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Forêt

Publié le 02/02/2024
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Une forêt est une formation végétale constituée d'arbres plantés ou spontanés, aux cimes jointives ou peu espacées, dominant souvent un sous-bois arbustif ou herbacé. Par extension, c’est l’espace couvert par ce type de végétation. La définition de l’IFN retient les massifs boisés d'au moins 4 ha avec une largeur moyenne en cime d'au moins 25 mètres ; des classes de superficie peuvent être distinguées : 4 à 25 ha, 25 à 100, etc.

Les forêts sont à la fois exploitées pour leur bois et les autres productions (produits forestiers non ligneux), « mises en valeur » par le tourisme, protégées pour leur valeur environnementale, et habitées. Cette dernière dimension est parfois la grande perdante des conflits d'usage, lorsque les habitants sont des populations autochtones qui sont à la fois évincées de la gestion forestière, folklorisées par le tourisme, et dépossédées par des périmètres de protection décidés à d'autres échelles.

Les forêts concentrent particulièrement l'attention des sensibilités environnementales. L'image, très discutable, de la forêt « poumon vert » de la planète a eu un succès médiatique certain. Dans nombre d'imaginaires collectifs, la forêt est symbole d'une « nature » rêvée, idéalisée, d'autant qu'elle est ancrée dans la mémoire comme support de légendes et de croyances qui peuvent avoir des conséquences spatiales concrètes, comme dans les cas des bois sacrés (Daugey, 2016). Aussi, tout ce qui menace les espaces forestiers est souvent facteur de mobilisation de l'opinion publique.

Si les sociétés européennes ont eu, pour assurer leur développement au cours des siècles, largement recours aux défrichements et à la déforestation, à l'époque actuelle, en France et en Europe, l'heure est plutôt à la progression des surfaces forestières. C’est également la tendance à l’échelle mondiale, mais cette progression repose sur l'ambiguïté de la définition de ce qu'est une surface forestière, surtout lorsqu’elle est mesurée par télédétection. Il faut donc raisonner en qualité environnementale plutôt qu'en surfaces, pour constater que les surfaces de plantations industrielles gagnées ne sauraient remplacer les hectares de forêts complexes détruits. La priorité donnée à la protection des forêts tropicales repose à la fois sur des faits scientifiques (leur biodiversité plus importante que dans la plupart des autres biomes, qui en fait des points chauds de la biodiversité) et sur des présupposés ethnocentrés (l'idée qu'il existerait des forêts « vierges » ou « primaires », une croyance qui repose sur la méconnaissance des sociétés locales et de leurs usages de la forêt). De même, l’idée que les paysages actuels résulteraient d’une déforestation par des sociétés rurales incapables de gérer leurs milieux reposent souvent sur une erreur d’appréciation des savants coloniaux, ainsi en Éthiopie avec le « mythe de la forêt perdue » (Gascon, 1998), ce qui peut alimenter un colonialisme vert (Blanc, 2023).

L'idée d'une forêt « puits de carbone » (l'augmentation de la végétation tend à absorber le CO2 présent dans l'atmosphère) n'est valable que pour les phases initiales de croissance d'une forêt. Une forêt mature ou vieillissante, en l'absence de son exploitation raisonnée, rejette à son tour davantage de carbone dans l'atmosphère qu'elle n'en absorbe.

La certification forestière est devenue un instrument de marché visant à promouvoir l'aménagement forestier durable en fonction de facteurs environnementaux, économiques et sociaux. Il prévoit l'évaluation indépendante de méthodes d'aménagement forestier selon des normes reconnues internationalement (ou nationalement), ainsi que la surveillance de la vente de produits forestiers. La véritable guerre des labels que se livrent les deux grands systèmes de certification mondiaux, le Forest Stewardship Council (FSC), inspiré par le WWF et le système Pan European Forest Council (PEFC), inspiré par les forestiers privés européens, traduit les enjeux économiques considérables et les fortes différences territoriales de la certification.

(ST) mars 2011. Dernières modifications (JBB), septembre 2023, février 2024.


Références citées
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