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Puissance

Publié le 18/03/2024
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La puissance est la capacité d’un acteur à imposer ses choix aux autres acteurs. Une puissance est « un État qui dans le monde se distingue non seulement par son poids territorial, démographique et économique mais aussi par les moyens dont il dispose pour s'assurer d'une influence durable sur toute la planète en termes économiques, culturels et diplomatiques » (Gérard Dorel).

Sur la différence entre puissance et pouvoir, voir → pouvoir.

On distingue traditionnellement la puissance dure (hard power) de la puissance douce (soft power). La première s’appuie sur la coercition (militaire, économique) tandis que sa seconde repose sur l’influence et donc l’adhésion volontaire des autres acteurs à un modèle. Ces deux formes de puissance sont complémentaires et souvent imbriquées : la puissance économique, par exemple, peut relever de l’une ou de l’autre.

On peut identifier les attributs, les leviers de la puissance puis évaluer la façon dont les États peuvent en disposer :

  • Le poids territorial peut procurer ressources de diverses natures, profondeur stratégique mais il est des États de très grande superficie qui n'en retirent guère de puissance et l'inverse est également vrai : comparons la République démocratique du Congo et Singapour par exemple.
  • Le poids démographique peut être un atout ou un fardeau : atout lorsque les dynamiques politiques, socio-économiques engagées sont favorables à la création des biens matériels ou immatériels, à l'innovation, à l'intégration de tous ; fardeau dans les situations inverses.
  • Le poids économique confère indéniablement de la puissance en se traduisant par des capacités d'innovation et d'investissement ; de pénétration voire de domination des autres marchés ; du contrôle des marchés de capitaux, de devises, de matières premières, etc.
  • La puissance s'évalue aussi à l’aune de l’influence culturelle (ou soft power): rôle de la langue, diffusion des biens culturels à l'échelle régionale ou mondiale, influence sur les modes de diffusion de l'information, les réseaux, rôle d'impulsion de pratiques sociales, etc. La vague d’engouement sud-coréenne dite « hallyu » en est un exemple, dans la mesure où l’influence culturelle s’est traduite concrètement en action politique.
  • Enfin, les capacités diplomatique et militaire achèvent de constituer la puissance en superpuissance.
  • Le poids, le rang et le rôle d'une puissance découlent aussi du poids qu'exercent certains centres d'impulsion (métropoles, centres régionaux de production).

Jusqu’aux premières décennies du XXIe siècle, seuls les États-Unis étaient en position de disposer réellement de la totalité des attributs de la puissance, c'est pourquoi Hubert Védrine a avancé le concept de l'hyperpuissance américaine. Mais le poids grandissant de la Chine dans tous les domaines laisse plutôt entrevoir le retour d’un affrontement bipolaire, même si le contexte n’a plus rien de comparable avec celui de la guerre froide, notamment par le rôle joué par les puissances secondaires ou incomplètes (Union européenne, BRICS, pétromonarchies, associations régionales).

La notion de « puissance nationale » est de toute façon bousculée par la mondialisation contemporaine. Les rapports entre États sont caractérisés par l'interdépendance qui rend complexe la notion de domination, comme le montre l'exemple de la puissance énergétique russe. La puissance des États est également affaiblie par le rôle de premier plan des acteurs transnationaux, comme les marchés financiers, les entreprises multinationales, les organisations non gouvernementales, les réseaux terroristes.

(ST, MCD, JBB) dernière modification février 2021.


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