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Analyse spatiale et "nouvelle géographie"

Publié le 21/02/2024
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En géographie, l’analyse spatiale est une démarche visant à systématiser les raisonnements géographiques en mobilisant des outils de formalisation, c’est-à-dire des modèles. Sur le plan théorique, il s’agit d’identifier les grandes configurations spatiales, en construisant les outils formels d’analyse de l’organisation de l’espace. Sur le plan pratique, l’analyse spatiale recourt notamment aux statistiques, aux mathématiques et à l’informatique. À ce titre elle relève, en tout cas à l’origine, d’une approche quantitative de la géographie.

L’analyse spatiale étudie notamment les interactions spatiales (Pumain, 2004), par exemple les corrélations, les gradients d’intensité d’une variable, les phénomènes de diffusion, ou encore les fonctionnements en réseau et en système... Il s’agit de « repérer les structures, [d’] expliquer des localisations par d’autres » (Pumain et Saint-Julien, 1997). Parmi les modèles mobilisés, le modèle gravitaire ou le modèle centre-périphérie sont les plus connus.

Historiquement, l’analyse spatiale se développe à partir des années 1970, en réaction à une géographie longtemps descriptive et monographique. Elle intègre des méthodes quantitatives grâce aux nouveaux outils informatiques et à la naissance de la géomatique. Ces innovations permettent de nouvelles représentations de l’espace et de nouveaux outils d’analyse, grâce au traitement simultané d’un grand nombre de données. Parallèlement, la discipline connaît un important renouvellement épistémologique, qui stimule les réflexions nouvelles et recompose les écoles de pensée, comme l'illustre la naissance du groupe Dupont. L’analyse spatiale, autour d’autrices comme Denise Pumain ou Thérèse Saint-Julien, bénéficie de ce contexte, et contribue en retour au renouvellement de la discipline. Pour Jean-Jacques Bavoux (2009), l’analyse spatiale est ainsi, avec la modélisation et la systémique, l’un des trois piliers de la « nouvelle géographie ». Des revues comme Cybergéo ou L’Espace géographique ont contribué à faire rayonner cette approche. Les travaux de Roger Brunet ont popularisé l’analyse spatiale, en particulier par la formalisation d’un mode de représentation des modèles spatiaux, la chorématique.

Alors que la « nouvelle géographie » désigne, dans l’histoire de la discipline, un moment épistémologique identifié et daté, l’analyse spatiale est à la fois une démarche et un outil conceptuel et méthodologique. En ce sens, elle est toujours mobilisée aujourd’hui dans de nombreux travaux, même si la façon de le faire a évolué. Elle peut intégrer par exemple des résultats d’enquêtes qualitatives, dans le cadre des méthodes mixtes.

(JBB), février 2024.


Références citées
  • Bavoux Jean-Jacques (2009). Chapitres 7 « Qu’est-ce que la "nouvelle géographie" ? » et 8 « Qu’est-ce que l’analyse spatiale ? », in Bavoux (dir.), La géographie. Objet, Méthodes, Débats. Armand Colin, 2009, p. 153–167.
  • Pumain Denise et Saint-Julien Thérèse (1997), L’analyse spatiale, tome 1. « Localisations dans l’espace ». Armand Colin, coll. « Cursus ».
  • Pumain Denise (2004), « Analyse spatiale », Hypergéo.
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