Réserve indigène, autochtone
Une réserve indigène est un territoire confié à une population autochtone et protégé, au moins en théorie, contre l’accaparement et la colonisation.
Les premières réserves sont des lieux de détention et de déportation des Amérindiens, en particulier aux États-Unis : l’épisode tragique de la Piste des Larmes implique ainsi la déportation de populations autochtones du Sud-Est des États-Unis vers des territoires semi-arides de l’actuelle Oklahoma. L’histoire des réserves est ensuite une longue succession de violations de traités et de spoliations de territoires, avant le début d’une forme de reconnaissance des droits des Amérindiens au cours du XXe siècle. Au Paraguay, les réductions (reducciones) visaient à regrouper les autochtones de façon à faciliter leur conversion par les missionnaires jésuites.
Dans son principe comme dans son nom, qui rappelle les réserves naturelles, l’idée de réserve indigène a tendance à naturaliser les populations concernées, en les intégrant au champ de la nature, voire de la nature sauvage, la wilderness, par opposition à la culture et à la civilisation. Comme la réserve naturelle, la réserve indigène sanctionne un échec, celui d’une mise en valeur du reste du territoire respectueuse à la fois des équilibres environnementaux et de l’altérité et de l’antériorité des autochtones.
Les réserves actuelles, à la différence des premières réserves, résultent fréquemment de la reconnaissance a posteriori de l’existence d’un territoire autochtone. Cette reconnaissance est assortie de droits spécifiques : de propriété collective, d’usage... et d'une forme d'autonomie. Comme au XIXe siècle, elle reste toutefois tributaire de la capacité et de la volonté du législateur à faire respecter ces droits. Ainsi, au Brésil, la pression des fronts pionniers sur les réserves amérindiennes est forte, et elle s’est encore accrue sous la présidence Bolsonaro, de même que sur les droits des populations amérindiennes dans leur ensemble.
Certaines réserves abritent des populations « non contactées » ou « isolées », c’est-à-dire préservées de tout contact avec le reste du monde, comme les Sentinelles des îles Andaman au large de l’Inde.
(JBB) octobre 2022
Pour compléter avec Géoconfluences
- Marion Benassaya, « Paix Territoriale et intégration d’une zone rouge de la violence armée en Colombie par des projets de développement : le cas du barrage d’Ituango », Géoconfluences, novembre 2022.
- Hervé Théry, « Rondônia : "anthropisation" d’un État amazonien, 1975-2020 », Géoconfluences, septembre 2022.