Diffusion
La notion de diffusion s'intéresse aux processus qui mettent en jeu des déplacements de ressources, de productions, d'informations, de pratiques culturelles, de valeurs, par exemple, dans un espace. Elle est souvent associée à celles de changement, d'innovation, mais aussi de barrières spatiales. Introduite dans le discours géographique dès les années 1950 par le géographe suédois Torsten Hägerstrand (1916-2004), la diffusion n’intéressa la géographie française qu’à partir des années 1970.
Document 1. Les quatre principales formes de diffusion
On distingue classiquement quatre formes de diffusion (document 1) :
- linéaire (le long des axes, en doigts de gants) ;
- aréolaire, par stricte contiguïté, en tache d’huile, à partir d'un ou plusieurs foyers ;
- hiérarchique, en privilégiant par exemple les métropoles sur les autres villes ;
- au hasard, dans le sens probabiliste du terme. Dans les faits, les processus de diffusion combinent souvent plusieurs de ces modes d'autant plus que les catastrophes ont fréquemment des effets domino.
Les études de diffusion spatiale touchent plusieurs pans de la géographie.
Dans le cadre d'études sur les mobilités, la notion de diffusion spatiale recouvre l'ensemble des processus qui concourent au déplacement, à la migration et leurs effets. Les processus de diffusion procédant largement par contiguïté et par proximité, on comprend que les mobilités vont pouvoir les faciliter en agissant sur les probabilités de contact. Elles engendrent des phénomènes de diffusion dans l'espace géographique : diffusions de peuplement, de modes de vie, de technologies, de pratiques culturelles, de maladies. À cet égard, les diasporas jouent un rôle important en participant aux transferts de technologie, aux évolutions des pratiques culturelles par exemple, dans les deux sens (vers le pays d’accueil et vers le pays d’origine).
En géographie des risques, nuages toxiques, souffles explosifs, épidémies et pandémies, secousses sismiques ou tsunamis sont des objets aréolaires dont l'intensité décroît à partir d'un centre ou suivant une direction. Ils se diffusent dans l'espace selon des logiques spatiales qui leur sont propres, leur propagation étant rarement anisotrope. Ainsi, la circulation atmosphérique oriente la propagation des nuages toxiques. L'onde d'un tsunami peut être amplifiée ou, au contraire, amortie par la configuration topographique des océans. Des effets de barrière sont discernables : dans le cas de la diffusion des maladies, par exemple, certaines populations ont pu bénéficier de politiques de vaccination systématique faisant ainsi apparaître des frontières dans leur mode de propagation.
En géographie de la santé, appliqués aux maladies transmissibles (choléra, grippe, sida, etc.) et à leur extension (rythmes, itinéraires, flux, fronts, barrières, discontinuités), les modèles de la diffusion ont donné lieu à de multiples études sur les épidémies et les pandémies. Ces travaux portent soit sur les effets de l'environnement sur le cours de la maladie, soit sur le rôle des modifications anthropiques du milieu qui la facilitent ou lui font obstacle (approche one health). L'autre champ des études spatiales de diffusion en géographie de la santé est celui de l'innovation : innovation thérapeutique et technologique ; innovations sociales dans le système de soin (modes de prévention, de veille, de communication, etc.). Ainsi, l’étude de la diffusion du covid 19 entre 2019 et 2020 a montré l’existence d’une « innovation » (l’apparition du virus à Wuhan en Chine), d’une diffusion planétaire par contiguïté dans l’espace chinois, mais ensuite hiérarchisée dans l’espace mondial, via les nœuds essentiels de cette diffusion que furent les aéroports.
En géographie du fait religieux, la diffusion spatiale des religions s'effectue selon trois modes :
- l'adoption d'une religion par une population déjà installée, par échanges, agrégation, contagion ou imposition par le pouvoir politique
- l'introduction d'une religion à la suite de mobilités et de groupes de populations
- l'action prosélyte de missionnaires, de prophètes ou de simples fidèles suscitant des conversions
La diffusion spatiale des croyances et des pratiques religieuses repose d'une part sur l'action de transmetteurs, prosélytes, évangélisateurs auprès des populations, et d'autre part sur les résistances et barrières qui freinent cette action.
(ST) mai 2005, dernières modifications : (MCD) 2015, (JBB, SB et CB) 2023 et décembre 2024.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Sébastien Bourdin, « Tous cartographes ou l'"épidémie cartographique" suscitée par la flambée de maladie à virus Ebola », Géoconfluences, 2016.
- Pierre-Yves Trouillet, « Les populations d'origine indienne hors de l'Inde : fabrique et enjeux d'une "diaspora" », Géoconfluences, 2015.
- Emmanuel Eliot, Éric Daude, Emmanuel Bonnet, « Interpréter les épidémies du passé : l'exemple de l'épidémie du choléra-morbus en Normandie en 1832 », Géoconfluences, 2012.
- Sylviane Tabarly, « Choléra : géographie d'une pandémie. Étude de cas : Haïti, 2010 - 2012 », Géoconfluences, 2012.
- Clélia Gasquet-Blanchard, « Lieux d’émergence et territoires de diffusion de la fièvre hémorragique à virus Ebola au Gabon et en République du Congo », Géoconfluences, 2012.
Pour aller plus loin
- Denise Pumain, « Diffusion ». MobiDic, Dictionnaire critique des mobilités [en ligne], avril 2023.