Habitat pavillonnaire
L'habitat pavillonnaire ou individuel correspond à un paysage caractéristique des périphéries urbaines et de la seconde moitié du XXe siècle, dans lequel les logements individuels dominent. Si l'« âge d'or » de l'habitat pavillonnaire peut se situer entre les années 1960 et aujourd'hui, ses origines remontent au moins au XIXe siècle. Il est souvent associé aux banlieues et aux espaces périurbains, mais l'habitat pavillonnaire existe aussi dans les espaces ruraux.
Désignant à l'origine un bâtiment seigneurial léger voire démontable, et associé aux loisirs (pavillon de chasse), le terme de pavillon a fini par désigner, en France notamment, une habitation individuelle entourée d'un terrain : il est attesté dans ce sens au moins depuis 1928 (CNRTL). Dans certaines régions, on parle plutôt de villas, sans désigner par ce terme des résidences de luxe. L'habitat pavillonnaire est souvent associé au lotissement, or les deux expressions ne sont pas équivalentes : tout habitat pavillonnaire ne prend pas place dans une parcelle qui a été divisée en lots ; les pavillons peuvent aussi être dispersés dans des petites parcelles isolées dans le paysage (c'est le mitage résidentiel).
Toute maison individuelle n'est pas un pavillon puisque celle-là peut être un bâtiment ancien tandis que celui-ci est nécessairement le fruit des techniques de constructions standardisées apparues au XXe siècle. Le succès de l'habitat pavillonnaire tient en effet à la standardisation des méthodes de production et de l'application des procédés de préfabrication, initialement développées pour l'habitat collectif, à la maison individuelle. Il en est résulté une baisse des coûts de construction qui, associée à des politiques publiques incitatives (aide à l'accession à la propriété et à l'acquisition de terrain), ont permis l'essor de l'habitat individuel. Des villages-témoins sont construits pour inciter les indécis à franchir le pas, comme Villagexpo à Saint-Michel-sur-Orge (1966). Ainsi, c’est autour de 1975 que, en France en tout cas, les constructions de maisons dépassent celles de logements collectifs (Herrmann, 2018).
À partir des années 1990, l'habitat pavillonnaire a fait l'objet de critiques par les aménageurs, les professionnels de l'urbain et du paysage, et dans une partie de l'opinion, même si les constructions nouvelles se poursuivent sans fléchir. Il incarne les excès de la périurbanisation, l'étalement urbain, les mobilités longues émettrices de gaz à effet de serre, et la destruction du foncier agricole. La critique a aussi été esthétique : l'expression « France moche », utilisée pour la première fois en une de l'hebdomadaire Télérama en 2010, et qui désignait au départ les paysages d'entrées de ville, avec leurs enseignes et leurs ronds-points (Bourgeat et Bras, 2023), a progressivement glissé vers une critique des paysages uniformisés de la France pavillonnaire, parfois avec un certain mépris de classe.
Plusieurs lois, dont la liste a été dressée par Lou Herrmann (2018), ont tenté d'encadrer le développement des lotissements, citons pour les plus récentes la loi SRU, les lois Grenelle 1 et 2 et la loi ALUR.
(JBB) mars 2018. Dernières modifications : octobre 2021, septembre 2023, novembre 2023.
Références citées
- Bourgeat Serge et Bras Catherine, « Le rond-point en France : approches plurielles d’un objet géographique émergent », Géoconfluences, mai 2023.
- Herrmann Lou, « Le lotissement en France : histoire réglementaire de la construction d’un outil de production de la ville », Géoconfluences, avril 2018.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Hélène Martin-Brelot, « Une ZUP réussie. Portrait du quartier Bellevue à Brest par ses habitants », Géoconfluences, mars 2023.