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Ville éponge, paysage éponge

Publié le 06/11/2025
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La ville éponge, de l’anglais sponge city, est un modèle d’aménagement urbain dans lequel on cherche à remplacer les surfaces imperméables par des surfaces perméables. Le but est de convertir de plus de surfaces artificialisées possible en sols perméables : jardins, noues pluviales, zones humides, parcs, pelouses…  Le concept apparaît dans les travaux de l’architecte et paysagiste chinois Kongjian Yu en 1995 et l’expression traduite en anglais « sponge city » à partir de 2000. La ville éponge se diffuse ensuite notamment à partir de 2014 lorsque le gouvernement chinois en fait une politique d’aménagement nationale (Boyer et Balaresque, 2024). C’est là où l’urbanisation a été la plus rapide et a concerné le plus de surface, dans la Chine du début du XXIe siècle, que les conséquences négatives de la ville imperméables sont apparues avec le plus d’évidence (Chan et al., 2018). 

Jusqu’alors, les villes étaient imperméables, asphaltées, dans lesquelles la majorité des surfaces non bâties étaient consacrées aux véhicules thermiques, tant pour les déplacer (chaussées) que pour les stationner (parkings). Cette artificialisation des sols a de nombreuses conséquences sur la qualité de vie des humains et des autres animaux, mais aussi sur le cycle de l’eau : une part importante de l’eau ruisselle et rejoint les égouts, les cours d’eau ou l’océan, au lieu de rester stockée comme dans le cas d’un sol naturel ou agricole.

Or, la capacité de rétention d’eau des sols joue un grand rôle dans la réduction des risques climatiques, notamment du risque inondation. En agissant comme une éponge, tant qu’il n’est pas saturé (il devient alors imperméable), le sol empêche l’eau de s’écouler en surface. En cas de crue, les sols d’une ville éponge absorbent et stockent plus d’eau. Sur le long terme, des sols perméables permettent aussi d’alimenter les nappes profondes et restituent l’eau avec un délai qui peut permettre de mieux affronter la sécheresse. À Ningbo, par exemple, une zone humide artificielle vise à purifier et à stocker l’eau issue des épisodes pluvieux brutaux (Chan et al., 2018).

On peut étendre cette idée à l’ensemble des paysages, urbains et ruraux. Le chercheur et paysagiste Alexis Pernet propose ainsi de parler de paysages-éponges (Pernet, 2019, cité par Carrausse et Tabouret, 2025). Dans la plupart des espaces ruraux, les écoulements de surface ont été endigués, canalisés, stockés dans des retenues, etc., cependant que les écosystèmes capables de retenir l’eau douce ont été anthropisés. Reconstituer la capacité des milieux à absorber devient alors une question de prévention du risque inondation, mais aussi de gestion de l’eau disponible, par exemple pour l’agriculture.

(JBB), août 2024. Dernières modifications : août 2025, octobre 2025. Merci à Aristide Dupland pour ses précisions sur l'origine du concept.


Références citées
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