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Bassins versants, ressource en eau et frontières
Rappelons qu'un bassin versant (fluvial ou lacustre) est une portion d'espace terrestre à l'intérieur de laquelle tous les écoulements, en surface ou en profondeur, se dirigent vers le même exutoire (cours d'eau ou lac). La ligne de délimitation du bassin avec ses voisins est appelée "ligne de partage des eaux".
Or, il est évident que les frontières politiques et administratives ne sont pas calquées sur les limites des bassins versants, même si elles peuvent parfois plus ou moins coïncider lorsque la ligne frontière est également une ligne de crête. De la même manière, une frontière qui prend appui sur un cours d'eau ne sépare qu'artificiellement, par la guerre ou la contrainte, les populations riveraines de part et d'autre.
Aussi, les questions du partage de toutes les formes de ressource liées à l'eau peuvent-elles être sensibles, sources de litiges, de conflits : gestion des aménagements hydrauliques, du transport, de l'irrigation. On voit souvent s'opposer territoires en amont qui "prélèvent", voire polluent, la ressource et territoires en aval. Mais l'organisation de ce partage rend également nécessaire le dialogue transfrontalier. Ce peut être alors l'occasion d'engager des partenariats, des coopérations originales et aux effets d'entraînement.
Voir dans ce dossier :
- un article de Valérie Morel et Sylvie Letniowska-Swiat, Entre logiques institutionnelles et pratiques spontanées de la frontière : la structuration d'un territoire périphérique autour du bas Maroni (Guyane),
- un article de Jacques Imbernon et Claire Balaÿ :
L'eau "bien public régional" dans un territoire transfrontalier d'Amérique centrale
- une page de corpus documentaire :
Bassins versants transfrontaliers en Afrique occidentale
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Coopération transfrontalière
Lorsque les conditions minimum d'un "bon voisinage" sont remplies (reconnaissance mutuelle de la frontière au minimum), États ou collectivités territoriales contigües (séparées par la mer éventuellement) peuvent développer, sous des formes variées et à des degrés divers, des formules de coopération territoriale entre collectivités ou autorités territoriales dans un espace situé de part et d‘autre d‘une frontière commune. La coopération transfrontalière est une coopération bi-, tri-ou multilatérale entre des collectivités publiques à laquelle des acteurs semi-publics et privés peuvent être associés.
En Europe, alors que les États ont largement décentralisé leurs prérogatives, notamment dans les domaines économiques, sociaux, culturels, les collectivités territoriales ont acquis une responsabilité croissante en matière de coopération transfrontalière. Différentes lois de décentralisation ont augmenté partout la responsabilité et l'autonomie des collectivités territoriales, offrant de multiples exemples de coopération de ce type, sur des bases relativement symétriques, entre entités relativement comparables.
Il n'en est pas toujours de même lorsque les frontières séparent des entités aux caractéristiques sociales, économiques, culturelles, fortement dissymétriques. La coopération transfrontalière peut alors avoir des aspects d'aide au développement.
Voir :
- L'élargissement de l'Union européenne à l'Est : Bruxelles au défi des relations transfrontalières, un article d'Emmanuel Bioteau et de Bénédicte Michalon
- Coopérations territoriales transfrontalières, eurorégions en corpus documentaire du dossier "Territoires européens, régions, États, Union" (nouvelle fenêtre).
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Conflictualité et frontières (Frontières chaudes / froides)
Frontière chaude et frontière froide appartiennent au domaine de l'analyse géopolitique qui s'intéresse à la dimension géographique des faits politiques. Selon Y. Lacoste, la frontière est politique car elle marque la limite territoriale entre deux pouvoirs politiques et parce que cette limite s'établit dans un rapport de force entre les deux entités. Il s'agit donc d'envisager les types de relations qu'il peut y avoir entre des espaces frontaliers. La frontière est ici une zone de contact, de frottements où s'exercent des tensions, des rapports de force qui peuvent conduire à des conflits entre deux entités territoriales. Ces conflits peuvent aboutir à une fermeture de la frontière. Cependant, ces situations conflictuelles évoluant rapidement, il y a divers degrés de fermeture de la frontière.
La frontière chaude renvoie à un conflit ouvert entre deux systèmes territoriaux. La frontière est contestée, l'espace frontalier est par conséquent instable. Il y a des tensions et des heurts. Une frontière chaude peut conduire à une redéfinition du tracé de la frontière. Ainsi, les frontières qui séparent la Turquie du Kurdistan irakien, l'Inde du Pakistan, peuvent être qualifiées de frontières chaudes.
Une frontière froide est marquée par l'absence de relations entre les espaces situés de part et d'autres de celle-ci. Il y a conflit mais ce n'est pas un conflit avec affrontement direct. L'intensité du conflit peut être importante mais celui-ci est gelé. Les deux systèmes territoriaux sont dans une stratégie de séparation ou de fossilisation. Les angles morts sont multipliés aux limites externes du système territorial. Il peut ainsi y avoir un no man's land entre les deux espaces autour de la ligne frontière (frontière Corée du Nord/Corée du Sud jusque récemment). La frontière est alors une barrière, c'est une frontière fermée.
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Défonctionnalisation
Dans des dynamiques de dépassement des "souverainetés nationales", comme dans l'Union européenne par exemple, les enveloppes frontalières linéaires des États perdent de leurs fonctions par délégation le plus souvent à d'autres instances ou espaces. Il convient donc de s'interroger sur les niveaux de défonctionnalisation pour trois types classiques de fonctions frontalières.
1) Les fonctions relatives aux contrôles des flux : pour les flux de voisinage, les barrières et les contrôles aux frontières intra-communautaires constituent l'exemple des difficultés de l'intégration européenne comme en témoignent parfois les restrictions de certains États à l'accord de Schengen lorsque leur sécurité, au sens large, serait mise en danger.
2) Les fonctions relatives aux dispositifs techniques : il s'agit du démantèlement des barrières dites techniques, s'appliquant, par exemple, à la "libre circulation" des travailleurs,
3) Les fonctions relatives aux dispositifs législatifs : la question de l‘imposition des travailleurs frontaliers par exemple qui continue durablement à privilégier l'imposition sur le lieu du domicile plus que sur le lieu de travail.
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Différentiel (exploitation du)
Le différentiel exprime le rapport entre deux grandeurs quantifiables ou la différence entre des normes juridiques ou des valeurs. L'exploitation de ce différentiel se fait de part et d'autre de la frontière en tant que discontinuité séparant des systèmes territoriaux contigus et différents. Il se manifeste par des configurations de type attraction/répulsion selon la position relative d'un espace par rapport à l'autre et il génère des flux.
Le différentiel frontalier peut être économique (différentiel de salaires, de prix), politique (différentiel de normes fiscales), démographique (main-d'œuvre disponible) ou encore d'ordre culturel (différence de pratiques ou de valeurs). Le différentiel produit des flux matériels ou immatériels avec des rayons d'action différents : produits de la contrebande distribués sur le territoire en profondeur, mobilités plus réduites de travail ou de résidence, aire de chalandise de centres commerciaux (en zone détaxée ou non).
On peut dire en ce sens que le différentiel est exploité comme une ressource par les différents acteurs à différents niveaux : les firmes délocalisent (modèle de la maquiladora), les actifs frontaliers jouent de l'avantage financier de résider d'un côté de la frontière et de travailler de l'autre, les États ou les collectivités territoriales gagnent ou perdent de la matière fiscale. Le différentiel participe aussi d'une économie frontalière spécifique : marchés, implantations d'entreprises (attirées par le coût de la main-d'œuvre, l'intérêt fiscal), économie formelle ou informelle (flux légaux/illégaux).
Voir dans ce dossier :
- un article de Valérie Morel et Sylvie Letniowska-Swiat, Entre logiques institutionnelles et pratiques spontanées de la frontière : la structuration d'un territoire périphérique autour du bas Maroni (Guyane)
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Discontinuités, seuils et gradients
Les frontières sont des discontinuités spatiales le plus souvent majeures. Elles résultent des modes d'appropriation des territoires nationaux (maillages, frontières administratives) et des différentiels socio-économiques, culturels qui en sont à la fois les causes et les conséquences. Les frontières internationales sont souvent des lieux de rupture, de seuils particulièrement prononcés.
Ces discontinuités peuvent se traduire dans l'espace par des gradients plus ou moins accentués : variation d'intensité d'un phénomène sur une surface donnée, d'un point à un autre, le gradient mesure la "pente" et donc l'intensité de la discontinuité. On peut ainsi modéliser des gradients d'offre et d'activité économique, de densité, de pratiques culturelles, etc. de part et d'autre d'une frontière.
Les discontinuités frontalières peuvent aussi se traduire de manière plus brutale par des seuils qui marquent une rupture, une limite nette dans l'espace.
- Voir dans ce dossier l'article de Cécile Buxeda : Les effets de la frontière sur l'apprentissage de l'allemand en Alsace et en Moselle
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Douane
Traditionnellement, le poste des douanes était le marqueur spatial le plus puissant, le plus visible, de la frontière et de son passage. Dans des entités en voie d'homogénéisation, comme celle de l'Union européenne par exemple, les douanes des anciennes frontières internes, aux fonctionnalités allégées, sont remplacées par des "douanes volantes" au nom évocateur de la disqualification de la frontière comme ligne.
Voir :
- l'Organisation mondiale des douanes : www.wcoomd.org/fr/pagedaccueil.htm
- le site de la Douane française : www.douane.gouv.fr
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États, territoires et frontières
Formation des États, territoires et frontières sont étroitement liés. Ces dernières sont devenues un objet de questionnement au moment de la formation des États modernes. En Europe, antérieurement au XVIe siècle, la spatialisation des entités politiques restait vague et les limites d'exercice de leur pouvoir floues. Ce sont les traités de Westphalie (1648) qui ont engagé progressivement un nouvel ordre géopolitique au sein d'une Europe voulue comme un ensemble d'États, disposant de frontières précises et reconnues, et sur lequel le pouvoir exerce sa pleine et entière souveraineté. Ces règles s'efforçaient de garantir la paix plutôt que la guerre, les processus de négociation plutôt que de conquête : la fixation et le tracé d'une frontière étaient destinés à empêcher tout empiétement d'une souveraineté sur l'autre, toute contestation et elle impliquait la reconnaissance mutuelle.
De nos jours, au regard du droit international, les frontières de l'État englobent l'intégralité de son territoire terrestre (voies d'eau incluses), ses eaux intérieures et sa mer territoriale, ainsi que la couche atmosphérique surplombant ses territoires terrestre et maritime. D'autres espaces, sur lesquels l'État n'exerce que des droits souverains ou une juridiction fonctionnelle, ne sont pas compris dans le territoire étatique (ambassades, consulats).
Mais le droit international ne formule aucune exigence sur le caractère continu ou discontinu du territoire de l'État et donc de son enveloppe frontalière (par ex. la Russie et son exclave de Kaliningrad). Aucune exigence également sur les conditions minimales de droit à l'existence du point de vue de la superficie : on dénombre ainsi de nombreux "micro-États" dont les superficies sont inférieures à 50 km² (Monaco, Nauru, le Vatican par exemple).
- Voir l'article de Stéphane Corcuff (nouvelle fenêtre) :
Taiwan, naissance des frontières d'une démocratie insulaire
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Façade
La métaphore désigne, d'une manière générale, les lieux tournés vers l'extérieur et le terme s'emploie plus particulièrement pour les espaces littoraux. Mais elle peut aussi s'appliquer aux lieux "au contact", "de contact". La plupart du temps, les dynamiques des façades sont largement empreintes de leurs fonctions frontalières.
Une façade frontalière maritime (ou océanique) est une bande de quelques dizaines à plusieurs centaines de kilomètres de large à partir du littoral. C'est une interface entre les flux, entrant ou sortant, de biens et de personnes vers/de l'intérieur (arrière-pays, hinterland) et ceux de l'au-delà maritime (avant-pays, foreland). Cette interface concentre donc les activités et les équipements nécessaires à la gestion de ces flux.
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Frontalier (Un –)
Individu résidant à proximité d'une frontière et travaillant dans le pays voisin de l'État où il réside, le frontalier se définit par sa traversée quotidienne de la frontière ou par le retour à son domicile au moins une fois par semaine. Il est donc un navetteur dont les flux se concentrent à certaines heures de la journée – les entrées et sorties de bureaux – et en certains axes et points de passage comme les postes de douane, ce qui peut créer de forts ralentissements. Ces problèmes de transport peuvent conduire les autorités politiques des deux pays voisins à mettre en place des infrastructures transfrontalières. De même, elles sont conduites à signer des conventions bilatérales, en particulier en matière de travail ou de fiscalité.
La dissociation entre le lieu de travail et celui de résidence tient avant tout au différentiel de salaire, plus avantageux dans le pays où le frontalier exerce son activité professionnelle, au coût de la vie, moins élevé dans le pays où le frontalier réside. L'espace frontalier de résidence connaît alors une forte pression foncière et immobilière. Le frontalier est aussi une identité défendue par des associations de frontaliers. Dans sa ville d'emploi, le frontalier peut être perçu comme source de certains dysfonctionnements (congestion urbaine, pollution, tension sur le marché de l'emploi…), alors qu'il participe à sa vie économique et qu'il en est parfois originaire.
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Frontières
Si l'on considère ici avant tout les frontières d' État, la frontière comme enveloppe externe d'un territoire est une ligne continue qui a caractérisé l'apparition des États modernes. L'effort d'assignation de leurs limites a été rendu possible par le progrès des techniques de localisations géographiques et de cartographie. Auparavant, en l'absence de murailles ou autres fortifications, la frontière était une périphérie incertaine de "marches" plus ou moins vides.
Limites séparant deux entités territoriales différentes, les frontières, coupures et/ou coutures, peuvent être plus ou moins fermées, plus ou moins perméables. De fait, tout organisme – individuel ou collectif – sécrète de la frontière, toute culture a ses limites : frontières et limites sont alors des instruments de régulation et de délimitation des systèmes socio-territoriaux. Les frontières s'accompagnent de discontinuités, d'effets de seuils (statistiques par exemple), de gradients plus ou moins accentués qui en sont tout à la fois la cause et la conséquence.
Une frontière ne saurait être "naturelle" en soi. Elle est conventionnelle, produite par les sociétés humaines qui font d'éléments morphologiques de simples supports physiques destinés à en conserver le tracé.
Les frontières, si elles sont lieux de risques, d'incertitudes, de confrontation, peuvent être aussi des interfaces actives de stimulation et de compétition fécondées par la présence de l'autre, par ses différences.
Voir l'article d'Hélène Velasco-Graciet : Des frontières et des géographes
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Front pionnier
L'expression "front pionnier" désigne un type de frontière intérieure à un État. L'existence de cette limite, mobile dans le temps et dans l'espace, répond à deux objectifs souvent concomitants. Le premier consiste à faire coïncider les limites administratives d'un État avec celles de sa maîtrise et de sa mise en valeur spatiale effectives. Dans le second cas, il s'agit de décharger d'autres espaces infranationaux de pressions, essentiellement démographiques. Sous l'effet d'une impulsion politique ou d'initiatives spontanées, l'avancée du peuplement et la valorisation économique traduisent l'intégration progressive dans le territoire national d'espaces considérés comme neufs, au détriment parfois des populations autochtones préexistantes au mouvement. En 1893, J.F. Turner théorise le premier la notion de Frontier, front pionnier de la conquête de l'Ouest américain et modèle de la construction du territoire des États-Unis, par opposition aux termes classiques désignant la frontière administrative: boundary, border.
Le front pionnier renvoie à un processus d'aménagement du territoire qui peut être décomposé en plusieurs étapes :
- une valorisation du territoire par une spéculation foncière et une légalisation des terres appropriées sans réelle transformation ;
- un peuplement progressif accompagné d'un contrôle du territoire le long d'axes routiers ;
- une organisation spatiale de la région pionnière fondée sur la connexion de quelques pôles urbains en croissance par de grands axes de transports en voie de consolidation.
La progression du front pionnier se déroule très rarement de manière linéaire et s'apparente davantage à une frange d'épaisseur variable. Ainsi, il procède davantage de sauts discontinus le long d'axes privilégiés, en laissant derrière lui des îlots non transformés, et conduit à la création d'un territoire en archipel.
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Géographie et frontières
Ce que l'on peut retenir de ces vingt dernières années dans les approches proposées par les géographes, c'est qu'ils envisagent la frontière comme un objet complexe permettant aussi de cerner les grandes mutations contemporaines comme : effacement des frontières au sein de la Communauté européenne ; l'apparition de nouvelles frontières entre pays riches et pays pauvres ; le surgissement de nouvelles discontinuités linguistiques, culturelles ; les frontières à l'épreuve des mobilités des individus, bien sûr, mais aussi des mobilités virtuelles via l'Internet. Ces mutations invitent finalement à décentrer le regard des seules frontières nationales, internationales et à aller vers d'autres frontières, discontinuités plus floues, moins pesantes car moins institutionnalisées
Voir l'article d'Hélène Velasco-Graciet : Des frontières et des géographes
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Interfaces frontalières
Zone de contact entre deux espaces différenciés engendrant des dynamiques d'échange entre ces deux espaces. L'interface est une bande plus ou moins large qui va de la ligne (frontière) à la zone (région frontalière). Une frontière n'est pas nécessairement une interface car celle-ci suppose qu'il y ait de l'échange. Ainsi, l'interface est irriguée, à des degrés variables, par des flux, plus ou moins intenses. Activités, infrastructures et équipements correspondants y sont souvent localisés.
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Limite
Ligne réelle ou imaginaire discriminante, la limite définit une entité spatiale en la distinguant d'une autre : par exemple, Romulus crée Rome en traçant sa limite à la charrue. Par extension, c'est la ligne au-delà de laquelle on passe dans un "ailleurs" ou bien la ligne qu'on ne peut pas franchir. La limite crée donc une discontinuité qui peut être plus ou moins marquée entre les deux systèmes territoriaux qu'elle sépare, selon leurs différences et les rapports qu'ils entretiennent.
Lorsque la limite est d'ordre spatial, on peut alors parler de frontière. Mais si toute frontière est une limite, toutes les limites spatiales n'ont pas forcément le statut de frontière qui est reconnu par l'appropriation des espaces et la reconnaissance juridique internationale de la limite.
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Maritimes (Frontières –)
La définition de frontières et de délimitations en milieu maritime a des enjeux considérables du point de vue du partage des ressources (halieutiques, énergétiques, minières) et de la gestion des droits de passage. La situation est d'autant plus complexe lorsque les espaces auxquels deux ou plusieurs États adjacents peuvent prétendre se chevauchent. Par ailleurs, les progrès réalisés par les technologies d'exploitation off shore des ressources, la pression croissante sur ces dernières, étend les espaces maritimes convoités, disputés.
Le droit maritime international est d'origine coutumière et conventionnelle. La Convention des Nations Unies sur le Droit de la mer (CNUDM / United Nations Convention on the Law Of the Sea / UNCLOS), signée à Montego Bay (Jamaïque) en 1982, est entrée en vigueur le 16 novembre 1994, après ratification ou adhésion de 60 États (il y a 148 États signataires de la Convention au 1er février 2005).
Voir :
- en corpus documentaire (Sylviane Tabarly) : Océan Arctique, des frontières maritimes à l'épreuve d'une nouvelle donne climatique ?
- en corpus documentaire de ce dossier (Cécile Michoudet) :
Où passe la frontière entre la Corée et le Japon ?
- dans un autre dossier, en nouvelles fenêtres), un article de Nathalie Fau :
Le détroit de Malacca : porte océane, axe maritime, enjeux stratégiques
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Mémoires et frontières
Les frontières d'État sont inscrites dans les paysages plus souvent qu'on ne le croit, comme le souligne l'examen des cartes et de l'imagerie satellite. Pour l'oeil exercé, les frontières sont le plus souvent visibles d'avion. Si la limite ex-RDA / ex-RFA vue du ciel est spectaculaire, ce n'est pas du fait de la ligne, fortifiée, mais en raison des contrastes des structures agraires, produit des systèmes socio-politiques.
Frontières et espaces frontaliers sont toujours des produits de l'histoire qui cristallisent particulièrement les mémoires d'une nation dans ses relations à l'Autre à travers conflits, réconciliations et coopérations.
Dans une Europe aux entités largement réconciliées, une labellisation de sites européens "hauts lieux de mémoire" et emblématiques de l'identité européenne, d'une Europe plusieurs fois divisée et en quête d'unité, est envisagée et d'anciens postes - frontières entre l'Ouest et l'Est de l'Europe pourraient faire partie de ce patrimoine européen. Un "itinéraire" des lieux de mémoire en Europe relierait ces lieux symboliques. On voit par ailleurs aussi se multiplier les musées de la douane.
- Nora P. (dir.) - Les Lieux de mémoire - Gallimard - 1997
- Les chemins de mémoire : www.cheminsdememoire.gouv.fr
- Le réseau des sites majeurs de Vauban constitué autour de la proposition, par la France, de l'inscription en 2008 de "l'Oeuvre de Vauban" au patrimoine mondial de l'Unesco : www.sites-vauban.org
- La liste des sites retenus à la candidature : http://whc.unesco.org/fr/listesindicatives/2096/
- Le musée national des douanes : www.musee-douanes.fr
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Migrations et frontières
Les migrations internationales impliquent le franchissement des frontières politiques et elles s'incrivent plus ou moins durablement dans le temps et l'espace : plus qu'un simple acte de passage de frontières, c'est un long processus qui affecte les vies des personnes impliquées. Les flux migratoires, qui incluent les mouvements de réfugiés, les personnes déplacées et les migrants économiques, peuvent être un facteur important d'érosion des frontières traditionnelles. Même ceux qui ne migrent pas sont affectés par ces mouvements de population à l'intérieur ou à l'extérieur de leurs communautés et par les changements qui en résultent. Le paradoxe contemporain est qu'il n'y a jamais eu autant de complexité dans le contrôle migratoire que depuis que les frontières ont été "érodées" par les tendances lourdes de la mondialisation.
Voir dans ce dossier :
- un article de Valérie Morel et Sylvie Letniowska-Swiat, Entre logiques institutionnelles et pratiques spontanées de la frontière : la structuration d'un territoire périphérique autour du bas Maroni (Guyane)
- un article d'Olivier Clochard, Jeux de frontières à Chypre : quels impacts sur les flux migratoires en Méditerranée orientale ?
- en corpus documentaire, L'Europe, une "forteresse" ? La gestion des politiques migratoires. Des lieux entre mobilités et immobilisations. Objectifs et activités de l'agence Frontex (participation de Sara Casella Colombeau)
- en rubrique Géographie vivante : Philippe Rekacewicz, un cartographe confronté à la représentation des frontières
- l'entrée Nodales (F rontières -) de ce glossaire,
- dans le dossier "Territoires européens : régions, États, Union" (nouvelle fenêtre) : Zoom sur l'espace Schengen
Sur le site de l'Unesco :
- Migrations internationales et politiques multiculturelles :
http://portal.unesco.org/shs/fr/ev.php-URL_ID=1211&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html
- Le droit de quitter un État, mis en avant dans l'article 13 (2) de la Déclaration universelle des droits de l'homme n'a pas d'équivalent de droit de libre entrée dans un État. Un ouvrage de l'Unesco (en anglais) tente d'explorer le scénario d'un monde où la migration ne connaît pas de frontières ("Migration Without Borders, Essays on the Free Movement of People").
http://portal.unesco.org/shs/fr/ev.php-URL_ID=11679&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html
- Une planète sans frontières ?
Et si, dans quelques heures, l'ONU votait la suppression des frontières ? Animant en vrai-faux direct ce compte à rebours imaginaire, Annette Gerlach et Laurent Bailly passent en revue les remous qu'une telle décision créerait d'un bout à l'autre du globe.
www.arte.tv/fr/Une-planete-sans-frontieres-_3F/1886968.html
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Murs, remparts et autres barrières frontalières
L'édification de murs et de murailles exprime au sens le plus concret du terme la fonction de barrière de la frontière. Ils introduisent une perturbation notable des flux, dans le sens de leur réduction, de leur détournement. Murs et murailles relèvent de la logique de la fermeture spatiale et de l'exclusion. La construction des murs à l'heure de la mondialisation relève ainsi d'un paradoxe qui consiste à briser des flux dans un monde où les échanges explosent.
Les fonctions assignées à ces édifices ont été tout d'abord essentiellement défensives. La Grande muraille de Chine bien sûr pour stopper, au IIIe siècle avant J.-C., la progression des Huns. La protection du limes romain : le mur d'Hadrien (120 km) au IIe siècle dressé par les légions romaines pour empêcher les intrusions des tribus en provenance de l'Écosse, le "mur du diable" de plus de 500 km sur la frontière germanique. Beaucoup plus récemment la ligne Maginot, le "mur de Berlin" et le "Rideau de fer" ont été des frontières - lignes de défense qui ont marqué l'histoire européenne du XXe siècle.
Avec les évolutions technologiques (aviation, missiles), ces obstacles terrestres ont perdu de leur importance stratégique et les fonctions qui sont aujourd'hui assignées à ces barrières sont surtout de contrôler les flux d'échanges (marchandises, hommes), de tenter d'entraver la multiplication des flux non contrôlés (trafics illicites, migrations illégales) et de répondre aux problèmes de sécurité nationale. Différents exemples récents en témoignent :
- Entre l'Afrique et l'Europe la construction d'une barrière de clôture renforcée autour des enclaves espagnoles en Afrique de Ceuta et Melilla.
- La loi sur la clôture de sécurité (Secure Fence Act) promulguée en octobre 2006, autorise le renforcement de la surveillance d'environ 1/3 de la frontière entre les États-Unis et le Mexique, notamment à travers le désert de l'Arizona : un mur de 1 200 km, doté de miradors et de caméras high-tech, devrait limiter les migrations illégales des populations latinos-américaines.
- Entreprise en 2002, la construction d'une "barrière de sécurité" de 650 km est destinée à séparer Israël des territoires palestiniens de Cisjordanie.
- L'Arabie saoudite de son côté va ériger une double barrière de protection dotée d'équipements électroniques sur les 900 km de frontières avec l'Irak, par crainte d'infiltrations de combattants islamistes opposés au régime wahabite, d'un afflux de réfugiés et pour limiter le trafic de contrebande.
Les murs marquent aussi les espaces urbains pour séparer, clôturer, certains quartiers : si celui de Berlin (1961-1989) a été démonté, d'autres murs apparaissent : l'armée américaine érige un mur de protection autour du quartier sunnite d'Adhamiyah à Bagdad dans une ville à majorité chiite (depuis 2007).
Lorsqu'elles conservent une fonction de défense militaire essentielle, ces barrières frontalières peuvent aussi s'accompagner de zones démilitarisées, de "no man's land" ou glacis défensifs, par exemple : la zone démilitarisée (ou DMZ) entre Corées du Nord et du Sud aux alentours du 38e parallèle ; la "ligne verte" ou "Ligne Attila" entre les parties Nord et Sud de l'île de Chypre (1974) contrôlée, sur 180 km, par les Casques bleus de l'ONU (UNFICYP).
Voir :
- un article d'Olivier Clochard, Jeux de frontières à Chypre : quels impacts sur les flux migratoires en Méditerranée orientale ?
- dans le dossier La Méditerranée, une géographie paradoxale (nouvelle fenêtre) :
Flux migratoires et effets de barrières en Méditerranée
- L'exposition "Frontières" Muséum de Lyon, 2007) :
www.museum-lyon.org/expo_temporaires/frontieres/premonde_0.php
et à propos de cette exposition "Migrations et réfugiés : le monde qui accueille et celui qui se ferme" :
http://blog.mondediplo.net/2007-04-04-Migrations-et-refugies-le-monde-qui-accueille-et
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Nodales (Frontières - : aéroports, ports et autres lieux de transit)
Les mouvements contemporains de mondialisation ou de régionalisation à des échelles continentales (construction européenne par exemple) brouillent les frontières classiques héritées des XIXe et XXe siècles. À l'heure actuelle, la frontière n'est plus seulement la ligne qui délimite le territoire de l'État et qui tend à se dévaluer alors que les entités politiques se déterritorialisent. La territorialisation d'un État peut de moins en moins être réduite au contenu de son enveloppe frontalière, nombre d'espaces de contrôle ne sont pas réductibles à des lignes cartographiables.
D'autres formes de synapses frontalières se superposent, à d'autres échelles, avec d'autres implantations spatiales, par exemple, les frontières "spécialisées", ponctuelles et réticulées, du contrôle migratoire : gares, aéroports, espaces portuaires, ambassades et consulats. Au déclin relatif de la place de la frontière classique dans le contrôle migratoire correspond la multiplication des frontières "spécialisées", insérées par exemple dans l'architecture des aéroports ou des gares, ou mises en œuvre à travers le contrôle extraterritorial des visas (externalisation de l'asile et de l'immigration), etc. Les zones d'attente et les centres de rétention des demandeurs d'asile et des migrants irréguliers sont autant d'espaces frontaliers destinés à contrôler les accès au territoire national et la tendance contemporaine est à leur délocalisation pour les rapprocher des lieux de départ des migrants.
Voir en corpus documentaire, une proposition de Cécile Michoudet :
Où passe la frontière entre le Japon et la Corée du Sud ?
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Perceptions et représentations de la frontière
La perception de la frontière, qui repose sur les filtres des organes sensoriels, des vécus et des cultures individuels ou collectifs, produit des représentations et des images variées qui diffèrent en fonction :
- de l'échelle d'observation, la perception de la frontière par les populations locales n'étant pas la même que celle de l'ensemble de la société d'un État,
- du type de mobilité qui définit autant de pratiques et d'expériences du passage de la frontière,
- des fonctions de la frontière, la défonctionnalisation contemporaine de nombreuses frontières modifiant ses représentations, de l'obstacle physique au simple panneau indiquant un changement de pays sans marque spatiale particulière,
- du moment (jour, époque, siècle) où la frontière est perçue puis représentée.
L'analyse géographique a récemment bénéficié de nouvelles approches méthodologiques (cartes mentales, méthodes empruntées aux sciences cognitives) ou théoriques (géographie culturelle, ethnogéographie…) pour travailler sur la perception et la représentation de la frontière par nos contemporains.
Voir dans la rubrique Géographie vivante :
Philippe Rekacewicz, un cartographe confronté à la représentation des frontières
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Périphéries
C'est le sceau de l'histoire qui marque la spécificité et l'originalité des espaces frontaliers. En Europe, anciennes "marches" des États, ces espaces se sont vus confier, au cours du temps, des fonctions, non plus militaires, mais de plus en plus fonctionnelles de recomposition de l‘espace. Dans ce contexte historique nouveau, selon quels critères, dans quelles conditions, la zone frontalière, souvent périphérique, peut-elle devenir pivot ou, reste-t-elle, au contraire, durablement marginale ? Dans quelle mesure, selon quels processus, une large part des espaces frontaliers de l'Union européenne sont-ils passés d'une position marginale à une position structurante dans l'espace ?
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Régions transfrontalières
Une région frontalière, au sens strict, est une collectivité territoriale publique située immédiatement au-dessous du niveau de l‘État et qui a une frontière terrestre (ou parfois maritime) commune avec une ou plusieurs collectivités de même type situé dans un autre État voisin.
C'est à des problèmes spécifiques aux niveaux spatial, socio-économique, socioculturel, politique, juridique et institutionnel qu'ont à faire face les régions frontalières, souvent périphériques, quels que soient les systèmes politiques dans lesquels elles s'inscrivent.
Le recours à l'analyse systémique pour aborder le problème frontalier permet de révéler d'abord que la frontière, plus que "borne physique", est avant tout limite de système entre États-nations. Elle nécessite donc une démarche originale, interdisciplinaire et internationale, indispensable pour dégager les différents types de relations sociales, économiques, culturelles et politiques qui émergent ou se développent dans ces aires qui ne doivent pas être définies selon des critères à priori mais qui doivent être envisagées de façon assez souple selon les fonctions étudiées. Les divisions politiques administratives, régionales et/ou sub-régionales définissent alors le champ d'application de la souveraineté nationale des États concernés et donc de la coopération transfrontalière.
Chaque région transfrontalière a des caractéristiques spécifiques en raison de son territoire, qu'il soit drainé par un ou plusieurs pôles, ou qu'il soit à urbanisation diffuse. Dans la plupart des régions transfrontalières de l'Union européenne trop peu d'efforts ont été accomplis jusqu'à présent pour envisager la manière dont pourraient s'articuler les systèmes d'armatures urbaines ou se façonner des réseaux interurbains transfrontaliers cohérents et complémentaires, pour dégager un "polycentrisme" transfrontalier irrigué par des transports transfrontaliers également. La frontière, dans bien des cas, perturbe ou fausse le jeu normal des polarisation(s) d'où des "déséconomies d'échelle" dans tous les espaces frontaliers.
Voir (nouvelle fenêtre), dans le dossier "Territoires européens : régions, États, Union" :
Coopérations territoriales transfrontalières, eurorégions
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Tracés et bornages des frontières
Tracer une frontière est un acte géopolitique par excellence puisqu'il s'agit de délimiter des aires d'exercice de la souveraineté, d'inscrire le politique dans l'espace. Cependant, le droit international ne préside aucunement à la répartition des espaces terrestres entre groupes humains et il ne permet pas, a fortiori, de déterminer ce qu'est une "bonne" frontière. Il s'agit d'un processus conditionné, pour l'essentiel, par les circonstances historiques et politiques. Le tracé retenu est le résultat d'une négociation entre les territoires voisins et il répond à l'idée qu'il ne saurait y avoir de chevauchement de souverainetés sur un même espace. Le processus de délimitation des frontières comporte en général plusieurs phases.
Le point de départ en est la "détermination" dont l'objet est de fixer les grandes orientations de la frontière entre les États négociants et qui passe par la signature et la ratification de traités et d'accords entre les entités contigües visant à la reconnaissance réciproque de la frontière.
La seconde phase, la "délimitation" proprement dite, est constituée par l'opération de démarcation qui consiste à interpréter sur le terrain les intentions des négociateurs. Elle conduit les parties à tracer une ligne séparant les territoires des États concernés.
La phase suivante, plus technique que politique, aboutit à la "démarcation par abornement". Des commissions mixtes d'abornement des frontières placent des bornes de délimitation ou "bornes principales" qui fixent alors les grandes lignes de la frontière. Cette phase technique, confrontée aux réalités du terrain, peut présenter des difficultés d'interprétation et des difficultés de réalisation. C'est à ce stade que l'on décide éventuellement de tenir pour pertinente une limite naturelle.
Enfin la "densification" consiste, dans certaines situations, lorsque les confins territoriaux ont une forte densité de populations et d'activités, à multiplier les bornes, de façon qu'elles soient de préférence intervisibles.
Notons cependant que l'exigence d'une frontière terrestre incontestée, délimitée et démarquée, dont le tracé serait définitivement acquis, n'a jamais été considérée comme une condition nécessaire de l'existence d'un État et par conséquent de sa reconnaissance. Pour qu'un État existe et puisse être reconnu, il suffit que ce territoire ait une consistance suffisamment certaine (alors même que les frontières n'en seraient pas encore exactement délimitées) et que, sur ce territoire, il exerce en réalité la puissance publique nationale de façon indépendante.
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Transfrontalier
L'adjectif transfrontalier caractérise un phénomène qui concerne les deux côtés d'une frontière mais son sens varie selon le substantif qu'il qualifie.
Un sens faible désigne la traversée d'une frontière, le développement de relations transfrontalières à travers cette limite politique. Il suppose donc l'existence d'une limite mais aussi une relative perméabilité de celle-ci. Il introduit une notion de proximité et concerne les relations entre deux espaces contigus tandis que le terme de transnational est réservé aux relations entre deux États.
Un sens fort caractérise au contraire le développement d'un phénomène qui transcende la discontinuité politique. Il donne naissance à une entité nouvelle, qui intégre dans un même ensemble les entités autrefois séparées. La notion d' espace transfrontalier dépasse ainsi en intensité le simple échange entre deux espaces frontaliers. Il est caractérisé par des échanges structurés, durables et par un certain nombre de traits communs.
Les espaces les plus intégrés donnent naissance à des territoires transfrontaliers, issus d'une construction politique locale ou régionale qui se fixe pour but l'approfondissement des relations et le développement local. Si ces territoires transfrontaliers dépassent les frontières politiques, ils se construisent néanmoins sur les discontinuités sociales, politiques ou économiques qu'elles génèrent. L'enjeu pour ces espaces est alors de fonder à plus long terme un développement qui ne repose pas uniquement sur les différentiels nés de la frontière.
Article en partie inspiré d'Hypergéo : www.hypergeo.eu/article.php3?id_article=207
Voir dans ce dossier les articles de :
- Valérie Morel et Sylvie Letniowska-Swiat, Entre logiques institutionnelles et pratiques spontanées de la frontière : la structuration d'un territoire périphérique autour du bas Maroni (Guyane)
- Emmanuel Bioteau et de Bénédicte Michalon : L'élargissement de l'Union européenne à l'Est, Bruxelles au défi des relations transfrontalières,
- Nathalie Fau (nouvelle fenêtre),
Le détroit de Malacca : porte océane, axe maritime, enjeux stratégiques pour comparer territoires transfrontaliers et échanges transfrontaliers
- le site de la Mission opérationnelle transfrontalière : www.espaces-transfrontaliers.org/indexsite.php
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Villes et frontières
Associer villes et frontières revient à articuler deux concepts clés de la géographie aux multiples acceptions. On s'en tiendra ici aux répercussions de la frontière entre États sur la forme et les fonctions urbaines. On peut distinguer plusieurs types d'articulation entre ville et frontière en se fondant sur le degré d'ouverture et l'étendue des fonctions de la frontière :
- la ville-frontière renvoie à la ville coupée par la frontière. La frontière est encore active (Tijuana au Mexique, Nicosie à Chypre) et fait barrière ou bien elle est un héritage de l'histoire et marque encore la forme de la ville par la discontinuité du tissu urbain qu'elle a engendrée (Berlin en Allemagne). Il y a ainsi dédoublement des équipements et des fonctions urbaines de part et d'autre de la ligne séparatrice.
- La ville frontalière jouxte la frontière. Sa forme en est modifiée notamment dans ses capacités d'extension spatiale (Gorizia en Italie) et les fonctions qu'elle exerce sont en relation étroite avec la fonction de contrôle et de transit notamment (La Valette à Malte)
- Les villes-doublons constituent deux organismes urbains (la frontière germano-polonaise en est l'archétype) qui se sont développés séparément pour répondre aux logiques d'organisation spatiale interne de chaque État. Le devenir des ville-doublons change dès lors que les frontières s'ouvrent aux flux et qu'elles perdent certaines fonctions (de contrôle notamment).
- L'agglomération transfrontalière résulte de la coalescence de plusieurs communes situées dans des États différents. Elles forment un vaste organisme urbain qui se développe grâce à l'effacement de la frontière. La forme de la ville n'est pas fondamentalement modifiée par la frontière. En revanche, ses fonctions sont souvent fortement influencées par la présence de cette dernière (Genève, ville internationale par exemple, Bâle ville de foire).
Par extension, les relations entre villes et frontières concernent toutes les villes qui accueillent des populations migrantes et deviennent des points d'accès aux territoires des États par leurs nœuds de transit (gares, aéroports, ports..). On peut aussi y ranger les zones franches urbaines, lieu d'un différentiel fiscal et/ou économique.
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Zones frontalières
Il peut être difficile de distinguer la "zone frontalière" de la "région frontalière" tant ces deux termes sont souvent interchangeables. Mais, à la définition globalisante de la région transfrontalière, fait face celle plus partielle de zone frontalière, espace restreint défini a posteriori par des critères sélectionnés qui ne recouvrent pas tous les aspects constituant une région, mais qui relèvent plutôt de tel ou tel aspect de la réalité socio-économique et culturelle. La profondeur de la zone frontalière est donc variable selon qu'il s'agit du travailleur frontalier, d'une aire de chalandise, d'une zone franche, etc.
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Principales sources :
- l'ensemble du dossier,
- par le Conseil de l'Europe, un manuel de la coopération transfrontalière, édition 2006 (à partir de la page 33) : www.coe.int/t/f/affaires_juridiques/.../bibliotheque/Cooperation_transfrontaliere
Glossaire proposé par Sylviane Tabarly et Emmanuelle Boulineau,
avec la collaboration ponctuelle des étudiants du master "L'Europe en construction : systèmes territoriaux, développement durable et aide à la décision", pour l'année 2007-2008 :
F. Barthélémy, C. Brand, M-N. Carré, J-B. Delaugerre, A. Grandclément, C. Handtschoewercker)
sous la coordination d'Emmanuelle Boulineau, maître de conférence à l'ENS de Lyon.
Mise à jour partielle : 16-10-2008
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