Openfield
L’openfield désigne un paysage agraire dans lequel les champs sont ouverts, les grandes cultures (céréales, betterave sucrière ou fourragère, pomme de terre…) dominent, et l’habitat est groupé. En France, il est caractéristique du Bassin parisien et, plus localement des grandes plaines céréalières (Alsace, Limagne, Plaine de Caen…). Ce paysage ouvert est l’héritage d’un système agraire qui s’est répandu en Europe de l’Ouest et centrale au XIe et au XIIe siècle, principalement dans les régions de plaines et de bas plateaux aux terrains argileux ou calcaires, et qui perdure aujourd’hui dans sa version mécanisée et motorisée, voire industrialisée. Selon les régions, le parcellaire cultural ou cadastral peut prendre des formes variées, certaines étant facilement identifiables comme l’openfield « en lames de parquet ».
Openfield « en lames de parquet » à Nozay, au sud-ouest d’Arcis-sur-Aube, Champagne sèche, département de l’Aube. Noter l’habitat groupé avec réseau routier étoilé à partir du noyau villageois, la présence d'une ferme isolée, et le boisement linéaire en ripisylve le long de la Barbuise, affluent de l’Aube.
Contrairement aux systèmes bocagers ou méridionaux (méditerranéen notamment), où vergers et haies vives sont nombreux, l’openfield se distingue par la rareté de l’arbre. Les arbres subsistent surtout de façon résiduelle, autour des habitations (comme pare-vent), sous forme de boisement en timbre-poste, ou encore sur les pentes, notamment les talus des plateaux et les versants de vallée. Dans certains cas, des paysages d’openfield sont le résultat du remembrement de paysages bocagers avec arrachage des haies. S’il est aujourd’hui associé à la céréaliculture, l’openfield a pu être un système de complémentarité agriculture – élevage : jusqu’au XIXe siècle, la Beauce et la Brie furent ainsi des régions d’élevage ovin, avec rotation du pâturage et des cultures.
(JBB), décembre 2021.
Pour compléter
- Gilles Muller, « Dynamiques, mutations et recompositions paysagères des territoires ruraux alsaciens », Géoconfluences, mai 2021.