


Références citées
  • Augé Marc (2017), L’avenir des Terriens : fin de la préhistoire de l’humanité comme société planétaire, Paris, Albin Michel, 2017.
  • Dollfus Olivier (1992), « Système Monde et système Terre », L’Espace géographique, tome 21, n° 3, p. 223–229.
  • Lovelock James (1979 pour la trad. fr.), La Terre est un être vivant. L’hypothèse Gaïa, 1990 (1re éd. 1979), Flammarion.
  • Reclus Élisée (1868), La Terre. Description des phénomènes de la vie du globe, Paris, Hachette, 1868.
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