Migrations internationales
En 2024, les migrants internationaux, c’est-à-dire « des personnes installées dans un pays différent de celui où elles sont nées » (INED, 2018), représentaient 281 millions de personnes, soit 3,6 % de la population mondiale (OIM, 2024). Parmi eux, les Européens sont presque deux fois plus nombreux que les Africains (61 millions contre 36 millions). L’Asie et l’Europe sont les deux continents où vivent le plus de migrants internationaux (OIM 2021). La majorité des migrants sont aujourd'hui des hommes : la proportion était presque égale en 2000 (50,6 % d'hommes et 49,4 % de femmes), ce sex ratio est aujourd'hui de 51,9 % et 48,1 %. Les femmes ne sont majoritaires que parmi les migrants de plus de soixante ans (OIM, 2024).
Alors que l’accent médiatique est souvent mis sur les migrations internationales des pays précaires vers les pays favorisés, elles ne représentent qu’une partie de l’ensemble des migrations internationales, sans parler de l’ensemble des migrations. Sur le continent africain, les migrations internationales ne représentent, selon les sources, qu’un quart à la moitié des migrations (>>> voir Mobilités et migrations intra-africaines, brève de janvier 2018).
Origine des migrants présents en Côte d'Ivoire, au Kenya et en Afrique du Sud
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Comme dans le cas des migrations intérieures, la migration internationale est un trajet en pointillés, avec des étapes, des retours, et elle tisse un ensemble de liens entre la région de départ et celle d’arrivée. Ces liens prennent aussi la forme de flux : appels téléphoniques, envoi de messages et de fichiers, remises d’argent (rémitances)… Et sauf dans les cas des frontières fermées qui rendent tout retour impossible, une migration définitive n’exclue pas de nombreux allers-retours. On parle alors de circulation migratoire.
Les principaux flux de remises migratoires dans le monde en valeur d'après la Banque mondiale
Extrait de : Ninon Briot, Florence Nussbaum et Franck Ollivon, « Cartographier les remises : pas de frontières pour les devises ? », Géoconfluences, décembre 2020. |
Les statuts légaux des migrants sont très variables. Le terme « expatrié » distingue dans le langage courant un migrant issu d’un pays favorisé. Le réfugié, lui, a un statut légal, protégé par la Convention de Genève, mais tous les demandeurs d’asile ne parviennent pas à obtenir le statut de réfugié. L’immense majorité des migrants sont des migrants légaux. Compte-tenu du prix financier, des difficultés matérielles, des faibles chances de succès, et surtout du risque mortel des migrations illégales, elles ne sont entreprises que par une toute petite partie des migrants, la plus désespérée.
La migration est aussi une compétence : le migrant a appris des itinéraires, des langues, des codes, et il bénéficie des avantages de la double-culture et de la confrontation à l’altérité. « Le déplacement n'est donc pas l'état inférieur de la sédentarité : le nomade-migrant a la connaissance des grands chemins qui, menant d'un centre à l'autre, sont eux-mêmes condition de concentration et de diffusion de richesses matérielles, symboliques et immatérielles » (Tarrius, Marotel et Peraldi, 1994).
À cet égard, les diasporas jouent un rôle important. Elles structurent une communauté nationale hors de son aire géographique d’origine, et par des allers-retours, le pays de départ est influencé par les apports culturels issus de la diaspora. Certaines diasporas, comme la diaspora juive, chinoise ou indienne, ont une telle épaisseur historique qu’elles procèdent de l’histoire globale de l’humanité et des mondialisations successives.
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Source : Pierre-Yves Trouillet, « Les populations d'origine indienne hors de l'Inde : fabrique et enjeux d'une "diaspora" », Géoconfluences, sept. 2015. |
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(ST, MCD) dernières modification (JBB), 2018, décembre 2020, (SB et CB) février 2023, (JBB) août 2025.
Sources et références citées
- Cailloce Laure (2015), entretien avec Catherine Wihtol de Wenden, « Migrant, réfugié: quelles différences ? » CNRS Le Journal, 22 septembre 2015.
- INED (2018), « Les migrations dans le monde », 28 mars 2018.
- Lanne Jean-Baptiste (2017), « Portrait d’une ville par ceux qui la veillent. Les citadinités des gardiens de sécurité dans la grande métropole africaine (Nairobi, Kenya) », Géoconfluences, janvier 2017.
- OIM (Organisation internationale pour les migrations) 2024, État de la migration dans le monde, rapport 2024.
- Tarrius A., Marotel G., Peraldi M., « Migration et citadinité. L'approche de la ville par la mobilité », Les Annales de la recherche urbaine, n° 64 – 1994.
- Trouillet Pierre-Yves, « Les populations d'origine indienne hors de l'Inde : fabrique et enjeux d'une "diaspora" », Géoconfluences, septembre 2015.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Fahad Idaroussi Tsimanda, « Migrer pour un bidonville. La vulnérabilité socio-économique des migrants comoriens à Mayotte », Géoconfluences, janvier 2023.
- Ninon Briot, Florence Nussbaum et Franck Ollivon, « Cartographier les remises : pas de frontières pour les devises ? », Géoconfluences, décembre 2020.
- David Lagarde, « Comment cartographier les circulations migratoires ? Quelques pistes de réflexions à partir du cas des exilés syriens », Géoconfluences, novembre 2020.
- Les chinatowns dans le monde : un ouvrage et une émission de radio, brève d’avril 2018.
- Mobilités et migrations intra-africaines, brève de janvier 2018
- Nicolas Lambert, « Les damnés de la mer », carte à la une de Géoconfluences, décembre 2015.












