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De villes en métropoles

Sarrebruck à l’heure de l’économie de la connaissance : compléments

Publié le 20/05/2008
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NB. Le contenu de cet article donne des informations disponibles au moment de sa publication en 2008.

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- L'Eurozone, dont l'initiative remonte à 1996, apparaît comme un projet ambitieux d'aménagement de zones d'activités binationales sur la frontière sarro-lorraine. Comme le Pôle Européen de Développement de Longwy, le projet d'Eurozone s'inscrit dans une stratégie de valorisation des friches industrielles et de la situation frontalière afin d'accueillir des entreprises et des activités tertiaires orientées vers les nouvelles technologies. Lancée réellement en 2003, cette opération d'aménagement est portée par une maîtrise d'ouvrage commune, autour de cinq collectivités locales : la Communauté d'Agglomération de Forbach, l'Etablissement Public Foncier de Lorraine et le Conseil Général de la Moselle côté français, la ville de Sarrebruck et le Land de Sarre côté allemand.
L'objectif poursuivi est la création à terme d'une technopole transfrontalière mettant à disposition des investisseurs une gamme d'expertise et de compétences européennes telles que le conseil fiscal, juridique et économique, des experts comptables, des bureaux de traduction, un centre des congrès, un centre de formation interculturelle porté par l'université franco-allemande, ainsi qu'un centre de formation en ligne. Mais pour l'instant, l'Eurozone a un bilan en demi-teinte. Certes, les acteurs allemands et français se sont mobilisés autour d'un projet commun. Mais cela n'induit pas nécessairement la réussite de la zone d'activité. De fait, seule une entreprise s'est implantée sur le site depuis 2004.
 
- Le projet métropolitain Sarrebruck-Moselle est a été conçu pour résoudre un certain nombre de problèmes techniques liés à l'existence de la frontière. Labellisé par la DATAR en 2005, il prévoit notamment des coopérations en matière de soutien à l'innovation et aux activités innovantes. Le groupe de travail "Innovation" a ainsi réuni des chercheurs, des responsables des collectivités publiques, des entrepreneurs, qui pensent pouvoir développer des projets communs. Deux axes sont privilégiés, d'une part le développement des filières liées aux nouvelles énergies, et d'autre part les formations bilingues et biculturelles. D'un point de vue stratégique, la métropole Sarrebruck-Moselle Est a été conçue pour renforcer le poids de l'espace sarro-mosellan, mais également pour faire concurrence aux autres pôles régionaux Metz ou Nancy. Toutefois, une concurrence trop poussée entre les centres de la région Saar-Lor-Lux risquerait d'isoler l'agglomération Sarrebruck-Moselle Est par rapport au sillon lorrain qui forme une dorsale de villes de Luxembourg à Epinal. 

- La région Saar-Lor-Lux est née avec le sommet franco-allemand des 13 et 14 mars 1970. Une commission intergouvernementale franco-allemande est créée, élargie en 1971 au Luxembourg. Ce n'est encore qu'une coopération informelle entre les gouvernements qui tentent à cette époque de faire face à la crise des secteurs industriels traditionnels. L'objectif est de mieux prendre en compte la réalité  géographique des bassins sidérurgiques ou houillers et d'envisager le redéploiement et les restructurations industriels ainsi que la construction d'infrastructures nouvelles dans un cadre transfrontalier. Une commission régionale Saar-Lor-Lux-Trèves/Palatinat occidental sera officialisée par une convention en 1980. Elle a pour but de constituer des groupes de travail permanents et de réunir une fois par an les délégations des exécutifs des quatre régions membres.
L'espace géographique et institutionnel de cette coopération s'est progressivement étendu et complexifié au cours des décennies suivantes du fait de la volonté des élus régionaux et locaux. Plusieurs entités institutionnelles aux compétences et au pouvoir de décision très variables sont associées au sein de la Grande Région : un État souverain, le grand Duché de Luxembourg, des États fédérés (les deux Länder allemands de Sarre et de Rhénanie-Palatinat, la région wallonne), deux communautés linguistiques (francophone et germanophone de Belgique) et une région administrative française, la Lorraine.

- Depuis l'an 2000, les quatre grands centres de la région Saar-Lor-Lux (Luxembourg, Metz, Sarrebruck et Trêves) ont formé un réseau de ville nommé Quattropole. Ces quatre pôles sont considérés comme les moteurs de la région polycentrique, en mesure d'accélérer l'intégration transfrontalière en développant des réseaux de coopération. L'objectif poursuivi de ce projet est la création d'une « métropole virtuelle » spécialisée dans les télécommunications et le multimédia, à l'intérieur de laquelle la coopération doit constituer une valeur ajoutée capable de renforcer la puissance économique régionale, au lieu d'attiser la concurrence.
L'intérêt de cette initiative est de considérer le réseau comme un instrument du développement économique et structurel, offrant des services transfrontaliers tant pour les citoyens que pour les entreprises. La mise en œuvre  des projets communs passe par diverses méthodes: reprise des idées et des projets porteurs d'une ville par les autres villes du réseau, mise en place de projets communs entre des partenaires privés, ou réalisés par les institutions. 

Marion Gobin, Institut de Géographie de l'Université de Nantes (IGARUN),
pour Géoconfluences le 20 mai 2008

 

Pour citer cet article :  

« Sarrebruck à l’heure de l’économie de la connaissance : compléments », Géoconfluences, mai 2008.
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/typespace/urb1/popup/Gobin.htm