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Droits humains, droits de l'Homme

Publié le 13/01/2025
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Les droits de l’homme sont, selon l’ONU, « les droits inaliénables de tous les êtres humains, sans distinction aucune, notamment de race, de sexe, de nationalité, d’origine ethnique, de langue, de religion ou de toute autre situation. ». Le terme de « droits humains », plus garant d’une égalité de genre, tend peu à peu à se substituer à celui de droit de l’Homme, expression plus datée.

Il existe plusieurs classifications de ces droits, qui recoupent aussi une dimension historique. Le « droit des gens » regroupait à la fois des droits individuels, des droits collectifs, et l’embryon d’un droit international entre États. Plus précise et plus récente est la notion de droits naturels, civils, attachés à la personne humaine. Cette conception rousseauiste, elle-même héritière d’un long passé européen, s’est progressivement élargie au XIXe et au XXe siècle à l’idée de droits politiques et sociaux. L’âge industriel et l’essor des populations ouvrières, les très nombreuses réflexions des philosophes des XIXe et XXe siècles, l’implantation lente d’une tradition démocratique et du suffrage universel dans beaucoup d’États, le contexte des deux guerres mondiales du premier XXe siècle… sont autant d’éléments expliquant cette évolution.

La Déclaration universelle des droits de l’Homme est le témoin de cette mutation. Adoptée à l’unanimité de ses 58 membres par l’ONU en 1948, elle correspond à une mondialisation des droits de l’Homme, et à un message qui se veut universel. Elle a été suivie de plus de 70 traités, dont la plupart reprennent la distinction entre droits civils et politiques et droits sociaux, économiques et culturels. En 1966 sont ainsi créés le PIDCP (Pacte international relatif aux droits civils et politiques) et le PIDESC (Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels).

Document 1. Pays ayant signé ou ratifié le PIDCP et le PIDESC

PIDCP

Par Dudeman5685 — Travail personnel, CC BY-SA 3.0 (Wikimédia)

PIDESC

Par Louperivois — Travail personnel, CC BY-SA 4.0 (Wikimédia)

Parallèlement, l’ONU et les grandes instances internationales ont progressivement étendu le champ de ces droits : les 17 Objectifs de développement durable (ODD) correspondent à la vision onusienne de ces « nouveaux droits ». L’Union européenne (Conseil de l’Europe, 2013) en a encore proposé d’autres, qui vont de l’abolition de la peine de mort à la reconnaissance d’un « droit d’ingérence » dans les affaires intérieures d’un pays ou à « l’interdiction d’expulsion collective d’étrangers ».

Néanmoins, l’ensemble des droits de l’homme est très inégalement accepté dans le monde. Si la reconnaissance formelle de la déclaration de 1948 est quasiment universelle, son application réelle est très variable d’un pays à l’autre, et elle est globalement en régression. L’ONG Amnesty international montrait dans son rapport 2024 un recul constant de ces droits et émettait la crainte d’un « retour à l’avant-1948 » (Amnesty International 2024).

L’étude des droits humains par la géographie relève de préoccupations assez diverses.

  • Conformément aux pratiques classiques d’une discipline visant à localiser les phénomènes, il existe plusieurs Atlas des droits de l’Homme, qui sont autant de recensions à l’échelle planétaire de ces droits en fonction des différents pays et de leur évolution politique, mais aussi des atlas consacrés aux droits des minorités ou encore aux droits des femmes (par exemple Attané et al., 2024).
  • Dans une approche plus géopolitique, la question des droits de l’homme pose celle de son universalisme mais aussi de sa contestation. Dans de nombreux États précaires ou émergents, ces droits ont souvent été vus comme une ingérence mais aussi comme un modèle culturel occidental dont on pouvait se défaire. Cette remise en cause peut être encouragée par le développement d’une pensée décoloniale et des postcolonial studies, mais aussi par l’essor sur la scène internationale d’un Sud global, « l’Occident » étant parfois assimilé à un « Nord Global ». Sans forcément verser dans un relativisme systématique, qui remettrait en cause les droits humains eux-mêmes, ces positions peuvent consister à critiquer un système de valeur historiquement imposé de l’extérieur et par la force.
  • Avec une grille de lecture géo-économique, dans le cadre de la mondialisation et du développement des échanges mais aussi des migrations internationales, la question de la gouvernance des droits humains a été étudiée par les géographes et les économistes, aussi bien en ce qui concerne la prise en compte des droits sociaux pour les travailleurs du Sud que sur la question des droits des migrants légaux et illégaux.
  • Les thématiques liées aux droits humains sont également appréhendés par de nombreux pans d’une géographie sociale qui analyse à des échelles diverses, parfois par une microgéographie, telle ou telle catégorie de population, tel ou tel droit : nombreuses études de géographie sur les droits des femmes, des enfants, sur le droit à l’éducation, à la santé, sur le droit au logement…

(SB et CB), janvier 2025.


Références citées
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