Un espace productif agro-industriel : la ceinture de la betterave sucrière en France septentrionale

Publié le 27/03/2025
Auteur(s) : Jean-Benoît Bouron, agrégé de géographie, responsable éditorial de Géoconfluences - DGESCO, ENS de Lyon.

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Les espaces de la betterave à sucre forment une ceinture de production agricole dans le Nord et l'Est du pays, et s'intègrent dans un système productif inséré dans l'Union européenne et la mondialisation. Étudier la production du sucre, produit familier et quotidien, permet de faire la lumière sur une filière agro-industrielle performante et exportatrice, mais confrontée à des défis environnementaux et de santé publique.
Sommaire
  1. 1. Un système sucrier en recomposition dans la durée
  2. 2. Une filière agro-industrielle en fonctionnement
  3. 3. Un cas d’étude : la commune de Connantre (Marne)

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L’histoire est connue : c’est pour contrer le blocus continental imposé par le Royaume-Uni que la France napoléonienne, coupée de ses îles à sucre, entreprend de synthétiser le sucre contenu dans les racines de betterave et met au point le procédé qui donne le sucre blanc. Deux siècles plus tard, le sucre blanc n’a pas supplanté le sucre de canne et il ne représente toujours que 20 % de la production mondiale de sucre. Mais en France, c’est 94 % du sucre produit qui vient de la betterave. Si le pays est l’un des rares à posséder un double système sucrier, betteravier en métropole et cannier en outre-mer, c’est la betterave qui permet à la France d’être un producteur mondial de premier ordre : premier producteur de l’Union européenne, 2e producteur mondial de sucre blanc derrière la Russie, et 9e producteur mondial de sucre, toutes origines confondues. Le contexte mondial est celui d’une hausse continue de la demande, beaucoup moins pour les besoins domestiques que pour une industrie agro-alimentaire qui met du sucre (de canne ou de betterave selon les contextes nationaux et les prix) dans pratiquement tous ses produits transformés, sous une forme ou sous une autre. Les fabricants savent que le sucré est une saveur universellement appréciée, et ce bien avant le développement de l’industrie sucrière (Moriniaux, 2004).

L’industrie sucrière qui s’implante autour de la betterave se place dans le prolongement de la proto-industrie qui s’était mise en place dans les îles sucrières. Les termes utilisés encore aujourd’hui renvoient à ce passé commun : on parle de sucrerie en Picardie comme aux Antilles, et les cultivateurs de betteraves sont couramment appelés planteurs. Pour autant, la comparaison a ses limites : dans les Antilles et à La Réunion, le système sucrier est marqué par l’histoire tragique de l’esclavage et du « système plantationnaire », un lourd héritage symbolique avec lequel la production de betterave sucrière n’a pas à composer. Dans le présent article, le sucre de canne sera évoqué, mais c’est le système de production agricole betteravier qui constitue l’objet principal de l’analyse.

Document 1. Racine de la betterave sucrière

Racide de la betterave sucrière, gravure

Source : extrait de Louis Figuier, Les Merveilles de l'industrie ou Description des principales industries modernes, Paris : Furne, Jouvet, [1873-1877], tome II, disponible sur BnF Galllica.

La filière sucre est une petite filière : vingt sucreries, 15 000 emplois en France métropolitaine (sucre blanc), plus cinq sucreries outre-mer (sucre de canne). La production de betterave à sucre se concentre dans la moitié orientale, et certaines marges occidentales, du Bassin parisien. Le système productif sucrier coïncide donc, en tout cas partiellement, avec un espace productif, localisé sur les cartes.

Cet article n’a d’autre but que de proposer une étude géographique de cet espace productif, afin de contribuer à une géographie actualisée des systèmes agro-industriels : il s’agit donc de repérer dans l’exemple des systèmes sucriers ce qui relève du particulier et ce qui peut être généralisé. Le pari est qu’il est possible d’intéresser les enseignants, et peut-être même leurs élèves, à une géographie des betteraves, dans la mesure où c’est de là que vient le sucre que nous consommons tous les jours sous une forme ou une autre.

Document 2. Production sucrière en France (année 2022-2023)
  Betterave sucrière Canne à sucre
Surfaces en hectares 402 000 36 000
Rendement en quintaux par ha 784 58
Production en tonnes 31 497 000 2 070 000
Importation (depuis UE) 51 000 0
Usages industriels (alcool, levures, pharmacie) 7 657 000 271
Transformation en sucre 23 881 000 1 798 000

Lecture : la France produit 31,5 millions de tonnes de betterave, et elle n’en importe que 51 000, uniquement depuis ses partenaires européens. 23,8 millions partent en sucrerie pour être transformés en sucre, les autres sont utilisés directement par une autre filière industrielle. Source des chiffres : FranceAgriMer, Agreste, bilans, décembre 2024.

 

1. Un système sucrier en recomposition dans la durée

Si les discours, tant scientifiques qu’émanant des acteurs de la filière, insistent depuis un siècle sur les recompositions du secteur, celui-ci se caractérise au moins autant par la permanence que par le changement. C’est le cas tant dans la localisation de la production que dans la pérennité de l’activité économique.

1.1. La belt-rave, une ceinture sucrière dans le Bassin parisien

Les cartes de la production betteravière dessinent l’image d’une ceinture productive, très classique en apparence. On a déjà beaucoup écrit sur les belts de la géographie agricole des États-Unis, telle qu’elle est enseignée en France. Dès 1987, Gérard Dorel se demandait dans Mappemonde « que sont les "belts" devenues ? » ; en 2010, Marielle Wastable retraçait le succès de la notion, plus lié à sa performance heuristique qu’à sa pertinence scientifique. Au demeurant, la notion de belt reste utile pour décrire la répartition spatiale d’une spécialisation agricole, lorsque celle-ci est bien circonscrite comme dans le cas de la betterave, qui dépasse les 10 % de la SAU dans seulement cinq départements, et les 5 % dans douze départements (document 3). C’est bien ainsi que nous proposons cette enquête sur les traces de la ceinture des betteraves, la belt-rave (ou beet-belt). Il ne s’agit pas ici de revendiquer un retour conceptuel à la géographie des belts mais de décrire, spatialement, la répartition d’un phénomène. Comme toute ceinture agricole, celle-ci n’est d’ailleurs une surface ou une aire qu’en apparence. Dans le détail, c’est une diffusion avec un cœur et un gradient décroissant, plus quelques extensions disjointes (l’Alsace, la plaine de Caen). Même en plein cœur du bassin de production, la betterave n’est jamais une monoculture, elle forme une mosaïque, en association notamment avec d’autres cultures industrielles (pomme de terre), ou plus largement des productions relevant de la « grande culture » (blé notamment). Dans certaines parties du Bassin parisien, d’autres cultures sont plus rentables, notamment le blé dans la Beauce et certaines parties de la Brie, et évidemment la viticulture sur les côteaux de Champagne (sur la limite entre Marne et Aisne sur le document ci-dessous).

Document 3. La France sucrière en 2025

Production de betterave sucrière et de canne à sucre en France : carte

Dans cette carte, l’accent est mis sur le système betteravier, mais une étude approfondie de la filière canne proposerait une cartographie plus fine des distilleries de rhum, principal débouché de la filière. Voir par exemple la carte de la production cannière et rhumière en Martinique, dans l’article d’Yves-Marcelle Richer (2021)

1953 betteraves On peut comparer la carte ci-dessus avec la carte ci-contre, élaborée par André Thibault en 1953, pour constater la relative stabilité de l’aire de production betteravière.

La moitié des surfaces plantées en betterave en France est dans les Hauts-de-France, en particulier l’ancienne région Picardie. Un quart se situe dans le Grand Est, principalement en Champagne crayeuse, secondairement dans la plaine d’Alsace. Le quart restant se répartit entre Île-de-France (10 %), Normandie et Centre-Val de Loire (14 % à eux deux). On assiste à une concentration croissante de la production en surface et des sucreries, les deux étant liés : une exploitation située trop loin d’une sucrerie doit réorienter sa production vers d’autres cultures ; inversement une sucrerie a besoin d’un nombre minimal de producteurs pour fonctionner.

Du milieu du XIXe siècle à la Seconde Guerre mondiale, la betterave gagne progressivement du terrain sur la canne. Les grandes sucreries ont longtemps été situées à Paris et dans les ports atlantiques : en 1840 on compte 35 raffineries à Bordeaux. La sélection progressive de betteraves plus productives et l’amélioration des procédés industriels a finalement permis à la betterave de se substituer en grande partie à la canne à sucre. Ensuite, à l’échelle du siècle, la ceinture de la betterave semble stable. Les cantons où la betterave dépassait 12 % des terres labourables en 1953 (Thibault, 1956, p. 131) correspondent remarquablement bien avec ceux où elle dépasse 10 % de la SAU aujourd’hui (document 3). On voit qu’en 1953, la « belt-rave » se prolonge jusqu’aux portes de Paris ; aujourd’hui encore elle vient buter jusqu’aux limites du bâti, et les départements de l’ouest francilien, Seine-Saint-Denis comprise, sont des départements betteraviers. Dans le Val d’Oise, les pistes de l’aéroport de Roissy sont tracées au milieu des champs de betteraves (mais personne ne l’appelle « l’aéroport des betteraves », contrairement à la gare TGV de Picardie). Si Monique Poulot évoque dans les années 1980, après des décennies de stabilité, de nouvelles implantations, c’est en fait dans des espaces où la betterave est déjà présente en 1950 : « la Champagne crayeuse, (…) les plaines normandes ». Le cœur de la ceinture est le même alors que trente ans plus tôt et quarante ans plus tard : « Picardie, le Nord-Pas-de-Calais, Île-de-France » (Poulot, 1989).

Document 4. Paysage betteravier en hiver, après récolte (Hauts-de-France)

paysage betteravier dans les hauts de france

Grande culture conduite par d’imposantes machines, la betterave exige des parcelles vastes et des faibles pentes. Cliché de Ninon Blond, décembre 2024.

Document 5. Surface, production et rendements en 2023 par région administrative

Surface production et rendement par région

Les rendements, eux, connaissent une augmentation très forte, ce qui contribue aussi à la concentration des exploitations. À l’échelle mondiale comme en France, les surfaces plantées en betteraves sucrières ont fortement diminué en quarante ans, alors que les volumes produits sont stables ou augmentent. La France a le rendement moyen le plus élevé au monde, situé autour de 80 tonnes par hectare en 2023 (document 5), le rendement moyen étant de 48 tonnes par hectare (FAO, 2011).

La dernière sucrerie de la moitié sud de la France a fermé en 2020. Située dans la fertile Limagne, une plaine d’effondrement vouée aux céréales et aux grandes cultures, elle existait depuis 1936, aux débuts de l’industrie sucrière. Sa fermeture entraîne une nécessaire reconversion des surfaces pour les planteurs coopératifs, qui reprochent au groupe Cristal Union d’avoir acheté en 2011 la coopérative sucrière pour mieux la fermer (Lecocq, 2019).

Parallèlement à cette contraction, on observe la timide mise en place d’une filière sucrière en Bretagne. Les surfaces sont encore négligeables mais les taux de croissance sont très élevés, ce qui peut témoigner d’un phénomène embryonnaire. On trouve aussi des requêtes sur internet sur le volume minimum de betterave pour ouvrir une petite sucrerie en Bretagne. S’il peut s’agir d’une piste de reconversion pour des cultivateurs habitués à la fois aux grandes cultures mécanisées, aux cahiers des charges industriels et au fonctionnement contractuel, il n’est pas certain que la bret-rave (ou breizh-rave ?) sucrière dépasse une dimension anecdotique.

Document 6. L’orientation technico-économique des exploitations françaises d’après le recensement agricole de 2020

OTEX simplifiée carte agricole de la France

Source : Agreste 2020 (et IGN pour les forêts), réalisation Géoconfluences 2025. Carte simplifiée. Voir la carte de France détaillée à l’échelle communale sur le site du recensement agricole Agreste.

1.2. Un secteur agro-industriel anciennement constitué et qui résiste aux crises

Le secteur sucrier est l’un des exemples les plus anciens de constitution d’une filière agro-industrielle déconnectée destinée au marché national et à l’exportation (40 % de la production française est exportée, Boutonnier, 2016). Autrement dit, le bassin betteravier est un espace productif de constitution ancienne. Pour autant, faut-il en conclure qu’il est immobile ? La thèse de Monique Poulot, soutenue en 1988 sous la direction de Jacqueline Bonnamour, Planteurs et sucriers français : les mutations exemplaires d'une filière classique, affirmait déjà que l’apparente continuité cachait des recompositions profondes.

Ces mutations sont un exemple de changement dans la continuité, ou de continuation du changement… Car dans une remarquable stabilité, toutes les analyses que nous avons pu consulter, des années 1930 à 2011, de même que les articles de moins de dix ans dans les revues professionnelles du secteur, font régulièrement état d’une filière en pleine restructuration. Il est vrai que les signes d’instabilité sont nombreux : à l’échelle de l’année, rendements irréguliers (météo imprévisible, maladies et espèces indésirables…) et volatilité des prix du sucre, dont le cours est fixé par la bourse de New York ; à l’échelle de la décennie, évolution des normes, des règles et des systèmes de subvention, tant nationaux qu’européens.

Comme pour d’autres productions agricoles, le soutien de la CEE (Communauté économique européenne, jusqu’en 1995) puis de l’UE, par l’intermédiaire de la politique agricole commune, a entraîné une crise de surproduction, aboutissant à une réforme et à l’excès inverse, une dépendance de l’UE aux importations de sucre (Kotbi et al., 2011). Selon les auteurs, ce sont tantôt les quotas, tantôt leur suppression, qui sont accusés d’avoir abouti à cette situation de dépendance sucrière.

Comme pour toutes les denrées alimentaires et la plupart des matières premières, la grande accélération de la consommation mondiale, notamment l’essor des grands marchés émergents, entraîne une hausse des cours. Celui du sucre est également porté par les nouveaux débouchés, comme la production d’agrocarburants sous forme d’éthanol, c’est-à-dire d’alcool. Les planteurs sont contraints de s’intéresser à l’évolution des cours, dictée par des événements aussi divers que les développements de la guerre en Ukraine ou une mauvaise météo en Picardie. Mais la temporalité des cycles agricoles ne permet une réponse qu’à un pas de temps annuel et les producteurs subissent les variations, certes amorties par les industriels, plutôt qu’ils ne les contrôlent.

Encadré 1. Quelle géographie de la betterave dans la classe ?

Dans les petites classes, on peut se munir d’un morceau de sucre et réfléchir avec les élèves à son parcours. Le lien entre le sucre et la betterave n’est pas intuitif, et des documents comme ceux proposés dans le présent article peuvent aider à reconstituer le trajet du morceau de sucre, du champ à l’assiette. On peut aussi le faire avec un bonbon, mais d’autres ingrédients entrent alors en jeu, même si le sucre raffiné reste l’ingrédient principal.

En troisième, le thème 1 du programme évoque « des espaces productifs à dominante industrielle, agricole, touristique ou d’affaires » : le système betteravier correspond aux deux premiers types. Il peut aussi entrer dans l’étude d’espace de faible densité : les ressources productives agricoles sont citées par le programme. En première, le programme évoque une agriculture qui « reste structurante pour certains espaces ruraux, avec des débouchés de plus en plus variés, alimentaires et non alimentaires » (première générale) ou encore dont le rôle « est encore important » (première technologique). Le point de départ peut toujours être le morceau de sucre, ou la boîte de sucre, ce qui permet un travail sur l’emballage et la communication d’entreprise (document 7).

Document 7. La communication des coopératives au menu du petit déjeuner

Boîte de sucre

Le dos d’une boîte de sucre blanc, photographié chez une consommatrice dans la Sarthe, en 2025. On y retrouve trois éléments clé de la communication d’entreprise agro-alimentaire : la proximité, la qualité, et la performance environnementale. La plupart des arguments sont soit des évidences (le sucre de betterave est blanc), soit des formulations trompeuses (les bonnes pratiques environnementales sont une obligation européenne pour toucher les aides de la PAC mais elles n’empêchent pas l’emploi de produits dangereux pour l’environnement et la santé). Beghin-Say fait partie du groupe Tereos qui possède neuf sucreries en France. La famille Say a fait fortune dans le raffinage de sucre de canne sur l’île de Nantes au XIXe siècle avant de fusionner avec d’autres sucreries.

En troisième comme en première, il n’est pas question de faire une géographie de toutes les productions agricoles, ni bien sûr une géographie de la betterave aussi détaillée que dans le présent article, mais bien de s’appuyer sur une filière pour voir ce qui peut exemplifier l’agriculture française dans son ensemble, et plus généralement la géographie des espaces productifs. Parmi ces caractéristiques, la filière betterave illustre notamment l’insertion dans un espace local et la connexion entre des espaces parfois lointains. Elle montre aussi la structuration d’une filière par des acteurs au poids inégal, l’interdépendance entre secteurs (agriculture, pharmacie, chimie, lobbying, assurance, publicité…) ainsi que le rôle majeur de l’État et de l’Union européenne. L’ensemble permet de questionner l’organisation classique de l’économie en grands secteurs (primaire, secondaire, tertiaire), toujours commode mais insuffisante et de moins en moins pertinente.

Voir aussi : Jean-Benoît Bouron et Nathalie Reveyaz, « Enseigner les systèmes et les espaces productifs en classe de troisième et de première », Géoconfluences, mai 2024.

Dans les classes préparatoires aux grandes écoles, la connaissance des systèmes betteraviers peut s’avérer utile à tout commentaire de carte d’un espace agricole du bassin parisien. La commune de Connantre, évoquée dans la troisième partie de l’article (voir notamment le document 12), se situe sur la carte 2715SB de l’IGN (Sézanne Connantre). La sucrerie n’est pas indiquée comme telle et c’est en confrontant la carte avec un document complémentaire qu’on pourra l’identifier avec certitude.

 

2. Une filière agro-industrielle en fonctionnement

Suivre la filière betterave permet de montrer un système productif qui n’est que partiellement localisé dans la ceinture betteravière. Des semences produites dans le Sud-Ouest de la France, aux lobbies qui agissent à Paris ou Bruxelles pour défendre les intérêts des groupes industriels, le sucre illustre le fonctionnement en réseau de toute filière productive, y compris agricole.

2.1. De la graine à la remorque

L’amont de la filière betterave se passe relativement loin des plaines picardes et champenoises : les semences sont majoritairement produites dans le Sud-Ouest de la France. En effet, les conditions agronomiques nécessaires pour que la plante développe le plus de graines possibles ne sont pas les mêmes que pour obtenir une racine charnue et riche en sucre. Les cinq principaux départements du Sud-Ouest producteurs de semences de betterave concentrent 65 % de la production française et approvisionnent une quarantaine de pays. Pour éviter les pollinisations indésirables entre variétés différentes, la production de semences de betteraves fait l’objet de trois zones protégées sur cinq départements, par arrêté ministériel : l’Aveyron, le Gers, le Lot, le Lot-et-Garonne et le Tarn-et-Garonne. Il est notamment interdit de faire germer d’autres plantes de la même famille à l’intérieur de cette zone. Par ailleurs, les semenciers procèdent à une cartographie à l’échelle de la parcelle pour éviter que les pollens de deux variétés différentes de betteraves ne se mélangent (source SEMAE, non daté).

Parmi les services en amont de la filière, il faut compter sur l’industrie phytosanitaire. La betterave fait partie des grandes cultures, qui demandent pour être rentables une motorisation et une technicité élevée, et le moins possible de travailleurs par hectare. Sa production est donc gourmande en produits phytosanitaires. La très forte structuration des industriels du sucre, organisés en groupements interprofessionnels, leur permet de travailler en partenariat avec les organismes publics et privés de recherche pour trouver sans cesse de nouveaux produits et de nouvelles pratiques culturales. En aval, les mêmes groupes sont organisés en lobbies pour influencer à Paris ou à Bruxelles l’élaboration de normes qui menaceraient les revenus des planteurs et les profits des grands groupes sucriers. Ainsi, ils pèsent de tout leur poids pour revenir sur l’interdiction des néonicotinoïdes, puissants insecticides dits « tueurs d’abeilles », interdits en France depuis 2018 (Marguier, 2025). De son côté, l’INRAE met au point de nouvelles techniques pour se passer de ces produits (ibid.)

La suite se passe dans le champ de betterave. D’après le Syndicat des betteraviers (CGB), en moyenne sur 5 ans (2019-2024), 23 000 planteurs récoltent 34 millions de tonnes de betteraves par an sur une surface de 412 000 ha. Transformés par l’industrie, ces betteraves ont produit chaque année 4,5 millions de tonnes de sucre, 9 millions d’hectolitres d’alcool et d’éthanol et 1,8 millions de tonnes de matières sèches, sous forme de pulpe, c’est-à-dire les fibres végétales qui restent après avoir retiré le sucre de la racine (document 8). Les pulpes sont utilisées comme aliments d’élevage ou « valorisés » par méthanisation, c’est-à-dire transformées en biogaz par fermentation (DRAAF Grand Est).

Document 8. La filière de la betterave à sucre en France

Filière sucre en France

Les liens entre planteurs et industriels sont anciens, étroits et réciproques. Ils sont scellés par des formes précoces de contractualisation (Dorel, 1983 ; Poulot, 1989) et nourris par des influences mutuelles, quoique majoritairement dans le sens d’une diffusion de « bonnes pratiques », en direction des exploitants depuis les industriels, relayées par les agronomes. « Bonnes », pour l’industrie, c’est-à-dire visant à assurer une hausse des rendements et une production la plus adaptée possible à sa transformation. Si le planteur dépend de la sucrerie, car sa production ne peut être écoulée ailleurs en raison de la nécessité de transformer la betterave immédiatement, la sucrerie a aussi besoin des planteurs, lesquels pourraient, en cas de baisse de leur rémunération, réorienter leur production, dans une région où d’autres cultures industrielles sont possibles. La betterave n’est d’ailleurs jamais une monoculture, et le registre parcellaire montre bien une mosaïque de grandes cultures, même au cœur du bassin betteravier. De leur côté, les industriels font occasionnellement appel à des agriculteurs non-coopérateurs dans le périmètre d’une sucrerie, comme autour de celle d’Artenay pour la campagne 2025, c’est le contrat de « tiers non associé ». Le statut de planteur coopératif reste attractif et représente 90 % des fournisseurs de l’industrie sucrière (CGB, 2024). Les producteurs de betteraves comptent parmi les mieux rémunérés des agriculteurs. Ils se classent au deuxième rang des meilleures rémunérations agricoles derrière les éleveurs porcins, avec un revenu moyen annuel de 65 427 euros en 2023 (Girard, 2024).

La récolte a lieu de septembre à novembre (document 9). Il est important d’échelonner pour que les sucreries tournent à plein régime sans faire attendre les betteraves récoltées. À son arrivée à l’usine, le chargement de betteraves est pesé. On estime par échantillonnage la part de terre et de cailloux restés collés aux racines, et leur teneur en sucre. Ces éléments permettent de fixer le prix qui sera payé au planteur.

Document 9. Du champ à l’usine

récolte des betteraves machine

Arrachage motorisé et monticules de betteraves sucrières en bord de champ. Cliché de Géraldine Aresteanu, fourni par Saint-Louis Sucre, avec l'aimable autorisation de l’entreprise, octobre 2023.

Sucrerie de Roye

La sucrerie de Roye (Somme, Hauts-de-France). Remarquer la taille des tas de betteraves par rapport aux engins de transport. Cliché de Saint Louis Sucre, avec l'aimable autorisation de l'entreprise, 2021.

Betteraves sur tapis

Betteraves sur le tapis après lavage à la sucrerie de Roye (Somme, Hauts-de-France). Cliché de Géraldine Aresteanu, fourni par Saint-Louis Sucre, avec l'aimable autorisation de l’entreprise, non daté.

2.2. Une transformation sur place ou à proximité de la production

L’industrie sucrière est une industrie rurale et une industrie lourde. Rurale, comme tant d’autres installations agro-alimentaires situées à proximité des bassins de production (minoteries, conserveries…), ce qui permet de rappeler que les territoires industriels, en France, sont souvent aussi des territoires ruraux (Gros-Balthazard, 2019 ; Vassal, 2024). C’est une industrie lourde, ensuite, parce que les procédés de fabrication du sucre relèvent de la transformation d’une quantité importante de matière avec des moyens mécaniques puissants (document 11). La matière première, la betterave, est un matériau pondéreux, c’est-à-dire dont le volume et la masse sont élevées pour une valeur par tonne assez faible. Mais c’est aussi une production agricole périssable : il faut la transformer rapidement pour éviter la dégradation du sucre dans la racine. La sucrerie est donc une industrie saisonnière qui doit traiter la totalité de la récolte, plusieurs millions de tonnes par site, en une centaine de jours.

Document 10. La sucrerie d’Étrépagny (Eure, région Normandie)

Etrepagny

Cliché de Saint Louis Sucre, avec l'aimable autorisation de l'entreprise, 2021.

Le sucre, lui, est un produit raffiné, ne représentant que 16 % du poids de la betterave. Une tonne de betterave donne en moyenne 160 kg de sucre, 500 kg de pulpes humides et 38 kg de mélasse. L’alcool de betterave est utilisé dans l’industrie comme solvant, en parfumerie et en pharmacie (DRAAF Grand Est), et comme agrocarburant. Le pressage, l’épuration, la cristallisation, le séchage, pour ne citer qu’une partie des étapes du processus (détaillé ici) implique l’utilisation d’une machinerie lourde et coûteuse. Le sucre est ensuite livré aux clients sous forme de sacs (de 1 à 50 kg), de « big bags » (sacs d’une tonne), ou en citerne sous forme de sirop ou de sucre cristallisé pour les plus gros industriels (Boutonnier, 2016). La grande majorité du sucre est voué à une transformation dans l’industrie agro-alimentaire, et seulement 14 % est destiné à être consommé directement par les ménages, ce qu’on appelle le sucre de bouche (Mathé, 2024).

Document 11. Les procédés industriels de la filière sucre et ses sous-produits

process industriels

Source : Syndicat national des fabricants de sucre. Pour en savoir plus sur les étapes de fabrication, voir cette fiche (même source).

Ce qui vient d’être dit détermine largement la localisation des sucreries, fonction de deux paramètres contraires : d’une part, la concentration dans des unités de production de moins en moins nombreuses et de plus en plus grandes, et d’autre part, la nécessite de maintenir une distance-temps la plus courte possible du champ à l’usine. Les sucreries forment donc un pavage relativement régulier, la distance entre deux usines correspondant au double de la distance maximale que peut raisonnablement parcourir un chargement de betteraves.

Ce pavage se rétracte. Des neuf groupes et entreprises en 2007-2008, contrôlant 30 sucreries, on est passé à cinq groupes ou entreprises en 2022-23, contrôlant 20 sucreries. À l’échelle européenne, sur 180 sites industriels au début du XXIe siècle, il n’en reste plus que 105 en 2009 (Kotbi et al., 2011). Trois grands groupes se partagent l’essentiel de la bonbonnière : Tereos (Beghin-Say, La Perruche…) possède neuf sucreries, en comptant celle de La Réunion, Cristal Union (Daddy) en contrôle huit. Saint Louis Sucre, filiale du géant mondial Südzucker (siège à Mannheim) a deux sucreries (Mathé, 2024). Les DROM n’échappent pas au processus de concentration, avec cinq sucreries réparties dans trois départements, même si les logiques de localisation et les contextes locaux sont différents. Outre les sucreries proprement dites, les collectivités ultra-marines comptent aussi plusieurs distilleries destinées à la production de rhum (voir Richer, 2021).

Le sucre produit est commercialisé, à hauteur de 50 à 60 % selon les sources, sur le marché français, le reste à l’étranger, majoritairement dans l’Union européenne. Les premiers clients de l’industrie française du sucre sont l’Italie et l’Espagne (Mathé, 2024), qui ont des territoires moins favorables à la culture de la betterave sucrière.

2.3. Une filière controversée face à ses responsabilités

Si la demande en sucre ne cesse d’augmenter à l’échelle mondiale, l’industrie du sucre fait face à une dénonciation croissante de ses effets négatifs. La critique est double : comme souvent, la question de santé publique et la question environnementale sont croisées. En matière de santé publique d’abord, le sucre est, avec le gras et le salé, en cause dans une pandémie mondiale de grande ampleur de maladies liées à l’alimentation, et en particulier d’obésité. L’Organisation mondiale de la santé pointe spécifiquement « les aliments riches en graisses, en sucre et en sel, très caloriques, mais pauvres en micronutriments, qui sont généralement moins chers, mais aussi de qualité nutritionnelle inférieure » (OMS, 2024a). Le sucre est aussi en cause dans l’épidémie mondiale de diabète, dont la prévalence est passé de 200 millions de personnes en 1990 à 830 millions en 2022 (OMS, 2024b). Ces deux pandémies, d’obésité et de diabète, se développent plus rapidement dans les pays précaires et émergents.

D’une façon générale, les aliments très transformés, produits par l’industrie, emballés dans des matières plastiques, sont en cause dans une catastrophe sanitaire et écologique mondiale. Les consommateurs sont en partie responsables, mais les industriels, et les publicitaires qui incitent à la surconsommation d’aliments transformés, sont les principaux responsables. En matière environnementale, la production de betteraves sucrières est, comme toutes les grandes cultures industrielles, peu contributrice à la biodiversité paysagère et spécifique ; les industriels organisés en lobby ont d’ailleurs obtenu une prolongation d’autorisation pour des biocides interdits pour les autres cultures. Les difficultés à se passer de ces produits ne sont pas surjouées, mais le secteur a sans doute sous-estimé les retombées négatives, pour son image, de la médiatisation de l’affaire du glyphosate. L’un des défis actuels de la filière est la résistance croissante des « bio-agresseurs » aux produits phytosanitaires. D’autres pistes existent et sont peu explorées (Marguier, 2025).

Citation : la résistance des « bio-agresseurs » aux produits phytopharmaceutiques
« L’utilisation répétée de produits phytopharmaceutiques pour lutter contre les populations de bioagresseurs (champignons phytopathogènes, insectes ravageurs, adventices) exerce une pression de sélection qui peut aboutir à l’évolution de résistances vis-à-vis de ces produits. La résistance peut être définie comme la capacité héritable d’un individu d’une espèce de bioagresseur à survivre à un traitement phytopharmaceutique appliqué correctement. Lorsqu’un individu est résistant à un produit phytopharmaceutique, il ne sera pas (ou peu) affecté par le traitement, et sera capable de produire une descendance viable. On parle alors de résistance en pratique. La gestion des résistances nécessite en premier lieu de les connaître et de les surveiller. »

ITB, INRAE, ANSES, Gouv. fr. (2022) « Note commune : Gestion des résistances des bio-agresseurs aux produits phytopharmaceutiques en culture de betterave sucrière », avril 2022.

La filière bio est en émergence mais difficilement : seulement 10 % des besoins en sucre bio sont couvert par l’UE, le reste vient du Brésil et d’autres pays sucriers tropicaux. La difficulté vient du fait que la betterave est une culture intensive en intrants et à faible intensité de main d’œuvre, soit l’inverse d’une agriculture biologique, dans la mesure où la lutte mécanique contre les maladies et les adventices requiert beaucoup de travail.

L’industrie sucrière est aussi, comme beaucoup d’autres, très consommatrice en eau, avec une pression localisée d’autant plus forte que la concentration des sites s’accompagne d’une augmentation de la production par usine. La sucrerie Tereos à Connantre (Marne), qui s’est engagée dans une démarche d’économies d’eau, possède ainsi l’un des trois plus gros lavoirs de la filière sucrière européenne (source Agence de l’eau Seine Normandie).

 

3. Un cas d’étude : la commune de Connantre (Marne)

La commune rurale de Connantre (document 12) compte un millier d’habitants et se situe à l’Est de la côte viticole champenoise, dans le département de la Marne, à 40 km au sud-ouest de Châlons-en-Champagne, préfecture bien connue des professeurs d’histoire-géographie. La région permet d’ailleurs de relier géographie et histoire, puisque sous les racines des betteraves gisent les éclats d’obus de la bataille de la Marne. La commune de Connantre a un petit cimetière militaire allemand, et la commune voisine de Fère-Champenoise abrite une nécropole nationale. Un siècle avant le début de la Première Guerre mondiale, cette commune fut aussi le théâtre d’une défaite napoléonienne face aux armées coalisées en 1814. Les monuments mémoriels sont nombreux dans cette région.

La Champagne crayeuse a été un foyer de diffusion secondaire de la betterave à sucre après la Seconde Guerre mondiale, en assolement avec le blé, même si les premières sucreries dans la région datent du XIXe siècle (Dorel, 1983). La place progressivement dominante de cette culture a ensuite été confirmée par la politique agricole commune (PAC), lorsqu’elle pratiquait le soutien aux prix agricoles. L’essor de la production sucrière est venu conjointement des exploitants et des industriels, notamment le groupe Beghin-Say qui ouvre une sucrerie en 1961 (ibid.). La sucrerie de Connantre est l’une des plus grandes d’Europe par sa capacité, voire la plus grande (c’était encore le cas en 2011).

La commune se prête bien au croquis de finage en raison de sa forme ramassée et de son aspect caractéristique d’un agrosystème d’openfield voué aux grandes cultures. On y retrouve un habitat groupé : toute la population vit dans le bourg-centre, à l’exception de deux écarts, une grosse exploitation agricole et un centre équestre. Le parcellaire, largement remembré, laisse encore deviner la structure classique laniérée (parcellaire « en lames de parquets »), sans clôture. Les arbres sont rares. Le village-rue s’étire le long d’un axe secondaire mais il est contourné par la nationale 4 qui relie Châlons-en-Champagne à Coulommiers. C’est le long de cette nationale qu’est implanté le site de la sucrerie, qui occupe une part importante des surfaces bâties de la commune.

Le site Google Maps propose une punaise « vue sur les champs », qui est une série de photographies de l’openfield autour de Connantre, qui permet de se faire une idée assez précise des paysages agricoles champenois.

Document 12. Découvrir une commune rurale avec Géoportail

Connantre satellite

12a. Situation de Connantre à l'échelle régionale sur l'image satellite extraite de Géoportail. Géoconfluences sur image Géoportail / IGN, 2025.

Connantre carte IGN Connantre parcellaire Connantre parcellaire légende
Connantre image satellite Connantre carte topographique IGN
12b. Ces quatre cartes sont des captures d’écran tirées du Géoportail proposé par l’Institut géographique national (IGN), toutes avec le même cadrage. La carte classique de l’IGN (haut à gauche) est une carte de localisation sélectionnant des informations adaptées à l’échelle de visionnage. La carte du registre parcellaire graphique (haut à droite) donne des informations précises sur les cultures, elle donne une idée du parcellaire cultural et on peut la compléter par la carte du cadastre pour connaître le parcellaire cadastral. On voit, en vert foncé, les autres cultures industrielles, principalement la betterave. L’image satellite (en bas à gauche) donne une autre image de l’openfield en lames de parquet (qu'on distingue bien aussi sur l'image satellite de situation régionale 12a), et permet aussi de mieux observer les installations de la sucrerie. La carte topographique de l’IGN (bas à droite) reproduit fidèlement les informations contenues sur une carte au 1/25 000. Source : Géoportail, IGN, 2024 (permalien).

L’étude du système productif betteravier dépasse certes l’échelle de la commune. Si on compte encore 18 exploitations agricoles à Connantre en 2020 (deux de moins qu’en 2010), celles-ci exploitent aussi des terres situées hors du finage. Mais les données communales du RGA, même à l’échelle de cette petite commune, permettent de dresser un portrait du système de production agricole. Ces exploitations sont moyennes ou grandes ; la moitié ont une production brute standard dépassant 250 000 euros, alors que c’est le cas de 20 % des exploitations françaises seulement. Elles exploitent en moyenne 152 hectares chacune, quand la SAU moyenne d’une exploitation française est de 65 hectares. On a donc de très grandes exploitations de grande culture, très mécanisées : les 18 exploitations présentes emploient en moyenne 1,33 équivalent temps plein, contre 1,68 à l’échelle nationale.

Conclusion

Écrire une géographie de la betterave sucrière en 2025, presque quarante ans après les dernières publications scientifiques importantes en géographie sur le sujet, peut sembler une entreprise dépassée ou obsolète. Les études sectorielles rappellent la géographie scolaire enseignée autrefois, celle des volumes de production et des localisations apprises par cœur, surtout quand il s’agit d’un secteur agricole ou industriel, à l’heure des technologies de l’information. Nous espérons pourtant convaincre qu’une telle esquisse n’est pas vaine. D’abord, parce que cette géographie n’est pas à proprement parler sectorielle. Le sucre est une filière agro-industrielle qui dépasse les traditionnels secteurs de production. D’ailleurs, c’est bien loin d’être une filière du passé : elle fait appel à des savoir-faire technologiques (semenciers, phyto-pharma) ; elle représente un secteur plus vaste, l’agro-alimentaire, qui est une locomotive de l’économie française ; et son produit fini, le sucre, est partout dans notre quotidien, même lorsqu’on essaie de s’en passer. Enfin, il s’agissait, nous l’espérons, d’écrire une étude utile aux enseignants en leur donnant des outils exploitables, après adaptation didactique, auprès de leurs élèves. Avec l’espoir peut-être de leur rendre, sinon douce, en tout cas le moins amère possible, la géographie des espaces productifs.


Bibliographie

Références citées
Pour aller plus loin

Mots-clés

Retrouvez les mots-clés de cet article dans le glossaire : agriculture | agrocarburant | espace productif, système productif | espaces ruraux | industrie agro-alimentaire | openfield | PAC | système de production agricole.

 

Remerciements
L’auteur adresse ses remerciements à Philippe Reiser de Cultures Sucre pour avoir aimablement transmis plusieurs photographies et les données chiffrées ayant servi à construire la carte par région (document 5). Merci également à Ninon Blond pour la photographie du document 4 et aux relecteurs scientifiques pour leurs conseils avisés !

Jean-Benoît BOURON

Professeur agrégé de géographie, responsable éditorial de Géoconfluences, DGESCO / École normale supérieure de Lyon.

 

Édition et mise en web : Jean-Benoît Bouron

Pour citer cet article :  

Jean-Benoît Bouron, « Un espace productif agro-industriel : la ceinture de la betterave sucrière en France septentrionale », Géoconfluences, mars 2025.
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/france-espaces-ruraux-periurbains/articles-scientifiques/betteraves

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