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Cinéma

Publié le 15/10/2024
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Le cinéma est un secteur culturel, un support de communication, un ensemble de techniques faisant intervenir une grande variété de professions, et un mode d’expression artistique. La géographie s’intéresse au cinéma, et plus généralement à l’ensemble des productions audiovisuelles (films, émissions de télévision ou de radio, séries…), à plusieurs titres.

Comme secteur économique, le cinéma est un système productif organisé autour d’une puissance mondiale hégémonique, les États-Unis et principalement Hollywood en Californie. Des pôles secondaires, avec un rayonnement plus limité, existent et alimentent des productions destinées à des marchés continentaux : le cinéma nigérian ou le cinéma indien rayonnent ainsi dans le monde arabo-musulman et au-delà. La Chine est le deuxième pays par sa production cinématographique et par la taille de son marché (les recettes exprimées dans une monnaie), mais avec un rayonnement limité hors de ses frontières. Si les Etats-Unis ne représentent que 12,1 % des recettes en Chine, soit une part de marché parmi les plus faibles au monde pour eux, ils représentent plus de la moitié des recettes à Hong Kong (Unifrance, 2023). Le cinéma comme secteur est à l’origine d’espaces productifs : l’exemple d’Hollywood est le plus évident mais ailleurs, le cinéma peut aussi contribuer à fixer le passé pour devenir le support de fonctions mémorielles ou patrimoniales, comme dans le cas du bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais après le film Germinal (Marichez, 2020). Depuis les tâtonnements du XIXe siècle et la mise au point définitive par les frères Lumière, à Lyon (1895), la question du support n'est pas neutre : un film, c'est d'abord une pellicule de plastique ; une bande son, c'est d'abord une bande magnétique. La numérisation croissante des supports n'a pas déconnecté le cinéma (ou l'industrie cinématographique, comme on l'appelle parfois par analogie) de son intégration dans un système de production matérielle, de plus en plus contrôlé par les géants du numérique.

Comme produit culturel, le cinéma est un vecteur majeur de la mondialisation (Renoir, 2024) et de la diffusion des idées. Dès sa naissance, le cinéma a été associé à des projets politiques, et parfois embrigadé. L’URSS surtout, mais aussi les régimes fascistes européens, en ont fait un support majeur de leur propagande. Le cinéma hollywoodien, de la même manière, a servi le soft power états-unien et la lutte contre le communisme, au prix d’une violente chasse aux sorcières à l’époque du maccarthysme. Le cinéma a joué un rôle majeur dans la diffusion de l’imaginaire lié à l’american way of life, contribuant à présenter la maison individuelle, la motorisation des ménages, voire la femme au foyer, aidée par l’électroménager, comme un projet de société désirable. Cette hégémonie états-unienne n’empêche pas l’existence d’une production cinématographique vivace dans certains pays (Danemark, Roumanie…) qui parfois s’exportent bien (Corée du Sud, France… voir Renoir, 2024).

Le cinéma et les séries sont aussi, pour eux-mêmes, des objets d’étude géographique et des sources pour la science. Cinéastes et géographes ont en commun le rôle qu’ils accordent au regard dans la compréhension du monde. Les films et les séries (de même que la photographie) apportent un éclairage sur une société, à un instant donné, dans son contexte spatial. Les films documentaires sont également une source empirique pour la recherche géographique, voire un mode de restitution, lorsque ce sont les géographes qui les produisent. Cinéma et audiovisuel sont l’un des principaux objets d’étude de la géographie des représentations.

(JBB), octobre 2024.


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