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Hybridation, hybridation culturelle

Publié le 04/11/2024
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Hybridation (du latin ibrida, « de sang mélangé ») est un terme issu de la biologie, discipline dans laquelle il désigne le croisement entre deux variétés. Le terme est souvent employé, de façon métaphorique, pour désigner l’enlacement de deux phénomènes, dans plusieurs sciences humaines et sociales (anthropologie, sociologie grâce à Bruno Latour, histoire de l’art …) mais aussi en linguistique ou encore en informatique.

Hybridation est peu à peu entré dans le vocabulaire de la géographie à partir des années 1990, notamment par la thématique de l’hybridation territoriale. Tous les territoires seraient hybrides, du fait de l’interspatialité. ils sont enchevêtrés à d’autres territoires (par un jeu d’échelle) mais surtout marqués par une coprésence sur un même espace, la cospatialité, une thématique à relier à l’habiter. Les pratiques des habitants interagissant sans cesse : c’est l’ensemble du territoire, espace approprié par ses acteurs, qui est un hybride.

Le terme d’hybridation est surtout très utilisé en géographie culturelle. L’hybridation culturelle est le phénomène qui se produit lorsque des éléments de cultures différentes (idées, langues, valeurs, art…) fusionnent pour fonder un hybride, c’est-à-dire une nouvelle forme transculturelle, un objet nouveau issu d’éléments disparates, de composition originale.

Il s’agit d’un processus ancien mais continu, qui s’accélère et se modifie dans le contexte de mondialisation. La supposée uniformisation culturelle mondiale, souvent décrite par la métaphore du « village global » (Mac Luhan, 1967), serait une hybridation culturelle à l’échelle mondiale qui se superposerait ou se substituerait à des hybridations culturelles plus localisées.

L’emploi de la métaphore de l’hybridation suppose de prendre en compte une réflexion sur ce que sont l’identité (territoriale, nationale…) et l’altérité. En tant que processus historique, l’hybridation culturelle est une notion essentielle pour les études postcoloniales car elle remet en question un discours ethnographique mais aussi politique qui suppose des caractéristiques culturelles propres à chaque groupe ethnique ou national : dans cette optique, qu’est-ce qu’une identité nationale, si ce n’est le résultat d’une hybridation culturelle ancienne et continue ?

Le terme de créolisation présente des analogies avec celui d’hybridation culturelle. Pour certains auteurs, ce terme, qui décrit une hybridation culturelle particulière, est inutile, mal défini, et devrait être réservé aux sociétés marquées par le colonialisme, par un brassage entre population européennes et africaines et par l’asservissement passé des populations noires. Cette acception de « créolisation » insiste donc sur les cospatialités, sur la co-présence dans un espace particulier et ne peut être généralisée à l’échelle mondiale. Cette critique est réfutée par les tenants du concept de créolisation (Édouard Glissant, Raphaël Confiant…) qui insistent par ailleurs sur les conséquences de cette hybridation : un « métissage qui produit un résultat imprévisible et imprévu » (Glissant, 2001). Les deux termes ne recouvreraient ainsi pas tout à fait la même réalité, l’un insistant sur le processus (hybridation), l’autre sur ses conséquences imprévues (créolisation).

(SB et CB), novembre 2024.


Références citées
  • Glissant Édouard (2001). « Métissage, Créolisation, Latinité », Académie de la latinité Rio de Janeiro, mars 2001.
  • MacLuhan Marschall (1967). Message et massage, un inventaire des effets. Bantam Book. 1967
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