Exprimer, questionner, rechercher, définir
Un glossaire pour : questionner, problématiser ; identifier et comprendre des mots-clefs ; faire des recherches en ligne. En complément du glossaire des notions générales proposé sur le site à partir duquel on poura plus particulièrement consulter des glossaires spécialisés relatifs à l'étude des littoraux et des paysages.
Pour les références bibliographiques et les ressources évoquées, voir aussi la page des ressources
Ce glossaire tient compte des approches retenues pour traiter ce dossier, à consulter en page d'accueil.
Sigles, abréviations, organisations (marqués d'un * ci-dessous) : voir document)
Entrées mises à jour le 17 décembre 2008 : Barcelone (processus de) et partenariat euro-méditerranéen (PEM) ;
Agriculture
L'opposition traditionnelle entre l'agriculture sèche (le secano espagnol) et l'agriculture irriguée (le regadio) marque l'occupation du territoire et les paysages de l'ensemble du monde méditerranéen. L'agriculture, si elle ne représente globalement plus, en termes de création de richesses, une activité majeure dans l'économie des pays du Nord de la Méditerranée, garde de l'importance dans la production des pays du Sud et de l'Est ( PSEM*).
Le déclin de l'agriculture traditionnelle, à dominante agropastorale, associant céréaliculture et élevage, est déjà largement entamé. Cependant, ces agricultures traditionnelles continuent à jouer un rôle important dans les PSEM où elles remplissent une double fonction écologique et sociale : des pays comme le Maroc ou la Syrie ont encore 30 à 40% d'actifs agriculteurs. Mais elles sont peu compétitives à l'échelle mondiale et ne permettent pas de nourrir les populations.
Il en va différemment pour les agricultures intensives irriguées. Certains secteurs, les fruits et légumes notamment, travaillent surtout pour l'exportation vers les marchés de l'Europe continentale principalement : la tomate marocaine, les productions maraîchères des plaines littorales syriennes, les huertas et les invernaderos (cultures intensives irriguées sous serres) andalouses, etc. Les périmètres irrigués se développent rapidement pour répondre aux besoins des marchés de l'arrière-pays méditerranéen : reste de l'Europe, pays du Golfe persique par exemple. Les productions agricoles du sud méditerranéen disposent sur ce point d'un avantage climatique (précocité) qui les place en situation de concurrence favorable face aux productions des "midis" français par exemple.
La mise en place complète d'une zone de libre échange euroméditerranéenne (voir le processus de Barcelone) en 2010 pourrait avoir des impacts importants si le secteur agricole devenait partie prenante des négociations. Les secteurs exportateurs seraient alors dynamisés, ce qui en serait pas sans conséquences :
- du point de vue environnemental : pression sur les ressources en eau, utilisation de produits phyto-sanitaires nocifs,
- sur les agricultures méditerranéennes traditionnelles dont la marginalisation pourrait être accélérée.
Pour compléter, approfondir
- un document en pop-up : L'approvisionnement en eau, une préoccupation partagée
|
Actions environnementales régionales
Conscients d'une responsabilité collective à l'égard des évolutions environnementales générales, dans une aire qui leur est commune, les États riverains de la Méditerranée ont entrepris un certain nombre d'actions destinées à assurer l'avenir dans une perspective de "développement durable".
Ces actions, si elles veulent être efficaces, ne peuvent qu'être multilatérales. Ainsi, en 1975, la Convention de Barcelone (différente de celle de 1995, voir ci-dessous), sous l'égide du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), invitait les pays riverains à adopter un "Plan d'Action pour la Méditerranée" (PAM*)
Par ailleurs, les pays méditerranéens de l'Union Européenne, les pays en voie d'intégration (Slovénie, Malte, Chypre) ou qui souhaitent entrer dans l'UE (Turquie) sont sous l'influence des Directives européennes (Habitat, Natura 2000, Directive Cadre sur l'eau du 23 octobre 2000)
|
Artificialisation
Ensemble des transformations dues à l'homme, plus ou moins volontaires et raisonnées, qui modifient en tout ou partie la physionomie et les fonctionnements d'un milieu ou d'un paysage. De telles mutations paysagères sont tout particulièrement à l'oeuvre dans les espaces littoraux méditerranéens. Au cours des années 1960 - 1970, des aménagements intensifs (programmes immobiliers, infrastructures) ont répondu aux fortes pressions urbaines et touristiques et aboutirent parfois à "bétonner" maintes portions des côtes espagnoles, françaises, italiennes, turques, tunisiennes, etc.. Dans les 20 dernières années, une relative prise de conscience aboutit à l'adoption de mesures de protection (action du Conservatoire du littoral en France par exemple) dont l'efficacité est inégale.
|
Barcelone (processus de) et partenariat euro-méditerranéen (PEM)
La Conférence de Barcelone (1995), organisée par la présidence tournante de l'UE détenue alors par l'Espagne, a réuni pour la première fois les ministres des affaires étrangères des États membres de l'Union et leurs collègues des pays riverains de la Méditerranée : l'Algérie, Chypre, l'Égypte, Israël, la Jordanie, le Liban, Malte, le Maroc, la Syrie, la Tunisie, la Turquie, l'Autorité palestinienne, et, en qualité d'observateur, la Mauritanie. Une déclaration finale a fondé le Processus de Barcelone, nom couramment donné au Partenariat euro-méditerranéen (PEM*) également appelé Euromed. Ses objectifs et ses modalités s'articulent autour de trois volets : coopération politique et de sécurité, coopération économique et financière, coopération culturelle et sociale. L'objectif final est de créer une "zone de prospérité partagée" dans une Zone de libre-échange euro-méditerranéenne (ZLEM*) engagée à partir de 2010.
L'instrument financier de cette politique euro-méditerranéenne est le programme MEDA*, remplacé en 1999 par le programme MEDA II. Entre 1995 et 2001, MEDA a engagé plus de 5 071 milliards d'euros. L'autre principale source de financement est la Banque européenne d'investissement (BEI*), qui, depuis 1995, a prêté 7 424 milliards d'euros pour le développement d'activités chez les partenaires euro-méditerranéens.
Le processus de Barcelone répondait à "l'impérieuse nécessité" d'associer les pays du Sud de la Méditerranée à la construction européenne et il a le mérite d'exister. Mais il comporte des fragilités et des insuffisances : excluant de son champ deux dossiers majeurs, l'agriculture et les flux de population, il institue un "échange inégal" ; souple et non contraignant il est, en conséquence, d'une efficacité limitée.
Ce processus aurait pu contribuer à infléchir le cours des évolutions politico–militaires, économiques, sociales et environnementales de la Méditerranée. Le scénario idéal du partenariat consistant à enclencher une dynamique vertueuse comparable à celle observée en Europe centrale et orientale, l'ouverture commerciale appelant des réformes institutionnelles d'accompagnement bénéfiques au développement global.
Mais, plus de dix ans après le lancement de ce partenariat, les derniers rapports de la Banque mondiale sur le développement du monde arabe ou les diverses études européennes font un bilan mitigé des progrès de la région. Sur le plan économique, l'aide européenne n'a pas permis le décollage attendu : les revenus par tête au sud et au nord de la Méditerranée ont continué à diverger au lieu de se rapprocher. Sur le plan politique, les perspectives de paix au Proche-Orient ont été déçues et la démocratie n'a pas connu les avancées espérées. Est-ce du fait de la priorité donnée aux questions sécuritaires et migratoires ? Ou parce que d'autres partenaires ont davantage intéressé les pays du Sud méditerranéen ?
Ce processus est en panne, une nouvelle Union pour la Méditerranée (UPM), initiée lors du sommet de Paris, sous la présidence française de l'UE, en juillet 2008, s'efforce de le revitaliser dans une période de sérieuses difficultés économiques qui vont certainement réduire les "marges de manœuvre"
Voir aussi :
- Un dossier de la Documentation française : "Union européenne et Méditerranée". Dix ans après le lancement d'une nouvelle politique méditerranéenne de l'Union européenne, où en est-on du partenariat euro-méditerranéen ? (mise à jour nov. 2008) :
www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/europe-mediterranee/index.shtml
- le PNUD a publié (en anglais et en arabe) un premier Rapport sur le développement humain dans le monde arabe en 2002 : http://arabstates.undp.org/subpage.php?spid=14
Ces rapports se suivent régulièrement, on peut les retrouver à partir de cette page :
www.arab-hdr.org
- Le partenariat euro-méditerranéen sur le site de la Commission > Relations extérieures :
http://ec.europa.eu/external_relations/euromed/index_fr.htm
|
Biodiversité
Zone refuge au cours des grandes glaciations quaternaires, la Méditerranée est une aire de grande biodiversité : avec 25 000 espèces de phanérogames, elle abrite 10% des plantes à fleurs du monde entier, sur moins de 2% de la surface de la Terre. Le nombre d'espèces endémiques (environ 13 000, soit la moitié de la flore totale méditerranéenne) est très élevé, ce qui en fait la deuxième région du monde pour la richesse en plantes à fleurs endémiques.
Néanmoins, la fragmentation voire la disparition de certains habitats, constitue aujourd'hui une sérieuse menace pour la survie de beaucoup d'espèces. Environ 5 000 espèces de plantes méditerranéennes (17% de la flore totale) sont classées comme menacées, rares ou vulnérables par l' Union mondiale pour la conservation de la nature (IUCN) et sont inscrites sur la liste rouge des plantes en voie de disparition.
Dans l'UE, 80% des plantes d'intérêt communautaire concernées par la Directive Habitats sont présentes dans les pays méditerranéens. Les écosystèmes formés par les milieux aquatiques, les zones humides, les espaces deltaïques, y sont particulièrement fragiles, surtout au sud : longtemps considérés comme des zones insalubres, leur valeur écologique est davantage reconnue aujourd'hui.
Les richesses faunistique et floristique de la Mer Méditerranée sont menacées par les effets de la pollution et par la pression sur les ressources. Ainsi, ne subsistent plus que quelques individus de phoques moines (Monachus monachus), dans la mer Égée et sur les côtes du Maghreb où ils étaient autrefois trè s fréquents. Les peuplements de dauphin et de marsouin communs ont connu de sensibles régressions. Les pollutions et, surtout, la pêche des espèces pélagiques au filet dérivant, entraînent une régression sensible des peuplements naturels qu'il faut désormais strictement protéger pour en assurer la survie.
Notons enfin que de nombreuses espèces tropicales de la Mer Rouge ont envahi la Méditerranée depuis l'ouverture du canal de Suez : l'atlas des espèces exotiques publié par la Commission internationale pour l'exploration scientifique en Méditerranée (CIESM) a répertorié 400 espèces tropicales inconnues au début du XXe siècle. Le réchauffement des eaux de la planète et l'augmentation du trafic maritime ont entraîné une accélération des introductions : de nouvelles espèces, venant aussi des eaux caribéennes via le détroit de Gibraltar, amènent des transformations de la biodiversité en Méditerranée : les espèces introduites peuvent dominer, voire supplanter, les résidentes.
Pour compléter, prolonger :
- Glossaire du dossier : " Les espaces littoraux : gestion, protection, aménagement".
- Site de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique : www.biodiv.org
- Union Mondiale pour la Conservation de la Nature ( World Conservation Union - IUCN :
www.iucn.org)
- Commission internationale pour l'exploration scientifique en Méditerranée (CIESM)
www.ciesm.org et www.ciesm.org/atlas
|
Climat méditerranéen
Seule mer à avoir donné son nom à un type climatique régional, la Méditerranée, dans son extension spatiale habituellement retenue, ne se confond toutefois pas complètement avec l'aire du climat méditerranéen : des nuances, désertiques sur sa partie méridionale, continentales dans sa partie nord (Adriatique), ou relatives aux effets du relief, en complexifient la réalité.
Le climat méditerranéen s'insère dans le groupe des climats tempérés. Ses principaux caractères résultent, en été, de l'extension vers les pôles d'anticyclones subtropicaux (d'où la chaleur et la sécheresse estivales), qui s'effacent en automne et en hiver pour laisser passer le flux des perturbations tempérées venues d'Atlantique dans sa partie ouest ou de coulées d'air polaire dans sa partie nord-orientale. En conséquence, les caractères moyens des différents climats méditerranéens sont les suivants : un rythme à quatre saisons bien contrastées ; un été chaud et sec ; un hiver marqué, bien que doux (la moyenne mensuelle n'est jamais inférieure à 0°C) ; un printemps et un automne parfois très pluvieux, avec un net avantage à l'automne.
Le climat de type méditerranéen a ainsi comme particularité la coïncidence entre le minimum pluviométrique et le maximum thermique annuels, ce dont rendent bien compte les diagrammes ombrothermiques. La sécheresse estivale correspond, selon la méthode proposée par H. Gaussen, aux périodes où les précipitations moyennes sont inférieures au double des températures moyennes (P<2T)
Les quantités annuelles de précipitations sont rarement négligeables : 765 mm/an à Alger, 862 mm à Nice, et même 2 000 mm sur les Cévennes. Elles peuvent, par leur concentration dans le temps (quelques semaines, voire, quelques jours), avoir des conséquences spectaculaires si ce n'est catastrophiques : c'est le cas, en France, des "épisodes cévenols" susceptibles de provoquer des crues dévastatrices.
Au delà de ces paramètres pluvio-thermiques, le climat méditerranéen se distingue par la qualité de sa lumière, par ses durées d'ensoleillement généreuses : 2 400 heures minimum au nord-ouest du bassin, 3 500 heures sur le littoral libyen. Ce qui explique largement l'attractivité de la région.
Notons enfin que la variabilité interannuelle du climat est très forte ce qui n'est pas sans conséquences pour la gestion des ressources en eau et des risques.
Rechercher des stations climatiques en Méditerranée (site de MétéoFrance) :
www.meteo.fr/temps/monde/climats/3-2.htm
|
Clivages, contrastes
Le nouveau programme en classe de terminale (mise en oeuvre à la rentrée 2004) stipule que "la Méditerranée constitue un espace de clivage en même temps que de contacts entre les pays du Nord et ceux du Sud" et propose d'en examiner les "écarts de développement". En effet, les écarts entre les pays du Nord et ceux du Sud et de l'Est sont multiples.
Ainsi, en termes de richesse globale, le PIB/PPA par habitant est quelque huit fois plus élevé en France (23 390 USD*) qu'en Égypte (3 250 USD*), six fois plus en Italie (24 670 USD*) qu'au Liban (4 170 USD*).
Les capacités nationales d'investissement sont très contrastées et les États les plus pauvres dépendent de bailleurs de fonds extérieurs. D'une manière générale, les investissements étrangers dans les pays du Sud méditerranéen sont faibles et tendent à décroître : ils ne représentent, en 2000, que 2% du total mondial de l'investissements direct à l'étranger (IDE).
Le contraste démographique, corollaire du contraste économique Nord-Sud, est également marqué.
Au demeurant, divers contrastes et disparités sont aussi perceptibles entre les pays du Nord méditerranéen d'une part, entre ceux du Sud et de l'Est d'autre part : ils nuancent et complexifient une opposition Nord/Sud qui peut alors paraître trop simplificatrice.
* : données du PNUD (rapport annuel sur le développement humain 2003 :
http://www.undp.org/hdr2003/francais
Pour compléter et approfondir
- dans la partie "savoir-faire" du dossier (nouvelle fenêtre) : Comment évaluer les inégalités ?
- quels indices, indicateurs utiliser ? certains de ces indicateurs sont présentés dans le document ci-joint)
- autres entrées du glossaire : démographie, échanges, intégration régionale et mondiale
|
Cultures et civilisations
La Méditerranée, aire et carrefour
En tant qu'aire culturelle, la Méditerranée est marquée par l'épaisseur, la densité historique. Ce qui en fait un domaine source, un domaine référence, un domaine patrimonial pour plusieurs civilisations. En tant que carrefour , la Méditerranée est un lieu de rencontre des ces différentes civilisations. Cette dialectique des contacts dans leurs différentes expressions (échanges, affrontements, enrichissement mutuel) est au coeur d'un des thèmes du programme d'histoire de seconde. Une identité culturelle méditerranéenne peut-elle être identifiée et de quelle manière ?
Une identité culturelle méditerranéenne peut-elle être identifiée et de quelle manière ?
Suffit-il de partager des modes de vie, des pans communs historiques et patrimoniaux pour partager un sentiment d'identité commune ? Ou faut-il plutôt voir l'espace méditerranéen avant tout comme une zone de fractures concentrant toutes les formes d'affrontement de notre planète : Occident et Orient, Nord et Sud, islam et judéo-chrétienté, laïcité et religion, individualisme et communautarisme, modèles familiaux endogames et exogames, à forte domination masculine ou non ?
La référence à des religions principalement monothéistes participe tout à la fois de l'identité commune et de la différence, la ville de Jérusalem en étant le symbole. Si l'on considère que le religieux n'est qu'une composante du culturel, les grands domaines linguistiques modèlent aussi la Méditerranée : langues chamino-sémitiques, indo-européennes, ouralo-altaïques. Certains conflits de valeur se cristallisent autour de la conception anthropologique de l'individu, de la famille, de la communauté. Ainsi, la structure de la communauté des croyants dans l'Islam (Umma) s'oppose à l'idée européenne de la nation, collection d'individus plutôt que de familles (E. Todd, 1999).
Un monde de diversité
Mais, dans tous les cas, il ne s'agit pas de blocs homogènes. L'histoire, le brassage des populations, les diasporas, ayant brouillé les cartes, l'analyse du fait culturel dépendra des niveaux d'échelle étudiés : à plus grande échelle, il conviendra d'analyser les lieux et les formes de mixités ou de coexistences culturelles (communautés musulmanes en Europe, communautés chrétiennes dans les PSEM).
Pour développer, approfondir, un article de Vincent Clément (nouvelle fenêtre) :
Unité ou fracture en Méditerranée, d'un mythe à l'autre
|
Démographie
La dynamique des populations est un aspect essentiel de la situation globale dans l'espace méditerranéen. D'après les données collectées par le Plan Bleu*, la population totale des 22 États et territoires riverains de la Méditerranée atteint 427 millions d'habitants en 2000 (soit 7% de la population mondiale). Elle était de 285 millions en 1970, ce qui signifie que l'augmentation a été de 142 millions en trente ans. Les dernières projections démographiques effectuées pour le Plan Bleu donnent pour 2025 une population de 523,7 millions d'habitants, ce qui montre une décélération certaine de la croissance avec un peu moins de 97 millions d'habitants supplémentaires en 25 ans.
La population des pays du Maghreb a enregistré une croissance très rapide, de 2,2% l'an en moyenne entre 1990 et 2000 (2,8% de 1980-2000), contrairement aux populations de la rive nord de la Méditerranée qui sont restées relativement stables avec une croissance globale d'environ 0,3% l'an en moyenne pour la même période. On observe depuis peu un fléchissement du taux de croissance démographique des pays du Maghreb. Ces derniers ont enregistré un ralentissement net de leur taux de croissance annuel depuis 1995 revenu à 1,9% en Tunisie et au Maroc, 2,3% en Algérie, 2% en Libye. L'abaissement de la fécondité est particulièrement net en Turquie : de plus de 6 enfants par femme dans les années 1960 à 2,2 en 2000.
L'Europe vieillit inexorablement : l'âge médian de la population des Quinze, qui est, en 2000, de 38,5 ans, pourrait être de 48,5 ans en 2050.
On se trouve donc en présence de deux dynamiques distinctes. Une population jeune et encore en croissance dans les pays du Sud et de l'Est et une population vieillissante et en faible croissance dans le Nord, avec même un plafonnement et une décroissance dans certains pays comme l'Italie et l'Espagne. Ces évolutions ont des conséquences majeures en matière socio-économique, environnementale, elles contribuent à fonder les mouvements migratoires et ceci d'autant qu'elles se superposent largement aux gradients de richesse/développement.
Au demeurant, notons que l'évolution démographique observée dans les PSEM au cours des dix dernières années fait apparaître une rapide baisse de leur fécondité et que ces pays accélèrent leur transition démographique.
Pour compléter et approfondir
- un article de Gérard-François Dumont (nouvelle fenêtre) : Situations démographiques et logiques migratoires trans-méditerranéennes
- les données statistiques, à partir des bases onusiennes : www.un.org/esa/population/unpop.htm
- les données du Plan Bleu : www.planbleu.org/first.htm
|
Détroits et ports
Les principaux synapses de l'espace maritime méditerranéen organisent ses relations avec ses avants et arrières-pays.
Les passages naturels (Bosphore, détroit de Gibraltar) ou artificiels (canal de Suez) assurent la relation avec l'espace océanique mondial (Océan Indien par la Mer Rouge, Océan Atlantique).
De grands ports structurent les échanges maritimes. Ils peuvent avoir un rôle de gateway, interface de rupture de charge et de liaison avec l'arrière-pays ou hinterland. Ils peuvent aussi servir de hubs qui, à l'image du transport aérien, servent d'éclatement au trafic : la cargaison des navires de grande capacité est alors transférés dans des unités plus petites. On relève ainsi quelques principaux ports aux fonctions de hubs en Méditerranée : Algésiras, Marsaxlokk, Gioia Tauro en Calabre (également gateway vers l'Europe continentale), Le Pirée, Port Saïd.
|
Développement
De revenus, de croissance et de mode de développement fort contrastés, les pays du pourtour méditerranéen affichent également des indicateurs socio-politiques très différents.
- Critères et indicateurs de comparaisons internationales :
lesquels retenir ? Voir le document ci-joint)
- En rubrique "savoir-faire", La Méditerranée, interface :
quelles inégalités de développement ? (nouvelle fenêtre)
|
Développement durable en Méditerranée
Inquiets de voir se dégrader la mer qui constitue leur lien naturel et leur bien commun, les États méditerranéens, signèrent, en 1975, la Convention de Barcelone (distincte de celle de 1995, voir ci-dessus) et adoptèrent un "Plan d'Action pour la Méditerranée" (PAM*) sous l'égide du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE).
Le PAM comprend un volet d'étude et d'exploration afin d'aider à la décision, c'est le Plan Bleu : il se consacre à l'analyse et à la prospective des rapports entre environnement et développement dans l'ensemble de la région et il élabore des propositions à l'intention des pays riverains et de la Commission Européenne. C'est ainsi qu'ont pu être précisés des "indicateurs du développement durable" adaptés à cet ensemble régional.
Voir en ligne le site du Plan Bleu : www.planbleu.org/
Fiches indicateurs : www.planbleu.org/vfrancaise/3-5b1.htm
|
Eau (ressource, gestion, consommation)
Les régions du pourtour méditerranéen sont confrontées à la question des approvisionnements en eau rendue délicate du fait :
- du régime des précipitations marqué par une saison estivale sèche (à variabilité inter-annuelle importante), leur concentration automnale ou hivernale,
- de la pluralité des usages (besoins domestiques de populations de plus en plus nombreuses, agriculture, tourisme en saison estivale, etc.).
Mais, d'une rive à l'autre, d'un type d'arrière-pays à l'autre, les difficultés seront de nature et d'intensité différentes
Pour compléter, approfondir
- un document en pop-up : L'approvisionnement en eau, une préoccupation partagée
- un article de Laurent Carroué (nouvelle fenêtre): Gestion de l'eau en Espagne, les canaux de la discorde
|
Échanges (économiques, financiers, culturels)
Les "échanges économiques, financiers et culturels" sont une des composantes majeures de l'étude de l'espace méditerranéen en tant qu' interface. Mais ces échanges entrent souvent dans des logiques qui dépassent l'espace régional méditerranéen qui, alors, est surtout un espace de transit. Il est connecté à des arrières-pays continentaux (continents africain, eurasiatique) ou maritimes (Mer Noire et Mer Caspienne, Mer Rouge et Océan Indien, Océan Atlantique) qui en débordent les limites physiques. La Méditerranée est un espace névralgique d'échanges de productions sensibles : productions pétrolières de la Caspienne ou du golfe persique, transit de produits illicites par exemple. Mais la faiblesse des processus d 'intégration régionale transméditerranéens constitue un frein sérieux au dynamisme des échanges intérieurs.
Au delà de sa diversité et des lignes de partage qui la traversent, la Méditerranée a, de tout temps, été une aire d'échange ou de transit des richesses : produits agricoles, énergétiques, productions de biens manufacturés. De tels échanges pourraient se trouver dynamisés par l'adoption de règles de libre-échange élargies (voir le processus de Barcelone) et par les effets de délocalisations d'entreprises du Nord vers le Sud.
Les échanges de capitaux cependant n'obéissent pas toujours à des logiques de proximité mais plutôt d'appartenance à des aires culturelles et/ou politiques. Ainsi, les capitaux des pays du Nord ne s'investissent que relativement peu au Sud à l'exception, notable il est vrai, des revenus de transfert des émigrants.
Les échanges culturels ne sont pas négligeables. Ils résultent largement, à l'échelle des deux derniers siècles, des effets de la colonisation (francophonie et anglophonie par exemple) puis des flux migratoires qui ont contribué à établir des ponts de part et d'autre de la Méditerranée.
Pour compléter : voir la page "corpus documentaire"
|
Énergie
Espace essentiel de production et de transit de ressources énergétiques, la Méditerranée présente deux inégalités majeures :
- la dotation en ressources énergétiques est très fortement concentrée sur trois pays du Sud, l'Algérie, la Libye et l'Égypte, qui détiennent environ 5% des réserves mondiales de gaz naturel et 3% des réserves de pétrole.
- les pays du Nord sont plus riches et consomment beaucoup plus d'énergie que ceux du Sud.
Les pays de l'UE sont presque tous très dépendants en matière d'approvisionnements en hydrocarbures. Les nouveaux membres entrant dans l'UE en 2004 couvrent une partie de leurs besoins énergétiques à partir de gaz russe importé. Tous sont susceptibles de recourrir davantage aux ressources des pays du Sud méditerranéen. Les deux principaux gazoducs existants à ce jour sont le Transmed (Algérie,Tunisie, Sicile, Italie) et le gazoduc Maghreb-Europe (Algérie, Maroc, Espagne, Portugal) et de nombreuses liaisons sont à l'étude ou en projet pour des échanges Nord-Sud ou Est-Ouest. Or, les gazoducs créent interdépendances et solidarités.
Le renforcement des interconnexions électriques Nord-Sud et Est-Ouest peuvent avoir les mêmes effets. Il existe déjà une interconnexion électrique entre le Maroc et l'Espagne qui bénéficie aux deux réseaux. La boucle méditerranéenne n'est pas encore complète mais elle est inscrite depuis longtemps parmi les projets des entreprises électriques de la région. Des travaux du Comité maghrébin de l'électricité (Comelec) tendent à montrer que sa réalisation pourrait entraîner des réductions sensibles de coût par décalage des courbes de charge et réduction des marges de réserve nécessaires.
En ce qui concerne les approvisionnements pétroliers, l'augmentation des exportations de la Russie et le développement des grands gisements de la Caspienne (Kazakhstan et Azerbaïdjan) impliquent de développer des capacités d'acheminement et d'évacuation vers la Méditerranée, soit en passant par le Bosphore (en 2002, 7 400 pétroliers ont transporté 122 millions de tonnes de pétrole brut à travers le Bosphore), soit en rejoignant directement la Méditerranée par la Turquie. Ces perspectives d'intensification des échanges ne sont pas sans risques pour l'écologie de la zone. Il s'agit par ailleurs de questions d'importance stratégique dans la donne géopolitique de la région.
Notons enfin que tous les pays de l'aire méditerranéenne possèdent d'importants potentiels d'énergie renouvelable solaire et éolienne encore largement sous-exploités.
Pour en savoir plus :
- le World Energy Council (WEC - Conseil mondial de l'énergie), avec des informations par pays ou région, par type d'énergie : www.worldenergy.org/wec-geis/edc/default.asp
- l'I nternational Energy Agency (IEA, agence autonome associée à l'OECD - OCDE) :
www.eia.doe.gov/emeu/cabs/contents.html
|
Flux et flottes maritimes
Les grandes lignes maritimes de la Méditerranée sont à peu près celles des échanges mondiaux : lignes "tour du monde" reliant les grands pôles de la triade, lignes spécialisées du transport pétrolier par exemple.
Que ce soit pour des échanges exogènes (majoritairement) ou endogènes à la région, 220 000 navires marchands de plus de 100 tonnes traversent la Méditerranée chaque année, soit 30% du volume mondial de transport maritime commercial, et 28% du trafic mondial de transport pétrolier maritime. Selon les experts, le transport prévisible de fret, tous produits confondus, va quasiment quadrupler d'ici 2025. La plus grande part de ce transit s'effectue de Suez à Gibraltar, passe entre la Sicile et Malte, longe les côtes de la Tunisie, de l'Algérie et du Maroc : 370 millions de tonnes d'hydrocarbures y transitent par an, avec, en moyenne, 250 à 300 passages de pétroliers par jour. Le trafic des porte-conteneurs se développe en Méditerranée comme ailleurs dans le monde mais on peut malgré tout noter un retard certain comparé à d'autres façades maritimes portuaires dans le monde (Asie du sud-est par exemple), tout particulièrement pour la rive sud méditerranéenne.
Le transport des voyageurs est actif, dynamisé par les flux touristiques, mais il reste en deça du potentiel : on ne dénombre que 100 millions de passagers par an en Méditerranée, à comparer aux 160 millions de la Baltique, aux 120 millions de Manche et Mer du Nord (données 2000).
La tradition maritime de la Méditerranée est toujours très vivante et les pavillons de certains pays riverains comptent parmi les tout premiers dans le monde. Mais ces positions sont largement dues au développement de registres de libre immatriculation (dits "pavillons de complaisance") qui consistent à découpler l'insciption des navires (dont dépendent la fiscalité, le droit des sociétés, le régime des contrats de travail) de leur propriété et de leur armement. Il s'agit, plus particulièrement, des pavillons de Chypre, Malte, longtemps montrés du doigt, désormais tenus de respecter certains engagements (sécurité, modernisation, respect des normes) pris dans la perspective de leur adhésion à l'UE en 2004. Quant à Gibraltar, il s'agit plutôt d'un registre parallèle (ou registre bis) du Royaume Uni.
Pour préciser et compléter, voir la partie "corpus documentaire" du dossier
|
Formations végétales méditerranéennes
Le sentiment d'unité dans le monde méditerranéen provient largement des formes d'adaptation de la végétation à la sécheresse estivale (xéromorphie et thermophilie des végétaux) qui confère à ces régions son ambiance particulière.
La flore méditerranéenne se caractérise par sa xérophilie et sa thermophilie
Les arbres ou les arbustes ont des feuilles coriaces, en général persistantes, présentant des dispositifs de lutte contre la transpiration excessive de l'été (membranes épaisses, stomates protégés du soleil, concentration particulière des sucs cellulaires) : le pin parasol, le chêne vert, le chêne-liège, l'oléastre, le chêne zéen, en sont des exemples. Il faut encore citer des arbres curieux comme le pistachier de l'Atlas, qui a des feuilles caduques en hiver et qui, bien que ses feuilles soient peu coriaces, supporte la sécheresse estivale là où le sol, profond, reste assez humide pendant l'été. La structure succulente, plus rare, est représentée par quelques euphorbes indigènes et surtout par des plantes "grasses" d'origine américaine : cactus et agaves, qui sont devenues très abondantes et souvent considérées, à tort, comme les plantes caractéristiques des pays méditerranéens.
La forêt méditerranéenne
Occupant plus de 37% des terres au nord de la Méditerranée, les espaces boisés n'en couvrent que 14% au sud et 5% à l'est. Ces écarts s'expliquent naturellement par les différences des conditions climatiques, mais ils sont également liés aux différences de contexte socio-économique.
Au nord de la Méditerranée, l'exode des anciennes populations rurales vers les villes, la concentration des zones de production vers les zones les plus fertiles et les plus accessibles, ont provoqué l'abandon d'anciens terrains de parcours recolonisés par la végétation forestière.
Au sud et à l'est de la Méditerranée, les communautés rurales sont encore nombreuses et certaines continuent de croître. Les espaces boisés, qui ont de tout temps été intégrés dans des systèmes agro-pastoraux, sont trop souvent, aujourd'hui, surexploités. Ainsi, au Maghreb, le nombre de moutons et de chèvres est estimé à 50 millions, ce qui conduit au surpâturage. La consommation de bois de feu par les populations locales y est estimée à 0,35 m3 par habitant et par an. La croissance continue de ces besoins est souvent source de déséquilibres et de spirales de dégradations.
Quoique le feu puisse constituer un mode de régénération des forêts méditerranéennes, à condition de rester peu fréquent, la multiplication des incendies est devenue localement une grave cause de régression des forêts. Dans les pays méditerranéens du nord, la progression de l'embroussaillement dans les espaces abandonnés a augmenté les risques d'éclosion et d'extension des incendies.
Les formations basses
Mais ce qui caractérise le mieux la végétation méditerranéenne est la richesse en arbustes, arbrisseaux et sous-arbrisseaux dont l'ensemble forme ce que les Espagnols appellent matorral. Il se divise en plusieurs types de paysages dont les noms locaux sont devenus classiques : maquis, garrigues, phryganes.
Le maquis, sur substrat siliceux, contient des arbousiers, la bruyère en arbre, des calycotomes, des lentisques, parfois du buis, des daphnés (le garou), des ajoncs, le tout enchevêtré de salsepareille (Smilax) le rendant impénétrable. La garrigue, généralement sur substrat calcaire, est formée de buis, de chêne kermès (Q. coccifera), de genévrier oxycèdre, et de plantes odorantes (romarin, thym, lavande).
La dégradation maximale donne une apparence de steppe, qu'on appelle "erme" en Provence. Les phryganes en Grèce ont une physionomie analogue à celle des garrigues.
|
Frontières, espaces frontaliers
Les frontières entre les États riverains du pourtour méditerranéen ont été remaniées à maintes reprises au gré de l'écroulement des grands empires (dernier quart du XIXe et premier quart du XXe), des deux guerres mondiales, des conflits plus récents des Balkans, du Proche-Orient, de la situation de fait à Chypre par exemple. Le statut de certaines frontières peut être encore incertain.
On peut ainsi songer aux remises en cause récurrentes, au fil des situations géopolitiques du moment, d'"enclaves" telles que celles de Gibraltar (dont les habitants doivent se prononcer, le 7 novembre 2004, pour ou contre une souveraineté partagée de l'Espagne et de la Grande-Bretagne sur leur territoire), de Ceuta et Melilla par exemple. Les tensions peuvent brutalement rejaillir. Ainsi, en 2002, Rabat "occupe" militairement l'îlot de Persil (Perejil pour les espagnols ou Lela pour les marocains). Cet îlot, désert, est revendiqué par Madrid qui a alors reçu l'appui de l'Union européenne et de l'OTAN.
Par ailleurs, frontières et espaces frontaliers, peuvent être plus ou moins perméables, être plutôt des barrières ou plutôt des synapses d'échanges et de contact. Les frontières des États intégrés à l'UE tendent à se dissoudre dans l'entité communautaire et à se déplacer vers des frontières différentes : celles de l'espace Schengen, de la zone euro, etc. Par contre, au Proche-Orient, les frontières se "durcissent" dans le contexte conflictuel régional du début du XXIe siècle : la construction, controversée, d'un mur de partage des territoires en témoigne.
Les frontières qui partagent l'espace maritime de la Méditerranée sont, elles aussi, sujettes à contestations et à revendications. Compte tenu de l'étroitesse relative du bassin méditerranéen et de la fragmentation politique en de nombreux États, la règle internationale des "200 milles" nautiques délimitant des Zones d'exclusivité économique (ZEE) ne peut s'appliquer. La seule règle applicable à ce jour est celle des 12 milles nautiques qui définissent les eaux territoriales de chaque pays. En mer Égée, du fait de la proximité immédiate entre les îles grecques et les rivages turcs, la délimitation des eaux territoriales a été ramenée à 6 milles. Mais les questions relatives aux droits d'exploitation économiques des ressources halieutiques ou des richesses potentielles ou prouvées des fonds sous-marins alimentent largement les tensions gréco-turques.
Pour compléter
- dans le dossier "La frontière, discontinuités et dynamiques" :
> Jeux de frontières à Chypre : quels impacts sur les flux migratoires en Méditerranée orientale ? (Olivier Clochard)
> L'Europe, une "forteresse" ? La gestion des politiques migratoires. Objectifs et activités de l'agence Frontex.
- sur le web, un dossier de la BBC : http://news.bbc.co.uk/2/hi/europe/2131636.stm
|
Géopolitiques (alliances et armements)
La Méditerranée est une zone géopolitique particulièrement sensible, et à forte conflictualité. Les dépenses militaires s'y élèvent, au début du XXIe siècle, à environ 5,9% du PIB de l'ensemble des pays riverains (la moyenne mondiale est de 3,4%).
Parmi les sources de tension, on peut tout particulièrement relever : l'instabilité récurrente dans les Balkans et leur périphérie ; l'instrumentalisation de l'islam à des fins politiques et/ou militaires ; la question des relations intercommmunautaires (palestiniens et israéliens, serbes, croates et albanais par exemple) ; les disparités Nord/Sud des niveaux de développement et leurs conséquences ; les déficits de gouvernance dans les PSEM* ; les rivalités et tensions au sein même du monde arabe ; la pression induite par la production ou le transit de certaines matières premières et denrées particulièrement "sensibles" (pétrole, drogue, etc.).
Différents systèmes d'alliances, aux compétences variables (domaines politiques, militaires, économiques), traversent et divisent les pays de la région : les principales organisations régionales (document)
Pour en savoir davantage sur l'ensemble des politiques de défense et d'armement, consulter la base de données "Facts on International Relations and Security Trends" (FIRST) du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) : http://first.sipri.org
|
Gouvernance (des États)
La notion de gouvernance est à la mode et, à l'instar de celle de "développement durable", elle court le risque de devenir un simple mot-valise galvaudé et sans signification précise. Pourtant, on la perçoit déjà chez les philosophes de l'Antiquité. Au quinzième siècle un juriste anglais écrit un livre intitulé The governance of England dans lequel ce mot avait déjà un sens proche du sens actuel. Qu'est-ce qui fait, de nos jours, l'actualité et la pertinence d'un concept que l'on retrouve dans les programmes de travail de presque toutes les organisations internationales (Nations Unies, OCDE, Union européenne) et dans de nombreux séminaires et autres colloques ?
À l'époque contemporaine, la notion de gouvernance fait son apparition à la fin des années 1980 dans le champ des relations internationales. Le terme de "good governance" est employé par les institutions financières internationales pour définir les critères d'une bonne administration publique. La Banque mondiale définit la gouvernance comme l'ensemble des traditions et des institutions exerçant l'autorité sur un pays ce qui inclut : les processus par lesquels les gouvernements sont désignés, contrôlés et remplacés ; la capacité du gouvernement à formuler et à adopter des politiques de fond ; le respect des citoyens ; la capacité des institutions à piloter les interactions économiques et sociales.
Des typologies des mécanismes de la gouvernance, en tant que systèmes régulateurs, prennent en compte les dimensions suivantes : relations entre les dirigeants et les dirigés, notamment les relations entre l'État et la société civile ; mode de coordination de diverses activités et/ou relations entre acteurs ; mode d'allocation des ressources entre ces activités ou ces acteurs ; structuration des conflits (prévention, résolution).
Mais la gouvernance est un concept complexe et malaisé à évaluer. Pour le mesurer, les méthodes sont souvent empiriques, fondées sur des critères variés : État de droit, lutte contre la corruption, efficacité du secteur public, liberté d'opinion, démocratie. La plupart de ces mesures sont subjectives car basées sur des perceptions et des opinions d'experts. En effet, la gouvernance est difficile à mesurer de manière objective précisément là où elle est de mauvaise qualité ! Bien entendu, les indicateurs produits sont discutables. Par exemple, la perception occidentale des méditerranéens du Nord peut les conduire à qualifier de "clientélistes" et "corrompues" certaines pratiques de l'Islam traditionnel, ce qui peut alors relever davantage de l'incompréhension entre cultures. Enfin, d'aucuns pourront reprocher à la Banque mondiale, grande institution internationale, son approche libérale de la gouvernance. C'est ainsi que d'autres approches, d'autres mesures et indicateurs ont été proposés par différentes organisations "alternatives".
Bien qu'imparfaits, de tels indicateurs fournissent néanmoins des éléments comparatifs à ne pas négliger. C'est ainsi qu'on pourra mettre en évidence, pour les pays du pourtour méditerranéen, des niveaux de gouvernance diversifiés. À côté d'autres critères, ces différences peuvent contribuer à expliquer certains phénomènes tels que les flux migratoires, les différences de performances économiques, etc.
Pour prolonger, développer, approfondir :
-Différents types de mesure de la gouvernances, document : indices de la Banque mondiale, indice de "perception de la corruption" proposé par l'organisation Transparency International, indice des libertés, etc.
- la rubrique "savoir-faire" du dossier
- L'approche de la gouvernance des métropoles dans le dossier correspondant. Quant à la question de la gouvernance des entreprises (corporate governance), bien qu'elle ne soit pas sans rapport avec la gouvernance des États, elle est néanmoins davantage située dans le champ des préoccupations socio-économiques.
- L'article "gouvernance" dans : Lévy J. et Lussault M. (dir.) - Dictionnaire de géographie et des sciences de l'espace social - Belin - 2003
|
Inégalités
voir clivages
|
Insularité
Les îles couvrent environ 4% de la Méditerranée et sont inégalement réparties : poussières insulaires des mers Egée, Ionienne, de Dalmatie, ou pavages plus importants représentés par les grandes îles telles que Chypre, la Sicile, la Crête, la Sardaigne, la Corse.
Les îles participent pleinement aux images et aux mythes de la Méditerranée. Mais, de nos jours, l'insularité méditerranéenne renvoie à une double caricature. D'un côté les images idylliques des voyagistes avec la mer bleu azur, les plages ensoleillées, le pittoresque des lieux (ruines antiques, criques secrètes, villages de pêcheurs, etc.). D'un autre côté, des réalités qui sont souvent celles de toute insularité : l'éloignement et l'isolement relatifs, le particularisme culturel qui peut confiner à l'archaïsme, l'exigüité des lieux, la rareté de certaines ressources. A la croisée de ces deux réalités, le choc peut être brutal avec son cortège de dénaturation des paysages, de spéculation foncière sur fond de dépeuplement des populations permanentes, de déstructuration des sociétés traditionnelles, etc.
Les îles contribuent fortement à articuler l'espace méditerranéen, à créer des liens, des ponts entre ses différents rivages. Elles sont parfois aussi des enjeux disputés : de l'îlot du Persil (voir l'entrée frontières) à l'île de Chypre, elles cristallisent les tensions et les rivalités.
|
Intégration régionale et mondiale
Les pays riverains de la Méditerranée appartiennent en général à une ou plusieurs organisations régionales, mais aucune n'est spécifiquement méditerranéenne. Le manque d'intégration régionale peut aussi être constaté en considérant la nature des échanges économiques et financiers.
D'une manière générale, les investissements régionaux croisés sont réduits. Les Pays du Sud et de l'Est méditerranéen ( PSEM*) sont des parents pauvres de l'investissement international : non seulement leur intégration économique est très faible par rapport aux autres zones, mais elle a plutôt tendance à stagner. En moyenne, ils n'attirent que 2% de l'investissement direct à l'étranger (IDE) européen. Si l'Union européenne a mobilisé 730 milliards de USD pour la réunification allemande, si elle a consacré, directement ou indirectement, 60 milliards de USD aux PECO, les pays de la zone Moyen-Orient / Afrique du Nord (dont la population est presque le double de celle de la zone PECO) n'ont bénéficié de concours européens qu'à hauteur de 15 milliards de USD. Toutes origines confondues, l'IDE n'assure qu'une faible part du PIB des PSEM (données 2000) : 0,01% du PIB de l'Algérie, 0,21% de celui de la Jordanie, 0,84% au Maroc, 0,94% en Égypte, 1,64% en Tunisie.
L'intégration régionale Sud-Sud est également très limitée : moins de 5% des échanges des pays de la zone Moyen-Orient / Afrique du Nord ( Middle East and North Africa - MENA*) se font sur une base régionale, contre plus de 50% pour l'UE (données 2002). Or, il apparaît que, dans un contexte général de mondialisation, l'intégration régionale constitue un atout pour chacun des pays qui y participent.
Cette question de l'intégration régionale doit également tenir compte des projets initiés par l'UE à travers le processus de Barcelone ou par les États-Unis dans le cadre d'une initiative globale pour le "Grand Moyen-Orient".
Inventaire des principales organisations régionales (document) agissant dans les domaines diplomatiques, militaires et/ou économiques et concernant les États du pourtour méditerranéen.
L'insertion régionale des pays impliqués dans la zone méditerranéenne (une sélection)
|
Interface
La Méditerranée constitue un espace de clivage en même temps que de contacts entre les pays du Nord et ceux du Sud. Clivage lorsqu'on y considère les écarts de développement, les différenciations culturelles, les tensions géopolitiques. Contacts à travers la mobilité des hommes (migrations, déplacements touristiques), les échanges économiques, financiers et culturels entre les pays riverains.
Patrimoine maritime commun de l'ensemble de ses pays riverains, la Méditerranée est également un héritage partagé. Pendant environ quatre siècles de son histoire, elle fut même unifiée politiquement par l'Empire romain qui a laissé des ruines architecturales semblables sur tout son pourtour. L'Empire forma alors une sorte de "marché commun", après la victoire de Pompée dans sa lutte contre la piraterie pour assurer la sécurité de la Méditerranée. Les Romains utilisèrent alors l'expression mare nostrum, faisant de la Méditerranée une mer intérieure, concept autant politique qu'économique, mais également démographique.
Au cours des siècles suivants les dynamiques d'éclatement l'emportent, la Méditerranée est le théâtre de divisions successives : partage après la dislocation de l'Empire romain, entre l'Ouest latin, catholique et l'Est grec, orthodoxe ; puis islamisation de la rive Sud. C'est donc une entité complexe et diversifiée que Fernand Braudel étudie lorsqu'il se penche sur la "Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II". Le mouvement colonial des XIXe et XXe siècles, avec ses conséquences, poursuit cette problématique du contact et de la division.
La Méditerranée des années 2000 peut apparaître comme un monde divisé, interface entre un Nord, au niveau de développement élevé et un Sud (en fait Sud et Est) en retard de développement. Dualité économique qui se double d'une dualité politique entre la plupart des pays du Nord, aux institutions démocratiques, assurant les libertés publiques, et, de nombreux pays du Sud et de l'Est où ces mêmes libertés publiques sont moindres et dont les régimes politiques sont, à des degrés variables, autoritaires.
Mais cette Méditerranée n'est pas une interface fermée : elle est aussi un espace essentiel d'échanges et de passages .
Pour prolonger, approfondir :
un article de Vincent Clément (nouvelle fenêtre) :
Unité ou fracture en Méditerranée, d'un mythe à l'autre
- un article de Gérard-François Dumont (nouvelle fenêtre) : Situations démographiques et logiques migratoires trans-méditerranéennes
|
Irrigation
Voir :
- un document en pop-up : L'approvisionnement en eau, une préoccupation partagée
- un article de Laurent Carroué (nouvelle fenêtre): Gestion de l'eau en Espagne, les canaux de la discorde |
Limites (du domaine, de l'aire, du monde méditerranéen)
Les limites de l'aire ou du domaine méditerranéen sont couramment fondées sur des critères bio-climatiques.
L'olivier est ainsi tout à la fois symbole et limite du domaine méditerranéen vers le nord. Dans l'Antiquité, à travers les textes sacrés (Ancien Testament, Coran), il occupe une place de choix en représentant à la fois la justice et la paix. Les géographes du XIXe siècle font de l'"aire de l'olivier" le critère définissant le mieux le monde méditerranéen. Arbre cultivé dérivé de l'oléastre, l'olivier a longtemps joué un rôle essentiel dans les économies traditionnelles. Mais son extension, si elle convient assez bien pour définir le domaine méditerranéen au nord pour les plaines et les basses pentes, ne convient pas toujours dans les cas suivants : montagnes et hautes terres (plateaux de la meseta ibérique par exemple) ; limites méridionales du domaine marquées par l'apparition du palmier-dattier fructifère dont les premières plantations annoncent le début du domaine désertique avec une sécheresse estivale qui se dilate sur la plus grande partie de l'année.
Qu'ils soient biologiques (aires du chêne vert, du pin d'Alep, etc.) ou climatiques (régions ayant au moins deux mois de sécheresse estivale, isotherme de 10°C pour le mois de janvier, etc.), aucun critère ne suffit à lui seul pour définir un milieu dont les diversités font aussi la richesse. L'élévation en altitude dans les espaces montagnards, ou la proximité de régions désertiques, atténuent ou aggravent les contraintes du climat méditerranéen. Dans ces conditions, la question de savoir où s'arrête le milieu méditerranéen est délicate, ses marges montagnardes ou désertiques ne forment pas une ligne continue aisément repérable.
Adapté de : La Méditerranée - Hachette Université - 2002
Mais l'étude du monde méditerranéen dans sa globalité n'est pas réductible à de telles limites bio-climatiques. Pour en étudier les dynamiques territoriales, socio-économiques, géopolitiques, on pourra juger pertinent de prendre en compte, en profondeur, les arrières-pays et de considérer l'ensemble des territoires des États riverains, avec leurs principaux systèmes d'échange et de communication vers l'intérieur des continents auxquels ils sont rattachés.
Au niveau international, le monde méditerranéen ne fait que rarement l'objet d'une identification régionale unique, le Plan Bleu (associé au Plan d'action pour la Méditerranée, le PAM*) étant, à ce titre, original et intéressant. Les ensembles couramment étudiés sont : le Proche-Orient, le Maghreb et/ou le Makrech, les pays de l'UE, les PECO (avant l'élargissement), l'Afrique du Nord, le Monde arabe, la zone Middle East North Africa (MENA) pour la Banque mondiale, etc. Il convient donc de rassembler, dans ces différents sous-ensembles régionaux, les informations exhaustives nécessaires.
Inventaire des principales organisations régionales (document)
|
Littoral, littoralisation
Les caractères morphologiques des littoraux du pourtour méditerranéen résultent de différentes dynamiques, parfois cumulatives, parfois antagonistes :
- accrétions, progradations aux embouchures de grands fleuves qui peuvent ainsi former de vastes zones humides plus ou moins deltaïques : Ebre, Guadalquivir, Nil, Po, Rhône par exemple,
- apports ou amaigrissements sédimentaires au gré des dérives littorales,
- déplacements verticaux des masses continentales entraînées par les effets de la tectonique des plaques : ainsi la plaque africaine tend à s'enfoncer sous la plaque eurasiatique en se déplaçant de 2,3 cm par an environ vers le Nord-Ouest.
D'une manière générale, les espaces littoraux du pourtour méditerranéen, sont soumis à des contraintes variées, par exemple : les grands abats d'eau (épisodes cévenols), et les crues aux effets parfois dévastateurs ; l'exigüité des plaines côtières lorsque plateaux et massifs montagneux s'élèvent à proxim ité du trait de côte. Et quels pourraient être les effets, sur les espaces littoraux méditerranéens, d'évolutions géomorphologiques et climatiques globales ? Certains lieux, mythiques et sensibles peuvent faire l'objet de surveillance particulière, voire de plans de sauvetage : la lagune de Venise par exemple.
Par ailleurs, les principales logiques d'attractivité des littoraux - logiques de production et d'échanges des biens, logiques de recherche d'aménités (tourisme notamment) - y sont bien souvent à l'oeuvre. Elles provoquent la densification des aménagements et la concurrence croissante entre activités et acteurs et/ou usagers. Ce "désir de rivages" est un phénomène récent, les zones basses littorales ayant été, jusqu'au XXe siècle, celles de l'insalubrité et de l'insécurité.
Ainsi, les 46 000 km de côtes méditerranéennes sont en proie à une forte urbanisation et tendent à s' artificialiser de plus en plus. Le tropisme vers les régions côtières s'est renforcé au cours des trente dernières années : en l'an 2000, 34% de la population des pays méditerranéens vivent dans les régions côtières contre 27% en 1970. Entre 1970 et 2000, la population des régions côtières de la rive nord est passée de 58 à 69 millions et, dans la même période, le chiffre a plus que doublé pour les pays de la rive sud et du Levant, en passant de 32 à 75 millions d'habitants. Dans les régions côtières méditerranéennes, la densité moyenne de population est passée de 100 hab/km2 en 1970 à 150 hab/km2 en 2000. Elle pourrait dépasser 180 hab/km2 en 2025. De surcroît, la population urbaine de l'ensemble des pays riverains, de 274,5 millions en 2000, comptera 379 millions d'individus en 2025. Les urbains supplémentaires représentent à cette date 104,5 millions de personnes, dont plus de 98 millions au Sud et à l'Est (données du Plan Bleu*)
Pour compléter, prolonger :
- Un dossier de Géoconfluences : " Les espaces littoraux : gestion, protection, aménagement"
- un exemple, la pression sur le littoral français, un document des " Données de l'environnement" - de l'Ifen (Institut francais pour l'environnement) - www.ifen.fr/pages/depdf.htm - n°55, Juin 2000 : La pression de la construction ne se relâche pas sur le littoral métropolitain
www.ifen.fr/pages/de55.pdf
|
Maillages et statistiques
L'étude des régions du pourtour méditerranéen pose le problème des maillages à prendre en considération, de l'homogénéité, de la disponibilité des statistiques sur ces unités spatiales.
Dans son ensemble, la région méditerranéenne comprend 25 pays ou territoires en grande partie riverains de la mer Méditerranée. Il est possible de les répartir en trois sous-régions, pour faciliter les analyses comparatives (Plan Bleu*) : le Nord ou l'Europe élargie (Portugal, Espagne, France et Monaco, Italie, Malte, Bosnie-Herzégovine, Croatie, Slovénie, R.F. de Yougoslavie, Albanie, Grèce) ; l'Est (Turquie, Chypre, Syrie, Liban, Israël, Territoires Palestiniens de Gaza, et Cisjordanie, Jordanie) ; le Sud (Égypte, Libye, Tunisie, Algérie, Maroc).
L'Union Européenne, dans le cadre de sa Nomenclature des Unités Territoriales Statistiques (NUTS), définit différents niveaux de régions administratives équivalentes : NUTS 0 pour les États ; NUTS 1 pour les ZEAT (Zone d'étude et d'aménagement du territoire) ; NUTS 2, équivalent des régions ; NUTS 3, équivalent des départements français jusqu'à NUTS 5 les communes.
Le Plan Bleu, pour les besoins de ses travaux sur les régions côtières méditerranéennes, a pris en considération les unités NUTS 3 littorales de l'UE. Pour les autres pays hors UE, une demande officielle a été formulée afin que chaque pays propose des unités administratives littorales "comparables" aux NUTS 3 européens. Il en est résulté un ensemble de 221 unités administratives littorales correspondant aux NUTS 3 (wilayas en Algérie par exemple).
Mais ce niveau NUTS 3 méditerranéen, souvent suffisant pour montrer les disparités de développement entre le littoral méditerranéen et le reste du territoire des États, ne permet pas toujours de montrer les différences, au sein même d'une NUTS 3, entre la "bande littorale" et l'arrière-pays. Dans ce cas, il est nécessaire de considérer le niveau communal (NUTS 5 ou équivalent) pour étudier les différences entre les communes littorales et les communes de l'arrière-pays.
Pour compléter :
inventaire des principales organisations régionales (document)
|
Méditerranée
Méditerranée, mer au milieu des terres : le vaste bassin maritime de la Méditerranée est encadré de montagnes souvent omniprésentes (chaînes alpines, Atlas), à l'exception de son secteur sud-oriental. Ces reliefs d'arrière-pays atteignent souvent ou même dépassent les 3 000 mètres. Entre ces reliefs et les rivages, les plaines littorales sont plus ou moins exigües. Elles ne se développent surtout qu'à l'embouchure des fleuves (le Nil, le Pô, le Rhône, l'Ebre, la Medjerda) ou en arrière des côtes à lido (cordon dunaire séparant une lagune de la mer) du Languedoc ou de la façade italienne de l'Adriatique.
La Méditerranée est l'une des frontières séparant dans le monde deux zones contiguës aux caractéristiques démographiques différenciées et aux niveaux de développement contrastés. Cette région, dans sa diversité, est représentative de l'ensemble de la planète et constitue ainsi un laboratoire grandeur nature de la confrontation Nord/Sud, avec ses nuances et ses complexités.
Pour approfondir :
- les articles de Vincent Clément
- les entrées interface, frontières, limites, du glossaire
|
Mer Méditerranée
La Méditerranée a une super ficie de 2,5 millions de km2. Étirée sur environ 4 000 km d'est en ouest depuis Tanger jusqu'à Beyrouth, elle est divisée en deux bassins par le seuil sicilo-tunisien, un seuil de 138 km entre le cap Bon et Marsala avec des profondeurs n'excédant pas 400 m. Ce cloisonnement entre l'est et l'ouest est accentué par les avances des plates-formes de Malte et de la Tunisie orientale. Le plus grand écart entre les deux rives de la Méditerranée n'est que de 800 km entre les ports de Gênes et de Bizerte.
Le trait le plus marquant de la géomorphologie de la mer Méditerranée est la brusque plongée des côtes vers les grands fonds de 2 500 à 5 000 mètres, disposés sous forme de plaines abyssales au centre des principaux bassins. En conséquence, les plateaux continentaux sont rares et exigüs : parmi eux, celui du golfe du Lion, celui des Baléares entre cet archipel et la côte espagnole, celui de Tunisie-Sicile entre l'Italie et la Tunisie, celui des Cyclades, très accidenté, qui porte l'archipel du même nom et s'étend des côtes helléniques aux côtes turques.
Du point de vue hydrologique, la Méditerranée est une mer presque fermée : le détroit de Gibraltar qui la met en communication avec l'océan Atlantique a une largeur variant entre 13 et 39 km ; le Bosphore qui établit la communication avec la Mer Noire est un passage de 30 km de longueur par seulement 1 km de largeur à son point le plus étroit ; quant au canal de Suez, qui permet l'accès à la Mer Rouge, il mesure approximativement 163 km de long, la largeur minimale de son lit est de 60 m et les navires de 16 m de tirant d'eau peuvent l'emprunter. Elle est soumise à une forte évaporation très supérieure aux précipitations et aux apports fluviaux. La différence est donc compensée par les entrées d'eau atlantique par le détroit de Gibraltar (70 000 m3/s), et d'eau de la mer Noire, par la mer de Marmara (6 500 m3/s au Bosphore). On estime que 36 400 km3 d'eaux sont renouvelés annuellement, soit un renouvellement complet en 90 ans, ce qui est très lent et très long d'où la rémanence de la pollution.
La température des eaux de surface est très élevée en été du fait du fort ensoleillement. Mais les contrastes thermiques annuels sont importants : la température de l'eau en surface est variable suivant la saison (entre 21 et 30° l'été et entre 10 et 15° l'hiver) et elle augmente d'ouest en est. Enfin la teneur en sels y est élevée : de 38 à 39 g/l contre 35 g/l en moyenne pour les mers et océans du globe.
L'exigüité du plateau continental, l'absence de grands marnages donc de brassage des eaux, explique, en partie, que la biomasse produite soit relativement faible : les eaux méditerranéennes ont une productivité très inférieure à celle des eaux océaniques, ce qui a des répercussions sur le potentiel halieutique. On y pêche surtou t des espèces pélagiques mais certains stocks ont fortement tendance à s'épuiser. Le recours à l'aquaculture tend à se développer, avec les problèmes d'écologie et de pression sur l'occupation de l'espace afférents.
Pour compléter, approfondir :
- les entrées "détroits et ports", "flux maritimes" du glossaire
- l' article de Vincent Clément : La Méditerranée, un modèle spatial de référence ?
- le Plan Bleu : www.planbleu.org/first.htm
|
Migrations, migratoire
Les flux migratoires, à travers l'espace méditerranéen, sont de toutes les époques. De nos jours, ils résultent de différentiels, de gradients de toute nature, démographiques, socio-économiques, politiques. Ils peuvent être entièrement endogènes à l'espace méditerranéen ou d'origine exogène : migrants d'origine sub-saharienne, du sud ou de l'orient asiatique par exemple.
Le processus migratoire est multifactoriel et multiforme : il exprime les disparités économiques et politiques qui caractérisent les deux rives ; il répond à des besoins en main-d'oeuvre des pays du Nord ; il obéit à des logiques de regroupement familial ou communautaire.
Les migrations peuvent se faire dans un cadre légal, encadré, mais elles ne constituent qu'une partie du phénomène. Les migrations clandestines, par leur nature même, sont difficilement quantifiables. L'arrivée des clandestins, lorsqu'elle donne lieu à des drames, est fortement médiatisée. Ainsi, en Espagne, estime-t-on à 85% le nombre de migrants clandestins rentrant dans le pays par les ports et les aéroports et à 15% (8 000 à 10 000 par an selon les estimations du Ministère de l'Intérieur espagnol). Les drames répétés des pateras et de ce que la presse espagnole appelle "las espaldas mojadas" (littéralement "les épaules mouillées", expression semblable à celle des wet-backs de la frontière du Rio Grande) suscitent l'émotion. Selon l' Association des Amis et Familles des Victimes de l'Immigration Clandestine, le nombre de noyés entre 1997 et le 15 novembre 2001 s'est élevéà 3 286 victimes. On retrouve les mêmes situations dramatiques à l'arrivée sur les côtes italiennes, voire françaises par exemple. Notons enfin qu'on relève récemment l'apparition de flux migratoires d'un nouveau type : celui d'enfants mineurs non accompagnés.
L'accroissement des flux migratoires entre les deux rives de la Méditerranée ne va pas sans poser des problèmes socio-politiques autant qu'économiques. Mais l'exemple des États-Unis donne des éléments de comparaison : avec 56 millions d'immigrés et d'enfants d'immigrés, soit un cinquième de la population américaine, ils ont un taux d'immigration deux fois supérieur à celui de l'Europe (6,6% contre 3,5%).
Pour compléter, approfondir
- dans ce dossier :
> une page du corpus documentaire, Un espace sous tensions, flux migratoires et situation de l'Espagne
> un article de Gérard-François Dumont : Situations démographiques et logiques migratoires trans-méditerranéennes
> d'autres entrées du glossaire ( tourisme, démographie, etc.)
- dans le dossier "La frontière, discontinuités et dynamiques" :
> Jeux de frontières à Chypre : quels impacts sur les flux migratoires en Méditerranée orientale ? (Olivier Clochard)
> L'Europe, une "forteresse" ? La gestion des politiques migratoires. Objectifs et activités de l'agence Frontex.
|
Patrimoine
Les pourtours méditerranéens, chargés d'histoire multi-millénaire, bénéficient d'un exceptionnel patrimoine qui contribue à en encourager l'intense fréquentation touristique.
On trouvera, sur le site de l'UNESCO, les sites méditerranéens inscrits au patrimoine mondial. Ils peuvent être menacés par des phénomènes naturels (activité volcanique ou sismique, dégâts des eaux, phénomènes de submersion, etc.) ou humains (pillages, conflits, déterriorations volontaires ou involontaires) justifiant des opérations de préservation et de sauvetage.
Voir la liste des sites inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco :
http://whc.unesco.org/nwhc.fr/pages/home/pages/homepage.htm
|
Périphéries et finistères
Du point de vue du "cœur" de l'Europe continentale, les territoires méditerranéens sont globalement "périphériques". Cette notion de périphérie recouvre à la fois l'idée d'éloignement en distance kilométrique, qui peut être d'ailleurs fortement réduit en distance temps (trains rapides, voie aérienne), et l'idée de moindre degré de développement. Au demeurant, certaines de ces périphéries enregistrent des retards de développement qui leur ont valu de bénéficier longtemps des fonds structurels européens. Ceux-ci seront certainement moins conséquents dans les années à venir compte tenu de la réforme des mécanismes des aides et de la concurrence que représente l'effort fait pour intégrer les nouveaux venus de l'élargissement de 2004.
Certains territoires méditerranéens de l'UE sont des "finistères" dont l'isolement est atténué par la proximité d'autres rivages, à la différence des finistères atlantiques par exemple. Si finistères et périphéries coïncident souvent, la notion de finistère signale en général une singularité territoriale plus marquée liée à la situation de projection dans la mer et d'isolement relatif qui en découle (cf. à titre d'exemple le Magne au sud du Péloponèse).
|
Risques ("naturels")
La Méditerranée concentre un certain nombre de risques d'origine naturelle. On y trouve les types de risques suivants :
1 - Les risques sismiques et volcaniques engendrés par la convergence entre les plaques africaine et eurasienne. La plaque Africaine se déplace en effet actuellement de 2,3 cm par an vers le Nord-Ouest et plonge sous l'Europe.
2 - Les risques liés aux conditions climatiques, à la forte variabilité annuelle et inter-annuelle des précipitations :
- les inondations d'automne ou d'hiver peuvent y prendre des proportions catastrophiques pour les biens, voire pour les hommes.
- les sécheresses conjoncturelles ont, en région méditerranéenne, des conséquences particulièrement sévères. Des sécheresses assez sévères ont une fréquence au moins décennale et des années de sécheresse consécutives ne sont pas rares en Méditerranée. En voici quelques exemples récents : 1980 – 85 au Maroc ; 1982-83 en Grèce, Espagne, Italie du Sud, Tunisie ; 1985-1989 en Tunisie ; 1990-95 en Espagne, au Maroc.
Voir la brève : Méditerranée, rivages à risques
|
Sécheresse estivale
Le climat méditerranéen est caractérisé par une situation unique : la saison sèche coïncide avec celle des plus fortes températures. La sécheresse estivale n'a pas partout la même durée : de 2 à 3 mois sur la rive nord de la Méditerranée occidentale (Gênes, Barcelone), elle s'étale sur 6 à 7 mois sur les côtes du Levant (Beyrouth, Jaffa).
|
Tourisme (littoral, méditerranéen)
Le bassin méditerranéen est, de loin, la première région touristique du monde. Le tourisme d'hiver des origines, réservé aux élites européennes, a évolué vers un tourisme estival de masse. Occasion de contact entre les populations des différents rivages de la Méditerranée, le fait touristique est aussi une manifestation du différentiel Nord/Sud lorsque le "système touristique" fait appel aux capitaux, à l'impulsion et aux migrations saisonnières du Nord investissant le Sud.
Les chiffres montrent l'importance économique majeure du tourisme pour la Méditerranée, devenu, dans de nombreuses régions, la véritable "force motrice" du développement. Les données de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) montrent cependant que le tourisme international est essentiellement concentré dans les trois pays du nord-ouest du bassin : la France, l'Espagne et l'Italie ont respectivement 11%, 7,4% et 5,7% du total mondial, ce qui représente un total cumulé de 168,5 millions d'arrivées de touristes internationaux. Par comparaison, l'Afrique du Nord et le Moyen Orient, considérés dans leur ensemble (donc y compris les lieux saints du Proche et Moyen Orient), ont respectivement 1,5% et 3,9% du total mondial des arrivées de touristes internationaux, soit 37,9 millions. Les pays du Sud et de l'Est méditerranéens, confrontés à de fortes croissances démographiques, bénéficient donc relativement peu des retombées du tourisme international qui pourrait contribuer à leur développement.
Le tourisme en Méditerranée reste essentiellement concentré sur les bandes côtières et pénètre assez peu en profondeur. Il contribue donc largement à alimenter la pression sur les littoraux et à provoquer leur artificialisation. Par exemple, on compte environ un port de plaisance tous les 3 km sur la Côte d'Azur et leur création s'accompagne bien souvent d'opérations immobilières (marinas par exemple). Les communes d'accueil touristique doivent aussi faire face à des problèmes de gestion environnementale spécifiques : gestion des déchets, approvisionnements en eau concentrés en pleine période de sécheresse estivale par exemple.
Pour compléter, prolonger :
- Le Plan Bleu : www.planbleu.org/first.htm et www.planbleu.org/vfrancaise/5-514.htm
- L'Organisation mondiale du tourisme : www.world-tourism.org/francais/index.htm et les "faits et chiffres" (facts & figures) : www.world-tourism.org/market_research/facts/menu.html
|
Principales sources : voir la partie "ressources" de ce dossier ainsi que la page consacrée aux notions générales .
CODED - La base de données de concepts et de définitions d'Eurostat :
http://forum.europa.eu.int/irc/dsis/coded/info/data/coded/fr.htm
Glossaire proposé par Jean-Louis Carnat, Vincent Clément, G.F. Dumont et Sylviane Tabarly
Mise à jour partielle : 30-11-2005
|
|
|