Les jessour du Sud tunisien, mutations d’un système agraire et hydraulique en milieu aride
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Le climat aride, les reliefs accidentés, le régime pluviométrique irrégulier et déficitaire sont autant d’éléments qui classent le Sud tunisien parmi les régions péri-désertiques marginales en matière de mise en valeur agricole. Cependant, au cœur de ces paysages montagneux s’est développée une forme d’agriculture en terrasses emblématique de la région : les jessour. Répondant aux caractéristiques d’une agriculture de conservation des eaux et des sols, ces ouvrages de petite hydraulique permettent également d’obtenir des rendements élevés.
Devant les mutations socio-politiques, démographiques et économiques qui ont jalonné le XXe siècle en Tunisie, ni le secteur agricole, ni les systèmes populations-ressources, n’échappent à une recomposition de leur structure. Pour comprendre les dynamiques qui animent les milieux ruraux du Sud tunisien, il est nécessaire d’en saisir la profondeur historique et la dimension multiscalaire. Aussi une campagne de terrain a-t-elle récemment été menée, faisant émerger certains questionnements concernant les évolutions de ce territoire en mutation, questionnements qu’un travail sur un ensemble de photographies aériennes a ensuite permis d’approfondir.
Face aux transitions politiques, agricoles et économiques en cours, le patrimoine hydraulique traditionnel qu’incarnent les jessour présente aujourd’hui un risque d’abandon au profit d’une agriculture de plaine, plus intensive. L’étude de ce système de production, particulièrement adapté à l’aridité du milieu, s’avère d’autant plus intéressante dans un contexte de désertification, d’intensification des systèmes de production et de pression croissante sur la ressource en eau. Au cœur de la présente réflexion se trouve finalement résumée la question de la durabilité et de la viabilité d’un système agricole : comment concilier croissance de la demande et stratégie de préservation des ressources ?
1. Les jessour : un dispositif traditionnel de gestion de l’eau à finalité agricole en milieu aride
Le Sud tunisien est une région aride marquée par la rareté autant que par l’intensité des épisodes pluvieux. L’agriculture s’est adaptée à ces contraintes hydriques et climatiques, aux conditions topographiques, géologiques et édaphiques du milieu. Les jessour implantés dans les Monts de Matmata en sont un exemple particulièrement éclairant – bien que de nombreux autres espaces ruraux du Sahel présentent des caractéristiques similaires.
1.1. Le Sud tunisien, une région aride marquée par la rareté de la ressource en eau
Le Sud tunisien est formé de trois grandes unités géomorphologiques (document 1). À l’Ouest, traversant la frontière algéro-tunisienne, les dunes du Grand Erg Oriental couvrent près de 200 000 km2 avant de laisser place au plateau du Dahar. Culminant à 713 mètres, il s’élève progressivement vers l’Est et s’achève par une crête abrupte, qui surplombe la plaine de la Djeffara (Camps, 1994). Entre ces deux ensembles dissymétriques, un relief de cuesta ((D’après la définition donnée par Max Derruau dans Les formes du relief terrestre (2010), « on appelle cuesta un relief dissymétrique réalisé par une couche résistante modérément inclinée et interrompue par l'érosion ».)) découpe le paysage. C’est sur le revers de l’une d’entre elle, au cœur de cette entité composite, que se trouve le Djebel Matmata.
Document 1. Le terrain d’étude dans son contexte régional

1a. Le relief des Monts de Matmata dans le Sud tunisien. Audrey Berly, 2024.

1.b. Coupe géomorphologique, des dunes du Grand Erg Oriental à la plaine de la Djeffara. Audrey Berly, 2024.
La région se caractérise par un climat saharien associé à une situation de déficit hydrique. Le cumul annuel des précipitations dépasse rarement les 200 mm sur l’ensemble des territoires du Sud, à la différence des gouvernorats du Nord, qui en reçoivent jusqu’à trois fois plus (document 2). De même que la bande côtière au nord-est, les monts de Matmata constituent une exception notable, bénéficiant de 220 mm/an. L’essentiel des pluies provient de l’influence des courants méditerranéens, favorisés par l’ouverture du Golfe de Gabès, et des perturbations subtropicales sahariennes, au sud-ouest (Romagny, Palluault, 2009 ; Ben Fraj et al., 2016).
Document 2. Climat et régime pluviométrique de la Tunisie : un gradient Nord-Sud

Au sein même de la région Sud, le régime pluviométrique apparaît comme fortement contrasté. Irrégulières dans l’espace, les pluies le sont aussi dans le temps (variabilité interannuelle et saisonnière) (Romagny et al., 2003). Les précipitations se concentrent généralement sur un nombre réduit de jours, 30 à 40 par an en moyenne (Ben Fraj et al., 2013). Les ressources en eau disponibles pour l’agriculture, « difficiles à maîtriser en raison de leur caractère aléatoire » (Floret, Pontanier, 1982), sont soumises à ce régime spasmodique. Floret et Pontanier (1982, p. 26) caractérisent le climat de la Tunisie pré-saharienne en ces termes : « des pluies peu abondantes, tombant pendant la période froide [de décembre à mars] ; une sécheresse quasi absolue entre mai et septembre ». La brutalité de ces épisodes pluvieux, associée aux quantités d’eau apportées sur une courte période, s’accompagne de conséquences diverses : ruissellement, inondations, érosion hydrique des versants et des sols cultivables, recharge partielle des nappes phréatiques, imprédictibilité du calendrier agricole. Enfin, les températures élevées, renforçant le pouvoir évaporant de l’atmosphère, participent de ce bilan hydrique nettement déficitaire. D’après Floret et Pontanier (1982, p. 51), « on constate en Tunisie présaharienne, un très important déficit hydrique, puisque, selon les cas, la demande évaporative est 7 à 12 fois plus importante que les apports d’eau par les pluies ».
1.2. Les monts de Matmata, un espace particulièrement propice au développement de l’agriculture
Dans les contreforts du Djebel Dahar se développe une agriculture particulièrement adaptée aux caractéristiques pluviométriques et géologiques de la région : les jessour (singulier : jesr). Cette technique agricole de mise en valeur des talwegs consiste à élaborer une succession de digues en terre – appelées tabias – épousant la largeur de la vallée perpendiculairement au sens d’écoulement des eaux (document 3 et 4). De forme trapézoïdale, elles atteignent généralement quelques dizaines de mètres de largeur, pour deux à cinq mètres de hauteur (Bonvallot, 1979). Ces digues, faisant fonction de barrages, permettent la concentration des alluvions arrachées aux versants des vallées par le ruissellement et la rétention d’une partie des eaux pluviales. Les limons accumulés se constituent en parcelles rendues fertiles par la nature argileuse du matériau. Le système permet de tripler les ressources hydriques disponibles à des fins agricoles, repoussant dans le même temps les limites écologiques offertes par le milieu (Baduel, 1980).
Document 3 : Un jesr, des jessour
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| Un jesr (à gauche), des jessour (à droite). Clichés : Ninon Blond. | |
La formation de parcelles riches et humides permet aux agriculteurs de cultiver des arbres fruitiers (oliviers et amandiers, principalement, mais aussi palmiers dattiers, figuiers, amandiers, abricotiers). Ce système à majorité arboricole est complété par la plantation de céréales (orge et blé), de légumineuses (fèves, lentilles, petits-pois) et de quelques légumes (Costa et al., 2023 ; Mollard, Walter, 2008).
Document 4 : L’agriculture en jessour

Loin de se limiter à leur seule dimension agronomique, les jessour remplissent un ensemble de fonctions (document 5), notamment d’un point de vue écologique. Ces ouvrages permettent de limiter l’érosion hydrique en réduisant les effets du ruissellement lors des épisodes de crues torrentielles. Ils préviennent également les inondations et contribuent à protéger les infrastructures et les espaces urbanisés. En outre, ils facilitent l’infiltration des eaux de surface dans les aquifères souterrains, qui alimentent de surcroît l’ensemble de la zone aval. En plaçant l’arbre au cœur du système, les jessour participent à la lutte contre l’érosion éolienne et la désertification (Michon et al., 2017). L’exploitation des jessour remplit également une fonction d’ordre socio-juridique. Elle est soumise à un ensemble de règles communautaires qui assurent une répartition équitable des eaux de surface, limitant ainsi les conflits entre les différents exploitants d’une même unité hydrologique (Romagny, Riaux, 2007, p. 1187 ; Baduel, 1980).
Document 5 : Les fonctions du jesr

Bien que caractéristique de la région, l’agriculture en jessour n’est pas propre au Sud tunisien. Elle partage des traits communs avec d’autres ouvrages présents dans le bassin méditerranéen, voire au-delà (Blond, 2019). Les travaux de Yair (1985) évoquent, par exemple, des aménagements similaires en bordure du désert du Neguev, une région qui présente des propriétés géologiques proches de celles des Monts de Matmata.
On reconnaît aux jessour une origine ancienne, parfois même établie dans l’Antiquité (Ben Ouezdou, Ben Kehia, 2006). Mais le moment précis de leur apparition dans la région reste débattu (Blond et al., 2019) : certains auteurs la situent davantage au IIe–IIIe siècle de notre ère (Ballais, 1990), d’autres au XIIe siècle (Ben Fraj et al., 2016). D’aucuns supposent par ailleurs que les influences culturelles – en particulier romaines – ont joué un rôle dans le développement de ce dispositif de gestion de l’eau dans le Sud tunisien et plus généralement au Maghreb. Despois (1956, p. 49) rappelle néanmoins qu’il « n’est pas toujours nécessaire, pour expliquer les techniques agraires d’un pays, de faire appel à des influences extérieures […]. Il n’y a pas de raison pour ne pas admettre [que l’agriculture en terrasse] n’est pas née spontanément, en même temps qu’une civilisation rurale originale, dans le monde berbère des contrées présahariennes ».
2. Evolutions d’un système hydro-agricole traditionnel, de l’Indépendance jusqu’à nos jours : regard diachronique sur les paysages ruraux sud-tunisiens
Depuis le XXe siècle, le Sud tunisien a connu de nombreuses recompositions, tant sur le plan agricole que politique, économique et social. Il s’agit à présent d’interroger l’adaptation d’un modèle séculaire et traditionnel aux mutations récentes.
Encadré 1 : Méthodologie
La méthode utilisée permet de documenter l’évolution des paysages et des pratiques agricoles dans la région, depuis l’Indépendance jusqu’à nos jours. Ce travail s’appuie sur un corpus composé d’images satellitaires contemporaines (Google Satellite, 2023) et de photographies aériennes issues de la Mission Vol n° 67, effectuée le 25 septembre 1954 par l’Escadrille d’Outre-Mer 86 (clichés n°001 à 174, Archives de la Défense). Cette étude poursuit la réflexion engagée en 2018 par N. Blond, N. Jacob-Rousseau, D. Ouerchefani et Y. Callot, dont le travail concerne la partie sud du massif, quand nous nous concentrons davantage sur la zone nord. Les points Ejjfara - Ouled Boubaker - Ghomrassen - Techine dessinent le quadrilatère correspondant à la zone d’étude concernée, qui s’appuie sur les clichés n°175 à 365 de cette Mission Vol. L’acquisition récente des images pour la partie Nord a permis de confronter les résultats obtenus, après adoption d’une méthode d’enquête similaire à celle de 2018. Le géoréférencement des 174 images aériennes s’est d’abord imposé afin de couvrir l’ensemble de la zone d’étude. La manipulation a été effectuée à l’aide d’un logiciel de S.I.G. (Système d’Information Géographique). Malgré la précision des opérations, certains décalages subsistent. La seconde partie du travail repose sur la numérisation conjointe des photographies de 1954 et des images contemporaines, suivie d’une superposition des deux supports, impliquant quelques ajustements manuels par souci de précision. Devant l’impossibilité d’étudier l’intégralité de la zone, un travail de sélection s’est avéré nécessaire, afin de ne conserver qu’un échantillon représentatif des espaces, des phénomènes et des dynamiques récurrentes. Quatre espaces ont ainsi été numérisés (document 6). La zone d’étude inclut des territoires variés. Il a donc été nécessaire de représenter cette diversité par autant d’espaces ruraux (7 et 12) que d’espaces urbains (10 et 11), lesquels sont localisés tant dans le nord que dans le sud.
Document 6. Cadrage des zones d’études cartographiées

Document 7. Au cœur des monts de Matmata, l’abandon progressif de la culture en jessour

La montagne est gagnée par la déprise agricole. L’état d’entretien des ouvrages permet d’identifier les territoires concernés par le phénomène. Ce secteur (document 7) est particulièrement représentatif : sur une surface de 5 km2 on peut identifier six tabias (digues) traversées de ravines (document 8). Le phénomène d’érosion régressive est révélateur d’un manque d’entretien des parcelles et indique l’abandon du jesr. Les brèches sont concentrées dans une même vallée qui occupe la partie sud de la zone représentée. On peut également relever l’évolution de la couverture végétale, beaucoup moins dense qu’au siècle dernier. Toutefois, si la diminution du couvert végétal permet d’illustrer la déprise, elle ne constitue en aucun cas un argument suffisant. En effet, un recul de l’arboriculture ne permet pas d’indiquer avec certitude l’abandon des parcelles : il pourrait tout aussi bien s’agir d’un changement de vocation agricole (au profit de la céréaliculture par exemple), ou de l’influence de la saisonnalité sur l’apparence des cultures. C’est bien parce que cette régression s’accompagne d’un phénomène de ravinement conséquent que l’on peut parler de déprise agricole. Les illustrations 8 et 9 sont révélatrices de l’ampleur de l’érosion et permettent de prendre la mesure de la profondeur des ravines.
Document 8. Étude comparé de l’état des parcelles, 1954 et 2023
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Le document 8 offre une vue plus détaillée d’un jesr présent dans l’angle sud-est du document 7. On peut très clairement y observer la déprise qui touche les ouvrages hydro-agricoles traditionnels de la région. L’élément le plus saillant est l’emprise des ravines (encadrées en rouge) sur les deux parcelles centrales, symptôme d’un processus de suffosion résultant du manque d’entretien des parcelles. Les cavités se créent au niveau de la tabia puis s’élargissent progressivement, à mesure de l’érosion hydrique, jusqu’à devenir coalescentes (Blond, 2018 ; Bkhairi, 2012). La ravine de droite a une forme réticulaire caractéristique et colonise le jesr « en doigts de gants » ; celle de gauche est plus allongée, mais les deux finissent par se rejoindre. Dans les deux cas, les brèches ont remplacé les plantations. Il est possible que les jessour adjacents soient toujours entretenus, puisqu’ils ne montrent aucun signe d’érosion régressive et semblent toujours cultivés – les récoltes étant probablement destinées à l’autoconsommation.
Document 9. Photographie d’une ravine
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Ces deux photographies prises en 2018 illustrent la phase d’abandon. Au premier plan de la photographie de gauche, des troncs d’arbres morts jonchent le sol de la parcelle et un palmier est complètement dénudé. Pourtant, malgré ces éléments de déprise, on constate que quelques arbres subsistent. Cela suggère que l’abandon de ces parcelles n’est pas total, ni définitif. Les palmiers que l’on voit sur ces clichés sont entretenus et élagués. Leur récolte saisonnière est probablement destinée à l’autoconsommation, ou à un usage familial. S’il subsiste donc quelques vestiges de la mise en culture, cela ne doit cependant pas éluder le phénomène le plus marquant, qui reste l’abandon généralisé des jessour et de leur mise en culture. Clichés de Ninon Blond, 2018.
Le document 10 revient sur les dynamiques agricoles en milieu urbain et complète les observations tirées du document 7, lequel est centré sur un espace rural. La concentration de la population dans les villes accentue la pression urbaine et le changement d’usage des sols en montagne.
Document 10. Matmata, une ville qui se développe au détriment des terres agricoles

Encadré 2. La patrimonialisation de l’habitat troglodyte, vestige emblématique du Djebel Matmata
Le Djebel Matmata offre un patrimoine architectural riche dont l’habitat troglodyte vertical est emblématique. Ce modèle original s’explique notamment par des facteurs géologiques : le caractère compact et l’épaisse couche de limons ont permis aux habitants de creuser leurs demeures en profondeur, tout en évitant l’affaissement des fondations. Ces dernières sont formées d’un puits faisant office de cour et sur laquelle s’ouvrent différentes pièces aux usages variés (chambres, cuisines, celliers, entrepôts…). Elles constituent également une adaptation aux contraintes climatiques, les habitations étant conçues pour laisser pénétrer la lumière tout en y maintenant la fraîcheur. L’habitat troglodytique de Matmata a aujourd’hui perdu ses fonctions initiales (résidentielles, socio-économiques) et fait l’objet d’un processus de patrimonialisation. Plébiscité par le gouvernement depuis les années 1980, il constitue l’un des hauts sites du tourisme saharien dans le Sud tunisien : Matmata offre une capacité d’hébergement modeste basée sur d’anciennes résidences troglodytes converties en hôtel, assorties de paysages « lunaires » (et dans lesquelles George Lucas a tourné quelques scènes de la saga Star Wars). À l’échelle de la carte, une quarantaine d’habitations (sur un total de 250) ont suivi un processus de mise en valeur à des fins touristiques et patrimoniales. Pour préserver cet héritage, une procédure d’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO a été lancée en 2020 (Kebaïli Tarchouna, 2019 ; Boukhchim, 2019).
Cette cartographie des alentours de Matmata est caractéristique de l’évolution des paysages urbains dans la région, entre les années 1950 et aujourd’hui. L’architecture troglodytique traditionnelle se transforme et cède la place à un habitat moderne en pleine extension. D’abord concentrée au niveau du noyau urbain, à l’intersection des axes routiers, la croissance urbaine est rapidement limitée par le relief. On note alors sa progression vers le sud, profitant d’une topographie plus plane. Aussi, les aménagements en terrasses jouxtant le centre urbain sont gagnés par l’urbanisation et perdent leur fonction agricole. À l’échelle de la carte, cela correspond à une perte de 8 % des terres. La plaine, quant à elle, ne connaît pas les mêmes dynamiques agricoles (document 11).
Document 11 : De la montagne aux piémonts : la « descente » de l’agriculture dans la plaine de la Djeffara (1954 – 2024)

À l’échelle de l’espace représenté, la zone cultivée sur les piémonts en 2024 est 7,5 fois supérieure à celle de 1954. L’agriculture de montagne a progressivement laissé place à une agriculture de plaine, pour répondre à l’évolution de la demande alimentaire. La croissance démographique a entraîné – autant qu’elle a été permise par – une extension des surfaces cultivées, l’amélioration des rendements et la multiplication des périmètres irrigués. La surface cultivée en jessour a, quant à elle, presque doublé. Si cette progression est moins impressionnante, elle reste notable en ce qu’elle permet de nuancer un constat de déprise généralisée à l’ensemble des territoires montagnards. Les opérations de réhabilitation ne sont pas isolées. En comparant le réseau de tabias entre 1954 et 2024, on peut identifier d’autres espaces mus par cette dynamique (document 12).
Document 12 : La déprise agricole dans les territoires ruraux du Sud tunisien, un constat à nuancer

L’ensemble de la partie sud de la zone d’étude est révélateur d’un mouvement de revivification des formes d’agricultures traditionnelles. Le secteur choisi est le plus emblématique : en 1954, il y avait 316 tabias ; en 2023, 1003. La totalité des ouvrages existants a été conservée – qu’ils aient été complètement reconstruits, ou simplement entretenus au fil des années – et 687 nouvelles structures sont apparues. Il est à noter que le cas représenté reste marginal, tout du moins, il est ici d’une ampleur surprenante. Si ce genre de phénomène n’est pas rare, les formes de revivification sont généralement plus discrètes, plus diffuses et moins emblématiques.
Cette étude de document nous renseigne sur les trajectoires empruntées par différents types de territoires rencontrés dans le contexte du Sud tunisien, à commencer par le dualisme plaine/montagne. Si la première connaît une mise en valeur croissante de sa superficie, la seconde témoigne d’un net phénomène de déprise. Aussi peut-on retenir une tendance générale à l’abandon des jessour qui se caractérise principalement par un processus de suffosion résultant d’un manque d’entretien des parcelles. Ce constat peut naturellement être nuancé, on pense notamment aux diverses formes de revivification des systèmes traditionnels de conservation des eaux et des sols, bien que ces dynamiques restent marginales. Le moment est venu d’interroger ces conclusions en cherchant à déterminer l’origine, souvent systémique, des phénomènes observés.
3. Des facteurs hydro-morphologiques, socio-économiques et politiques à l’origine des mutations agricoles
Au cours du XXe siècle, le Sud tunisien a été exposé à un ensemble de mutations socio-économiques, héritées des bouleversements politiques du siècle précédent, qui ont profondément modifié les modes d’occupation de l’espace. La révision de la structure agraire et des politiques d’exploitation de la ressource a progressivement bouleversé les relations entre les sociétés rurales et leur environnement.
Ces évolutions relèvent de phénomènes complexes et interconnectés. Les travaux d’Auclair (2001) et Picouët (2001) nous incitent à « renoncer à la fiction de sociétés rurales mues par un déterminisme géographique étroit et homogène du point de vue de leur relation à l’environnement » (Auclair, 2001, p. 242). Il s’agit ici de brosser une ébauche des multiples facteurs composant ce tableau, afin de comprendre l’origine de la tendance à l’abandon progressif de la pratique traditionnelle des jessour. À ce titre, une chronologie de la succession des politiques agricoles en Tunisie peut s’avérer utile (document 13).
Document 13. Histoire des politiques agricoles en Tunisie depuis l’Indépendance

L’occupation coloniale française (1881 – 1956) a amorcé la déstructuration des modes d’occupation de l’espace rural. La mise en place du protectorat s’est accompagnée d’une politique de sédentarisation, dictée par un motif de contrôle et d’intégration des sociétés rurales au système colonial. Pour encourager ce processus, les populations étaient incitées à développer l’oléiculture, engendrant par ailleurs la désintégration progressive des systèmes traditionnels d’exploitation des ressources et la désaffection des sociétés à l’égard des modes de vie nomades et semi-nomades. Les années 1920 annoncent une nouvelle phase d’expansion spatiale, commune à la plupart des espaces ruraux méditerranéens à la même époque et qui s’accélère à partir des années 1940 : la population rurale, d’abord installée dans les vallées du Djebel Dahar, « descend » sur les piémonts, progressant vers la plaine de la Djeffara (Guillaume, 2009 ; Guillaume, Genin, Nouri, 2006, p. 95). À l’Indépendance, la politique adoptée par l’État contemporain s’inscrit dans la continuité de celle de l’État colonial, et poursuit les évolutions déjà en cours.
On peut également rechercher l’origine de ces mutations dans un ensemble de facteurs socio-économiques qui accompagnent les décisions politiques. L’hypothèse démographique est fréquemment avancée. Si la tendance démographique s’est stabilisée au cours des années 2000 (Doignon, 2020), elle a connu une croissance soutenue à partir des années 1930 (Auclair, 2001), entraînant une augmentation de la demande alimentaire, elle-même sous-tendue par l’amélioration du niveau de vie, du pouvoir d’achat et l’urbanisation (Elloumi, 2006). Cela peut expliquer la multiplication des surfaces cultivées dans le document 11 : situées à proximité de la Nouvelle Matmata, ces dernières ont tout l’espace offert par la plaine pour s’étendre. En montagne, en revanche, la pression urbaine est responsable d’une disparition des terres cultivées (document 10), possiblement liée au manque d’espace nécessaire pour l’expansion de la ville (et de l’agriculture) dans la vallée.
Les changements administratifs, politiques et socio-économiques, amorcés dès la fin du protectorat, sont également déterminants dans le phénomène de désaffection qui fragilise les jessour depuis le début du XXe siècle. La circulation de plus en plus rapide des biens, des techniques et des personnes, au nom de la mondialisation capitaliste, a signé le passage d’une économie de subsistance à une économie de marché (Auclair, 2001). Les années 1970 marquent ainsi l’engagement de l’agriculture dans un processus de libéralisation et d’ouverture économique aux marchés européens et mondiaux. Ce dernier s’accompagne d’une intensification de l’exploitation des ressources en eau et en sols et plus globalement d’un recul du rôle agricole de cette région par rapport aux plaines du Sahel tunisien et du Cap Bon.
En outre, l’héritage de la période coloniale se traduit par un changement des statuts fonciers, à l’origine d’un renforcement du statut de la propriété privée. Aussi la progression de l’agriculture dans la plaine centrale répond-elle, au niveau individuel, à la volonté d’affirmer un patrimoine foncier, dans un contexte de privatisation croissante (Guillaume, Genin, Nouri, 2006).
La déprise agricole dans le Sud-Est tunisien s’accompagne, depuis le milieu du XXe siècle, d’importants mouvements migratoires. L’exode rural, s’amplifiant à partir des années 1960 (Auclair, 2001), réduit les possibilités d’entretien des ouvrages de petite hydraulique. Or les jessour nécessitent un entretien permanent afin d’éviter une détérioration rapide sous l’effet de l’érosion hydrique : ajustement de la hauteur de la tabia et des seuils des déversoirs au rythme de l’alluvionnement, colmatage des brèches provoquées par le ruissellement et les terriers de rongeurs (Abdelli, 2012), travail de terrassement pour limiter la formation d’une couche argileuse imperméable suite à l’accumulation des dépôts sédimentaires (Moussa et al., 2011). Les ouvrages les moins rentables, ou les plus éloignés des pôles de peuplement, sont souvent les premiers à être laissés à l’abandon.
Enfin, le relatif abandon des jessour peut être attribué à un ensemble de facteurs hydro-morphologiques. Malgré l’implantation presque systématique de déversoirs, les jessour restent vulnérables aux crues. Les dégradations sont souvent attribuées à un manque d’entretien ou à un déséquilibre au niveau des dimensions de l’ouvrage, qui fragilisent l’ensemble. Les effets mécaniques des précipitations, dus à l’intensité du débit, sont à l’origine d’une destruction massive des ouvrages de petite hydraulique, mais également des habitations et des voies de communication. Ce fut particulièrement le cas lors des crues exceptionnelles de 1969 et 1979, dans la région de Médenine et sur les Djebel Demmer et Matmata (Bonvallot, 1979 ; Guillaume, Genin, Nouri, 2006). Devant l’ampleur des reconstructions qu’un tel évènement exige, et la tentation pour le propriétaire de s’établir dans la plaine, certains jessour ne sont jamais réhabilités, alimentant la déprise agricole qui s’installe dans la région.
4. Érosion des ouvrages de conservation des eaux et des sols : quelles sont les conséquences pour le Sud-Est tunisien ?
L’abandon progressif d’un modèle agricole de subsistance, particulièrement adapté à l’aridité du milieu et organisé autour d’un système de conservation des eaux et des sols, n’est pas sans conséquence, tant d’un point de vue environnemental que social, tant en plaine qu’en montagne.
La progression de l’agriculture dans la plaine de la Djeffara suit un modèle classique d’intensification : mécanisation, utilisation d’intrants et de variétés à hauts rendements. En outre, les contraintes climatiques, l’absence d’impluviums naturels et de sols limoneux rendent nécessaire le recours à un système d’irrigation. Ce processus de modernisation de l’agriculture s’effectue avec l’appui de l’État tunisien, sur la base d’un ensemble de techniques héritées du protectorat. Bien qu’elle permette effectivement une augmentation considérable des productions, l’exploitation intensive d’un territoire moins propice à la mise en valeur agricole contribue à accentuer la pression sur la ressource en sols. Le corollaire de cette surexploitation croissante inclut une baisse de la fertilité et de la productivité des terres, une diminution des revenus des populations et l’érosion de la biodiversité.
En montagne, l’état actuel de conservation des jessour ne permet plus de lutter efficacement contre l’érosion hydrique, érosion dont ils sont à la fois « responsables » et « victimes », au sens où leur dégradation peut être attribuée à l’intensité du ruissellement, qui ne connaît plus aucune régulation en amont. D’un point de vue hydro-morphologique, l’érosion provoque le déplacement des substances nutritives, la diminution de l’épaisseur utile du sol (Moussa et al., 2011), le ravinement des tabias (Blond et al., 2019), ou encore le débordement des parcelles, d’où la difficulté pour les jessour de recouvrer leur potentiel agricole. À cela vient s’ajouter le découragement des agriculteurs face aux travaux à entreprendre, auquel se subordonne la tentation de l’exode rural, interrogeant par là-même la viabilité d’un tel modèle.
Le délitement du système agricole traditionnel s’accompagne également des conséquences sociales que peuvent notamment engendrer les destructions provoquées par les inondations (Bonvallot, 1979). D’autres conséquences, moins fréquemment évoquées, concernent les mutations au niveau des modes d’utilisation et de perception de la ressource. Au gré des réformes, l’eau a acquis le statut de bien marchand et stratégique. Alors que la gestion de l’eau reposait sur un modèle communautaire, l’affirmation de l’acteur étatique dans le domaine hydraulique accentue la transition vers un rapport monétaire à la ressource, encourageant le recours à des formes coûteuses d’approvisionnement (Romagny et al., 2003). La multiplication des forages et des périmètres irrigués privés marque une inversion dans le système de valeur, participant à l’affaiblissement du système tribal, le délitement des structures communautaires et, avec eux, l’érosion du lien social. En plaine, le recours à l’irrigation est nécessaire, or pour la majorité des exploitants, elle demeure hors de portée financière, ce qui pose la question du développement d’une agriculture à deux vitesses (Palluault et al., 2005), mais également de la perte d’autonomie des agriculteurs face au risque de dépendance que cela implique (Romagny et al., 2003). Cet élan de privatisation, impulsé à l’Indépendance, accroît la marginalisation des communautés rurales, déjà fragilisées et en situation de précarité, en créant de nouvelles inégalités économiques et financières devant la ressource (Ezzedine, 1985 ; Ayeb, 2013).
Document 14. Recompositions du système agricole tunisien, de l’Indépendance jusqu’à nos jours

Conclusion
L’agriculture de conservation des eaux et des sols pratiquée dans les monts de Matmata est révélatrice des mutations des espaces ruraux tunisiens. Les jessour témoignent de l’adaptation des territoires arides aux contraintes du milieu. Les mutations socio-environnementales ont récemment amorcé un phénomène de désaffection pour ce système agraire et hydraulique séculaire, au profit d’une nouvelle organisation productiviste permettant de répondre à la croissance de la demande. Aujourd’hui, la tendance de l’agriculture en terrasse est à l’abandon, malgré quelques tentatives de réhabilitation.
Cependant, bien qu’emblématique, il est bon de rappeler que la situation présentement décrite n’est pas propre au Sud tunisien. Les jessour sont un exemple local d’ouvrages hydro-agricoles, dont on retrouve de nombreuses déclinaisons, en Tunisie (Tixeront [1961] évoque par exemple les djebels Bou Hedma et Ben Younès, dans la partie Nord du pays), mais également dans l’ensemble du bassin méditerranéen (Espagne, Algérie, Liban…). Un système similaire que l’on peut rapidement évoquer est celui des terrasses cévenoles, autrement appelées bancel ou faïces. Ces ouvrages sont traditionnellement formés de murets en pierres sèches et sculptent les pentes des Cévennes, reliés entre eux par un réseau d’escaliers. Indispensables à la mise en culture de ces territoires escarpés, de tels aménagement contribuent également au maintien des sols, sapés par les eaux lors des épisodes pluvieux. S’ils ont abondamment été utilisés pour cultiver des fruits, des légumes et des châtaigniers, ils connaissent, dès le milieu du XIXe siècle, une phase de déclin. Différents facteurs se conjuguent, parmi lesquels l’exode rural et les maladies. Aujourd’hui, ce système connaît néanmoins un mouvement de réhabilitation, soutenu en partie par le développement de la filière oignon doux des Cévennes (source : Entente Interdépartementale des Causses et des Cévennes).
De manière générale, les systèmes agraires et hydrauliques traditionnels suivent un schéma d’intensification et de modernisation classique, hérité de la Révolution Verte et sous-tendu par la croissance démographique, l’urbanisation et l’amélioration du niveau de vie.
Factuellement, les stratégies agricoles traditionnelles ne permettent pas les rendements nécessaires dans un contexte d’agriculture commerciale mondialisée. Cependant, elles peuvent constituer une source d’inspiration, un modèle pour tendre vers une agriculture plus viable, équitable et durable.
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Remerciements : L'autrice remercie Ninon Blond, maîtresse de conférences en géographie à l'ENS de Lyon, pour son accompagnement, sa bienveillance et ses précieux conseils.
Audrey BERLY
Masterante à l'École normale supérieure de Lyon
Édition et mise en web : Jean-Benoît Bouron
Pour citer cet article :
Audrey Berly, « Les jessour du Sud tunisien, mutations d’un système agraire et hydraulique en milieu aride », Géoconfluences, septembre 2025.
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/changement-global/articles-scientifiques/les-jessour-du-sud-tunisien



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