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Forêt vierge

Publié le 05/02/2024
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La forêt vierge est une représentation extérieure, ethnocentrée et patriarcale, des forêts tropicales et équatoriales, désignées comme « vierges » par négation de leurs habitants originels et de façon à en justifier la colonisation. Elle ne peut plus être utilisée aujourd’hui en géographie en dehors de l’étude des représentations liées aux milieux ou à la notion d’exotisme. Leur supposée virginité relève historiquement d’une vision patriarcale de l’environnement, qu’il faudrait domestiquer et soumettre.

De même qu’on peut affirmer qu’il « n’y a de sauvagerie que par méconnaissance » (Depraz, 2019), on peut dire qu’il n’y a de forêt vierge que par méconnaissance. Ainsi, la « forêt vierge » par excellence, la forêt amazonienne, est en fait « un territoire approprié et occupé par des groupes indigènes (ou « Índios » comme ils se nomment eux-mêmes), sillonné d’itinéraires, servant à rejoindre les villages aux terrains de chasse et de cueillette, aux abattis ou était cultivé le manioc, et un œil exercé reconnaît encore le site des anciens villages à la présence plus dense d’arbres fruitiers laissés là dans la perspective d’un retour quelques années dizaines d’années plus tard » (Théry, 2022).

Ces espaces forestiers, loin d’être des milieux statiques figés et toujours-déjà-là, les forêts équatoriales et tropicales ont la même profondeur historique que, par exemple, les campagnes européennes. Jardinées, pratiquées, parcourues, elles ont aussi été habitées, comme le révèle l’archéologie, par des populations beaucoup plus nombreuses que celles que les Européens ont rencontrées dans l’intérieur de l’Amazonie ou en Équateur, déjà effondrées par le choc microbien ayant précédé la rencontre.

(JBB), septembre 2022, dernière modification : février 2024.


Références citées
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