Méditerranée

Publié le 25/06/2024

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D’une superficie de 2,5 millions de km², la mer Méditerranée est la plus importante des mers intercontinentales, c’est-à-dire situées au milieu des terres. C'est d'ailleurs le sens de son étymologie latine, mare mediterraneum signifiant « mer au milieu des terres ». La Rome antique l'appelait Mare Nostrum et son empire s’est étendu, à son apogée, à l’ensemble du bassin méditerranéen. Étirée sur environ 4 000 km d'Est en Ouest depuis Tanger jusqu'à Beyrouth, elle est divisée en deux bassins par le seuil siculo-tunisien, un seuil de 138 km entre le cap Bon et Marsala avec des profondeurs n'excédant pas 400 m. Ce cloisonnement est accentué par les avances des plates-formes de Malte et de la Tunisie orientale. Le plus grand écart entre les deux rives de la Méditerranée n'est que de 800 km entre les ports de Gênes et de Bizerte.

Le trait le plus marquant de la géomorphologie de la mer Méditerranée est la brusque plongée des côtes vers les grands fonds de 2 500 à 5 000 mètres, disposés sous forme de plaines abyssales au centre des principaux bassins. En conséquence, les plateaux continentaux sont rares et exigus : parmi eux, celui du golfe du Lion, celui des Baléares entre cet archipel et la côte espagnole, celui de Tunisie-Sicile entre l’Italie et la Tunisie, celui des Cyclades, très accidenté, qui porte l’archipel du même nom et s’étend des côtes helléniques aux côtes turques.

Par antonomase, on appelle une Méditerranée une mer qui est isolée de l'océan voisin par un seuil moins profond que la mer elle-même, à l'exemple du golfe du Mexique et de la mer des Caraïbes, ou de la mer du Japon. La situation enserrée au milieu des terres et la taille réduite en font un espace maritime tôt et intensément parcouru qui peut avoir servi à la fondation d'une thalassocratie, à l'appropriation identitaire d'une Mare nostrum. Le bassin caraïbe a comme autre point commun avec la mer Méditerranée d’être marqué par d’importants écarts de développement entre les rivages nord et les rivages sud.

Du point de vue hydrologique, la Méditerranée est une mer presque fermée : le détroit de Gibraltar, qui la met en communication avec l'océan Atlantique, a une largeur variant entre 13 et 39 km ; le Bosphore qui établit la communication avec la Mer Noire est un passage de 30 km de longueur par seulement 1 km de largeur à son point le plus étroit ; quant au canal de Suez, qui permet l'accès à la Mer Rouge, il mesure approximativement 163 km de long, la largeur minimale de son lit est de 60 m et, depuis les travaux achevés en 2015, les navires de 20 m de tirant d’eau peuvent l'emprunter. La Méditerranée est soumise à une forte évaporation, très supérieure aux précipitations et aux apports fluviaux. La différence est compensée par les entrées d’eau atlantique par le détroit de Gibraltar (70 000 m³/s), et d’eaux de la mer Noire, via la mer de Marmara (6 500 m³/s au Bosphore). On estime que 36 400 km³ d'eau sont renouvelés annuellement, soit un renouvellement complet en 90 ans, ce qui est très lent, d'où la rémanence de la pollution. La température des eaux de surface est très élevée en été du fait du fort ensoleillement, avec un risque d’aggravation liée au réchauffement climatique. Certaines espèces de poissons tropicaux ont ainsi été aperçues dans l’Adriatique. Mais les contrastes thermiques annuels sont importants : la température de l'eau en surface est variable suivant la saison (entre 21° et 30° l'été et entre 10 et 15° l'hiver) et elle augmente d'ouest en est. Enfin la teneur en sel est élevée : de 38 à 39 g/l contre 35 g/l en moyenne pour les mers et océans du globe.

L'exiguïté du plateau continental, l'absence de grands marnages donc de brassage des eaux, explique, en partie, que la biomasse produite soit relativement faible : les eaux méditerranéennes ont une productivité très inférieure à celle des eaux océaniques, ce qui a des répercussions sur le potentiel halieutique. On y pêche surtout des espèces pélagiques mais certains stocks ont fortement tendance à s'épuiser. Le recours à l'aquaculture tend à se développer, avec les problèmes d'écologie et de pression sur l'occupation de l'espace afférents.

Du fait de sa situation et de sa faible dimension méridienne, la mer Méditerranée a joué un rôle important dans l’histoire de l’Europe, de l’Afrique, mais aussi du Moyen-Orient, permettant des brassages culturels mais aussi des flux commerciaux. Le développement de la navigation a permis depuis l’Antiquité l’essor des échanges entre ces trois ensembles, notamment entre le Nord et le Sud, ce qu’ont montré par exemple les travaux de Fernand Braudel (1949), notamment sur les trois temps de l'histoire.

Depuis l’ouverture du canal de Suez en 1855 et avec la maritimisation croissante des économies dans la seconde moitié du XX^e siècle, la Méditerranée joue désormais un rôle non seulement régional, mais aussi mondial, faisant de cet espace une des principales autoroutes maritimes mondiales. Une partie des flux mondiaux transite en effet par elle : route maritime reliant l’Asie du Sud-Est et l’Europe, mais aussi les États-Unis et le Moyen-Orient. Le prolongement méditerranéen des nouvelles routes de la soie, dans leur volet maritime, témoigne de son importance économique mais aussi stratégique pour la Chine (investissements dans les ports du Pirée, de Trieste...).

Globalement, les flux est–ouest ont donc peu à peu pris le dessus sur les flux méridiens. Ces derniers restent cependant encore très actifs, notamment du fait des migrations. Si on ne peut réduire la crise de l’accueil migratoire contemporaine à la seule Méditerranée, elle en est toutefois un des espaces majeurs : de nombreux migrants africains tentent de rejoindre la rive européenne en mettant à profit ses faibles dimensions et la présence de détroits. Les îles de Lampedusa, de Lesbos ou de Samos témoignent, par la présence de centres de rétention, de l’importance stratégique de la mer Méditerranée dans le cadre des migrations en provenance d’Afrique mais aussi dans une moindre mesure du Moyen-Orient.

La Méditerranée procure diverses ressources : ressources halieutiques, mais aussi touristiques (deuxième bassin mondial pour les croisières après les Caraïbes) ou encore des minerais et hydrocarbures. Si ces ressources génèrent des activités économiques, elles sont également sources de conflits ; des tensions anciennes entre la Grèce et la Turquie à propos de la délimitation de leur mer territoriale et de leur ZEE ont été ravivées du fait de la présence d’hydrocarbures offshore. La position stratégique de la mer Méditerranée (notamment au débouché de la mer Noire) en fait aussi une zone stratégique sur le plan militaire, comme en témoigne le stationnement de forces navales françaises ou américaines (capacité de projection de force).

(Collectif). Dernière modification (SB et CB) : février 2023.