Façade (littorale, maritime, océanique...)
La métaphore de la façade désigne, d'une manière générale, les lieux tournés vers l'extérieur, et le terme s'emploie plus particulièrement pour les espaces littoraux. Mais elle peut aussi s'appliquer aux lieux « au contact », « de contact ». Le terme est alors un équivalent, plus imagé mais moins précis, d’interface. La plupart du temps, les dynamiques des façades sont largement empreintes de leurs fonctions frontalières.
Une façade, océanique ou maritime, est une bande de quelques dizaines à plusieurs centaines de kilomètres de large vers l’intérieur à partir du littoral. Cet espace est avant tout fonctionnel et ne peut se réduire à des limites arbitrairement fixées. Il s'agit d'un ensemble de ports faisant interface entre un avant-pays maritime et un arrière-pays terrestre. Les ports, notamment les ports principaux ou main ports (Anvers, Rotterdam, Singapour, etc.) jouent un rôle clef dans l'interface terre-mer des façades et constituent des points nodaux incontournables des échanges internationaux et domestiques. Leurs infrastructures ont dû s'adapter, au fil du temps, aux évolutions économiques et technologiques. Leurs performances dépendent de la qualité et de l'étendue de leurs avant-pays et arrière-pays.
L'idée de fenêtre peut s'appliquer aux cas où la façade est particulièrement étroite.
On peut identifier quelques grandes façades maritimes dans le monde. Toutes sont marquées par l’alignement littoral de ports importants, ou « rangées portuaires » (range).
Dans l'Atlantique :
- La Northern Range ou range nord-ouest ou rangée nord-européenne, façade maritime de la mer du Nord, de Dunkerque à Hambourg, dans laquelle on englobe parfois Le Havre. L’Europe rhénane, qui inclut différents États (Suisse, Allemagne, France, Benelux), cœur économique de l’Union européenne, constitue l'essentiel de son arrière-pays. Cette façade est aujourd'hui concurrencée, et même distancée, par la façade de l'Asie de l'Est et du Sud-Est.
- La façade orientale de l’Amérique du Nord, du Saint-Laurent au golfe du Mexique, est une autre interface importante.
Dans le Pacifique :
- La façade d'Asie de l'Est et du Sud-Est est désormais la première façade littorale mondiale et elle continue à se développer. De Singapour à la Corée, en passant par les grands ports chinois, taïwanais, japonais, son avant-pays est d'échelle mondiale et son arrière-pays est désormais constitué par une bonne partie du territoire chinois (Claverie, 2024)
- Un seul de ces ports étaient dans les dix premiers pour le trafic conteneurs en 1970 (Yokohama), ils sont neuf sur dix depuis 2020.
- La façade occidentale de l'Amérique du Nord, du Puget Sound à la Californie, est à la fois reliée à la précédente et en concurrence avec elle.
(MCD) juin 2013, dernières modifications : (SB et CB) janvier 2024, (JBB) avril 2024.
Références citées
- Claverie Benjamin, « La rangée portuaire chinoise et ses arrière-pays, connecter la Chine au Monde », Géoconfluences, avril 2024.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Jean-Benoît Bouron, « Rotterdam, 10e port mondial en 2022 (pour les conteneurs) », brève de Géoconfluences, décembre 2023.
- Victor Piganiol, « Les escales de croisière maritime à Bordeaux, entre retombées et nuisances », Géoconfluences, mai 2023.
- Clara Loïzzo, « La Belgique, plaque tournante du trafic de cocaïne à l’échelle mondiale », brève de Géoconfluences, mars 2023.
- Katja Hackenberg, « L’organisation globale des chaînes maritimes logistiques et le programme des réseaux transeuropéens de transport : l’exemple du port d’Anvers », Géoconfluences, mars 2019.
- Nicolas Escach et Arnaud Serry, « Les ports de la mer Baltique entre mondialisation des échanges et régionalisation réticulaire », Géoconfluences, mai 2013.