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La COP 30 : le climat au tournant

Publié le 30/10/2025
Auteur(s) : Clara Loïzzo, professeure en classes préparatoires aux grandes écoles - lycée Masséna, Nice

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Dix ans après l’accord de Paris, la trentième édition de la COP, organisée par le Brésil du 10 au 21 novembre 2025, a une valeur symbolique forte. Dans un contexte international marqué par la remise en cause des politiques environnementales notamment aux États-Unis, et faisant suite aux bilans mitigés des COP 28 (Doubaï) et COP 29 (Bakou), elle doit mener à la réévaluation des engagements climatiques des États, alors que le franchissement du seuil de + 1,5°C paraît désormais inéluctable.

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L’accord de Paris, signé à l’issue de la COP 21 en 2015, avait pour ambition de limiter le réchauffement planétaire à +2°C, et même si possible +1,5°C, par rapport à l’ère préindustrielle. Pourtant, hormis une baisse très conjoncturelle liée à la pandémie de covid 19, vite compensée ensuite, les émissions de gaz à effet de serre, responsables de l’augmentation de la température moyenne de la surface des continents et des océans, n’ont cessé de s'accroître depuis cette date (ministère en charge de l’Écologie, 2024). Cette dynamique rend d’autant plus nécessaire la réévaluation des engagements de réduction d’émissions des États, pour la période 2026-2030 : c’est le principal objectif de la COP 30 (trentième conférence des parties sur le climat).

Organisées dans des pays pétroliers, les deux COP précédentes avaient vu quelques avancées, mais aussi des résultats limités par l’ampleur des groupes de pression (États producteurs, entreprises) en faveur des énergies fossiles. Huitième producteur mondial de brut en 2024 (source), le Brésil a pourtant affiché des ambitions importantes pour l’occasion. Le choix de Belém, pôle régional du nord du pays, située au sud de l’île amazonienne de Marajó le long de l’estuaire du Tocantins, est hautement symbolique car elle met l’accent sur l’importance des forêts au cœur de différents changements globaux (érosion de la biodiversité, changement d’usage des sols avec la déforestation, changement climatique, modifications du cycle de l’eau). Les dynamiques amazoniennes (par exemple le ralentissement du rythme de la déforestation de l’Amazonie brésilienne depuis le retour au pouvoir de Lula) ont des répercussions à échelle globale car le massif constitue la plus grande forêt intertropicale au monde, soumise à de multiples pressions. L’organisation de la conférence, présidée par André Corrêa do Lago, un diplomate spécialiste des questions climatiques, est en outre une occasion de rayonnement pour une puissance émergente en quête de soft power, alors que le Brésil de Lula cherche à se positionner en héraut de la lutte contre le changement climatique.

Document 1. Émissions de CO2 dans le monde en 2018 (y compris importées)

Émissions de CO2 dans le monde en 2018 (y compris importées)

Source des données : OCDE Stat, 2023.

Le Brésil est-il pour autant en mesure de sauver l’accord de Paris ? Pour l’heure, les efforts de réduction d’émissions annoncés par les États en amont de la COP sont encore insuffisants, d’autant que ces engagements sont rarement respectés (Les Echos, 2025). De plus, les négociations s’annoncent difficiles entre des États sommés d’augmenter leurs efforts pour répondre aux objectifs fixés à l’échelle mondiale, mais très inégalement décidés à le faire. Bien qu’ayant annoncé à nouveau leur retrait de l’accord de Paris depuis la réélection de Donald Trump qui a confirmé ses positions climatonégationnistes, les États-Unis seront néanmoins présents, leur retrait n’étant effectif qu’en janvier 2026. Les positions défendues par les principaux émetteurs sont cruciales.

L’objectif exemplaire de l’Union européenne, réduire les émissions de 90 % par rapport au niveau de 1990 d’ici 2040 (Vie Publique), rencontrent des résistances politiques et sociales dans un contexte économique difficile. La Chine, et dans une moindre mesure l’Inde, respectivement 1er et 3e émetteurs mondiaux (29,2 et 8,2 % des émissions mondiales, Olivier et Ledroit 2025) ont considérablement accéléré leur transition énergétique mais affichent des objectifs climatiques manquant d’ambition eu égard aux objectifs fixés par l’accord de Paris, même si la Chine a vu pour la première fois ses émissions baisser en 2025. Les questions financières, priorité de la diplomatie brésilienne, seront également au cœur des discussions : le nécessaire accroissement des financements à destination des pays des « Suds » pour aider les sociétés les plus vulnérables à s’adapter, voire pour compenser les responsabilités historiques des principaux émetteurs, sont également loin de faire l’unanimité. La COP 30 est ainsi l’occasion de démontrer l’efficacité d’une action collective, dans un contexte diplomatique où le multilatéralisme tend plutôt à être mis à mal.


Bibliographie

Références citées
Pour aller plus loin
Pour compléter avec Géoconfluences

 

Clara LOÏZZO

Professeure en classes préparatoires aux grandes écoles, lycée Masséna, Nice

 

 

Édition et mise en web : Jean-Benoît Bouron

Pour citer cette brève :

Clara Loïzzo, « La COP 30 : le climat au tournant », Géoconfluences, octobre 2025.
URL : https://geoconfluences.ens-lyon.fr/actualites/veille/breves/la-cop-30-le-climat-au-tournant