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Agriculture intensive, productive, productiviste

Publié le 16/02/2024
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Une agriculture intensive est une agriculture dont les rendements sont élevés. Ces rendements élevés peuvent être obtenu par l’intensivité du travail (dans ce cas, la productivité du travail est faible : un hectare produit beaucoup avec beaucoup de travail, comme dans la riziculture irriguée traditionnelle).  L’autre façon de les obtenir est l’intensivité en capital et en intrants : chaque hectare mobilise beaucoup de capital (matériel, machines, réseaux…) et d’intrants (eau, engrais, produits phytosanitaires…) pour produire beaucoup.

L’agriculture productive est définie par une productivité du travail élevé. On la trouve dans les régions où la puissance publique a massivement investi dans la modernisation de l’agriculture : les foyers des révolutions agricoles successives (Europe, Amérique du Nord) et les puissances agricoles plus récentes (Afrique du Sud, Brésil, nord de l’Inde…) (Gonin, 2022). Une agriculture productive peut ne pas être intensive : la grande céréaliculture mécanisée des Grandes plaines américaines a des rendements moyens à l’hectare, mais le rendement par unité de travail est élevé.

L’agriculture est dite productiviste si elle est fondée sur la recherche d’une amélioration constante de la productivité du travail (Gonin, 2022, p. 73). De sa création a aujourd’hui, la Politique agricole commune de l’Union européenne a encouragé ce type d’agriculture, au départ pour assurer la sécurité alimentaire du continent. Les réformes successives ont introduit une conditionnalité des aides au respect de bonnes pratiques environnementales, mais dans les faits, le productivisme reste fortement subventionné et encouragé (Kirsch et al., 2017).

L’agriculture productiviste, et l’élevage industriel qui lui est associé, sont à l’origine de nombreuses dégradations environnementales, parfois de grande ampleur : l’effondrement de la population d’insectes en Europe (Renou, 2019), plus généralement l’érosion de la biodiversité, la contamination des sols et de l’eau, une contribution importante au dérèglement climatique. Agriculteurs et agricultrices en sont les principales victimes, mais ils sont aussi les principaux acteurs de ce qui n’est pas encore une bifurcation, mais au moins d’une transition agroalimentaire. La plupart des solutions proposées pour réduire les effets nocifs de l’agriculture remettent en cause le productivisme : relocalisation des systèmes de production agricole, agroécologie et agroforesterie, permaculture, agriculture biologique… Toutefois, l’industrie agroalimentaire est structurée autour de groupes puissants organisés en lobbies, qui parviennent largement à couvrir les voix divergentes d’acteurs agricoles encore dispersés.

(JBB), février 2024


Références citées
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