Le grindadráp aux Îles Féroé : approche géographique d’une controverse environnementale
Lionel Laslaz, maître de conférences HDR en géographie et aménagement - Université Savoie Mont Blanc
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« Les actions de Sea Shepherd ont eu les effets opposés de ceux pour lesquels ils affirment être ici – l’arrêt du grindadráp. Avant les manifestations, les gens avaient peu d’intérêt pour la chasse à la baleine, elle déclinait. Depuis, l’intérêt pour le grindadráp a grandi, les actions des ONG ont entraîné une plus grande cohésion autour de cette pratique entre les Féroïens. » Ces propos, recueillis auprès d’un jeune membre de l’association Grindamannafelagið((L’Association Féroïenne des Chasseurs de Baleines, regroupant les participants au grindadráp.)) lors d’un entretien, soulignent un paradoxe fréquemment exposé au cours de notre travail de terrain aux Îles Féroé (Pouillon, 2018). L’ONG Sea Shepherd, qui a mené des actions ces dernières années contre la chasse aux cétacés aux Îles Féroé (le grindadráp) par interposition ou sabotage sur le terrain, au travers de juridictions à différentes échelles et par des campagnes médiatiques, fait l’objet de fortes contestations de la part des Féroïens pour ses actions jugées intrusives, militarisées, aliénantes et déraisonnées. Certains remettent en cause l’efficacité de ses actions, affirmant l’effet inverse à celui attendu par Sea Shepherd : un regain d’intérêt pour cette pratique.
Le grindadráp est au centre d’un conflit environnemental opposant depuis les années 1980 ONG environnementalistes et Féroïens. Fortement médiatisées lors des interventions de ces ONG, les images du grindadráp laissent rarement indifférent l’œil du spectateur (photographie 6). Lors des campagnes les plus récentes, avec la croissance des réseaux sociaux, le grindadráp fédère en nombre à l'échelle internationale principalement contre lui. De l’intérieur, il fait partie intégrante de la société féroïenne et est soutenu par la plupart des habitants. Le processus conflictuel qui en découle s’articule en différents champs d’argumentation, notamment l’antériorité (registre classique dans un conflit environnemental ; Laslaz, 2005), la nécessité, la soutenabilité ou encore la moralité. Ce conflit intéresse le géographe à plusieurs titres : pratique locale mobilisant des organisations internationales, elle implique des échelles différentes et soulève des débats sociaux majeurs. Inscrit dans la société féroïenne et son environnement dans une perspective de fort gradient scalaire, le grindadráp peut être regardé comme un objet polémogéographique((La polémogéographie (du grec polemos, guerre) est l’étude spatialisée des conflits. Elle implique de s’intéresser aux rapports de force entre acteurs par leur traduction dans des lieux (d’occupation), des sites (de confrontation), des stratégies de contournement, d’affrontement, d’évitement. Elle postule que l’espace n’est pas un cadre, mais un dispositif socialisé du conflit (Laslaz, 2005 et 2016a).)). Au Nord-Ouest du continent européen, dix-huit îles forment l’archipel des Féroé, situé dans l’océan Atlantique nord à égale distance de l’Islande au Nord-Ouest et l’Écosse au Sud (carte 1), entre 61°20 et 62°24 de latitude Nord (Raoulx, 1992). D’une superficie de 1 399 km², les Féroé (Fær Œer) sont peuplées par 51 371 habitants (1er Janvier 2019, Hagstova Føroya((Banque de données statistique féroïenne.))) avec une densité moyenne de 36 habitants/km² (3 en Islande)((La population s’élevait à 8900 habitants en 1860, 24 200 dans les années 1930 et 48 000 en 1990 (Zimmermann, 1933 ; Raoulx, 1990).)). Comme sur cette dernière île, la population est très inégalement répartie sur l’ensemble du territoire, et se concentre principalement dans la capitale((Le terme se justifie par le fait que les Féroé sont considérées comme « nation constitutive du Danemark ». Colonisées par les Norvégiens au IXe siècle, dépendance danoise au XIVe siècle, les Féroé y sont rattachées directement depuis 1709 avant d’obtenir un statut d’autonomie en 1948 (avec gouvernement et parlement locaux), revendiqué dès 1906. La langue féringienne est la langue officielle.)) Tórshavn avec 13 131 habitants (26 % de la population, photographie 1 et carte 2).
Photographie 1. Ville et port de Tórshavn, la capitale des Féroé, depuis les hauteurs
Voir en grande résolution. Cliché : Fabien Pouillon, mars 2018. |
Cette macrocéphalie est encore plus marquée en intégrant les deux communes adjacentes à Tórshavn formant une unité urbaine avec cette dernière : Argir (2 143 habitants) au Sud et Hoyvík (3 942) au Nord, concentrant plus de 38 % de la population. Seconde ville de l’archipel, Klaksvík ne compte que 4 777 habitants. Les communautés s’organisent principalement autour de villages peu peuplés : 90 % des communes comptent moins de 1000 habitants et 52 % moins de 100 habitants, pour une population médiane par commune de 92 habitants (photographie 2).
Carte 1. Les îles Féroé en EuropeCartes de Fabien Pouillon, 2018. |
Carte 2. Une répartition inégale de la population des Îles Féroé, principalement concentrée dans la capitale
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Les Vikings ont apporté le grindadráp sur les îles féroïennes au Xe siècle. Cette méthode de chasse ne subsiste que dans cet archipel, même si elle peut ressembler à d’autres pratiques contemporaines de chasse dirigée au cétacé – rares à travers le monde. Le globicéphale (Delphinus globiceps), un petit cétacé appartenant à la famille des delphinidés, est la principale – mais pas l’unique – espèce chassée. Le féroïen grindadráp renvoie à grind pour « globicéphale » et dráp pour « tuer » (Joensen, 2009). Le mot grind est aussi employé pour qualifier le produit de la chasse (la viande et la graisse). Ainsi, grindadráp traduit une progression d’un sens (l’animal, le symbole marin et l’objet d’intérêt) à l’autre (la viande, l’usage de l’animal et la finalité de la chasse).
De la controverse largement médiatisée à sa cristallisation conflictuelle sur le terrain, l’opposition des acteurs engagés se traduit par des modalités spatiales différentes. Cet article propose de s’intéresser à cette tension autour du grindadráp comme prisme d’analyse des modalités de gestion du vivre ensemble. En mettant en regard des registres d’oppositions scalaires du conflit environnemental (l’Ici et l’Ailleurs, l’antériorité de la pratique versus l’évolution contemporaine du rapport à la nature), cette controverse présente le paradoxe d’avoir amélioré les techniques de chasse tout en renforçant la crispation, fédératrice, autour du principe même de la poursuite de cette dernière. Elle relève alors d’une figure classique du conflit environnemental qui passe par une mise en scène et officie comme activateur d’une cohésion sociale contre une ingérence extérieure.
Dans un premier temps, le déroulement de la chasse sera présenté, permettant de comprendre en quoi elle participe aux interactions sociales et conforte une certaine hiérarchie de la population de l’archipel. Les logiques spatiales de la chasse et de la distribution avec leurs lieux dédiés sont particulièrement expliquées. Dans un deuxième temps, les jeux d’acteurs à l’œuvre sont décryptés, qu’il s’agisse des méthodes des opposants puis des réactions que cela génère chez les pratiquants et plus largement chez les Féroïens. Dès lors, une prise de recul permet de replacer la controverse autour du grindadráp dans un spectre d’analyse plus général.
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1. Scènes de chasse et jeux d’acteurs à l’œuvre
Le grindadráp comprend plusieurs étapes impliquant des personnes de statuts, fonctions et rôles différents. Derrière l’image très désordonnée diffusée par les vidéos exposant l’abattage et visant à susciter le dégoût, se cache une pratique socialement codifiée, hiérarchisée et spatialement très organisée (Fielding et al., 2015). Du repérage du banc de cétacés à la répartition des prises après l’abattage, la chasse tient une place importante dans la structure sociale (Singleton et Fielding, 2017) et l’organisation spatiale des Îles Féroé.
1.1. Une chasse par regroupement et échouage très réglementée et hiérarchisée
Le déroulement du grindadráp exige un engagement communautaire volontaire et amateur, où chaque participant tient un rôle particulier dans un système hiérarchisé. Cette organisation est marquée par la place du grindadráp dans l’histoire des Îles Féroé : l’isolement et la rudesse du climat ont rendu l’exploitation des ressources terrestres difficile et conféré aux espèces marines (en particulier aux cétacés) un caractère providentiel, pouvant mettre à l’abri de la famine. Ainsi, le repérage du banc de cétacés a constitué une étape cruciale, pouvant conditionner sa prise ou sa perte, et son signalement est obligatoire (Joensen, 2009). Ce repérage est cependant laissé à la chance et s’effectue la plupart du temps par des pêcheurs en mer.
Croquis 1. La direction du banc vers la baie d'abattage
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Une fois le banc signalé, les bateaux se rassemblent, le regroupent et le dirigent avec une méthode similaire à celle utilisée pour le bétail ovin (croquis 1). Pour ce faire, les bateaux forment un demi-cercle autour du banc, la partie concave de l’arc ainsi constitué donne la direction souhaitée vers son ouverture (croquis 1, position 1). Les globicéphales, fuyant le bruit provoqué par les bateaux et les hommes, sont ainsi dirigés à proximité de la baie. Autrefois, le banc était alors « caché » à distance du lieu éventuel de l’abattage (croquis 1, position 2) pour permettre aux chasseurs de s’équiper et se préparer pour le dernier mouvement vers la côte : le banc encerclé est calme et certains bateaux font des allers-retours vers la plage pour collecter des outils nécessaires à l’échouage et l’abattage (Joensen, 2009). Aujourd’hui, la rapidité des bateaux à moteur rend souvent cette étape inutile, le banc n’étant « caché » que lorsque les conditions en mer rendent l’échouage immédiat du banc trop compliqué. La dernière étape entraîne le banc de cétacés à l’échouage pour qu’il soit abattu. Les bateaux reprennent leur position d’arc de cercle si le banc a été « caché » (croquis 1, position 3) et les équipages produisent le plus de bruit possible pour le pousser dans les eaux moins profondes, jusqu’à l’échouage. |
Photographie 2. Village de Bøur, en fond de baie (île de Vágar)
Bøur, avec sa plage où se pratique le grindadráp, est un petit village représentatif de ces communautés humaines longtemps isolées. |
Les différentes étapes du grindadráp sont soumises à un ensemble de règles, donnant aux divers participants des rôles particuliers pendant la chasse (Joensen, 2009 ; Kerins, 2010). Le sýslumaður, un officier de police en charge de l’ensemble de son déroulement, prend la majorité des décisions pour les grindadráp se déroulant sur son district, du choix de la baie d’abattage (photographie 2) à la part de la prise accordée aux différents ayant droit. Il désigne aussi les rôles tenus par les différents participants. Le sýslumaður est assisté par des grindaformenn (quatre par baie), assistants de chasse élus publiquement.
Cet abattage n’est autorisé que sur certaines plages, reconnues officiellement pour leurs caractéristiques garantissant sa sûreté et son efficacité. La plage doit être assez grande, sableuse, en pente douce et régulière pour éviter que les cétacés ne sentent un obstacle devant eux et pour permettre aux chasseurs à terre de s’avancer dans l’eau jusqu’aux cétacés sans perdre pied (photographie 3). Aujourd’hui, le grindadráp est autorisé sur 23 plages (carte 4), la plupart associées à des villages proches. Leurs habitants se regroupent aux abords de la plage pour observer l’abattage et les chasseurs à terre pour préparer le matériel de chasse et attendre l’échouage.
Carte 4. Les lieux de pratique du grindadráp aux îles Féroé
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Photographie 3. Plage de Sandagerð (Tórshavn) où se pratique le grindadráp
Voir en grande résolution. Cliché : Fabien Pouillon, mars 2018. |
Depuis 2015, il est nécessaire de posséder un permis pour pouvoir participer à une chasse, obtenu après le suivi de cours sur l’utilisation de la « lance rachidienne » (photographie 4), un nouvel outil introduit la même année pour une méthode d’abattage plus « humaine », suite aux pressions des ONG. Lorsque les cétacés sont en eaux peu profondes ou échoués, les chasseurs sur la plage s’avancent jusqu’à eux, le chasseur à la tête insère dans l’évent un crochet relié à une corde (photographie 5) et d’autres hissent le cétacé pour le stabiliser au bord de la plage. Un second chasseur vient abattre le cétacé grâce à cette lance qui sectionne la colonne vertébrale et les artères adjacentes.
Photographies 4. et 5. Lance rachidienne (haut) et crochet à évent (bas)
Cliché : B. Hanusson, 2016. Avec l’aimable autorisation de l’auteur. |
Enfin, le cou du cétacé est entaillé jusqu’aux côtés pour le vider de son sang (photographie 6). L’animal est ensuite hissé jusqu’au quai ou remonté sur la plage au-dessus du point de marée haute, et vidé de ses entrailles avant de faire l’évaluation et la distribution de la prise (Joensen, 2009 ; Kerins, 2010).
Photographie 6. Grindadráp à Porkeri (île de Suðuroy)
Dépeçage des animaux, partage de la viande et de la graisse de baleine devant une partie du village. |
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Graphique 1. Une vision diachronique de la chasse aux cétacés aux Féroé entre 1951 et 2017
Source : http://www.hagstova.fo/en, février 2019. Réalisation L. Laslaz et J.-B. Bouron, 2019. |
Le graphique 1 permet de saisir l’ampleur du phénomène, sa forte recrudescence dans les années 1970 et son tassement depuis le milieu des années 1990, peut-être concomitante avec la mobilisation internationale. Seule l'année 2014 a toutefois été réellement marquée par une campagne de sabotage active du côté de Sea Shepherd pour empêcher directement la chasse : patrouilles en mer, déviation des bancs de globicéphales. La prudence est ainsi de mise dans la mesure où ces évolutions sont liées au hasard du repérage, de la taille du banc, des sources de nourriture situées ailleurs certaines années, des caractéristiques des différents courants et moins aléatoirement du succès de la chasse. Toutefois, un intérêt accru de la population pour la chasse ne se traduit pas nécessairement par une augmentation du nombre de chasses ; à titre de comparaison, le bilan de la chasse était estimé dans la décennie 1930 à 350 ou 400 têtes les bonnes années (Zimmermann, 1933, p. 52).
1.2. La redistribution : de logiques collectives à des pratiques individualistes
Par le passé, le grindadráp a permis aux Féroïens d’assurer à l’ensemble des communautés une certaine sécurité alimentaire. Aujourd’hui, la redistribution a toujours lieu et tous les Féroïens peuvent prétendre à une part de la prise lorsqu’un grindadráp a lieu sur une plage associée au district auquel ils appartiennent (carte 5). La « part résidentielle » n’est ainsi redistribuée aux habitants que lorsque la prise permet de compenser les dommages matériels et corporels liés à la chasse et que les participants, qui y ont investi du temps, des moyens matériels ou financiers, ont reçu leur part comme reconnaissance de cet engagement (Joensen, 2009).
Carte 5. L’inscription spatiale de la distribution : une organisation par districts selon la baie d’abattage
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Si signaler le repérage d’un banc est chose facile aujourd’hui grâce aux équipements électroniques, jusqu’à la deuxième moitié du XXe siècle, il fallait composer avec l’insularité pour transmettre l’information (Joensen, 2009). Le « grindaboð » est le message passé par relais de village en village pour informer de la présence des cétacés. Les distances-temps pouvant être élevées, les conditions dures et l’insularité très marquée, un système de communication s’est mis en place pour composer avec ces rugosités. Dans les îles du Nord de l’archipel, le grindaboð était ainsi transmis entre les différentes îles et communes de différentes manières (id.), par signaux de fumée, par coureurs, rameurs ou en criant (carte 6).
Carte 6. Le passage du grindaboð : composer avec l’insularité
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2. Les modalités d’une controverse en suspens
De niveaux scalaires opposés, les acteurs de la controverse s’organisent autour de valeurs et d’enjeux défendus ou attaqués, se polarisent sur des nœuds et se connectent via diverses liaisons, donnant forme et substance aux tensions. En dénouant et confrontant les positions des différents acteurs de la controverse, il est possible de faire émerger une matrice conflictuelle à partir des données récoltées au travers du questionnaire, des entretiens, des observations de terrain mais aussi des échanges sur les réseaux sociaux. Marquée par une forte binarité, cette matrice fait ressortir deux positions contraires : les acteurs locaux soutenant pour la plupart le grindadráp et les acteurs exogènes y étant opposés.
2.1. Le positionnement des opposants et la contestation de leurs méthodes
Peu connu et peu médiatisé à l’extérieur des îles Féroé et des pays nordiques avant la fin du XXe siècle, le grindadráp constituait alors une particularité locale sans véritable opposition. Les premières formes de controverse suivent la venue des ONG et leur médiatisation de la chasse dans les années 1980. L’ONG Greenpeace est la première à se rendre aux îles Féroé pour documenter la chasse au rorqual commun en 1981 ; ses activistes repartent après avoir assisté à trois grindadráp en condamnant cette pratique. Sa « découverte » en Europe suscite de fortes contestations, l’envoi de milliers de lettres, pétitions et plus tard courriels au gouvernement des îles Féroé. Le grindadráp est porté jusqu’à la Commission Baleinière Internationale qui refuse de le placer sous sa régulation, car il concerne uniquement les petits cétacés. Greenpeace se retire de l’opposition en 1985 en raison des modifications apportées à la méthode d’abattage suite à la demande des ONG pour la rendre plus humaine (interdiction de certains outils remplacés par d’autres) et en reconnaissant le caractère « traditionnel » et de subsistance de la chasse. Paradoxalement, les contestations du grindadráp assurent sa pérennisation dans la mesure où elles entraînent une évolution des techniques utilisées. La seconde intervention d’une ONG a lieu en 1986, avec Sea Shepherd((Le slogan de l’ONG est « Be a whale warrior » ; son chef, P. Watson, est un ancien de Greenpeace qui a quitté cette association qu’il jugeait trop molle pour créer Sea Shepherd Conservation Society en 1977 et prôner des méthodes plus radicales qu’il a théorisées (Watson, 2015). Suite à un abordage de bateaux pêchant des requins pour leurs ailerons au large du Costa Rica en 2002, un mandat d’arrêt international a été prononcé contre lui et a conduit à son arrestation en 2012 à Francfort-sur-Main. Le Japon a aussi demandé son extradition désignant comme « éco-terroriste » celui qui s’est en 2014-2015 abrité en France. Il a alors été qualifié de « premier réfugié politique écologiste » et est toujours recherché par Interpol (Laslaz, 2016a).)) qui relaie largement dans les médias les images du grindadráp. Elle demeure la principale organisation à mener régulièrement des actions aux îles Féroé, et de loin la plus suivie. Depuis, de nombreuses ONG à travers le monde sont impliquées dans la controverse, et Sea Shepherd est toujours en campagne depuis 2016 (« Operation Bloody Fjords »), cette fois d’un point de vue politique et juridique, sans intervention sur le terrain.
Les figures 1 et 2 synthétisent sous forme de matrice conflictuelle les opinions collectées grâce aux 56 réponses aux questionnaires, et mettent en avant les différents champs d’argumentation polarisant la position des opposants, reflétant les informations divulguées par les ONG. Les réponses décrivent principalement l’abattage des cétacés, phase de loin la plus médiatisée par le biais d’images sanglantes, ignorant ainsi le rôle structurant de cette pratique pour les sociétés féroïennes. Les mots utilisés par les opposants reflètent cette représentation du grindadráp, l’abattage étant presque l’unique objet décrit. Cette chasse est perçue par ses opposants comme une pratique inutile, cruelle et dépassée, déconnectée de la société ou de besoins économiques.
Figures 1. et 2. Les îles Féroé et le grindadráp au travers des réponses des opposants
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2.2. La posture des partisans pour la pérennisation d’une activité fédératrice
La majorité des Féroïens défendent le grindadráp, dans la mesure où il relève d’un ensemble de pratiques de subsistance toujours d’usage aux îles Féroé, avec la chasse aux oiseaux de mer et la pêche (Kerins, 2010). Maurice Zimmermann (1933, p. 52) rappelait que la population paysanne du début du siècle privilégiait le mouton (qui a donné son nom à l’archipel ; 105 000 en 1905, 64 000 en 1930, 70 000 ovins en 1990 jusqu’à aujourd’hui) aux cultures (orge, pomme de terre, rave), avant de massivement se tourner vers la pêche à fin du XIXe et au début du XXe siècle : cette conversion halieutique est donc tardive et l’idée d’une civilisation de la mer dans cet archipel profondément terrien, caractérisé par le bygd (les bygdir sont les villages), est à relativiser (Raoulx, 1990, p. 134) (photographie 7). Le salage du poisson (klipfisk, morue salée et séchée) a contribué à l’exportation et à l’essor de l’activité de pêche.
Photographie 7. Village et port de Klaksvík, en fond de baie
Les profondes échancrures des baies et la place de l’élevage ovin extensif marquent le paysage des îles Féroé. |
Le grindadráp fait partie intégrante de la société, la viande et la graisse de globicéphale sont consommées régulièrement et représentent avec ces autres usages une part importante du régime alimentaire des Féroïens. La nécessité d’un investissement collectif et le rôle communautaire du grindadráp ont contribué à la création et au maintien de liens sociaux ; aujourd’hui, parce qu’elle est controversée et qu’elle représente une alternative économique et culturelle (Bogadóttir & Olsen, 2017) aux échanges marchands classiques, elle suscite la cohésion et un intérêt nouveau, particulièrement chez les jeunes. Les opinions des partisans collectées grâce au questionnaire, représentées par les figures 3 et 4, permettent de faire ressortir la dialogique sous-jacente de la controverse. Les arguments utilisés par les habitants répondent en grande partie aux mots employés par les opposants pour qualifier le grindadráp, mettant en avant les valeurs d’utilité alimentaire, écologique et économique ainsi que sa place dans la culture féroïenne.
Figures 3. et 4. Les îles Féroé et le grindadráp au travers des réponses des défenseurs
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« Le grindadráp est une part de notre culture qui devrait être inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il est important de prendre soin de cet héritage, qui fait partie de notre histoire et qui pourrait être perdu à jamais. » nous répond Ólavur Sjurðarbjerg, président de l’association Grindamannafelagið lors d’un entretien (Pouillon, 2018). La tradition est une valeur centrale dans la controverse avancée par les deux bords pour faire apparaître le grindadráp comme accessoire ou, au contraire, rituel. Transmis de génération en génération, sa valeur d’héritage et son ancrage dans la société féroïenne lui confèrent son caractère traditionnel, argument souvent déployé dans les conflits environnementaux. En 1985, l’Association Féroïenne des Chasseurs de Baleines (Grindamannafelagið) est créée pour communiquer et informer sur le grindadráp à l’étranger et dans l’archipel. Malgré son caractère insulaire, ce dernier a toujours été connecté au monde économique et politique extérieur, la société se construisant avec ou contre ces influences.
Au-delà de son utilité économique et alimentaire, le grindadráp joue un rôle de lien social (Kerins, 2010). Avant le développement des moyens de transport motorisés rapides aux îles Féroé (photographie 8), il était une occasion pour les différentes communautés de se retrouver et d’échanger (Joensen, 2009), et permettait de construire et de maintenir des réseaux de connaissances et des échanges matrimoniaux.
Photographie 8. Vue d’hélicoptère sur l’île d’Eysturoy avec un village isolé, tourné vers l’intérieur, accessible par la route
Voir en grande résolution. Cliché : Fabien Pouillon, mars 2018. |
Aujourd’hui, ce rôle de connexion s’est amoindri et a été remplacé par un effet de cohésion nationale autour d’une pratique à défendre face aux injonctions extérieures. « Ils nous unissent autour du grindadráp. Ils ont éveillé l’intérêt des jeunes, non parce qu’ils s’intéressent à la chasse, mais parce qu’un autre mode de vie leur est imposé. Nous devrions être contrôlés à distance depuis New York, Paris, Londres. Cela crée une réaction défensive ici et vous pouvez remercier Sea Shepherd pour ça. » affirme Hans Jakob Hermansen lors d’une discussion dans le film documentaire The Islands and the Whales (Day, 2016). Les méthodes directes d’interposition et de sabotage employées par cette ONG lors de ses dernières campagnes ont laissé un fort sentiment d’incompréhension et d’aliénation aux îles Féroé. Les arguments et méthodes utilisés par ces acteurs exogènes sont vécus sur cet archipel comme de « l’impérialisme culturel » et de « l’écoterrorisme » (termes issus des entretiens), renforçant la mobilisation des Féroïens autour du grindadráp. Cette réaction rejoint l’analyse de Denis Retaillé (2005, p. 192) qui affirme que « les lieux de la controverse sont aussi des moments de prise d’identité dans la gestion de la distance ». Dans ce contexte, le traitement réservé à l’animal est devenu fondamentalement politique, dans le sens premier du terme, impliquant la gestion du vivre ensemble. Parce qu’elle catalyse les liens sociaux et les revendications culturelles, la controverse fédère.
2.3. Une controverse en phase d’apaisement à replacer plus largement dans le débat sur la chasse aux cétacés
Dans les jeux d’acteurs précédemment décrits, les phases conflictuelles sont devenues rares, ponctuelles dans le temps et dans l’espace. La controverse (Tricot, 1998 ; Mounet, 2007) l’emporte désormais, avec une moindre ampleur spatiale, temporelle et actorielle que la tension ou le conflit (Laslaz, 2015 et à paraître 2019). Ce dernier découlait de la stratégie mise en œuvre par Sea Shepherd d’arraisonner les navires piégeant les globicéphales dans une baie. Des formes d’altercation, de violence verbale, voire physique, existaient alors. Après une apogée au début des années 2010, les confrontations entre acteurs ont disparu depuis 2016, les activistes de l’ONG ne venant plus sur place (cf. 2.1). D’abord parce que la pratique recule, au gré de l’érosion de la tradition. Ensuite, parce que Sea Shepherd a trouvé d’autres fronts de bataille (notamment la lutte contre la pêche aux ailerons de requins utilisés dans la pharmacopée et la cuisine asiatiques, la défense des tortues marines…).
Désormais, quand les activistes se contentent de faire fuir les cétacés, il n’existe plus de forme de violence manifeste. En parallèle, celle bien réelle exercée lors de l’abattage des globicéphales, érigés en symboles de nature et d’innocence (Van Ginkel, 2005 et 2007), est aussi ressentie comme une agression par les militants de la défense des animaux et de la vie marine. Cette violence est largement médiatisée et relayée par les eaux rougies de sang des baies où se pratique le grindadráp (photographie 6) : par la projection d’images se cristallise le paroxysme conflictuel. Toutefois, quand bien même l’intensité conflictuelle diminue, les discours opposant archaïsme ou passéisme et modernité, intérêt local et intérêt général voire global, économie à court terme et désintéressement, violence et respect de la vie continuent à structurer la rhétorique commune des conflits environnementaux.
En revanche, la violence demeure symbolique dans le sens où, par leurs actions, les ONG attaquent ce qui est considéré par les Féroïens comme une tradition et un mode de vie. La contestation du grindadráp est ainsi passée en quelques années de la phase de destruction et de dégradation matérielle à celle de manifestation, notamment par le biais des réseaux sociaux, marquant un déclin de la violence matérielle dans le conflit (figure 5).
Figure 5. Une tentative de hiérarchisation de la violence en lien avec les conflits environnementaux
Source : Lionel Laslaz, 2016a. |
Au demeurant, les positions des différents acteurs relèvent de points de vue anthropocentrés, y compris du côté des environnementalistes. Ces derniers prêtent des sentiments aux globicéphales, postulant leur caractère inoffensif, renforçant leur capital de sympathie auprès du grand public. Cela témoigne de la forte dimension symbolique accordée aux animaux marins (Kalland, 1993), dans un contexte de multiplication des travaux autour de la géographie humanimale (Estebanez et al., dir., 2013 ; Estebanez, 2017). Le grindadráp relève de ce que Tim Ingold (2012, p. 183) nomme une « écologie de la sensation », entretenue à travers les relations aux animaux et aux autres éléments de l’environnement.
Devenu un problème public (Céfaï, 1996), le débat sur le grindadráp est à replacer dans un cadre plus large impliquant différentes échelles de temps et d’espace. Il s’inscrit premièrement dans le rejet de la chasse commerciale et industrielle des baleines, chasse dont la Norvège et le Japon, parfois l’Islande, ont été les figures de proue depuis les années 1980. Il s’en est suivi un débat sur le moratoire relatif à la chasse aux cétacés, obtenu en 1982 et effectif depuis 1986, même si des États dérogent aux règles internationales en ouvrant des quotas (Norvège) ou en revendiquant une « pêche scientifique », manière détournée pour le Japon de prélever de nombreux cétacés sans que la finalité scientifique ne soit vraiment établie (Delmas, 2017). En outre, ce débat s’élargit autour de la protection des espaces marins, en lien avec l’essor des aires marines protégées depuis 1975 et des projets de sanctuarisation dans les eaux internationales, voire de la haute mer dans sa globalité.
Deuxièmement, ce débat concerne la conversion des économies de la pêche (whaling) vers la valorisation du spectacle animal (whale watching) comme l’a montré Samuel Étienne (2005) pour l’Islande, avec l’abandon des ports baleiniers (1883-1989 ; effectif également dans les Féoré, photographie 9) et l’essor des excursions en mer portées par une croissance touristique sans précédent. En 2009, près de 25 % des touristes auraient pratiqué l’observation de cétacés en Islande (Cunningham et al., 2012). Ces auteurs considèrent que l’activité touristique est compatible avec la chasse mais qu’elle l’emportera à terme, pas d’un point de vue éthique mais économique ; les prélèvements de baleines évoluent ainsi, comme d’autres activités de chasse, vers l’observation (Chanteloup, 2015 ; Delmas et Guillaume, 2018).
Photographie 9. Ancienne station baleinière de Við Áir (île de Streymoy)
Voir en grande résolution. Cliché : Fabien Pouillon, mars 2018. |
Conclusion : le grindadráp, condamné à disparaître par la pollution des océans davantage que par les mobilisations internationales ?
Au cœur de l’environnement compris comme production sociale, le grindadráp fait figure de prisme permettant de juger de l’état d’une société. Ayant prouvé jusqu’ici sa résilience face aux mobilisations internationales par son adaptation (intrinsèque par modification des méthodes et outils, et extrinsèque par son rôle social cohésif), la pratique est cependant mise à mal par la dégradation des conditions environnementales (Fielding, 2010). Avec la pollution des océans, les cétacés – au sommet de la chaîne alimentaire – accumulent dans leur corps des polluants (mercure et PCB principalement) pouvant causer des problèmes de santé et remettant en cause leur comestibilité. Ces dernières décennies, les autorités de santé féroïennes ont recommandé aux Féroïens de limiter la part de viande de cétacé dans leur régime alimentaire ; depuis 2012, il leur est même conseillé de ne plus en consommer (Weihe et Joensen, 2012). Ces autorités concluent en soulignant « l’amère ironie » de devoir demander aux Féroïens de changer de régime alimentaire pour une pollution leur étant infligée depuis l’extérieur (id.). La dualité spatiale opposant un Ici et un Ailleurs semble entrer en résonnance avec ce dernier ressenti, où ironiquement l’exogène parvient à affaiblir la pratique locale sous une forme (pollution des océans) que combattent aussi les ONG engagées dans la controverse, se retrouvant sur le même principe que les défenseurs du grindadráp.
Deux enseignements plus généraux peuvent être tirés de cette tension autour du grindadráp. Le premier est que cette controverse permet de relativiser la part de la médiatisation dans la résolution du conflit ; si « faire savoir » le conflit contribue parfois à en sortir, il n’en est rien ici. Même si une amélioration des conditions de prélèvement des animaux est constatée, la controverse n’est pas soldée. Le deuxième revient à interroger la place de la nature dans les sociétés d’Europe du Nord qui, en dépit d’une vision supposée partagée et consensuelle, ne sont pas exemptes de tensions autour des questions d’environnement, comme de précédents travaux l’ont montré (Laslaz, 2014 ; 2016b).
Pour compléter
Bibliographie
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Fabien POUILLON,
Master 2 géographie et aménagement de la montagne, Université Savoie Mont Blanc
Lionel LASLAZ,
Maître de conférences HDR en géographie, Université Savoie Mont Blanc, Laboratoire EDYTEM, UMR 5204 CNRS / Université Savoie Mont Blanc
Mise en web : Jean-Benoît Bouron
Pour citer cet article :
Fabien Pouillon et Lionel Laslaz, « Le grindadráp aux Îles Féroé : approche géographique d’une controverse environnementale », Géoconfluences, avril 2019. |
Pour citer cet article :
Fabien Pouillon et Lionel Laslaz, « Le grindadráp aux Îles Féroé : approche géographique d’une controverse environnementale », Géoconfluences, avril 2019.
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/changement-global/geographie-des-animaux/grindadrap-feroe