Verticalisation
La verticalisation est le processus d'évolution d'une silhouette urbaine par l'élévation de la hauteur des bâtiments.
La recherche de la domination verticale par la hauteur des lieux de pouvoir n'a rien de récent, comme en témoignent les flèches des cathédrales, les beffrois des hôtels de ville, et les tours des demeures nobiliaires urbaines, mais la mise au point de l'ascenseur et de nouveaux matériaux de construction à la fin du XIXe siècle ont accéléré la verticalisation. La multiplication des gratte-ciel a modifié les paysages urbains.
La verticalisation n'est en rien contradictoire avec l'étalement urbain, dans la mesure où ces deux processus relèvent de logiques différentes mais non opposées : choix résidentiels et mobilités pendulaires pour celui-ci, affirmation des fonctions de commandement, concentration financière et spéculation immobilière pour celle-là.
La verticalisation n'est pas non plus toujours liée à la seule volonté de rentabiliser un foncier cher en gagnant de la hauteur. Les auteurs ayant travaillé sur le Japon ont montré que si elle a été entamée pendant les périodes de croissance économique, elle se poursuit dans les périodes d'éclatement de la bulle spéculative immobilière et de déflation foncière (Scoccimarro, 2017). Dans ce cas, il peut s'agir d'une volonté des acteurs économiques de rentabiliser les parcelles déjà acquises à prix élevé, en augmentant la hauteur des bâtiments.
En ce qu'elle est un signe paysager évident de l'insertion à l'économie mondiale, la verticalisation peut être vue comme l'une des manifestations de la mondialisation économique et de l'uniformisation culturelle, par l'adoption du style architectural dit style international. La verticalisation est également un enjeu de la communication urbaine, en ce qu'elle permet l'émergence de monuments emblématiques. Mais dans beaucoup de villes, elle est autant (et parfois plus) le fait d'immeubles d'habitation que d'immeubles de bureaux.
La verticalisation a un poids : la masse des bâtiments de grande hauteur nécessite un substrat rocheux capable de les supporter. À Jakarta, le nombre et la densité des bâtiments de grande hauteur contribue à fragiliser le substrat sédimentaire et l'enfoncement de la ville sous le niveau marin (Dietrich, 2020).
(JBB) juillet 2017. Dernière modification : octobre 2021.
Références citées
- Rémi Scoccimarro, « Naissance d’une skyline : la verticalisation du front de mer de Tokyo et ses implications sociodémographiques », Géoconfluences, 2017.
- Judicaëlle Dietrich, « Politiques de l’eau et lutte contre la pauvreté à Jakarta, un rendez-vous manqué », Géoconfluences, juin 2020.
Pour compléter
- Leïly Hassaine-Bau, « Les territoires de l'élite à Monterrey (Mexique), une géographie de la grande richesse », Géoconfluences, mai 2022.
- Khac Minh TRAN, « La métropolisation de la région de Hô Chi Minh Ville : industrialisation globalisée, urbanisme de projet et concurrence intra-régionale », Géoconfluences, octobre 2021.
Liens externes
- Raphaël Languillon-Aussel, 2017, « Verticalisation des quartiers d’affaires et maturité urbaine à Tokyo », Géocarrefour, n° 91-2.
- Raphaël Languillon-Aussel, 2013, « Crise immobilière et privatisation de l'aménagement à Tokyo », Métropolitiques, novembre 2013.