Corne de l'Afrique
L'expression « Corne de l'Afrique » désigne la péninsule de l'Est africain, à la forme évocatrice, qui s'étend au sud du golfe d'Aden. Elle forme un ensemble régional de quatre États : l'Éthiopie, l'Érythrée, la Somalie et Djibouti. Par extension, certaines régions du Nord du Kenya ou du Soudan du Sud lui sont parfois rattachées. La littérature anglophone a, quant à elle, une acception beaucoup plus large du terme (Horn of Africa), y intégrant l’ensemble du Kenya, mais aussi l’Ouganda et le Soudan (Makki et al., 2009).
La situation de la Corne de l’Afrique, au débouché de la mer Rouge et au contact entre Arabie, Éthiopie, monde swahili… et ouverte sur l’océan Indien, en a fait un carrefour commercial et culturel important dans la longue durée historique. Toujours située sur une des principales routes du trafic maritime mondial et à proximité de l’un de ses goulets (le détroit de Bab-el-Mandeb), mais faisant face à une forte instabilité politique, c’est au XXIe siècle une zone sensible dans le contexte géopolitique mondial contemporain. À Djibouti, sept pays dont la France, les États-Unis et la Chine entretiennent des bases militaires permanentes. Dans le contexte des Nouvelles routes de la soie (BRI), la Chine est peu à peu devenue un acteur essentiel dans cette région. La présence dans la Corne ou à proximité immédiate de deux États faillis, le Yémen et la Somalie, de plusieurs guerres conflits armés (rébellion houthis, conflit en Érythrée et au Tigray, rébellion des Chebabs…), et de l’un des plus importants foyers de piraterie, renforce encore l’intérêt géostratégique des acteurs extérieurs à la région.
Cette région fut longtemps un des théâtres africains de la Guerre froide, avec des retournements spectaculaires d'alliances et des conflits cristallisés autour de la maîtrise des territoires de l'Ogaden et de la revendication indépendantiste de l'Érythrée.
À partir de 1990, les affrontements directs entre les États se sont atténués. Toutefois, cette région est très instable du fait des très nombreux conflits internes. La guerre du Tigray entre 2020 et 2022 aurait fait 800 000 morts dans le nord de l'Éthiopie. À partir de 1991, l'État somalien s'est effondré (État failli) sous la pression de factions armées, la famine qui a suivi légitimant alors l'opération multinationale Restore Hope de l'ONU (1992 - 1994) et d’acteurs européens et américains (ONG…) au nom du droit d’ingérence. Une tentative de reconstitution de l'État somalien est en cours, le nord du pays (Somaliland) bénéficiant d'une autonomie de fait (quasi-État) et d’un début de reconnaissance internationale.
(ST), 2004, dernière modification (SB et CB) août 2025.
Référence citée
- Makki Sami (2009), Roland Marchal, Jérôme Larché, François Grünewald, Bernard Juan et Jean-Bernard Véron, « La Corne de l’Afrique : une zone à géopolitique variable », Humanitaire. Juillet 2009.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Jean-Fabien Steck et Nathalie Reveyaz, « Cadrage et problématiques générales », Géoconfluences, janvier 2017.
- Alain Gascon, « L'Afrique orientale : des civilisations de l’hinterland face à la maritimisation », Géoconfluences, janvier 2017.
- Cristina D'Alessandro, « Géographies accélérées du pétrole et du gaz en Afrique orientale », Géoconfluences, janvier 2017.







