4 mars 2023 : signature à l'ONU du texte sur le traité de protection de la haute mer
Le traité concerne la haute mer, c’est-à-dire les eaux situées au-delà de la limite de 200 nautiques (370 km), ou dans certains cas au-delà de la limite des plateformes continentales. Il vise à accélérer la constitution d'aires marines protégées dans ces eaux situées hors de la souveraineté des États, à réglementer l'usage des ressources des océans et à endiguer l'extinction des espèces marines.
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La ratification du traité par les États membres de l’ONU ne fait que commencer. Par exemple, dans le cas de la convention de Montego Bay, signée en 1982, il a fallu des années pour obtenir sa ratification par certains États jouant un rôle clé dans l’application du droit de la mer comme le Royaume-Uni ou l’URSS. Les États-Unis, Israël et la Turquie ne l’ont pas signée. Compte-tenu du fonctionnement interne de la démocratie étatsunienne (il faut une majorité au parlement pour ratifier les traités internationaux, qui deviennent ainsi le jouet de rapports de force internes), il est probable que ce traité environnemental ne soit jamais ratifié par la première puissance maritime mondiale.
Les bénéfices écologiques dépendront la capacité de la gouvernance des États à réellement mettre en œuvre l’accord. Il n’est pas impossible qu’une mauvaise volonté ou des lenteurs de la part des États limitent les résultats concrets en matière de protection des environnements marins. L’accord a l’avantage de créer un cadre juridique pour mieux protéger la haute mer et répartir les bénéfices de l’exploitation des océans, il restera à ce saisir de ce cadre pour ne pas en faire une coquille vide.
ONU
- Organisation des Nations Unies, « Accord historique à l’ONU sur la protection de la biodiversité marine en haute mer », 5 mars 2023
Presse et radio
- Une bonne synthèse, claire et nuancée sur RFI : Marine Allain, « L'accord à l'ONU sur la protection de la haute mer "vise à traiter plusieurs vides juridiques" », Radio France Internationale, 5 mars 2023, 3 minutes de lecture.
- Le Monde et AFP [accès ouvert] « Un accord sur la protection de la haute mer obtenu à l’ONU », 5 mars 2023
- Une émission de 5 minutes sur France Inter décrit un emballement médiatique et estime qu’il est trop tôt pour parler d’un événement « historique », le mot étant largement galvaudé : France Inter, « Traité sur la haute mer : un accord vraiment "historique" ? », 6 mars 2023.
ONG
- High Seas Alliance (partenariat de plus de 40 associations de protection des océans dont de nombreuses ONGE) « Agreement reached to advance high seas treaty », communiqué de presse, samedi 4 mars 2023. Le communité cite plusieurs responsables d’ONG, par exemple « Son adoption comble des lacunes essentielles du droit international et offre un cadre permettant aux gouvernements de travailler ensemble pour protéger la santé des océans mondiaux, la résilience climatique, le bien-être socio-économique et la sécurité alimentaire de milliards de personnes » (Minna Epps, UICN) ; « C'est un jour historique pour la conservation et un signe que dans un monde divisé, la protection de la nature et des personnes peut triompher de la géopolitique. » (Laura Meller, Greenpeace Nordic)
Sources gouvernementales françaises
- Une synthèse précise et efficace : Vie Publique, « Traité international de protection de la haute mer : un accord historique », vie-publique.fr, 6 mars 2023.
- [EDIT] Toujours sur Vie Publique, le traité a été adopté le 19 juin 2023 par les 193 membres de l'ONU : Le traité international de protection de la haute mer adopté à l'ONU
- Le ministère en charge de l’Écologie insiste sur le rôle joué par la France dans les négociations, en le personnalisant à travers la figure du président de la République : « une mobilisation française déterminante pour faire aboutir les négociations ». MTECT MTE, « Un traité pour protéger la haute mer et la biodiversité marine », sur ecologie.gouv.fr, 6 mars 2023.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Glossaire : Convention de Montego Bay (CNUDM) et droit de la mer, haute mer, ligne de base, nautique (mille marin international), Plateforme continentale, ZEE
Protection des océans
- Aires marines protégées (France) : Johan Milian, Anne Cadoret et Lionel Laslaz, « Carte à la une. Représenter la protection de la nature en France : l’exemple de la réserve naturelle de Cerbère-Banyuls », Géoconfluences, septembre 2021.
- Aires marines protégées (Sénégal) : Isabelle Siffert, « Acteurs et réglementation de l’espace halieutique : du conflit à l’intégration des communautés de pêcheurs sur l’Aire Marine Protégée de Cayar au Sénégal », Géoconfluences, janvier 2017.
- Chasse et protection des cétacés : Antoine Delmas et Jacques Guillaume, « La chasse des cétacés, révélatrice des rapports multiples de l’Humanité avec la Planète océane », Géoconfluences, décembre 2018.
Exploitation des océans
- Pêche hauturière : Jean-René Couliou, « Ports de pêche bretons et mondialisation, une adaptation permanente », Géoconfluences, juin 2019.
- Pêche et aquaculture : Yvanne Bouvet, « De la mer à l’assiette : présentation de la filière halieutique dans le Monde », Géoconfluences, juillet 2014.
- Énergies renouvelables : Jacques Guillaume : « Le potentiel d'énergie renouvelable de l'océan mondial entre contraintes d'exploitation et enjeux de territorialisation », Géoconfluences, juillet 2014.
CNUDM
- La convention de Montego Bay a 40 ans, brève de décembre 2022.
- Jean-Benoît Bouron, « Mesurer les Zones Économiques Exclusives », Géoconfluences, mars 2017.
Mise à jour le 27 juin 2023 (adoption du traité en juin 2023 à l'ONU sur Vie Publique)