Croissance économique
La croissance économique, souvent abrégée, à tort, en croissance tout court, est l'augmentation du produit intérieur brut (PIB) d'un espace dans le temps.
Alors que la pertinence du produit intérieur brut est contestée depuis très longtemps pour rendre compte du progrès humain, la croissance économique est parfois encore considérée comme un objectif désirable en soi, et non comme un simple indicateur économique.
En effet, les corollaires positifs de la croissance sont bien connus : la croissance va de pair avec un accroissement de la production, une plus grande offre d'emploi entraînant une consommation accrue qui elle-même stimule la production, ce cercle vertueux abondant à chaque étape les recettes publiques via la fiscalité, et permettant de financer les politiques sociales, de santé, d'éducation. Dans ce cas, la croissance conduit au développement. La croissance a également un rôle performatif : elle rassure les investisseurs et les incite à injecter des liquidités dans le système.
Lorsqu'elle s'accompagne de l'essor du marché intérieur, du développement d'une classe moyenne, et de l'effort d'un État de mettre ces deux mouvements au service de sa puissance (dure ou douce, régionale ou mondiale), on peut parler d'émergence.
Pourtant, cette mécanique est loin de s'appliquer à tous les espaces concernés par la croissance économique. L'écart entre développement humain et croissance économique a été maintes fois souligné : s'il est difficile d'imaginer un développement sans croissance, il existe de nombreux cas de croissance sans développement. La croissance peut se faire avec peu d'emplois (activités extractives), la fiscalité peut ne pas fonctionner pour diverses raisons (évasion, moins-disant social (« dumping »), « optimisation » fiscale, corruption...), et la redistribution des fruits de la croissance économique n'aura pas lieu. C’est l’une des impasses du développementalisme comme doctrine de la croissance « à tout prix ».
La croissance économique peut donc s'accompagner d'une aggravation des écarts de richesse, mesurée par exemple par le coefficient de Gini. La pauvreté en devient alors d'autant plus insupportable qu'elle est toujours un phénomène subjectif et relatif : les pauvres se sentent donc (et sont réellement) plus pauvres, lorsque l'écart se creuse avec les plus riches.
L’idée de croissance, synonyme de développement, est donc de plus en plus remise en question par les partisans d’une décroissance. En effet, la croissance économique s'accompagne d'externalités négatives qu'il faudrait toujours prendre en compte lorsqu'on l'utilise comme indicateur de développement. Parmi celles-ci, les conséquences environnementales sont les plus documentées. La croissance économique, jusqu'à aujourd'hui, a toujours eu pour effet l'augmentation de la production et de la transformation de matière : rejets de GES, production de déchets supplémentaires, consommation accrue d'énergies fossiles et de ressources. Le projet politique visant à instaurer un développement durable prônait la prise en compte des dimensions environnementale et sociale dans tous les projets de développement. Il est souvent resté lettre morte, en tout cas aux autres échelles que locale. Par ailleurs, l'idée d'une croissance verte, qui permettrait une croissance économique et un développement humain basés sur les secteurs de la transition énergétique et agricole, la gestion durable des ressources et des déchets, n'a pour l'instant pas d'application à vaste échelle, voire se résume à un simple verdissement de la croissance économique.
(JBB) octobre 2018, dernière modification : octobre 2025.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Jean-Benoît Bouron et Hélène Mathian, « Carte à la une. Rattrapage ou creusement des inégalités de PIB par habitant entre pays du Monde ? Analyse de trajectoires », Géoconfluences, juin 2025.
- Yves Duchère, « L'État-parti et la ville. Le moment post-moderne de l'urbanisation vietnamienne », Géoconfluences, janvier 2023.
- Jean-Benoît Bouron, Laurent Carroué et Hélène Mathian, « Représenter et découper le monde : dépasser la limite Nord-Sud pour penser les inégalités de richesse et le développement », Géoconfluences, décembre 2022.
- Khac Minh Tran, « La métropolisation de la région de Hô Chi Minh-Ville : industrialisation globalisée, urbanisme de projet et concurrence intra-régionale », Géoconfluences, octobre 2021.
- Eugênia Viana Cerqueira, « Se déplacer dans une métropole presque dépourvue de transports en commun. L'exemple de Belo Horizonte », Géoconfluences, décembre 2019.
- Alain Gascon, « L'Afrique orientale : des civilisations de l’hinterland face à la maritimisation », Géoconfluences, janvier 2017.
- Sébastien Goulard, « Les réactions sociales face aux défis environnementaux en Chine », Géoconfluences, février 2016.







