Interface
Zone de contact entre deux espaces différenciés engendrant des dynamiques d’échange entre ces deux espaces. L'interface est une bande plus ou moins large (de quelques dizaines à quelques centaines de kilomètres), de discontinuité mais aussi de contact et/ou de confrontation entre deux espaces, deux systèmes territoriaux distincts. L'interface suppose le passage : une frontière totalement fermée n'est pas une interface. L'interface est irriguée, à des degrés variables, par des flux, plus ou moins intenses. Activités, infrastructures et équipements correspondants y sont souvent localisés.
Les principales interfaces auxquelles s'intéresse le géographe sont :
- dans l'ordre de la nature, l'interface atmosphère - lithosphère et ses conséquences (inondations, glissements de terrain, évolutions des couverts végétaux),
- les interfaces liées à des changements de milieu, d'environnement : interface littorale (façades), interfaces de type sahélien, piedmonts (interfaces montagne-plaine ou montagne-plateau), etc. : ces interfaces donnent lieu à des modes d'occupation, d'activités humaines fondés sur le contact, l'échange, l'exploitation de la différence
- les interfaces liées aux frontières entre États, entre ensembles régionaux.
Pour compléter,
- voir l'article du Groupe de recherches "interfaces", « L'interface : contribution à l'analyse de l'espace géographique », L’Espace géographique 3/2008 (Tome 37) , p. 193-207
La Méditerranée, interface
La Méditerranée constitue un espace de clivage en même temps que de contacts entre les pays du Nord et ceux du Sud. Clivage lorsqu'on y considère les écarts de développement, les différenciations culturelles, les tensions géopolitiques. Contacts à travers la mobilité des hommes (migrations, déplacements touristiques), les échanges économiques, financiers et culturels entre les pays riverains.
Patrimoine maritime commun de l’ensemble de ses pays riverains, la Méditerranée est également un héritage partagé. Pendant environ quatre siècles de son histoire, elle fut même unifiée politiquement par l’Empire romain qui a laissé des ruines architecturales semblables sur tout son pourtour. L’Empire forma alors une sorte de "marché commun", après la victoire de Pompée dans sa lutte contre la piraterie pour assurer la sécurité de la Méditerranée. Les Romains utilisèrent alors l’expression mare nostrum, faisant de la Méditerranée une mer intérieure, concept autant politique qu’économique, mais également démographique.
Au cours des siècles suivants les dynamiques d'éclatement l'emportent, la Méditerranée est le théâtre de divisions successives : partage après la dislocation de l'Empire romain, entre l'Ouest latin, catholique et l'Est grec, orthodoxe ; puis islamisation de la rive Sud. C'est donc une entité complexe et diversifiée que Fernand Braudel étudie lorsqu'il se penche sur la "Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II". Le mouvement colonial des XIXe et XXe siècles, avec ses conséquences, poursuit cette problématique du contact et de la division.
La Méditerranée des années 2000 peut apparaître comme un monde divisé, interface entre un Nord, au niveau de développement élevé et un Sud (en fait Sud et Est) en retard de développement. Dualité économique qui se double d'une dualité politique entre la plupart des pays du Nord, aux institutions démocratiques, assurant les libertés publiques, et, de nombreux pays du Sud et de l'Est où ces mêmes libertés publiques sont moindres et dont les régimes politiques sont, à des degrés variables, autoritaires.
Mais cette Méditerranée n'est pas une interface fermée : elle est aussi un espace essentiel d'échanges et de passages .
Pour prolonger, approfondir :
- un article de Vincent Clément (nouvelle fenêtre) : Unité ou fracture en Méditerranée, d'un mythe à l'autre
- un article de Gérard-François Dumont : Situations démographiques et logiques migratoires trans-méditerranéennes
Corrélats :
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Aire /
Discontinuité /
Façade /
Flux /
Frontière /
Mobilité /