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Peur sur les plages. Du "risque requin" à la "crise requin" à La Réunion

Publié le 14/04/2016
Auteur(s) : Emmanuelle Surmont, agrégée de géographie - ENS de Lyon

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Cet article se propose de présenter, à partir d’un corpus varié de documents, un état des lieux de la crise requin à La Réunion en 2016 en analysant la manière dont s’est opéré le basculement d’un simple « risque » vers une véritable « crise », laquelle s’est aujourd’hui quelque peu apaisée.

Bibliographie | citer cet article

Le « risque requin » fait flotter des drapeaux de prévention partout dans le monde. Rares sont les littoraux épargnés par ce risque, encore plus rares sont les spots de surf de renommée mondiale qui n’ont jamais connu d’attaque de requin. L’Australie dénombre 123 attaques dont 15 mortelles depuis 2005, l’Afrique du Sud, 40 dont 13 mortelles, les États-Unis encore plus : 219 attaques en Floride, 38 en Caroline du Sud et 55 à Hawaï. Ces trois pays présentent le plus fort « risque requin » au monde.

Mais, depuis 2010, avec 21 attaques de requin, dont 8 fatales, la petite île de La Réunion est devenue l’un des sites les plus concernés par ce risque dans le monde. Cependant, au-delà des statistiques, c’est avant tout l’amplitude médiatique prise par le phénomène depuis 2011 qui est sans précédent. Dans le vocable courant, l’expression « crise requin » remplace rapidement celle de « risque requin ». La « crise » désigne la dégradation d'une situation donnée vers un état d'instabilité qui dure (Dauphiné et Provitolo, 2013), du fait de la difficulté à parvenir à une gestion consensuelle.

Le fort impact médiatique des attaques de requin a déjà été analysé et s’explique en grande partie par leur dimension spectaculaire (Neff et Yang, 2013). Une attaque de requin fait presque toujours intervenir des images violentes et mobilise un imaginaire monstrueux (Friedrich, Jefferson et Glegg, 2014). La représentation sociale du risque requin est donc étroitement liée à l’affectif et au symbolique (Neff et Hueter, 2013). Il s’agit en effet, dans le cas des attaques de requin, de gérer un « aléa » naturel très particulier, car vivant.

Les géographes n’ont commencé que récemment à se pencher sur la question du vivant et à traiter les animaux comme des acteurs à part entière de l’espace [1]. Les grands prédateurs terrestres que sont le loup et l’ours ont fait l’objet, en leur temps, d’une lutte sans merci avant de devenir des animaux emblématiques à protéger. Leur statut a évolué au cours des âges et, malgré des tensions persistantes (Benhammou et Coquet, 2008 ; Frioux, Pépy et Micoud, 2009), tend à se stabiliser vers une velléité de protection. Le requin a, lui aussi, une image ambiguë dans les représentations sociales (Friedrich, Jefferson et Glegg, 2014 ; Neff et Yang, 2013) : l'opinion du public oscille entre peur primale, voire pathologique – notamment à la suite du film de Spielberg, Les Dents de la mer (Choi, 2010 ; Neff et Hueter, 2013) – et reconnaissance de son statut d’animal à protéger, dans un contexte de domination des discours alarmistes relatifs à l’état de l’environnement (Arnould et Simon, 2007). À cela s’ajoute le contexte économique de l’île, très lié à la valorisation de son littoral et de ses eaux côtières. En effet, dans le cas de La Réunion, la présence de prédateurs sur les côtes entre en tension avec la construction d’un « imaginaire balnéaire » depuis les années 1950 (Duret et Augustini, 2002 ; Folio, 2009 ; Mirault et David, 2008).

Cet article se propose de présenter, à partir d’un corpus varié de documents, un état des lieux de la crise requin à La Réunion en 2016 en analysant la manière dont s’est opéré le basculement d’un simple « risque » vers une véritable « crise », laquelle s’est aujourd’hui quelque peu apaisée.

La Réunion : carte de localisation

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Complément : La Réunion, présentation de l'île

 

 

1. Obtenir des données sur les attaques de requins, les contextualiser, les cartographier, les interpréter

1.1. Recueillir les données : le travail de l’International Shark Attacks File (ISAF)

Sources : ISAF (International Shark Attacks File), presse

Des attaques de requins ont lieu partout dans le monde. L’ISAF (International Shark Attacks File) géré par l’Université de Floride est la seule banque de données recensant l’ensemble des attaques de requins. Les données sont mises à jour à partir des articles de presse ou des rapports envoyés directement par des témoins. Cette base de données pose plusieurs problèmes méthodologiques.

D’une part, les données anciennes sont difficiles à exploiter : elles sont imprécises (peu de recoupement des informations) et difficilement vérifiables.

D’autre part, il est encore difficile aujourd'hui de recouper les informations concernant certaines attaques, notamment dans le cas de simples morsures, lorsque l’attaque n’est pas mortelle et donc pas nécessairement reportée dans la presse. Aussi les graphiques et les tableaux statistiques tirés des données laissent-ils une certaine place à l’imprécision.

La Réunion occupe la 4ème place derrière les États-Unis, l'Australie et l'Afrique du Sud pour le nombre d'attaques, et la 3ème derrière l'Australie et l'Afrique du Sud pour les attaques mortelles. Mais les chiffres absolus sont à mettre en relation avec le nombre d'habitants ou le nombre de surfeurs ou encore la longueur des côtes. La Réunion se trouve alors tout en haut du classement : « le nombre d'attaques par kilomètre de linéaire côtier est sans doute l'un des plus élevés au monde, notamment depuis 2011 » (Taglioni, Guitat, 2015).

1.2. Contextualiser le « risque requin » : un « petit » tueur d’hommes pour un « grand » impact émotionnel

Les animaux tueurs d'hommes

Source : blog de Bill Gates, "The Deadliest Animal in the World", 25 avril 2014.

On dénombre chaque année un grand nombre de décès humains causés par la rencontre avec des animaux sauvages. Le requin n’est pas le prédateur qui cause le plus de morts dans le monde. En revanche, toute attaque de requin est toujours source d’un important écho émotionnel, en lien avec la dimension spectaculaire des blessures infligées (membres arrachés, hémorragies importantes, etc.). Plus que d’autres animaux, plus petits ou moins présents dans l’imaginaire, toute interaction avec le requin, le plus grand des prédateurs marins, est source de sensationnalisme (Neff et Yang, 2013).

Il convient aussi d’analyser l'infographie ci-contre avec précaution. Les chiffres avancés doivent être relativisés : d'une part, les sources ne sont pas toutes fiables et d'autre part, les données ne renvoient pas à des phénomènes strictement équivalents : par exemple, les morts causées par des piqûres de moustiques sont « indirectes », via la transmission de parasites.

1.3. Définir une « attaque de requin »

Les types d'interactions homme-requin entre 1980 et 2014

Le terme d’« attaque de requin » est souvent utilisé dans les articles de presse et dans les publications scientifiques, mais n’est pas toujours explicitement défini (Neff et Hueter, 2013), ce qui laisse une marge d’imprécision dans les statistiques.

Néanmoins, la plupart des scientifiques s’accordent sur la définition suivante : « Une attaque de requin est un événement au cours duquel un requin (non-captif) tente d’attaquer soit une personne vivante dans l'eau, y compris son équipement, soit une petite embarcation contenant la victime ».

Pour Neff et Hueter (2013), le terme même d'« attaque de requin » contribue à véhiculer une image erronée de la réalité des interactions entre hommes et requins. D’une part, ce terme fait en effet intervenir immédiatement des images très violentes, celles de corps déchiquetés, qui ne sont pas la réalité de la majorité des accidents impliquant des requins. Les auteurs préfèrent donc parler « d’incident » et proposent une classification des interactions homme-requin allant de la « rencontre » sans dommage à la « morsure » létale. D’autre part, le terme d’« attaque » suppose une intention, une volonté « criminelle » de la part du requin, comme le requin malin des Dents de la mer.

1.4. Cartographier les attaques de requin à La Réunion : une question qui prend de l’ampleur depuis 2011

La répartition des attaques par décennie entre 1980 et 2014

Cette carte croise deux informations : d’une part, elle localise les attaques survenues entre 1980 et 2014 et, d’autre part, elle distingue les attaques selon la décennie durant laquelle elles ont eu lieu (1980, 1990, 2000 et 2010) (Lagabrielle et al., 2012).

Entre 1980 et 2000, les attaques se concentraient sur les espaces considérés « à risque », notamment sur la côte au vent et dans le Sud sauvage.

La décennie 2000 n’a connu qu’une seule attaque mortelle sur les sept attaques survenues. La société a peu à peu désappris le risque, en lien avec un développement touristique amorcé timidement depuis les années 1990 (Folio, 2009), surtout sur la côte ouest, autour de la commune de Saint-Paul. Malgré une quasi-absence de plage et de lagon (Cazes-Duvat et Paskoff, 2004 ; Mirault et David, 2008), La Réunion a réussi à se positionner sur le marché mondial du tourisme, en mettant notamment en avant ses belles vagues, propices à la pratique des sports de glisse. Ces derniers se démocratisent tellement que les professionnels de la filière surf craignent une « saturation » des spots de surf (Guiltat, 2011). Dans l'imaginaire collectif, l'Ouest de La Réunion n’est pas concerné par le risque requin.

La crise requin débute en septembre 2011 avec l’attaque de  Matthieu Schiller, ancien champion de France de bodyboard, sur la plage de Boucan Canot. Les conditions de cette attaque, qui a eu lieu l’après-midi, à proximité du bord, sur une plage très fréquentée, ont contribué à véhiculer l’idée que « ça aurait pu être un baigneur ». Le « mythe de l’Ouest sûr » s'effondre définitivement. L’embrasement médiatique débute et le terme de « crise requin » apparaît alors dans la presse.

1.5. Cartographier le risque : les surfeurs en première ligne

La répartition des attaques par type d'activités entre 1980 et 2014

Cette carte croise la localisation de l’attaque et l’activité pratiquée par la victime au moment de l’attaque. Elle montre que les pratiquants de sports de glisse sont les plus vulnérables, ce qui rejoint une représentation répandue du surf, celle d’un sport à risque. Cependant, cette carte présente non des chiffres relatifs mais des chiffres bruts, indépendants du nombre de pratiquants habituellement à l’eau dans les spots concernés par les attaques. Celles-ci concernent principalement les communautés de surfeurs de l’Ouest, où la pratique était pourtant réputée « sûre ».

En 2011, afin d’endiguer ce qui commence à apparaître comme une hécatombe, les autorités prennent des mesures radicales. L’arrêté préfectoral du 26 juillet 2013 « interdit la mer » aux baigneurs et surtout aux surfeurs. Cet arrêté est toujours en vigueur sous une forme modifiée : il bannit la pratique des « activités nautiques utilisant la force motrice des vagues et la baignade en dehors des lagons ».
De plus, dans la mesure où le surf est également une activité rémunératrice, la crise requin devient une crise économique. L’intégralité de la quinzaine d’écoles de surf ferme. Les autres activités, notamment la plongée et les activités de voile sont également touchées par une baisse de fréquentation. Les commerçants à proximité des plages ouvertes sur la mer, comme Boucan Canot ou Les Roches Noires de Saint-Gilles, dénoncent une baisse conséquente de leur chiffre d’affaires depuis 2011.

 

 

2. Gentils et méchants requins : facilités et dangers du manichéisme

2.1. Se représenter le requin après Les Dents de la Mer

Affiche du film Les Dents de la mer (Jaws), S. Spielberg, 1975

Après le cachalot dans Moby Dick, le roman d'H. Melville (1851), le requin des Dents de la mer de S. Spielberg a frappé l'imaginaire collectif.

Les Dents de la mer (Jaws), film sorti en 1975, a contribué à développer une peur collective des requins (Neff, 2015). Il véhicule l’image d’un requin "rogue", solitaire et intelligent, doté d’intentions malveillantes. De manière symptomatique, on parle plus souvent d’« attaques » que d’« accident », ce qui suppose une intention, a fortiori malveillante, de la part du requin (Neff et Hueter, 2013).

Dans la presse réunionnaise, on trouve des mentions régulières aux termes de « dents de la mer » ou de « mangeur d’hommes », qui laissent penser que le filtre du film de Spielberg est encore opérant dans la perception des événements ou, tout du moins, qu’il revient forcément à l’esprit lorsqu’une attaque a lieu.

Le film Les Dents de la mer a aussi rendu socialement acceptables les solutions « radicales » de réduction du risque, qui passent par une élimination pure et simple des prédateurs (Gibbs et Warren, 2012). En effet, dans le film, la solution retenue consiste en une chasse punitive contre le requin qui, ne pouvant être pêché, se retrouve dynamité. Les réactions de certains acteurs locaux semblent imprégnées de cet imaginaire et de ces solutions radicales.

2.2. La crise requin, un conflit de représentations avant tout : le requin, envahisseur ou espèce à protéger ?

Les acteurs en présence dans la crise requin

La crise requin s'accompagne d’un conflit de représentations, qui voit s’affronter les positions de trois groupes principaux d’acteurs.

  • Les associations de surfeurs

Pour Thiann Bo et Duret (2013), la crise requin s’articule autour d’un petit groupe de surfeurs, de chasseurs et d’usagers de la mer qui dénoncent un danger global et réclament une gestion radicale du risque requin. Ils se sont mobilisés à partir de 2011 et ont formé des associations, dont les noms puisent dans le registre du risque et de l’émotion : "Océan Prévention Réunion" (OPR), "Prévention Requin Réunion" (PRR) et "Protégez nos enfants".

Selon eux, le risque requin ne concerne pas uniquement les surfeurs : il s’agit d’un problème de « santé publique » touchant l’ensemble de la communauté des baigneurs et, par extension, l’ensemble de l’île, menacée dans son principal secteur économique (Thiann-Bo Morel et Duret, 2013). Ils se présentent donc comme « lanceurs d’alerte » et construisent un discours autour de l’invasion des côtes par les requins, qui ne seraient pas à leur place dans les eaux côtières.

Les milieux des surfeurs et des chasseurs sous-marins sont proches, voire intriqués. Cependant les surfeurs apparaissent plus légitimes à s’exprimer, parce qu'ils sont les premiers concernés par les attaques et que leur activité est socialement plus consensuelle. La protection des requins leur paraît infondée, dans la mesure où ceux-ci représenteraient une « invasion biologique » du milieu (Thiann-Bo Morel et Duret, 2013) et seraient en surnombre sur les côtes et anormalement « agressifs » (Porte-parole de l’association Protégez nos enfants, La Réunion, 14 avril 2014).

  • Les associations écologistes

De leur côté, les associations écologistes ("Sea Shepherd", "Association Brigitte Bardot", "Shark Citizen"), souvent membres de groupes nationaux ou internationaux refusent la solution de la pêche des requins et demandent le strict respect de la zone marine protégée mise en place en 2007.

  • Les scientifiques

Enfin, les scientifiques voient leurs études remises en cause par les acteurs anti-requins qui les considèrent comme orientées et non-neutres, dans la mesure où les études menées vont dans le sens des écologistes.
 

2.3. Du bon usage des réseaux sociaux pour attaquer les mauvais requins

Vu sur Facebook en 2014

Source : copie d'écran de Facebook, avril 2014

 

Au début de la crise requin en 2011 et jusqu’en 2014, les réseaux sociaux ont été le théâtre d’une intense activité des associations, autant anti- que pro-pêche. En effet, les associations y opèrent une veille permanente. Celles des surfeurs sont particulièrement présentes et virulentes sur la toile et dans les médias pour dénoncer l’immobilisme des autorités et la doxa des discours écologistes. Ces discours sont jugés faux et déplacés, car ils seraient inadaptés au contexte très spécifique de La Réunion.

Le document ci-contre est un montage de photos circulant sur Facebook et relayé par les utilisateurs du web. Cette iconographie dénonce de manière virulente les discours écologistes, jugés utopistes. Nous avons ici l’exemple de la stigmatisation d’une idéologie globale au prétexte qu’elle ne s’applique pas dans un contexte local. À la différence de nombreux autres lieux, les eaux réunionnaises présenteraient des requins-bouledogues en « surnombre ». Ce document attaque avec violence les discours écologistes qui affirment que « les requins sont chez eux dans l’océan », en les présentant au contraire comme des « envahisseurs écologiques » (Thiann-Bo Morel et Duret, 2013). Les auteurs plaident également pour la remise en place de la chasse sous-marine dans la réserve marine ainsi que pour la sécurisation des zones de baignade et de surf par le dispositif drumline (bouée fixe à laquelle est suspendue une ligne appâtée, cf. 3.4. figure B). La réserve marine, figurée sur l’avant-dernière photographie par la bouée jaune délimitant un périmètre au sein duquel la pêche et la présence humaine sont interdites, fait l’objet d’attaques d’une rare violence. Créée en 2007, elle est accusée dans ce document d’avril 2014 d’avoir permis la prolifération des requins. Elle est aujourd’hui « innocentée », tant la reconstitution écologique de la réserve est encore limitée.

2.4. Distinguer les bons des mauvais requins. Le jeu d’équilibriste des associations écologistes

Shark Citizen, un nouveau nom et un nouveau positionnement

Source : Shark Citizen, 2014.
L'affiche accompagne la nouvelle identité de l'association. En 2014, Shark Angels France devient Shark Citizen, "une
association française destinée à préserver les requins tout en prenant en compte les caractéristiques propres aux sociétés humaines qui sont en interactions avec l’océan" .
 

Par opposition au discours local des surfeurs, les associations écologistes tiennent un discours global.

Elles s’opposent vivement à la pêche des requins dans la mesure où les requins-tigres et bouledogues sont des espèces classées « quasi-menacées » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Les écologistes dénoncent également le rapport à la fois hédoniste et égoïste que les surfeurs entretiennent avec leur environnement, s’octroyant le droit de « chasser et d’abattre » un animal qui ne fait qu'habiter son environnement naturel (Gibbs et Warren, 2012).

Néanmoins, l’association Shark Citizen, dont nous présentons ici un visuel, a opéré un changement de position : de fervente défenseuse des requins, elle se rapproche progressivement du groupe des surfeurs auquel elle s’opposait initialement. Elle défend désormais une mise en place de mesures de protection, comme les filets ou les filets électromagnétiques. Depuis 2015, elle a également épousé une autre position initialement défendue par les surfeurs. Elle a commencé à considérer que la présence de requins-tigres et bouledogues si près des côtes serait une nuisance pour les requins de récifs. Ces derniers jouissent d’une image beaucoup plus positive dans l’opinion : plus petits, moins dangereux pour l’homme, ils sont compatibles avec l’image d’un récif en bonne santé.
Finalement, même pour les écologistes, tous les requins ne sont pas « fréquentables ». Seuls les requins « inoffensifs » pour l’homme ont droit de séjour dans des eaux côtières de plus en plus appropriées par la société réunionnaise.

 

 

3. La Réunion, « l’île aux requins » ?

3.1. Gérer dans l’urgence une question nouvelle. Le cas de la commune de Saint-Paul

La répartition des attaques par commune entre 1980 et 2014

Cette carte du nombre d’attaques de requins par commune rappelle que les attaques de requins se concentrent sur la côte ouest. La commune de Saint-Paul compte à elle seule plus de 50 % des attaques survenues sur l’île entre 1980 et 2015. Cette vaste commune présente un important linéaire côtier, et comprend l’aire la plus touristique de l’île autour des très populaires plages de Boucan Canot, de Saint-Gilles et de la Saline.

La gestion de la crise s’est avérée particulièrement difficile pour la mairesse de la commune de Saint-Paul, Huguette Bello, aux affaires jusqu’en 2014. Huguette Bello, ainsi que la plupart des élus créoles, a une conception « traditionnelle » des pratiques balnéaires, se limitant aux pique-niques et aux baignades dans le lagon. « Les anciens refusaient que les enfants se baignent à la mer. Ce n’est pas pour rien » dira-t-elle suite au décès de Matthieu Schiller (Journal de l’île, 8 juillet 2011), déclenchant les huées des surfeurs présents.

Les surfeurs sont alors renvoyés à une nécessaire acceptation d’un risque considéré comme inhérent à leur pratique sportive. Lors de sa campagne électorale pour les municipales de 2014, Huguette Bello arguait que des territoires plus grands que La Réunion, plus riches et plus anciennement touchés par cette problématique, n'étaient toujours pas parvenus à sécuriser complètement leurs plages. Dès lors, que pourrait bien faire La Réunion ? Cet aveu d'impuissance de la part d’une élue serait une des raisons de sa non-réélection. En effet, les membres des associations de surfeurs, nombreux à résider sur le territoire de la commune de Saint-Paul, auraient ainsi sanctionné l'absence de politique de gestion du risque requin de la part de la municipalité.

Seul le maire de Saint-Leu, Thierry Robert, a pris des mesures saluées par les surfeurs, mais décriées par les écologistes : plusieurs campagnes de pêches ont eu lieu dans les eaux de sa commune entre 2012 et 2014.

3.2. Informer et communiquer malgré les effets sur le tourisme

Information au public sur la plage de Saint-Gilles
(commune de Saint-Paul)

La  communication institutionnelle est globalement insuffisante dans sa forme et dans son contenu (Guiltat, 2011 ; Taglioni et Guiltat, 2015). Sur chaque site de baignade et de surf, un panneau d’information d’une dimension de 3 x 2 m a été installé en plus de l’affichage habituel.

Un site internet "Info Requin" a été ouvert en 2013 par la Préfecture de Région. Ce site rappelle la législation relative aux activités nautiques et donne des informations sur les projets en cours à La Réunion. Il inventorie également les observations fiables, les marquages, les prélèvements et les attaques de requins recensés par le CROSS Réunion.

Les autorités tentent ainsi de répondre à leur mission d'information pour prévenir le risque et faire face à la circulation de rumeurs contradictoires et alarmistes relayées par la presse et par les différents groupes d’opinion.

3.3. Étudier et expertiser dans l’urgence pour gérer la crise

Le projet CHARC

 

  • Le projet CHARC (Connaissance de l’écologie et de l’HAbitat de deux espèces de Requins Côtiers)

C'est le principal projet scientifique sur la biologie des requins à La Réunion. Il a été lancé dans l’urgence par l’Institut de Recherche sur le Développement (IRD) en 2011. L’objectif initial du projet était de « créer un observatoire chargé de rassembler et de pérenniser » les données existantes sur les requins afin de permettre une meilleure gestion du risque requin à La Réunion. Il s'agit notamment de « restaurer la confiance et [de] soutenir les activités en lien avec le tourisme ». Il s'est appliqué à étudier les déplacements et l’habitat écologique des requins-bouledogues et tigres (IRD, 2015). Pour ce faire, il a procédé au marquage acoustique d’une centaine de requins afin d'analyser leurs déplacements et déterminer s'ils sont ou non sédentaires. Ce programme a bénéficié d’un budget de 700 000 euros, financé par l’Union européenne, le Conseil Régional de La Réunion et l’État français.

Ce programme, financé dans un contexte de crise, a suscité des attentes très fortes et de nombreuses désillusions. Ainsi, l’ensemble des acteurs socio-économiques qui en attendaient des mesures opérationnelles ont été déçus de constater que le projet se cantonnait à étudier l’écologie des requins. Le projet CHARC, qui a pris fin en février 2015, a néanmoins abouti à des résultats intéressants : les requins-bouledogues ne vivent pas en permanence dans les zones côtières, mais ils s’en rapprochent pendant les mois de mars à juin, et aussi le soir et la nuit (chasse). Certains sites (St-Gilles, Étang du Gol) semblent être des zones de reproduction, fréquentées de mars à août. Enfin, les scientifiques ont montré que la raréfaction des ressources au large entraînerait un rapprochement des requins vers les côtes.

  • Le projet Cap Requin

Il a été mis en place en 2013 dans la perspective de rendre opérationnel un système de régulation des populations de requins dans l’ouest de La Réunion. Le projet Cap Requin procède au test puis au déploiement d’un réseau de drumlines (cf. 3.4, Figure B) en Baie de St-Paul, à St-Gilles et à l’Étang Salé depuis août 2015. La position de l‘IRD illustre la complexité des interactions entre acteurs au sein de ces projets : en effet, l’IRD qui, initialement, ne souhaitait  pas participer au projet, refusant toute forme de pêche, a ensuite accepté de s’y impliquer, puis en est finalement sorti au bout de quelques mois (Réunion 1ère, 20 septembre 2013).

  • Le projet « Vigie Requin »

Cette autre solution mise en place bénéficie d’un relatif consensus social. Il s'agit de coordonner des groupes d’apnéistes pour sécuriser, par la surveillance et l’effarouchement, les sites nautiques (cf. 3.4, figure F). Une cinquantaine d'apnéistes assurent la sécurité des surfeurs tout autour de l'île. Sous l'eau, ils patrouillent autour des surfeurs, munis d'un répulsif et de détecteurs de balises permettant de signaler la présence d’un requin marqué.Ce dispositif spécifique à La Réunion est porté par la Ligue de surf, à laquelle s’est associé l’IRD, et soutenu par les pouvoirs publics (Thiann-Bo et Duret, 2013). Il est pour l’instant réservé aux entraînements de la Ligue. Certains groupes de surfeurs organisent également des dispositifs « vigie-requin », en « marron », c’est à dire hors cadre institutionnel, puisque le surf reste interdit sur le littoral.

3.4. Innover pour prévenir le risque. Un laboratoire d’idées

Dispositifs de protection contre les requins

Réalisation : E. Surmont, 2014
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L’illustration ci-contre présente un certain nombre de dispositifs élaborés pour prévenir les risques. Certains ont été mis en place, d’autres ne sont jamais sortis des cartons, d’autres encore ont montré leur inefficacité. Il s’agit aussi bien de dispositifs de protection individuelle que de dispositifs collectifs.

Le best-seller de la protection anti-requin est sans conteste le filet (A). À larges mailles, il empêche le passage des gros squales et sécurise les zones de baignade. Il a été mis en place précocement sur les côtes sud-africaines et australiennes. Le filet est grandement contesté par les associations écologistes, qui dénoncent le manque de sélectivité opérée par la barrière et les dommages collatéraux pour les « prises accessoires », qui peuvent être des dauphins, des tortues ou d’autres espèces protégées.

Plus sélective, la drumline (B) est constituée d’une ligne verticale fixe comportant un seul hameçon et un seul appât. Elle permet de pêcher sélectivement les squales. À La Réunion, les drumlines complètent le dispositif scientifique d'écoute acoustique et de caméras sous-marines visant à évaluer la fréquentation de la zone par les requins (cf. 3.3). Lorsqu'un requin mord à l'hameçon, il est soit marqué et remis à l'eau, soit prélevé.

Toute une série de  dispositifs utilisant des ondes électromagnétiques ont été développés ces dernières années. Il existe différents types de barrières électromagnétiques (C), forme évoluée du filet. Un modèle est actuellement testé près du Cap (Afrique du Sud) : il envoie à intervalles réguliers des ondes à basse fréquence qui dérangent les requins et les raies en perturbant leurs capteurs (ampoules de Lorenzini). En 2014, des chercheurs belges ont présenté un système proche de celui des Sud-Africains, qui a été installé aux Roches Noires (St-Gilles). Suivant le même principe, le « sharkshield » (D) est un dispositif individuel que les surfeurs peuvent fixer à leur planche.

Un certain nombre d’autres systèmes permettent non pas de repousser les requins, mais de les repérer (E, F et G). Un dispositif unique a été mis en place par les surfeurs au plus fort de la crise : les « vigies-requins » (F). Elles sont supposées avoir un rôle dissuasif et doivent pouvoir repousser les incursions de squales.
Certaines municipalités de l’île envisagent également la mise en place de caméras ou de drones (E et G) pour repérer les squales qui s’approcheraient trop des plages.

Enfin, le rideau de bulles (H) est un dispositif qui avait été envisagé au début des années 2000, mais s’est révélé, après test, totalement inefficace.

3.5. Les nouveaux filets de protection : la dernière innovation

Panneau d'information sur la plage des Roches Noires à Saint-Gilles en 2016

Dans la zone d'expérimentation opérationnelle (ZONEX), un filet constitué de chaînes et de cordages souples, couvrant l’intégralité de la hauteur de l’eau, est inspecté quotidiennement par des maîtres-nageurs sauveteurs et des ouvriers scaphandriers avant l’ouverture des zones de baignade et de surf.

Les premiers filets anti-requins ont été mis en place à La Réunion, sur les plages de l’Étang-Salé en avril 2014. À plusieurs reprises en 2014 et 2015, ces filets ont cédé face à la houle.

Pour faire face au défi des éléments naturels, une technologie innovante de filets plus résistants, a vu le jour sur la plage de Boucan Canot puis sur le spot de surf des Roches Noires à St-Gilles durant l’hiver 2015-2016. Un filet devrait également bientôt être mis en place sur le spot de Trois-Bassins. Le filet s'étend jusqu'à 11 mètres de profondeur, du sable jusqu'au niveau de l'eau. Il est fixé au sol par des câbles horizontaux en acier, des chaînes remontent de quelques centimètres, soutenues par des flotteurs. Le filet aux mailles de 40 cm est censé être « neutre » pour l’environnement, car il ne devrait pas y avoir de prises accessoires. L'entretien du filet capable de résister à des houles de 4 mètres devrait être également beaucoup moins coûteux pour la commune que le précédent qu'il fallait retirer à chaque fois que la houle dépassait 1,50 mètre pour un coût de 8 000 euros. Le dispositif d'une longueur de 626 mètres à Boucan Canot et de 581 mètres aux Roches Noires aura coûté la somme de 3,8 millions d'euros, financée à 60 % par l’Union européenne, 20 % par le Conseil régional et 20 % par la commune de Saint-Paul. Sa maintenance est estimée à 600 000 euros par an.

Ce nouveau filet fait l’objet d’une intense communication : panneaux sur les plages et communiqués de presse sont au rendez-vous. Il s’agit très certainement de faire oublier les échecs des premiers filets, de relancer la pratique des activités nautiques et surtout de montrer que les autorités s’impliquent.

3.6. Se baigner malgré la peur : de nouvelles pratiques

Dans le même temps, une surveillance plus importante est mise en place pour rassurer les usagers.

Sur la plage de Boucan Canot (avril 2014)

Plusieurs dispositifs sont en place : espace de baignade restreint et délimité par des bouées, présence de maîtres-nageurs, jet-ski et planches de surf prêtes à être mises à l’eau pour secourir les baigneurs en cas de problème. Rien de très original à première vue, si ce n’est que ces dispositifs n’ont jamais autant été « mis en scène ».

Sur la plage de l'Étang-Salé (mars 2014)

À l’Étang-Salé, plage située sur la côte sud-ouest, la baignade est interdite partout, sauf dans la zone face au poste de secours. De plus, une signalétique directe et dissuasive est instaurée : le drapeau orange avec un requin, indiquant un risque potentiel d’attaque, est hissé en permanence. Un filet a été installé au printemps 2014, à la manière de ce qui se fait en Australie ou en Afrique du Sud.

3.7. Se baigner en sécurité. La ruée nouvelle vers le lagon

Sur la plage de l'Ermitage (février 2014)

Les eaux du lagon sont ici protégées par la barrière récifale reconnaissable par l'écume des vagues à l'arrière-plan.

Les arrêtés préfectoraux et municipaux interdisent les activités nautiques hors des zones surveillées. S’en suit une baisse de la fréquentation du littoral par les pratiquants des activités liées aux vagues. Seuls les surfeurs les plus passionnés ont continué à pratiquer aussi régulièrement qu’avant la crise. Cette pratique est devenue partiellement illégale et de nouveaux modes ont émergé : pratique en groupe, mise en place de vigies, nouveaux horaires, etc.

Les baigneurs et touristes se reportent quant à eux vers le lagon corallien (plage de l’Ermitage notamment) et délaissent les plages ouvertes sur l’océan, comme Boucan Canot ou l’Étang-Salé  (Sud-Ouest de l’île). Il en résulte un afflux de fréquentation sur les quelques plages possédant un lagon.

3.8. Mettre en scène une « île à requin »

Sur les marchés de l'île en 2014, le requin se vend

Les représentations de requins se multiplient sur les marchés. Avec humour, le nouvel animal symbolique de l’île trouve sa place à côté du paille-en-queue, oiseau endémique des Mascareignes. Un petit marché de niche s’est donc développé autour du requin et de la « crise » devenue un incontournable pour les touristes. La plupart des objets ne sont pas fabriqués sur place : les objets en bois proviennent principalement de Madagascar et les vêtements de l’île Maurice. Les mâchoires de requins ne viennent pas non plus forcément de La Réunion – certaines espèces ne se trouvant pas autour de l’île.

3.9. Taguer l'« île aux requins »

Sur le spot de surf de St-Pierre (février 2014)

À Paris : l'île aux requins vue par Jace en 2011

Source : http://aenathon.blogspot.fr
Fresque dessinée rue Amelot, Paris XIème, à l'occasion d'une exposition du street artist Jace.

On peut considérer que le street art est un bon reflet de l’opinion sur les requins [2]. D'une certaine façon s’affiche sur les murs de manière provocante et bariolée ce qui est dans les bouches et dans les têtes. Les tags représentant les requins de l’île couvrent désormais les murs, notamment à St Pierre, dans le sud de l’île.

Le premier tag se trouve dans le port de St Pierre, à proximité du dernier spot « sûr » de l’île. Le dessin opère plusieurs jeux de mots entre Red Bull (la boisson énergisante dont le design est repris) et le requin-bouledogue (bull shark en anglais), devenu Raid Boul (bouledogue fou). Le tag est à son tour sur-tagué : un caméléon, animal emblématique de l'île, semble pêcher le requin.

La seconde fresque a été réalisée par Jace, un des artistes de street-art les plus renommés de l’île.  Seul sur son rocher, le petit « gouzou » couleur « safran métissé », emblématique de l’île est entouré d’ailerons menaçants. Ce tag mobilise plusieurs registres émotionnels et s’impose comme l’une des métaphores les plus réussies de la crise requin réunionnaise. Tremblant et perché sur son piton volcanique sans récif corallien, le gouzou est une proie facile pour les requins. L’incompréhension (symbolisée par le point d’interrogation) semble totale et le pauvre individu isolé apparaît bien démuni face à la stratégie collective des requins. S’agit-il de pointer en filigrane le manque de gestion de la situation par les autorités locales ? Se réfugier dans les Hauts de l’île serait-elle la seule stratégie à adopter ?

Cet article fait suite à un travail de recherche de Master 1 mené à la Réunion entre février et avril 2014, sous la direction de Paul Arnould (ENS de Lyon) et Erwann Lagabrielle (Université de La Réunion, IRD), et consacré à « La "crise requin" à La Réunion, entre science et fiction ».

Notes

[1] La géographie animale a fourni le titre d'un ouvrage du zoologiste Marcel Prenant, Géographie des animaux, A. Colin, 1933. Il faut attendre Xavier de Planhol sur la grande faune (2004), Coralie Mounet sur le loup et le sanglier (2006), Farid Benhamou sur les grands prédateurs (2007), Paul Arnould sur le loup (2008) pour que les géographes se penchent sur la question des enjeux de la cohabitation des grands animaux et des hommes.

[2] Sur les rapports entre art et géographie, le n°3 | 2014 de la revue Belgeo, intitulé 'Art(s) & Espace(s)' apporte des éclairages et des exemples.

 

Voir aussi en lien avec cet article : Organiser un jeu de rôle en classe sur la "crise requin" à la Réunion, Anne Le Berre, Géoconfluences, 2016

Pour compléter :

Ressources bibliographiques
Ressources webographiques
  • International Shark Attack File (ISAF), L'ISAF, administrée par l'American Elasmobranch Society (organisme de recherche sur les requins et les raies) et le Florida Museum of Natural History, compile l'ensemble des attaques de requins connues dans le monde depuis la seconde partie du XVIe siècle à nos jours. Les données sont collectées par des scientifiques à partir des observations régionales et des articles de presse (veille), enregistrées, codées et numérisées. Elles sont libres d'accès et disponibles au format Excel. Dernière mise à jour : 8 février 2016
  • Info requin, Préfecture de La Réunion. Site institutionnel qui permet aux usagers de se tenir informés sur les différents programmes scientifiques engagés, comme le programme CHARC, le programme Ciguatera ou encore le projet Cap Requins et sur les réglementations en vigueur. Il contient également une cartographie des observations, des marquages et des attaques de requins recensées depuis 1980.
  • Prévention et réduction du risque requin, Préfecture de La Réunion. La réglementation en vigueur.
    Voir en particulier le dispositif des filets de protection, 7 août 2015
    .
  • Observatoire marin de La Réunion
  • IRD (Institut de recherche pour le développement), Le programme CHARC (Connaissances de l’écologie et de l’HAbitat de deux espèces de Requins Côtiers sur la côte Ouest de la Réunion), est un programme scientifique lancé en 2011, à la demande de la Région et financé par l’Europe (FEDER), la Région Réunion et l’Etat (DEAL).
  • Océan prévention Réunion, association qui réclame des interventions contre les requins.
  • Shark Citizen, assocation qui réunit des passionnés de requins et promeut le débat entre tous les usagers de la mer (en français).  Voir la page Réunion.
  • Le MOOC Sharks! Global Biodiversity, Biology, and Conservation, porté par Cornell University et The University of Queensland (Australie), en anglais, à partir du 28 juin 2016.
Des films documentaires
Dans les média

 

Emmanuelle SURMONT,
agrégée de géographie, ENS de Lyon

 

Compléments, conception et réalisation de la page web : Marie-Christine Doceul,
pour Géoconfluences, le 4 avril 2016.

Pour citer cet article :  

Emmanuelle Surmont, « Peur sur les plages. Du "risque requin" à la "crise requin" à La Réunion », Géoconfluences, avril 2016.
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/risques-et-societes/corpus-documentaire/peur-sur-les-plages-requins-reunion