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Inégalités (métropolisation et)

Publié le 26/05/2023
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Le thème des inégalités intramétropolitaines (ou intra-métropolitaines) est devenu un objet important de la géographie depuis les années 1990. Son essor est lié à l’accélération de la mondialisation et de la métropolisation au tournant du XXIe siècle, mais aussi à l’évolution de la géographie : le tournant culturel de la discipline, le renouveau d’une géographie sociale, notamment au prisme de l’habiter, ont contribué à un renouvellement des approches. Le concept de fragmentation socio-spatiale (fragmentation urbaine) est particulièrement mobilisé à propos des métropoles, et ce d’autant plus que l’espace métropolitain se dilate. Les analyses ne concernent plus seulement le cœur des villes (l’inner city des villes anglo-américaines) et les quartiers de banlieue, mais aussi l’ensemble du périurbain. Parallèlement, de nombreux travaux portent sur des échelles plus fines (quartier, rue) et montrent que ces inégalités jouent à tous les niveaux : telle rue fera apparaître une discontinuité spatiale entre des espaces paupérisés et des espaces gentrifiés, voire marqués par la présence de gated communities. Dans un autre domaine, les inégalités de genre en ville ont fait l’objet de travaux divers qui révèlent un habiter différent des métropoles.

D’une façon générale, de nouvelles formes d'inégalités ont accompagné le phénomène de métropolisation. Dans les grandes métropoles, elles se manifestent sous la forme d'une bipolarisation sociale : d’une part les diplômés embauchés dans les fonctions métropolitaines supérieures (finance, gouvernance) et l’économie de la connaissance vivent souvent dans des quartiers huppés ou gentrifiés ; de l’autres, les travailleurs pauvres indispensables au fonctionnement de la métropoles et à l’économie de plateforme, relégués dans des quartiers plus déshérités à forte proportion  de nouveaux venus (migrations rurales, immigration) d'autre part. Dès 1991, Saskia Sassen a plus particulièrement exploré ces incidences de la métropolisation au niveau supérieur de la hiérarchie mondiale, et, allant à contre-courant des théories dominantes sur le développement des classes moyennes éduquées nécessaires au fonctionnement de la société de services, elle montrait que la sociologie des villes globales a plutôt généré « un accroissement de l’inégalité ». Elle précisait : « actuellement les secteurs pilotes engendrent une forte proportion d’emplois à hauts salaires et d’emplois à bas salaires ». Il ne faut pas, toutefois, exagérer cette polarisation : les analyses récentes montrent que les couches moyennes occupent toujours une place importante, et parfois croissante dans la population et l'emploi métropolitains.

(ST) novembre 2010, dernière modification (SB et CB) mai 2023.


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