Renaturation
La renaturation désigne une large gamme d’actions d’aménagement destinées à réduire le degré d’anthropisation d’un espace. Il s’agit d’apporter davantage de « nature » à un espace perçu comme trop artificiel.
La renaturation peut consister à revégétaliser, à remettre en eau, à désimperméabiliser les sols, dans un processus contraire à l’artificialisation, pour aboutir à une situation nouvelle. Le terme est vaste et englobant : replanter des haies bocagères, réaliser des micro-implantation florales sur les trottoirs de centre-ville, creuser au bulldozer le bras mort comblé d’un cours d’eau, dépoldériser un littoral, introduire des essences végétales ou des espèces animales, prélever des espèces invasives, couvrir un toit plat avec des herbacées, détruire un barrage lors d’une guerre pour freiner la progression de l’ennemi (renaturation de guerre) sont autant d’exemples illustrant des formes et des degrés très variés de renaturation.
Le terme et ce qu’il recouvre posent plusieurs questions. Comme toute opération de restauration écologique, se pose le problème de la référence écologique : souhaite-t-on revenir à un état antérieur, et surtout lequel, dans des milieux ayant connu des degrés variés d’anthropisation au cours du temps ?
La question se pose aussi de ce qu’on appelle la « nature ». Cette catégorie de pensée est tout sauf objective, puisque la nature est la représentation qu’une société donnée, située historiquement, se fait des composantes biophysiques de l’environnement. Cette catégorie de pensée est donc un construit culturel dont le contenu varie d’un individu à l’autre, d’une société à l’autre, et dans le temps.
Plus généralement, l’idée de renaturation laisse supposer un retour en arrière, alors qu’en sciences sociales comme en écologie, aucune action n’est réversible. Après un passage d’un état A à un état B, toute tentative de revenir à l’état A conduira à état C, différent des deux premiers. Il conviendrait donc d’accepter l’irréversibilité des actions sociales sur les milieux pour se demander comment mieux intégrer la pensée environnementale aux actions d’aménagement. C'est aujourd'hui de plus en plus le cas dans les opérations de renaturation, qui intègrent la demande sociale actuelle plutôt que de chercher à recréer des milieux disparus.
(JBB), mai 2023
Pour compléter avec Géoconfluences
- Jean Rieucau, « Le faubourg Méditerranée, enclave urbaine alternative à Montpellier, fleurissement et art urbain », Géoconfluences, février 2022.
- Matthieu Adam, « Confluence, vitrine et arrière-boutique de la métropolisation lyonnaise », Géoconfluences, novembre 2020.
- Chloé Tommasi et Anne-Lise Boyer, « Notion en débat : la ville durable », Géoconfluences, novembre 2018.
- Laurent Carroué, Jean-Benoît Bouron et et l’équipe de géographie de l’ENS de Lyon, « « La nature, objet géographique » : quelques pistes bibliographiques », Géoconfluences, mai 2017.