One health, une seule santé, santé intégrée globale
L’approche « one health » (de l’anglais « une seule santé »), que l’on peut aussi traduire par « santé intégrée globale », désigne une approche environnementale englobante de la santé, par réaction à l’approche classique centrée exclusivement sur la santé humaine. Cette est promue par des institutions comme l’OMS, et transposée à l’échelle nationale (par exemple, en France, par le ministère de la Santé).
Dans l’approche classique, les éléments de l’environnement sont considérés comme extérieurs à la santé humaine, traités séparément : la médecine soigne les humains, la médecine vétérinaire les animaux, l’écologie s’occupe du reste de l’environnement. L’approche « one health » défend une vision intégrée : la santé des humains, du vivant en général, et de leurs environnements, sont en interrelation systémique.
L’un des motifs justifiant cette approche est l’essor des maladies émergentes et ré-émergentes : elles font intervenir des facteurs sociaux (mondialisation, migrations…), biologiques (milieu d’origine, zoonoses, parasitoses, animaux vecteurs) et surtout des facteurs situés à l’interface du biologique et du social (érosion de la biodiversité, extension de l’écoumène, anthropisation des écotones, industrialisation de l’élevage, diminution de la diversité génétique…).
D’autres éléments entrent en jeu :
- la prise en compte des environnements sociaux dans le développement épidémique des maladies dites civilisationnelles (obésité, diabète, hypertension, etc.). >>> Voir aussi : environnement alimentaire
- Outre l’apparition de l’écologie dans les questions de santé, on constate l’irruption des questions de santé publique dans les questions environnementales : la gestion des zones humides doit tenir compte de la place des moustiques, vecteurs de maladies. En France, la gestion des espaces dits « naturels » doit se faire en tenant compte de la présence de la tique, vectrice de la maladie de Lyme.
La pandémie de covid 19 a contribué à donner de la visibilité à l’approche « one health », dans la mesure où elle est un exemple meurtrier des relations entre environnement et santé animale et humaine : de la destruction des écosystèmes au rôle joué par les politiques publiques, en passant par les effets de l’élevage industriel, les concentrations démographiques, ou la circulation mondialisée d’une partie de la population.
L'épidémiologiste Camille Besombes (2023, p. 128) estime qu'il faut aller plus loin en adoptant une approche « eco health », dans laquelle l'environnement n'est pas seulement une composante de la santé humaine, mais où il serait soigné et pris en charge pour lui-même, pour aller vers une « santé multispécifique » (ibid.)
(JBB), juin 2023. Dernière mise à jour : février 2024.
Références citées
- Besombes Camille (2023). « Les jours d'après seront crises "sanitaires" », in Philippe Boursier et Clémence Guimont (dir.), Écologies. Le vivant et le social. Paris, La Découverte, « Hors collection Sciences Humaines », 2023, p. 123–131.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Virginie Chasles, « Les inégalités de santé dans les pays émergents, le cas de l’Inde », Géoconfluences, septembre 2022.
- Alexandra Pech, « Quand notre environnement nous rend obèses : comment l’environnement influence-t-il nos pratiques alimentaires ? », Géoconfluences, mai 2021.
- Jean-Daniel Cesaro, « L’industrialisation de l’élevage au Vietnam, entre marginalisation et spécialisation de la paysannerie », Géoconfluences, octobre 2020.
- Célia Gasquet-Blanchard, « Lieux d’émergence et territoires de diffusion de la fièvre hémorragique à virus Ebola au Gabon et en République du Congo », Géoconfluences, 2012.
- Clara Loïzzo et Sylviane Tabarly, « Espaces et territoires du paludisme », Géoconfluences, 2012.
Liens externes
- Organisation mondiale de la santé (OMS), « Une seule santé », 21 septembre 2017
- INRAE, One Health, une seule santé.
- ANSES, « One Health : une seule santé pour les êtres vivants et les écosystèmes », 23 mars 2023