Distance, distance-temps, distance-coût
Intervalle à franchir pour se rendre d'un lieu à un autre, la distance a la signification d'une séparation, son parcours nécessite un effort, une dépense d'énergie. Le contraire de la distance est ce qu'on appelle en théâtre l'unité de lieu : le lieu étant un espace dans lequel la distance est nulle ou presque.
Jusqu'au début du XXe siècle, l'espace était rugueux et opaque : les distances étaient franchies difficilement, protégeant ainsi les producteurs de leurs concurrents. Au cours du XXe siècle, la baisse du coût de la mobilité des individus et du transport (des marchandises, des informations…), tant en coût qu’en temps, a fortement contribué à la mondialisation. Il ne faut pas pour autant en déduire l'abolition programmée de tout facteur temps, distance et coût dans les processus de localisation : les espaces où l'on peut accéder rapidement aux biens et aux informations restent gagnants, ce que recouvre la notion d’accessibilité. Comme cette dernière, la distance est relative, et évolutive dans le temps.
Il y a plusieurs types de distances. La plus classique, la distance géométrique euclidienne, a un intérêt partiel pour l'étude des mobilités. D'autant que la ligne droite n'est pas forcément la plus adaptée pour rejoindre un point à un autre.
Aussi, les entreprises, comme les particuliers, tendent à mesurer les distances en temps (distance-temps) : « nous sommes à 20 minutes de l'aéroport ». Et aussi en coût (distance-coût). Distances-temps et distances-coûts peuvent être représentées dans l'espace par des lignes de temps ou de coût égal pour accéder à un lieu donné : il s'agit respectivement d'isochrones et d'isodapanes. L'espace géographique n'étant pas isotrope, les distance-coût et distance-temps ne sont pas égales, en général, à la distance géométrique.
Les dimensions des aires de chalandise d'un commerce ou des aires d'influence d'un service dépendent de sa portée-limite. Pour optimiser leurs déplacements, les clients tiennent compte des coûts et des temps, et ne vont guère au-delà de cette portée-limite.
On remarque aussi que la distance est révélée par les comportements plutôt qu'établie a priori selon une échelle identique pour tous les individus (distance perçue). La distance perçue fait partie des distances cognitives (ou mentales), qui sont des représentations psychologiques, individuelles ou collectives : c'est le champ de ce qui relève de la proxémie. Le capital spatial des individus ou des collectifs, qui influe sur leur motilité, est aussi un paramètre d’appréciation de la distance. La distance entre les individus est un élément important des interactions sociales. Edward T. Hall (1963) distinguait trois ordres de distances entre les individus : personnelle, sociale, et publique. Dans les études de mobilité ou de diffusion, la proximité se mesure moins en distance physique que par les possibilités de contact, d'information ou de familiarité avec les lieux.
(ST) 2009, dernières modifications (JBB) octobre 2021, décembre 2024.
Référence citée
- Hall, Edward T., 1963, The hidden dimension ; éd. ut. 1966. La dimension cachée. Paris, Seuil, coll. Points, 254 p.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Pascal Clerc, « Monastère, agora, forteresse ou nœud d’échanges. Quatre modèles pour définir les relations entre les écoles et leurs environnements », Géoconfluences, janvier 2021.
- Emmanuelle Gilles, « La cour de récréation à l’épreuve du genre au collège », Géoconfluences, janvier 2021.
- Guilhem Labinal et Didier Mendibil, « Structures et proxémie dans la classe », Géoconfluences, octobre 2021.
Liens externes
- La distance, objet géographique, revue Atala, n°12, 2009, Rennes, lycée Chateaubriand : une somme d'articles de géographes français (Roger Brunet, Denise Pumain, Jacques Lévy, Christian Grataloup et bien d'autres).
- Vacher, Luc. (2014). Réflexion géographique sur la distance, une approche par les pratiques de tourisme. Mémoire d’habilitation à diriger des recherches en géographie. Université d’Angers.