Services écosystémiques

Les services écosystémiques désignent l’ensemble des services, offerts gratuitement aux sociétés humaines par un écosystème donné. Cette définition peut recouvrir un très grand nombre de « services » de nature très différente : production de ressources (énergie, matière…), stockage de carbone, aménités paysagères ou touristiques, effets positifs sur la santé (donc économies sur les dépenses de santé), rétention d’eau et protection contre les risques…

La notion, diffusée dans la recherche à partir des années 1990 (Carnoye et Petitimbert, 2022) applique « à la gestion de la biodiversité les méthodes d’évaluation de l’environnement et les outils de marché (ou de quasi-marché) conçus dès les années 1960 en économie de l’environnement » (ibid.).

Parler de services écosystémiques permet de rappeler la dépendance vitale des humains à leurs environnements (Méral et Pesche, 2016). Toutefois, cela peut impliquer l’idée que les écosystèmes ne sont pas protégés pour eux-mêmes, pour leur valeur intrinsèque, mais pour les bénéfices que les humains peuvent en retirer. Dans une version maximaliste de cette approche utilitariste, on peut aller jusqu’à chiffrer la valeur économique des services, pour prouver que la protection des écosystèmes rapporte plus, financièrement parlant, que leur destruction. Comme c’est probablement le cas de tous les écosystèmes, on peut se demander pourquoi leur destruction continue : c’est sans doute que les bénéfices de la protection profitent à tous sur le long terme, tandis que ceux de l’accaparement et de la destruction sont rapides et ne profitent qu’aux acteurs spatiaux qui les provoquent. Ainsi, les limites de la notion ont été maintes fois soulignées (par ex. par Maris, 2010).

Mesurer les services écosystémiques peut donc s’avérer utile pour convaincre des acteurs indécis de la nécessité des mesures de sauvegarde, mais cela ne peut aboutir à une protection effective que si des instances de régulation, des politiques publiques efficaces et une police environnementale en effectifs suffisants, sont mises en œuvre.

(JBB), octobre 2024.

Références citées

• Carnoye Leslie et Petitimbert Rémy (2022), « Services écosystémiques », Développement durable et territoires [En ligne], vol. 13, n°3 | décembre 2022.
• Maris Virginie (2010). Nature à vendre. Les limites des services écosystémiques. Ed. Quae, 94 p.
• Méral Philippe et Pesche Denis (dir., 2016), Les services écosystémiques. Repenser les relations nature et société. Versailles, Quae, 304 p.

Pour compléter avec Géoconfluences

• Marc Nassivera, « Préserver le Cerrado, la savane brésilienne dans l’ombre de l’Amazonie », Géoconfluences, novembre 2023.
• Arthur Guérin-Turcq, « Les forêts dans le monde, des milieux anthropisés : un état des lieux », Géoconfluences, septembre 2023.
• Étienne Cossart, « Le changement global : un champ scientifique fécond pour le géographe », Géoconfluences, octobre 2018.
• Yanni Gunnell, « Notion à la une : écosystème », Géoconfluences, avril 2016.