Volcan
Sur Terre comme sur d’autres corps telluriques du système solaire, un volcan est un relief formé par une ou plusieurs éruptions volcaniques. Ces dernières désignent l’ensemble des processus d’expulsion rapide des magmas, lesquels sont produits en profondeur par fusion partielle du manteau supérieur (situé sous la lithosphère), et parfois par fusion de la croûte. Les magmas se formant principalement aux limites des plaques tectoniques, on trouve de grands alignements de volcans en contexte de convergence (Caraïbes, ceinture de feu du Pacifique, Méditerranée) ou de divergence tectonique (rift africain, dorsale médio-océanique atlantique). Il n’est pas rare de trouver également des volcans à l’intérieur des plaques : il s’agit dans ce cas d’édifices de points chauds, qui sont des panaches remontant du manteau profond et qui percent la lithosphère en des points fixes (Hawaï, La Réunion). Les volcans sont ainsi l’expression en surface de l’activité interne de la Terre.
Les roches volcaniques dépendent de la composition chimique du magma mais aussi des dynamiques éruptives qui l’ont expulsé. Les magmas émis de manière fluide pendant les éruptions effusives donnent des laves, qui s’épanchent en coulées fluides (pahoehoe, typiques des volcans d’Hawaï) ou rugueuses (aa, comme les cheires de la chaîne des Puys). Les plus épaisses s’accumulent en bouchon à la sortie d’un évent, en formant un dôme (Puy de Dôme, 1465 m) ou une aiguille. Les laves peuvent être basiques (basaltes) ou acides (rhyolite, dacite).
Les éruptions explosives, au contraire, se produisent lorsque le magma qui remonte est enrichi en gaz. Il est alors propulsé en fragments qui se refroidissent et durcissent plus ou moins instantanément : ce sont les pyroclastes ou les téphras, classés selon leur composition et leur taille. Les éruptions explosives accumulent donc le matériel volcanique en couches d’épaisseur, d’extension et de texture variables, comme les dépôts mal triés de coulées pyroclastiques (autrefois appelées nuées ardentes) ou les retombées aériennes, qui permettent de retracer l’histoire éruptive du volcan. Les cendres constituent les pyroclastes les plus fins (< 2 mm) tandis que les blocs et les bombes sont les plus grossiers (> 64 mm) ; la fraction intermédiaire est constituée par les lapilli. Les bulles de gaz dans les magmas produisent des matériaux plus ou moins vésiculés, comme les scories et surtout les ponces, qui ont une densité inférieure à celle de l’eau et peuvent flotter.
L’ensemble des processus géomorphologiques à l’origine des reliefs volcaniques constituent des aléas potentiellement dommageables. Or les volcans ne sont pas des espaces répulsifs mais sont au contraire habités et exploités. Ils fournissent de l’eau et les dépôts cendreux travaillés peuvent donner des andosols fertiles. La géothermie est également mise à contribution pour fournir de l’énergie, par exemple en Islande, au Japon, en Corée du Sud ou encore en Indonésie). Les blocs de lave ainsi que les dépôts de téphras peuvent être utilisés comme composants chimiques industriels, voire comme matériel de construction. En France, le Puy de Lemptégy, en Auvergne, a longtemps fourni des scories appelées pouzzolanes, employées comme adjuvant agricole ou comme mortier. Quant aux ponces, elles sont demandées pour leurs vertus isolantes et abrasives. Massivement produites par les États-Unis et la Turquie, elles ont longtemps été exploitées à Lipari dans les îles Éoliennes (auxquelles appartiennent le Stromboli et le Vulcano, au nord de la Sicile en Italie).
Le rapport entre les risques que représentent les éruptions et les ressources apportées par les volcans amènent des modes d’habiter particuliers. En Indonésie, autour du volcan Merapi (2 930 m), les communautés rurales ont organisé tout un système d’exploitation des dépôts pyroclastiques qui est une alternative bienvenue à l’agriculture peu rémunératrice, surtout juste après qu’une éruption a momentanément stérilisé les sols (de Bélizal, 2019). Bien qu’elle reste encore fragilement instituée et encadrée, cette activité contribue à fixer les habitants en dépit des risques encourus.
Enfin, le tourisme constitue également une forme de valorisation des volcans assez ancienne : les visites du Vésuve en éruption attiraient déjà l’élite européenne au XVIIIe siècle. À l’attractivité des paysages s’ajoute le spectacle des éruptions sur des volcans très actifs comme le Piton de la Fournaise (La Réunion), le Stromboli (924 m, Italie) ou le Kilauea (1247 m, Hawaï).
Les volcans sont ainsi des objets géographiques complexes, qui se caractérisent par la très grande variété de leurs paysages, par les risques que peuvent représenter leurs éruptions ainsi que par la diversité de leurs modes de mise en valeur.
Édouard de Bélizal, août 2025.
Référence citée
- De Bélizal Édouard (2019), « Le volcan Merapi (Indonésie) : espaces et temporalités du risque sur un volcan indonésien singulier », Géoconfluences, septembre 2019.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Anne Barrioz et Lionel Laslaz, « Habitabilité : tour d’horizon d’une notion et de ses limites », Géoconfluences, janvier 2025.
- Serge Bourgeat et Catherine Bras, « Montserrat ou l’impossibilité d’une île ? Les difficultés de la résilience en milieu insulaire », Géoconfluences, septembre 2020, mis à jour en mai 2024.
- Lionel Laslaz, « Image à la une. Vingt mille pieds sous les serres. L’art de cultiver sous abri en Islande », Géoconfluences, octobre 2023.
- Martin Charlet, « Image à la une. Thingvellir, quand la faille fait Nation. Patrimonialisation et mise en tourisme d’un haut-lieu de l’identité islandaise », Géoconfluences, avril 2021.
- Christine Cabasset, « Aménager les zones côtières à la hauteur des risques et des enjeux environnementaux : le cas du Timor oriental », Géoconfluences, mars 2021.
- Françoise Pagney Bénito-Espinal, « Construire une culture du risque efficiente ? Le cas de la Guadeloupe et de la Martinique », Géoconfluences, décembre 2019.







