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Recyclage

Publié le 13/03/2025
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Voir aussi : recyclage urbain

Le recyclage est un mode de gestion des déchets au même titre que l’incinération, la mise en décharge ou le réemploi. Il implique une valorisation matérielle des déchets collectés qui va de pair avec une valorisation économique : le déchet devient alors une ressource.

Dans les sociétés contemporaines, la pratique du recyclage influence autant l’espace domestique (car les habitants sont au fondement de la séparation des flux d’ordure), l’espace public (où l’on retrouve par exemple les silos à verre) et l’espace urbain (où sont situées les usines de recyclage, à proximité des gisements de matière). Une fois que les matières sont rassemblées, elles peuvent être commercialisées à toute les échelles, y compris à l’échelle mondiale.

Si, en France, la communication environnementale des collectivités chargées de la gestion des déchets, municipalités ou EPCI, insiste de plus en plus sur le recyclage, la pratique n’est pas nouvelle pour autant, comme l’ont montré les travaux de Sabine Barles (2005). Par ailleurs, si le recyclage est aujourd’hui un secteur économique industriel associé à de grandes firmes transnationales comme Veolia, il existe encore dans des formes plus artisanales dans le Sud global (Desvaux, 2014) et même dans les pays occidentaux où il peut être associé à des formes de bricolage et de débrouille.

La valeur écologique du recyclage est indéniable : cela permet d’éviter que des ressources déjà utilisées soient gaspillées. Néanmoins, de nombreuses recherches en sciences sociales (par exemple, Monsaingeon, 2017) invitent à nuancer les bienfaits du recyclage. La pratique comporte en effet des effets parfois contre-productifs pour la préservation de l’environnement :

  • Toutes les matières ne peuvent pas être recyclées et de nouvelles matières sont sans cesse mises sur le marché. Par ailleurs, même quand le savoir-faire du recyclage d’une matière existe, il faut que la filière soit rentable d’un point de vue économique pour être réellement mise en place.
  • Le recyclage n’est pas à sommes nulles : pour valoriser et réutiliser les matières recyclées, il faut utiliser beaucoup de ressources (de l’électricité, de l’eau, du carburant par exemple).
  • Le recyclage peut avoir un effet pervers : en offrant un débouché aux déchets, il participe à les banaliser, voire encourage leur production.

Des alternatives au recyclage existent : notamment le réemploi, qui fonde le principe de la consigne mais qui se développe aussi de plus en plus dans le secteur du BTP. Le réemploi consiste à réutiliser l’objet « en l’état ». Mais la meilleure des alternatives, d’un point de vue écologique, est de considérer que « le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas ». Cela revient à donner plus d’importance aux objets déjà-là et à se consacrer davantage à la maintenance qu’au recyclage : « Maintenir, c’est souvent résister à l’obsolescence et rompre un temps le cycle du remplacement incessant. Mais c’est aussi troubler les principes d’une version de l’économie circulaire qui n’a d’yeux que pour la production, la consommation et le recyclage » (Denis et Pontille, 2022, p. 16, cités par Lussault, 2024, p. 205).

Clément Dillenseger et Jean-Benoît Bouron, mars 2025.


Références citées
  • Barles Sabine (2005). L'invention des déchets urbains, France, 1790-1970. Champ vallon, 304 p. ⟨halshs-00124414⟩
  • Denis Jérôme et Pontille David (2022), Le Soin des choses. Politiques de la maintenance. Paris, La Découverte.
  • Desvaux Pierre (2014), « Tribulations de fin de vie d’une bouteille en plastique au Caire », Géographie et cultures [En ligne], 91-92 | 2014, mis en ligne le 06 novembre 2015, consulté le 11 mars 2025.
  • Lussault Michel (2024), Cohabitons ! Pour une nouvelle urbanité terrestre, Seuil, coll. « La couleur des idées », octobre 2024.
  • Monsaingeon Baptiste (2017). Homo detritus. Critique de la société du déchet. Seuil, mai 2017.

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