Vous êtes ici : Accueil / Glossaire / Agriculture paysanne, agriculture vivrière

Agriculture paysanne, agriculture vivrière

Publié le 16/02/2024
PDF

L’agriculture paysanne regroupe les systèmes de production agricole dans lesquels les producteurs et productrices sont insérés dans une société rurale, villageoise, fondée (partiellement) sur la perpétuation des traditions. 

C’est aussi fréquemment une agriculture familiale, mais toute agriculture familiale n’est pas paysanne. Alors que dans les pays dits du « Nord », l’essor du productivisme agricole a pu laisser penser à la disparition de la paysannerie (c’est la « fin des paysans », d’Henri Mendras), le terme a connu un retour en grâce, revendiqué par la gauche de l’échiquier syndical (en France avec la Confédération paysanne, au Brésil avec les Ligas Campesinas) pour marquer l’opposition aux inégalités sociales générées par l’agrobusiness. L'essor des AMAP est révélateur de ce renversement de valeur. Dans les pays dits du « Sud », la paysannerie n’a pas disparu, même si elle se transforme très rapidement (Cesaro, 2020).

Une agriculture vivrière est une agriculture dont l’essentiel de la production est consommé sur place, par la famille productrice ou au moins au sein du village. Toute agriculture paysanne est vivrière, mais très rares sont les systèmes complètement autarciques. Tout système de production, même vivrier ou paysan, repose sur une part d’échange avec le reste du monde. C’est la proportion de ce qui est échangé qui varie, par rapport à d’autres formes d’agriculture (commerciale, productiviste…) dans lesquelles la majorité, et bien souvent la totalité, de ce qui est produit est revendu. Par leur dépendance à la production locale, les systèmes vivriers sont particulièrement vulnérables aux crises, notamment climatiques. Toutefois, à l’échelle mondiale, l’agriculture paysanne est aussi l’une des réponses possibles aux changements globaux, par sa capacité à nourrir la population rurale avec des effets limités sur l’environnement (Libourel et Gonin, 2022). Elle est pourtant en recul. Dans le Sud global, mais aussi dans les pays favorisés, elle perd du terrain sous l'effet de l'accaparement des terres. « L'agriculture paysanne, qui pourtant nourrit la majorité de la population mondiale, n'occupe plus qu'un quart des terres cultivables », note Hélène Tordjman (2023, p. 229).

Aucune agriculture paysanne n’est figée dans une tradition immuable. L’étude historique des paysanneries européennes d’Ancien régime le montre : l’analyse des paysages, celle des registres fonciers (les « terriers »), l’archéologie ou encore la palynologie montrent toutes que ces sociétés évoluent, certes lentement, qu’elles s’adaptent aux changements climatiques et aux crises démographiques, et qu’elles transforment leurs pratiques culturales et culturelles. Les agricultures paysannes actuelles ont été actrices de révolutions silencieuses : c’est sur elles, par exemple, que ce sont appuyées les révolutions vertes (en Inde) ou les réformes agraires (au Mexique).

(JBB), juillet 2023. Dernière modification : février 2024.


Références citées
Pour compléter avec Géoconfluences
Affiner les résultats par :