Biomasse
La biomasse désigne au sens large la quantité totale de matière d'origine organique (animale ou végétale) dans un espace donné. Au sens strict, dans le domaine de l'énergie, c'est la matière organique utilisable comme source d'énergie. C'est la matière première des agrocarburants.
La croissance très rapide de certaines de ces filières dans de grands pays producteurs (Brésil, États-Unis, Indonésie, Malaisie, etc.) a entraîné de sérieuses inquiétudes sur leur mise en concurrence avec les productions alimentaires et sur leur part de responsabilité dans les crises alimentaires mondiales : détournement de productions agricoles vivrières, réallocations de terres agricoles, hausse du prix des céréales de base comme le maïs, etc. Par ailleurs, les résultats de ces filières sont encore discutés et très inégaux en termes de "bilan carbone" et de bilan énergétique finaux et leurs impacts environnementaux pourraient être négatifs du fait des intrants nécessaires (produits azotés, produits phytosanitaires). En effet, la prise en compte du changement d'affectation des sols peut transformer un bilan à peu près positif sur le plan environnemental et énergétique en bilan catastrophique. Par exemple, dans l'hypothèse où la production d'agrocarburants se traduit par de la déforestation en zone tropicale, le bilan carbone est deux fois plus mauvais que le combustible fossile qu'il remplace ce qui serait le cas, en France, de la totalité de l'huile de colza détournée de son usage alimentaire pour produire du biodiesel et alors remplacée par de l'huile de palme issue de plantations gagnées sur les forêts tropicales, indonésiennes par exemple.
Pour sortir de ces impasses, on pourrait miser sur les biocarburants dits de "deuxième génération" voire de "troisième génération", principalement sur la production d’éthanol à partir de la biomasse cellulosique qui utiliserait la totalité des végétaux. C'est en fait l'exploitation énergétique de l'ensemble de la biomasse (déchets et résidus de l'agriculture, sylviculture, déchets ménagers, etc.), sous-exploitée et qui pose d'importants problèmes de traitement et de recyclage parfois, qui pourrait être développée. La R&D est intense dans ce domaine mais son aboutissement n'est pas attendu avant les années 2020 et des incertitudes subsistent quant aux conditions de préservation de l'humus des sols, aux rendements finaux attendus, à la complexité des technologies engagées, par exemple.
Dans ce contexte, la Commission européenne, tout en demandant à chaque État membre d'aller vers 10% de carburants alternatifs dans les transports à l'horizon 2020, a ajouté des "critères de durabilité" : les biocarburants ne devront pas provenir de milieux naturels sensibles et ils devront permettre de réduire d'au moins 35% les émissions de CO2 par rapport à un carburant traditionnel, puis de 50% en 2017.
(ST), novembre 2009.