Mise en valeur
La valeur peut désigner l'importance subjective accordée à quelque chose, ou un caractère mesurable, quantifiable, et plus particulièrement son prix.
Appliquée à un espace, la mise en valeur correspond à l'ensemble des actions destinées à en augmenter la valeur : soit la valeur subjective que lui attribue une société donnée, soit sa valeur objective, son prix foncier. Dans la définition de « valeur spatiale », Michel Lussault (2013, p. 1065) affirme que la différence de valeurs attribuées à des espaces ne doit pas faire oublier le caractère historique de ces valeurs spatiales, qui n'ont rien de naturel. Roger Brunet (1993, p. 332), de son côté, rappelle que la mise en valeur peut s'entendre au sens propre : « porter un espace non marchand au rang d'une valeur, négociable, qui entre enfin dans l'économie marchande » (c'est l'auteur qui souligne). La mise en valeur peut donc aussi signifier l'entrée d'un espace dans le domaine du capitalisme.
La mise en valeur a longtemps été surtout une notion de géographie agricole, désignant par exemple les procédés visant à augmenter les rendements, et surtout ceux visant à transformer des terrains non-agricoles en terrains agricoles, par exemple par défrichement, ce qui relie la notion à celle de front pionner. Pour les sociétés agraires des pays de colonisation européenne, c'est le remplacement de la forêt par le champ ou le pré qui permet la mise en valeur de l'espace, ce qu'elles tendent à justifier en sous-estimant la valeur des espaces forestiers, alors que cette valeur est très élevée pour certaines sociétés autochtones ou précoloniales.
Pour François Durand-Dastès (2004), la notion de coût de mise en valeur permet d'aborder la question des milieux difficiles sans risquer le déterminisme mécaniste. Le coût de mise en valeur est la difficulté, pour une société dans une époque donnée, à exploiter un milieu possédant des caractéristiques particulières.
L'idée de mise en valeur d'une ressource (agricole, touristique...) peut laisser sous-entendre que la ressource préexiste à son exploitation, ce qui est sans doute déterministe ou téléologique. Elle est datée et correspond à une vision utilitariste des relations entre les milieux et les sociétés humaines (>>> voir aussi extractivisme).
(JBB) janvier 2018.
Références
- Roger Brunet, Robert Ferras, Hervé Théry (dir.), Les mots de la géographie. Dictionnaire critique. Reclus, La Documentation française. 1993 (1e éd. 1992).
- François Durand-Dastès, « Milieux et coûts de mise en valeur », Hypergéo, 2004.
- Jacques Lévy et Michel Lussault (dir.), Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés. Belin, 2013 (1e éd. 2003).
Pour compléter avec Géoconfluences
- Delphine Acloque, « Frontière désertique, front pionnier et territorialisation. Approche à partir du cas égyptien », Géoconfluences, juin 2022.