Désert
Le désert peut être un milieu caractérisé par l'aridité ou une région à très faible densité de population. Cette deuxième acception est cependant à éviter en géographie car elle peut conduire à des contresens dans la mesure où toutes les régions à faible densité de population ne sont pas des régions arides. En histoire de France, les déserts sont aussi les espaces difficile d'accès ayant servi de refuge aux populations protestantes persécutées pendant les Guerres de religion (de nombreux toponymes en gardent la trace).
1. Sens strict : définition physique des déserts comme milieux arides
Dans la définition physique du désert, le rapport entre les précipitations et l'évapo-transpiration est primordial, définissant l'aridité au sens de la formule d'Emmanuel de Martonne. Les déserts « parfaits » ou « absolus », où les précipitations seraient nulles, sont rares. L'aridité est un gradient, et la transition entre le désert et d'autres biomes est progressive. Outre l'aridité, les milieux désertiques sont caractérisés par une importante amplitude thermique, journalière mais aussi annuelle dans certains cas, et aussi par une très grande irrégularité interannuelle des précipitations.
Les contraintes exercées sur la faune et la flore sont fortes, ce qui se traduit par une faible biodiversité. Le Sahara et ses 9 millions de km² ne comptent que 1 200 espèces végétales (Saur, 2012). Les plantes et les animaux sont adaptés au manque d'eau, par exemple pour ces derniers en privilégiant une activité nocturne : coyotes, chacals, rongeurs... (ibid.). Le climat désertique fonctionne en système : la sécheresse empêche la végétation de pousser, ce qui accentue l'effet du vent, qui lui-même accroît la sécheresse (Demangeot, 1992). La désertification est donc une boucle rétroactive.
Estienne et Godard (1970, 1998) distinguent plusieurs types de désert :
- Déserts classiques, chaud, intertropical : Sahara, Soudan, péninsule arabique, Kalahari...
- Déserts côtiers tropicaux et subtropicaux, liés à des courants littoraux froids empêchant l'ascendance de l'air : Californie méridionale, côtes du Pérou et du Chili septentrional, côte sud-marocaine et mauritanienne de l'Afrique, côte de l'Angola et de l'ancien Sud-Ouest africain.
- Déserts d'abri, parfois situés hors de la zone tropicale, ils reçoivent peu de précipitation à cause de la conformation du relief.
- Déserts continentaux à hivers froids, situés à l'intérieur des continents, ils connaissent des amplitudes thermiques saisonnières et journalières très marquées : Altaï, Taklamakan, Gobi...
Jean Demangeot (1992), propose un autre classement, présenté sous forme de tableau :
Déserts et semi-déserts
*désert littoral brumeux |
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2. Sens second : Déserts de services (alimentaires, médicaux...)
La métaphore de l'aridité et de la sécheresse est filée dans une série d'expressions décrivant une difficulté d'accès à une gamme de service dans un territoire donné. On parle ainsi de déserts alimentaires, de déserts médicaux, de déserts vétérinaires, etc.
(JBB) juillet 2017. Dernières modifications : novembre 2018, novembre 2024.
Références citées
- Jean Demangeot, Les milieux « naturels » du globe, Masson, 1992 (4e éd.).
- Pierre Estienne, Alain Godard, Climatologie, Armand Colin, 1970, 1998.
- François Saur, Géographie physique, PUF, 2012.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Camille Escudé, « La dernière frontière de l’écoumène, géopolitique de l’Antarctique entre coopération et appropriation », Géoconfluences, avril 2024.
- Delphine Acloque, « Frontière désertique, front pionnier et territorialisation. Approche à partir du cas égyptien », Géoconfluences, juin 2022.
- Samuel Depraz, « Habiter les espaces de faible densité : impensés et richesse des "vides" », Géoconfluences, mars 2020.
- Laure Semple, « Le mégaprojet du Dubai Water Canal : fabrique d’une ville mondiale à travers la construction d’un réseau touristique », Géoconfluences, 2017.
- Christian Bouquet, « Le Sahara entre ses deux rives. Éléments de délimitation par la géohistoire d’un espace de contraintes », Géoconfluences, décembre 2017.
- Armelle Choplin et Olivier Pliez, « Un Sahara, des Sahara-s. Lumières sur un espace déclaré "zone grise" », Géoconfluences, 2013.