La COP 30 : le climat au tournant
Bibliographie | citer cette brève
L’accord de Paris, signé à l’issue de la COP 21 en 2015, avait pour ambition de limiter le réchauffement planétaire à +2°C, et même si possible +1,5°C, par rapport à l’ère préindustrielle. Pourtant, hormis une baisse très conjoncturelle liée à la pandémie de covid 19, vite compensée ensuite, les émissions de gaz à effet de serre, responsables de l’augmentation de la température moyenne de la surface des continents et des océans, n’ont cessé de s'accroître depuis cette date (ministère en charge de l’Écologie, 2024). Cette dynamique rend d’autant plus nécessaire la réévaluation des engagements de réduction d’émissions des États, pour la période 2026-2030 : c’est le principal objectif de la COP 30 (trentième conférence des parties sur le climat).
Organisées dans des pays pétroliers, les deux COP précédentes avaient vu quelques avancées, mais aussi des résultats limités par l’ampleur des groupes de pression (États producteurs, entreprises) en faveur des énergies fossiles. Huitième producteur mondial de brut en 2024 (source), le Brésil a pourtant affiché des ambitions importantes pour l’occasion. Le choix de Belém, pôle régional du nord du pays, située au sud de l’île amazonienne de Marajó le long de l’estuaire du Tocantins, est hautement symbolique car elle met l’accent sur l’importance des forêts au cœur de différents changements globaux (érosion de la biodiversité, changement d’usage des sols avec la déforestation, changement climatique, modifications du cycle de l’eau). Les dynamiques amazoniennes (par exemple le ralentissement du rythme de la déforestation de l’Amazonie brésilienne depuis le retour au pouvoir de Lula) ont des répercussions à échelle globale car le massif constitue la plus grande forêt intertropicale au monde, soumise à de multiples pressions. L’organisation de la conférence, présidée par André Corrêa do Lago, un diplomate spécialiste des questions climatiques, est en outre une occasion de rayonnement pour une puissance émergente en quête de soft power, alors que le Brésil de Lula cherche à se positionner en héraut de la lutte contre le changement climatique.
Document 1. Émissions de CO2 dans le monde en 2018 (y compris importées)

Source des données : OCDE Stat, 2023.
Le Brésil est-il pour autant en mesure de sauver l’accord de Paris ? Pour l’heure, les efforts de réduction d’émissions annoncés par les États en amont de la COP sont encore insuffisants, d’autant que ces engagements sont rarement respectés (Les Echos, 2025). De plus, les négociations s’annoncent difficiles entre des États sommés d’augmenter leurs efforts pour répondre aux objectifs fixés à l’échelle mondiale, mais très inégalement décidés à le faire. Bien qu’ayant annoncé à nouveau leur retrait de l’accord de Paris depuis la réélection de Donald Trump qui a confirmé ses positions climatonégationnistes, les États-Unis seront néanmoins présents, leur retrait n’étant effectif qu’en janvier 2026. Les positions défendues par les principaux émetteurs sont cruciales.
L’objectif exemplaire de l’Union européenne, réduire les émissions de 90 % par rapport au niveau de 1990 d’ici 2040 (Vie Publique), rencontrent des résistances politiques et sociales dans un contexte économique difficile. La Chine, et dans une moindre mesure l’Inde, respectivement 1er et 3e émetteurs mondiaux (29,2 et 8,2 % des émissions mondiales, Olivier et Ledroit 2025) ont considérablement accéléré leur transition énergétique mais affichent des objectifs climatiques manquant d’ambition eu égard aux objectifs fixés par l’accord de Paris, même si la Chine a vu pour la première fois ses émissions baisser en 2025. Les questions financières, priorité de la diplomatie brésilienne, seront également au cœur des discussions : le nécessaire accroissement des financements à destination des pays des « Suds » pour aider les sociétés les plus vulnérables à s’adapter, voire pour compenser les responsabilités historiques des principaux émetteurs, sont également loin de faire l’unanimité. La COP 30 est ainsi l’occasion de démontrer l’efficacité d’une action collective, dans un contexte diplomatique où le multilatéralisme tend plutôt à être mis à mal.
Bibliographie
Références citées
- Les Echos (2025), « Adaptation au changement climatique : le compte n'y est pas avant la COP30 », par Julien Boitel, le 29 octobre 2025.
- Ministère en charge de l’Écologie (2024), « Panorama mondial des émissions de GES »,
- https://www.touteleurope.eu/environnement/union-europeenne-chine-etats-unis-qui-emet-le-plus-de-gaz-a-effet-de-serre/
- Olivier Arthur et Ledroit Valentin (2025), « [Comparatif] Union européenne, Chine, États-Unis… qui émet le plus de gaz à effet de serre ? », Toute l’Europe (touteleurope.eu), mis à jour le 25 septembre 2025.
Pour aller plus loin
- La note de l’IFRI sur le sujet : Paul Watkinson, « COP30 : un tournant décisif pour l'action et la gouvernance climatiques », 21 octobre 2025.
- Une tribune très développée et argumentée : Laurence Tubiana et Emmanuel Guérin, « Résister à l’Empire des puissances fossiles », Le Grand Continent, 5 mars 2025.
- Une très riche publication de l’IDDRI : Marta Torres Gunfaus, Alexandra Deprez et al., « Accord de Paris sur le climat : 10 ans après, regarder en arrière pour aller de l'avant », IDDRI, document de travail, juin 2025.
- Un débat sur la position française et européenne entre Laurence Tubiana et Agnès Pannier-Runacher : Vincent Giret, « COP30 : quelle stratégie pour la France et l’Europe ? », Warm, La géopolitique à l’heure des transitions, 17 septembre 2025.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Sinan Efendioglu, « Le charbon, une consommation toujours en hausse en dépit du changement climatique », Géoconfluences, novembre 2024.
- Sébastien Bourdin et Nicolas Jacquet, « Le Pacte vert européen comme réponse à la crise climatique : une perspective géographique », Géoconfluences, mars 2024.
- Clara Loïzzo, « Quel bilan pour la COP 28 ? », Géoconfluences, décembre 2023.
- Magali Reghezza-Zitt, « Sociétés humaines et territoires dans un climat qui change. Du réchauffement climatique global aux politiques climatiques », Géoconfluences, avril 2023.
- Bernadette Mérenne-Schoumaker, Contribution de et Teva Meyer, « La Scandinavie, un modèle de transition énergétique ? », Géoconfluences, mars 2019.
- Accord de Paris, 12 décembre 2015 : une chance de bien faire, Géoconfluences, 14 décembre 2015
- Daniel Lagarec et Sylviane Tabarly, « Archive. Le protocole de Kyoto et la réduction des gaz à effet de serre », Géoconfluences, novembre 2006.
Clara LOÏZZO
Professeure en classes préparatoires aux grandes écoles, lycée Masséna, Nice
Édition et mise en web : Jean-Benoît Bouron
Pour citer cette brève :
Clara Loïzzo, « La COP 30 : le climat au tournant », Géoconfluences, octobre 2025.
URL : https://geoconfluences.ens-lyon.fr/actualites/veille/breves/la-cop-30-le-climat-au-tournant



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