Sunnisme et chiisme
Le sunnisme et le chiisme sont les deux branches principales de la religion musulmane. Leur origine remonte à la mort du prophète de l'islam Muḥammad et au problème de sa succession. Les sunnites reconnaissent les trois premiers califes (terme qui signifie « successeurs ») tandis que les chiites ne reconnaissent comme légitimes que le quatrième calife, Ali, cousin de Muḥammad ayant épousé sa fille et ses successeurs. À l'époque ottomane et jusqu'à l'abolition du califat en 1924 par Mustapha Kemal dit Atatürk, le sultan, chef politique de l'empire ottoman, assumait également le titre de calife, commandeur des croyants reconnu par les sunnites.
Les sunnites représentent 90 % des musulmans actuels. Ils sont majoritaires dans de nombreux pays à l'intérieur de ce qu'on appelle le monde musulman. Les chiites sont majoritaires en Irak et en Iran où c'est la religion officielle. Une minorité chiite est également présente dans plusieurs pays à majorité sunnite comme la Syrie ou le Liban.
Le sunnisme et le chiisme comportent un très grand nombre de points communs et peu de différences. Ils reconnaissent le Coran comme livre saint, Muḥammad comme seul prophète, la révélation comme fondement de la foi, et leur pratique religieuse repose sur les cinq piliers de l'Islam : la profession de foi, la prière, l’aumône, le jeûne du Ramadan, et le pèlerinage à La Mecque. Cette ville, comme Médine et Jérusalem, est une ville sainte commune aux deux branches. Certains lieux saints sont toutefois propres au chiisme, comme Kerbala et Nadjaf en Irak. Sunnisme et chiisme comportent tous les deux une tradition messianique, fondée sur l'attente du retour de l'imam caché pour le chiisme et sur celle du Mahdi pour le sunnisme. Ces deux branches principales de l’islam sont chacune divisées en plusieurs écoles de pensée.
Le sunnisme se divise en quatre écoles de pensée principales : l'école hanafite laisse une relative liberté d'interprétation ; l'école malikite ou malékite, présente en Afrique du Nord, insiste sur le respect du Coran et des hadith (recueil des paroles de Muḥammad) ; l'école chaféite permet le consensus entre juristes sur la base du Coran comme référence ; et l'école hanbalite fondée sur une lecture littérale et rigoriste du Coran, que l'on retrouve en Arabie Saoudite et au Qatar.
Le chiisme reconnaît, outre les enseignements de Muḥammad, ceux de sa fille Fatima et des douze imams. L'imam a un rôle de guide spirituel dans la communauté en tant qu'« ami de Dieu ». On peut repérer trois principales écoles de pensées dans le chiisme : le chiisme duodécimain, à forte teneur messianique et qui attend le retour de l'imam caché avant la fin des temps, le zaydisme qui ne reconnaît que les cinq premiers imams, et l'ismaïlisme à forte teneur ésotérique.
Les différences théologiques entre sunnisme et chiisme ont pu être instrumentalisées dans le cadre de conflits au Proche et au Moyen-Orient, même si bien souvent elles se superposent à d’autres motivations d’affrontement entremêlées.
(JBB), mars 2017. Dernières modifications : juillet 2021, février 2023, juin 2023.
Sources
- Sunnisme et chiisme, Les clés du Moyen-Orient.
- Régine Azria, Danièle Hervieu-Léger, Dictionnaire des faits religieux, PUF.
- Serge Lafitte, Chiites et sunnites, Plon, Paris, 2007, 125 pages.
Voir aussi sur Géoconfluences
- Clara Loïzzo, « La crise en mer Rouge, révélatrice de la vulnérabilité des grandes routes maritimes mondiales », Géoconfluences, janvier 2024.
Pour aller plus loin
- Uzi Rabi, « Conflit entre sunnites et chiites : le Moyen-Orient à la veille d’une guerre entre Arabes et Iraniens ? », Outre-Terre, n° 22, 2009, p. 189-199.
- Sabrina Mervin, « Retours sur la “discorde” entre sunnites et chiites », Archives de sciences sociales des religions, n° 184, 2018, p. 109-117.