Risque
En géographie, un risque est la possibilité qu'un aléa se produise et touche une population vulnérable à cet aléa. L'équivalent anglais est risk.
Il ne faut donc pas confondre aléa, risque et vulnérabilité. L'aléa est un phénomène (naturel ou technologique) plus ou moins probable sur un espace donné. La vulnérabilité exprime le niveau d'effet prévisible de ce phénomène sur des enjeux (l'homme et ses activités). Le risque peut être défini comme la probabilité d’occurrence de dommage compte tenu des interactions entre facteurs d’endommagement (aléas) et facteurs de vulnérabilité (peuplement, répartition des biens). On peut ainsi résumer cette définition par une formule : « risque = aléa × vulnérabilité ». La notion de risque recouvre à la fois le danger potentiel de catastrophe et la perception qu'en a la société, l’endommagement potentiel, comme celle de l’endommagement effectif. Un risque peut être d'origine naturelle ou avoir des causes purement anthropiques (risques technologiques, risques géopolitiques par exemple), ou encore être lié à des éléments naturels accentués par l'action anthropique (risques climatiques).
Les risques « naturels » se rapportent à des aléas qui font intervenir des processus naturels variés : atmosphériques, hydrologiques, géologiques ou géomorphologiques. Les guillemets sont importants car tout risque implique la présence d'une société humaine vulnérable, le risque a donc nécessairement une composante anthropique. Le risque naturel se situe ainsi à la croisée entre, d'une part, un ou plusieurs aléas, et, d'autre part, la vulnérabilité d'une société ou d'un territoire qu'elle occupe. L'aléa ne devient un risque qu'en présence d'enjeux humains, économiques et environnementaux. Par exemple, un typhon sur un atoll désert de l'océan Pacifique n'est pas un risque, mais un cyclone sur les îles densément habitées des Caraïbes devient un risque majeur et provoque des dommages considérables. La question des risques naturels permet ainsi de revisiter un vieux paradigme de la géographie, celui des rapports entre les sociétés et la nature.
Le risque, d'origine naturelle ou technologique, est dit majeur lorsqu'il peut faire de très nombreuses victimes et occasionner des dommages considérables, dépassant les capacités de réaction des instances concernées (États, sociétés civiles), à l'échelle de la zone touchée. Le risque majeur est caractérisé conjointement par une faible probabilité d’occurrence (faible fréquence) et d'énormes conséquences, il peut alors devenir une catastrophe perturbant durablement les équilibres naturels et sociaux à divers niveaux d'échelle. Les conséquences, pour la population, sont dans tous les cas tragiques en raison du déséquilibre brutal entre besoins et moyens de secours disponibles.
Le risque s'entend également au sens de la prise de risque. Il est au cœur du principe de précaution et de la gestion de l'incertitude. On peut distinguer le risque – situation pour laquelle une liste de toutes les éventualités et de leur probabilité de réalisation peut être établie – de l'incertitude, situation pour laquelle l'une ou l'autre de ces deux conditions n'est pas vérifiée.
L'incertitude exprime le degré avec lequel une valeur (l’état futur du système climatique, par exemple) est inconnue. L’incertitude peut être due à un manque d’informations ou à un désaccord sur ce qui est connu, voire sur ce qui peut être connu. Elle peut avoir des origines diverses : erreurs quantifiables au niveau des données ; concepts ou terminologie aux définitions ambiguës ; prévisions/projections du comportement humain difficiles à anticiper. L’incertitude peut donc être représentée par des mesures quantitatives (une fourchette de valeurs calculées par divers modèles, par exemple) ou par des énoncés qualitatifs (reflétant l’opinion d’un groupe d’experts).
L'atténuation ou la mitigation des risques repose sur les trois « P » : prévision, prévention, protection. La prévision du risque permet de mettre en place des protocoles, et d'informer la population de manière claire : selon la nature de l'aléa, il peut être conseillé de fuir (tsunami) ou au contraire de rester chez soi en adoptant les bonnes pratiques (séisme). Cette diffusion régulière de l'information contribue à forger une culture du risque. La prévision peut se faire plusieurs heures avant ou seulement quelques minutes, selon l'aléa, et elle peut aussi être latente : on sait que dans le lit majeur d'une rivière, des inondations se produiront inévitablement, sans pouvoir en prédire la date. La prévention et la protection regroupent toutes les actions mises en œuvre pour minimiser les effets du risque, soit en informant sans relâche les populations et les acteurs (sécurité civile, pompiers, personnels de santé, enseignants...) soit en construisant des ouvrages d'art, en adoptant des zonages, en adaptant le bâti. Un ouvrage de protection peut cependant aggraver le risque si la force de l'aléa dépasse la prévision (digues, enrochements, etc.) La résilience désigne la capacité d'une société à retrouver un équilibre après la réalisation du risque.
Le niveau des risques « naturels » pourrait se voir amplifié par les impacts des évolutions climatiques, aggravées par la croissance démographique mondiale et par la pression sur les ressources. Des communautés entières sont d’ores et déjà chassées, provisoirement ou définitivement, de leur habitat par différentes crises environnementales parfois meurtrières : sécheresses, inondations, séismes, etc. Or, dans le droit juridique international, aucune protection ne s’applique aux victimes de catastrophes naturelles qui ne peuvent prétendre au statut de réfugié et qui, le plus souvent, sont déplacées à l’intérieur de leur propre pays.
(ST) 2005, dernières modifications : (MCD) 2015, (JBB) 2019, (SB et CB) mars 2022, (JBB) septembre 2023, mai 2024.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Notre glossaire Risques et sociétés
- Risques climatiques dans les atolls : Virginie Duvat, « La crise climatique crée-t-elle une situation d’urgence dans les atolls ? », Géoconfluences, mai 2024.
- Risque volcanique dans les Antilles : Serge Bourgeat et Catherine Bras, « Montserrat ou l’impossibilité d’une île ? Les difficultés de la résilience en milieu insulaire », Géoconfluences, septembre 2020, mis à jour en 2024.
- Risque tsunami et accident nucléaire : Cécile Asanuma-Brice, « Namie (Fukushima), une commune rurale projetée en modèle mondial de résilience post-accident nucléaire », Géoconfluences, avril 2024.
- Risque incendie dans la forêt landaise : Victor Piganiol, « Un an après, retour sur les incendies forestiers en Gironde de 2022 », Géoconfluences, septembre 2023.
- L'exemple du Timor oriental : Christine Cabasset, « Aménager les zones côtières à la hauteur des risques et des enjeux environnementaux : le cas du Timor oriental », Géoconfluences, mars 2021.
- L'exemple des Antilles françaises : Françoise Pagney Bénito-Espinal, « Construire une culture du risque efficiente ? Le cas de la Guadeloupe et de la Martinique », novembre 2019.
- Risque volcanique en Indonésie : Édouard de Bélizal, « Le volcan Merapi (Indonésie) : espaces et temporalités du risque sur un volcan indonésien singulier », septembre 2019.
- Risques littoraux en Louisiane : Elsa Peinturier, Risques littoraux et aménagement en Louisiane : les défis d’un territoire insoutenable ?, Géoconfluences, 2015
Liens externes
- L'Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) se propose d'étudier les stratégies des acteurs dans les différentes négociations (Biosécurité, POPs, Codex Alimentarius, Biodiversité, etc.) et d'anticiper les lieux où les pressions internationales vont se révéler fortes. Voir, en particulier, les publications (notes, synthèses, séminaires et divers accessibles en ligne) : www.iddri.org
- La prévention des risques de tsunamis et autres risques littoraux en France, sur le site du ministère en charge de l'écologie.