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Érosion

Publié le 10/10/2024
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L'érosion définit l'ensemble de phénomènes externes qui, à la surface du sol ou à faible profondeur, modifient le relief par enlèvement de matière solide. L'érodibilité d'un sol désigne sa vulnérabilité face à l'érosion. L’agent d’érosion est l’élément qui contribue concrètement à l’érosion (l’eau, le vent, la glace, etc.) ; le processus d’érosion correspond quant à lui aux différentes modalités d’action de celle-ci. On distingue deux grands types de phénomènes :

  • les processus chimiques avec altération et dissolution par les eaux plus ou moins chargées de gaz carbonique. Ces phénomènes dominent, par exemple, dans la formation des modelés karstiques.
  • les processus physiques ou mécaniques avec désagrégation des roches et enlèvement des débris par un fluide, d’où les distinctions entre les érosions éolienne, fluviatile, glaciaire, marine. Les lœss sont ainsi des sols résultant du dépôt de sédiments liés à l’érosion éolienne.

La plupart du temps, ces processus s’additionnent et se combinent dans un milieu bioclimatique donné. Ils forment donc des systèmes d’érosion. On distingue classiquement les systèmes d’érosion de la zone intertropicale de ceux des zones dites « tempérées » ou froides. Les processus d’érosion y sont forts différents et engendrent des reliefs de nature très dissemblables. L’érosion joue un rôle majeur dans les processus physicochimiques nécessaires au vivant : c’est elle qui produit en partie les sédiments, les sols, et elle est une composante importante de tous les milieux (littoraux, fluviaux, forestiers, montagnards, glaciaires, etc.). Contrairement à la plupart des processus biophysiques, l'érosion n'est pas cyclique. Si un élément arraché peut être remplacé par un autre, l'amont des systèmes est constitué de réservoirs dont les sédiments sont retirés pour être transportés vers des exutoires. En aval, l’exutoire final, généralement les fonds marins, accumule des sédiments qui ne retourneront jamais à leur point de départ. Ce fonctionnement à sens unique est appelé la cascade sédimentaire (Cossart, 2016).

L'érosion est un phénomène naturel, mais comme d'autres (l'effet de serre, par exemple), son ampleur a été accentuée par les activités humaines, et ce façon accélérée depuis le début de l'âge industriel. Les changements de mode d'occupation des sols en sont la première raison. L'arrivée des Européens en Amérique du Nord et la transposition de leurs pratiques agricoles a ainsi multiplié l'érosion par 100, en considérant une durée égale, entre la période préocolombienne et le début du XXe siècle (Balesdent et al., 2023, p. 129). « L'érosion des sols cultivés est, en moyenne mondiale, de l'ordre d'un millimètre par an. C'est 10 à 100 fois plus que les niveaux naturels d'érosion (chiffre variant selon la méthode d'estimation de ces derniers) et 15 à 20 fois plus que les vitesses de formation du sol. » (ibid., p. 127). Toute agriculture conventionnelle provoque de l'érosion, dans la mesure où la matière récoltée a été en partie extraite du sol. Dans certains cas, le phénomène peut aller jusqu'à la destruction du sol : c'est le phénomène des bad lands, identifié très tôt aux États-Unis, puis dont l'extension a été limitée par l'évolution des techniques culturales.

L'aggravation de l'érosion est l'un des changements globaux qui affectent à brève échéance le fonctionnement des environnements terrestres.

(MCD) novembre 2014. Dernières modifications : (JBB, SB et CB), avril 2023, mai 2024, juillet 2024, octobre 2024.


Références citées
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