Agroécologie, agroforesterie
L’agroécologie désigne l’ensemble des pratiques visant à rendre plus durables les systèmes de production agricole. Tirant les leçons des excès et des dérives de l’agriculture intensive, productiviste, elle vise à assurer des rendements élevés tout en réduisant le plus possible les effets négatifs de la production sur les milieux (Dufumier, 2023, p. 552). L’agroécologie est l’un des piliers de la transition agro-alimentaire. Lorsque des productions arboricoles ou forestières, telles que les PFNL, sont associées aux productions agricoles proprement dites, on peut aussi parler d’agroforesterie.
La réduction des intrants, le maintien voire la reconstitution des habitats écologiques, le recours à des variétés ou à des espèces plus rustiques ou moins standardisées, la complantation, sont des exemples de pratiques relevant de l’agroécologie. Certaines « bonnes pratiques » culturales promues par les politiques publiques agricoles, notamment celles de l’Union européenne (PAC), relèvent aussi de l’agroécologie : jachère, bandes enherbées le long des cours d’eau, bandes fleuries, replantage des haies… Le rôle des acteurs publics est décisif pour promouvoir ce type d'approche, de même que celui des acteurs associatifs, comme le mouvement paysan Via Campesina à l'échelle mondiale (Libourel et Chauvineau-Jost, 2022, p. 39)
L’agroécologie est systémique : les pratiques que sa définition recouvre se complètent et ne peuvent avoir de résultat appliquées séparément. Ainsi, des variétés plus rustiques peuvent être plus résistantes aux maladies ou au stress hydrique, ce qui permet de réduire d’autant les intrants et l’irrigation. Les habitats écologiques peuvent abriter des prédateurs qui se nourriront d’insectes et permettre ainsi de réduire l’usage des insecticides. Les haies peuvent également protéger les cultures contre le vent et limiter l’asséchement du sol et les besoins en irrigation. Cette logique systémique est au fondement des principes de la permaculture. Ainsi, dans le système de la milpa (ou des « trois sœurs »), pratiqué traditionnellement en Amérique centrale, « le maïs apporte les calories ; sa tige sert de tuteur aux haricots, qui donnent les protéines ; la calebasse apporte un complément, ses fruits servent à confectionner des récipients, et ses feuilles font de l'ombre aux plantations, limitant ainsi l'érosion et l'évapotranspiration » (Woessner, 2022, p. 317). On retrouve ce fonctionnement systémique dans le principe du jardin créole, par exemple aux Antilles françaises. Les associations végétales maximisent l'énergie solaire, les effets de synergie et de symbiose, et le captage de CO2, tout en réduisant la circulation des ravageurs et des agents pathogènes (Dufumier, 2023, p. 552).
Milpa typique en Amérique centrale, avec ajout du bananier, plante non autochtone mais fréquemment associée. Domaine public (source). |
Si le recours à des pratiques traditionnelles peut donner l’impression d’un retour en arrière, l’agroécologie et l’agroforesterie font en réalité appel à un savoir technique poussé, à des innovations agronomiques qui s’appuient sur la recherche scientifique la plus récente. En France, ce type de recherche est notamment conduit par l’Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE).
(JBB), juin 2022. Dernières modifications : juillet 2023, février 2024.
Références citées
- Dufumier Marc (2023), « L’agroécologie peut-elle nous sauver ? », in Philippe Boursier et Clémence Guimont (dir.), Écologies. Le vivant et le social. Paris, La Découverte, « Hors collection Sciences Humaines », 2023, 624 p.
- Libourel Éloïse et Chauvineau-Jost Jérôme (2022), « Agriculture et changements globaux, quels enjeux ? » in Libourel Éloïse et Gonin Alexis, Agriculture et changements globaux, Atlande.
- Woessner Raymond (2022) « Le rôle des politiques agricoles face aux changements globaux », in Libourel Éloïse et Gonin Alexis, Agriculture et changements globaux, Atlande.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Arthur Guérin-Turcq, « Les forêts dans le monde, des milieux anthropisés : un état des lieux », Géoconfluences, septembre 2023.
- Farid Benhammou, « Synthèse d’un renouveau prometteur et hétéroclite : vers une géographie humaine et politique de l’animal », Géoconfluences, 2019.
- Rémi Peyrat, « Jardins potagers dans le Massif central, entre valorisation et aménagement du cadre de vie, vecteurs de résilience alimentaire », Géoconfluences, mars 2022.