Aménité
Au sens strict, les aménités sont les éléments naturels de l’espace représentant un attrait pour les habitants, permanents ou temporaires. Le terme d’aménité recouvre le plus souvent les éléments du paysage ou du milieu (climat...), perçus comme « naturels » et exerçant une attractivité touristique ou résidentielle, mais le sens peut être étendu aux aménagements destinés à faciliter l’accès à ces éléments. Dans un sens plus large, le terme est utilisé comme synonyme d’atout : on parle ainsi d’aménités culturelles pour décrire la densité d’acteurs culturels susceptibles d’entrer en interaction en contexte urbain (Mouate, 2019).
Dans le cas d'une résidence principale, la recherche d'aménités peut être l'un des paramètres influençant la localisation du lieu de résidence, mais elle intervient en second lieu après des critères comme le coût ou la distance aux lieux de travail des membres du foyer. En revanche, elle peut être primordiale pour les touristes dans leur choix des lieux de vacances, ou pour les résidents secondaires. Aménité et attractivité sont donc étroitement liées : les géographes étatsuniens parlent ainsi de migrations d’aménités (amenity migrations, Moss, 2006 ; Moss et Glorioso, 2014, cités par Saumon, 2019). Certains vont jusqu’à identifier, dans certains espaces des Rocheuses touchés par la gentrification rurale, une « ruée vers les aménités » (amenity gold rush, Travis, 2007).
Le terme et son usage peuvent faire l’objet d’une critique. D’abord la notion d'aménité peut conduire à évacuer trop rapidement la subjectivité de ce que chacun considère comme agréable ou appréciable, entraînant un flou dans l’usage de la notion. Ensuite, elle semble faire de la nature un gisement et du paysage une ressource, que les habitants (touristes ou résidents) exploiteraient pour leur bien-être. C’est aussi faire peu de cas du rôle des acteurs géographiques dans l’aménagement de l’espace. Dans le cas des espaces ruraux ou extérieurs aux villes, par exemple, l’utilisation du concept d’aménité peut ainsi conduire à une analyse biaisée, urbanocentrée, d’espaces considérés depuis l’extérieur comme « naturels », par simple méconnaissance du jeu des acteurs par lequel ils sont, comme tout espace géographique, des espaces sociaux.
(JBB) avril 2021. Dernière modification : octobre 2024.
Références citées
- Moss L.A., 2006, The Amenity Migrants: Seeking and Sustaining Mountains and Their Cultures, CABI Publishing, Santa Fe
- Moss L.A., Glorioso R.S. (dir), 2014, Global Amenity Migration: Transforming Rural Culture, Economy & Landscape, The New Ecology Press, Kaslo
- Mouate, Olivier. « Vers une meilleure compréhension du concept d’aménité culturelle dans le contexte urbain », Revue d’Économie Régionale & Urbaine, vol. n° 3, juin 2019, p. 517-538.
- Saumon Gabrielle (2019). Big sky, Montana, une géographie critique. Capital environnemental et recompositions sociales dans l'ouest du Montana. Thèse de doctorat en géographie. Université de Limoges.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Jeanne Léna, « L'opposition entre la métropole d’Istanbul et le gouvernement turc dans l'aménagement des îles aux Princes », Géoconfluences, décembre 2022.
- Greta Tommasi, « La gentrification rurale, un regard critique sur les évolutions des campagnes françaises », Géoconfluences, avril 2018.