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Développement

Publié le 06/12/2024
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Le concept de développement désigne l’ensemble des transformations techniques, sociales, territoriales, démographiques et culturelles accompagnant la croissance de la production matérielle ou l’amélioration des conditions d’existence des humains. Il traduit l’aspect structurel et qualitatif de la croissance et peut être associé à l’idée de progrès économique et social. Le terme est donc très souvent accompagné d’un adjectif pour le caractériser : développement durable, économique, humain, local, social, rural…

Le terme provient d’une analogie avec la biologie et a connu un très grand succès dès 1945, dans un contexte de creusement des inégalités de richesse et de niveau de vie à l’échelle mondiale, et dans un monde opposant des pays désormais qualifiés de « développés » aux pays dits « sous-développés » (puis « en développement » ou en « voie de développement », les PVD).  Le terme précis de sous-développement fut inventé en 1947 et fut employé par Harry Truman le 20 janvier 1949 dans le discours sur l’état de l’Union pour justifier sa politique d’aide nouvelle à ces pays, dans le double contexte de la décolonisation et de la guerre froide. Cette division binaire du monde est encore aujourd’hui une grille de lecture fréquente, mais de plus en plus contestée dans le contexte de l’émergence d’un certain nombre de pays (Bouron et al., 2022) et de l’apparition d’un Sud global comme acteur géopolitique (Capdepuy 2023). C’est l’idée même de développement qui est de plus en plus remise en question comme une idéologie contestable (le développementalisme) et comme un modèle européanocentré, « occidental » voire néocolonial. Ces critiques sont fréquentes dans de nombreux pays dits « en développement ».

Le concept de développement, d’abord employé par les économistes et les politistes, a connu un très grand succès en géographie dès les années 1960, grâce notamment aux travaux d’Yves Lacoste (1965). Il a facilité la remise en question de la géographie tropicale. Mais plus globalement, il a contribué au changement de paradigme et à la remise en cause de la géographie classique. En effet, l’étude du développement nécessitait des liens avec des disciplines telles que l’économie ou la sociologie, favorisait des approches chiffrées et le développement d’une géographie quantitative. Parallèlement, dans une démarche de catégorisation, de nombreux géographes ont établi diverses typologies fondées sur les critères du sous-développement ou sur les grandes catégories de pays sous-développés. Certaines d’entre elles perdurent encore de nos jours.

La mesure précise du développement a également mobilisé les géographes, souvent à la suite des économistes. Après avoir privilégié la seule croissance de la production de richesses par des indicateurs comme le PIB, le concept de développement s'est élargi pour inclure différentes dimensions constitutives du bien-être, voire du bonheur : l'état global de santé des populations, les niveaux d'instruction, d'une manière générale, les conditions de vie. « Développement » a donc connu une véritable mutation, notamment sous l’impulsion de l’économiste François Perroux (1903-1987), qui considérait que, pour que le développement soit avéré, il fallait que les fruits de la croissance profitent au plus grand nombre et sur une longue durée. C’est cette acception qui s’est peu à peu imposée et qui a conduit d’une part la Banque mondiale à élaborer en 1990 l’IDH et le concept de développement humain, et d’autre part l’ONU à parler de développement durable dès 1987 : qu’est-ce qu’un développement s’il ne concerne pas aussi les générations futures ?

(ST), 2006, réécriture partielle (SB et CB), novembre 2024.


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