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Développement durable

Publié le 25/05/2023
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Le concept de développement durable (sustainable Development) a été introduit en 1987 par le rapport dit Brundtland (Our Common Future) qui en donne la définition suivante : « mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs » (Clément, 2004). Il fut adopté lors du Sommet de la Terre (Conférence mondiale des Nations Unies sur l’environnement) de Rio en juin 1992, sur la base d'un double constat d'urgence à l'échelle mondiale : écologique (changement climatique, biodiversité, ressources fossiles, etc.) et sociale (inégalités, satisfaction des besoins de base, etc.). Il a pour objectif d'aboutir à un état d'équilibre entre trois piliers, le social, l'économique et l'environnemental.

C’est de cette conférence qu’est né l’Agenda 21, programme d’actions pour le XXIe siècle orienté vers le développement durable, qui fût adopté par les pays signataires de la Déclaration de Rio de Janeiro. Il formule des recommandations aux collectivités locales sur la façon d’atteindre les objectifs du développement durable.

diagramme de venn schéma dd

Le schéma représentant les trois piliers du développement durable sous la forme d'un diagramme de Venn a grandement contribué à la popularité de la notion, dont il offre une représentation à la fois mnémotechnique, harmonieuse et systémique voire holistique. Cette version de l'image réalisée par Vigneron, 2008, provient de Wikimédia (plus d'informations ici).

Le terme de sustainable a été traduit par l'adjectif durable dans la mesure où le mot soutenable, en français, n'implique aucune dimension temporelle. Il s'agit de tenter de concilier les impératifs du développement, plus particulièrement pour les pays du Sud en retard, avec les contraintes environnementales au Nord comme au Sud. 

La notion recouvre les trois aspects fondamentaux du développement et de la qualité de vie de nos sociétés : le développement économique, la protection de l’environnement et le développement social et humain. L’économie est le moteur du développement durable car elle permet l’amélioration des conditions sociales, en prenant en compte les contraintes que pose la préservation de l’environnement. Le jeu entre ces trois composantes engendre les trois propriétés du développement durable : équitabilité, viabilité, vivabilité. Le développement durable comporte une forte dimension multiscalaire allant du local au global, qui pourront être résolues en repensant le développement globalement, tout en agissant localement.

Les abus terminologiques du « développement durable », son affichage au coeur de nombreux rendez-vous politiques et scientifiques (journées d'études, colloques, séminaires, etc.) mais aussi à travers les stratégies de communication des entreprises ou des collectivités territoriales, contribuent à brouiller la notion. Par sa capacité à tout englober ou presque et ses frontières floues, la notion courait dès ses origines le risque de la dilution. Ce flou est aussi l'une des raisons de son succès : pour prendre des exemples en France, l'éducation au développement durable (EDD), à tous les niveux de classe, a été inscrite dans la loi dès 2004 ; Le thème « géographie et développement durable » était au programme de l'agrégation de géographie en 2008 et 2009 ; la notion a été au centre du Grenelle Environnement, le « moment environnemental du mandat de Nicolas Sarkozy (2009-2010) ; deux années des programmes de géographie du second degré lui étaient entièrement consacrées en cinquième puis en seconde ; de 2004 à 2014, Géoconfluences lui a consacré l'un de ses premiers dossiers thématiques : « Développement durable, approches géographiques ».

Toutefois, le flou de la notion est aussi l'une des explication à la faiblesse des réalisations concrètes par rapport à l'ambition des discours. Dans une version cynique, le développement durable et la durabilité ont été même été dévoyées par la communication d'entreprise, le verdissement de façade ou greenwashing ayant eu raison de la dimension éthique de la notion en la transformant en argument de vente. Malgré une réaffirmation de l'importance du développement durable à l'échelle mondiale, avec notamment les dix-sept objectifs de développement durable (ODD) de l'ONU en 2015, la nécessité même de rédéfinir périodiquement ces objectifs montre qu'ils peinent à être atteints dans les délais fixés. L'ampleur de la crise écologique et de l'érosion du vivant, l'accélération de la mondialisation paralèllement à l'émergence de la Chine et le catastrophisme des discours sur l'effondrement ont eu raison d'une posture qui se voulait conciliante, quitte à accepter, désormais, l'extrême polarisation des positions. En France, le développement durable a progressivement disparu des programmes du collège (2015) puis du lycée (2019), avant d'être réintroduit dans le programme de cinquième en 2020 à travers les ODD. À part des tentatives convaincantes comme celle de contrat territorial (Brédif, 2021), le recul du concept, voire sa disparition, pour critiqué qu'il fût, laisse peu d'alternative aux acteurs qui ne se résignent ni à l'impuissance indignée, ni au négationnisme aveuglé. 

(ST) juillet 2004. Repris et mis à jour (JBB) janvier 2022, janvier 2023.


Sources
  • Bredif Hervé (2021), Réaliser la Terre. Prise en charge du vivant et contrat territorial, Paris, Editions de la Sorbonne, coll. « Territoires en mouvements », 2021, 412 p.
  • Vincent Clément, « Le développement durable : un concept géographique ? », Géoconfluences, juillet 2004.
  • Granier Gérard et Veyret Yvette, Développement durable. Quels enjeux géographiques ?, La documentation française, Documentation photographique n° 8053, 2006.
  • Mancebo François (2008), Le Développement durable, Armand Colin, 124 p.
  • Veyret Yvette (dir.), 2005, Le développement durable : approches plurielles, Paris, Hatier, Collection « Initial », 287 p.
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